Le , la CCI prend la décision de réaliser un « pont-route » aux environs du bac du Hode (qui reliait Saint-Vigor-d'Ymonville et Berville). Le , l’avant-projet d’un pont suspendu, situé à Tancarville est finalisé et adopté dès le lendemain par délibération du , par la CCI qui demande la concession pour sa construction et son exploitation.
En 1954, la chambre de commerce et d'industrie, assistée de l'administration des Ponts et Chaussées, choisit le projet qui sera réalisé[1],[2]. Paul Galabru, ingénieur des ponts et chaussées (père de Michel Galabru) dirige les travaux[3].
Commencé le [4], le pont a été mis en service le , dans les délais prévus[4].
Jusqu'à la date d'ouverture du pont de Normandie, il a été le pont le plus proche de l'estuaire de la Seine. Son ouverture a entraîné la disparition du bac du Hode reliant Berville-sur-Mer dans l'Eure au Hode dans la Seine-Maritime. Ce bac, dommage de guerre, était réputé pour être « malcommode »[4]. L'éphémère ligne aérienne Caen-Le Havre n'a pas non plus résisté à la concurrence imposée par le pont[5].
Caractéristiques techniques
En 1959, l'ouvrage possédait la plus longue travée centrale d'Europe : 608 mètres, record national surpassé par les dimensions du pont de Normandie en 1995, et deux travées latérales de 176 mètres chacune. Le poids total de la charpente est de 7 500 tonnes.
Ses pylônes ont une hauteur de 123 mètres et supportent une charge moyenne de 6 000 tonnes. En raison de la nature marécageuse des terrains, la fondation du pylône de la rive gauche a une profondeur de 28 mètres, de façon à reposer sur un sol compact. Celle du pylône de la rive droite a une profondeur de 18 mètres. La hauteur libre pour la navigation, ou tirant d'air, est de 50 mètres[6].
Les câbles sont reliés à deux massifs d'ancrage dont le plus lourd pèse 36 000 tonnes et a des dimensions voisines de celles de l'Arc de triomphe de l'Étoile à Paris.
Des essais en soufflerie ont permis de vérifier la tenue de l'ouvrage à toutes sortes d'oscillations dues au vent[7].
Ce fut un des premiers chantiers de cette importance à se dérouler sans accident mortel.
Travaux postérieurs à la construction
Les suspensions (câbles porteurs et suspentes) ont été remplacées de 1996 à 1999[1].
Entre 2014 et 2016, des travaux sur les voies d'accès au pont de Tancarville sont réalisés pour faire face à l'augmentation du trafic[8].
Les appareils d’appuis du viaduc d'accès ont été remplacés en 2019 par la société TSV. Quatre phases de vérinage ont été nécessaires.
Son exploitation est assurée par une équipe d'une cinquantaine de personnes. Il est gratuit pour les motocyclettes, cyclomoteurs et les bicyclettes et il est payant pour les autres véhicules.
Le pont est équipé d'un système de vidéosurveillance et de détection des incidents. Il comporte sa propre station météorologique ainsi qu'un dispositif de positionnement par satellite qui permet de connaître les déplacements du tablier. Une signalisation dynamique permet d'adapter les informations données aux conducteurs aux conditions de circulation. Des véhicules de patrouille sont prêts en permanence à intervenir sur l'ouvrage[9].
Il est fréquenté en moyenne par 18 000 véhicules par jour, dont 25 % de poids lourds. La CCI prévoit que la fréquentation dépassera les 22 500 véhicules quotidiens en 2030.
Dans le film Le Dîner de cons, le personnage de François Pignon annonce avoir construit une maquette du pont de Tancarville avec 346 422 allumettes[11].
Postérité
Le pont de Tancarville a inspiré une marque d’étendoir à linge, qui a pris le nom de Tancarville en 1963[12].
↑« Mais qu'est devenu ce bon vieux Tancarville ? », O, (lire en ligne, consulté le )
Voir aussi
Bibliographie
Le Pont de Tancarville, Chambre de commerce du Havre, sous la direction de Jean-Yves Nicolas, , exemplaire no 451.
Édité à l'occasion de la pose par M. Auguste Pinton, secrétaire d'État aux Travaux publics, aux Transports et au Tourisme, le 23 octobre 1956, d'une plaque commémorative de l'ouverture des chantiers de construction du pont de Tancarville.