Le Vexin normand s'étend sur le nord-est du département de l'Eure. Comme son homologue français, il se présente comme un plateau calcaire limité au sud par les méandres de la Seine, qui l'ont creusé en formant par endroits des falaises abruptes. Il est entaillé par des vallées principales orientées nord-sud, dont l'Epte qui forme la frontière avec le Vexin français.
Contrairement au Vexin français, le Vexin normand est marqué par la présence d’anthroponymes scandinaves et anglo-scandinaves dans les noms de lieux, ainsi que par de nombreux appellatifs d'origine noroise et ce, essentiellement dans sa partie septentrionale et occidentale jusqu'aux Andelys. Cependant, l'installation de ces colons n'a pas affecté la toponymie des bourgs et bourgades principaux qui conservent leurs noms des époques gauloise, gallo-romaine, mérovingienne et carolingienne d'origine.
Les villages se sont principalement développés à partir des domaines ruraux médiévaux, c'est la raison pour laquelle l'appellatif -ville (ancien français vile / ville « domaine rural » → « village » cf. vilain) y est très fréquent. La plupart des toponymes en -ville sont fondés sur un nom de personne scandinave ou anglo-scandinave, on relève deux Amfreville (Ansfredville 1095 / Anfridivilla vers 1034) Cuverville (Culvertivilla 1028 - 1033), Grainville (Grinvilla vers 1025), Heuqueville (Helgavilla 1035), Herqueville (Harachivilla 1150 ? Harquevilla 1308), Houville (Hulvilla 1028-1033, Hutvilla 1096), Touffreville (Turfreivilla 1121-1135), ainsi que Vatteville (Watevilla 1086) qui contiennent respectivement les anthroponymes masculin Ásfridhr / Asfridr (en réalité *Ásfridhr / *Asfridr car seul le féminin Ásfríðr semble attesté. Patronymes normands Anfry, Anfrie, Anfrey, Anfray, Lanfry), Culvert (anglo-scandinave *Culvert / *Culver, cependant cité comme d'origine incertaine à propos de Culverthorpe, GB[4]), Grimr, Helgi, Harekr, Hulð / Huld, Thorfrid (Þórfreðr, patronyme normand Touffray) et Hvati (vieux danois *Hwate, vieil anglais Hwata)[5],[6].
Parmi les appellatifs scandinaves, on note l'absence remarquable de -tot / Tot qui désigne un établissement rural, alors que les plus courants sont présents : -beuf (búð / *bóð « baraque, évent. pêcherie » : Daubeuf [Dalbodo 1025, norois dalr « vallée »]), -tuit / Thuit (norois þveit « essart, clairière » : Criquetuit à Bacqueville [Ecractuit, Escraketuit 1207, peut-être *es Kraketuit, norois krákr « corbeau »]; Le Thuit), -lon / -londe / Londe (lundr, lunda « bosquet » : Bouclon à Bacqueville [synonyme des nombreux Bouquelon, Bouquelonde normands, norois bóki « hêtres »], La Baguelande [Bagalunda 1200, nom de personne norois Baggi ou baggi « bélier » ou « fagot »], Le Londe à Heuqueville), Hogue (norois haugr « élévation, tas » : Les Hogues, bois des Hogues aux Andelys), -mare (norois marr, vieil anglais mere → mare : Saveaumare [homonyme de Saveaumare à Montérolier, Savenelmare 1284, nom de personne Savenel], Longuemare [homonyme de nombreux Longuemare normands, dont LangomarraXe siècle, norois langr « long » ou français long], Oumare, Bonnemare, etc.), -busc / Buc (norois buskr « buisson, arbuste, bois » cf. [Busc 1470, Yquebeuf] : Le Buc à Bacqueville et à Heuqueville, Bus-Saint-Rémy [Busco 1195]), -clif / -clive / clif (norois klif « escarpement » : Verclives [Warclive en 1190 sur une butte témoin d'une hauteur de 174 m, War- élément inconnu])[7],[5],[6].
↑ a et bFrançois Neveux, Les diocèses normands aux XIe et XIIe siècles, Presses universitaires de Caen, 1995, pp. 13 - 18 (lire en ligne sur OpenEdition Books) [1]
↑ a et bCharles de Robillard de Beaurepaire, Seine-Inférieure : Inventaire-sommaire des Archives départementales antérieures à 1790 in Archives ecclésiastiques, série G, n° 1 à 1566, p. 9-10 (lire en ligne) [2]
↑Jean Favier, Les Plantagenêts, Fayard 2004 p. 512
↑ a et bJean Renaud, Vikings et noms de lieux de Normandie. Dictionnaire des toponymes d'origine scandinave en Normandie, éditions OREP, 2009 (ISBN978-2-915762-89-1)