Durant la Seconde Guerre mondiale, un officier allemand de la SS, chimiste fournissant les camps en Zyklon B, Kurt Gerstein, cherche à alerter le Vatican du génocide dont les Juifs sont alors victimes. Ricardo Fontana[N 2], jeune jésuite conseiller auprès du nonce apostolique en poste à Berlin et dont la carrière s'annonce prometteuse, lui prête l'oreille. Ils se rendent à Rome[N 3], Ricardo pensant que le fait que son père soit très haut placé dans la hiérarchie laïque du Vatican les aidera à convaincre Pie XII de la nécessité d'une condamnation sans ambiguïté des crimes nazis à l'égard des Juifs. Mais leurs initiatives pour tenter d'interrompre la Shoah ne trouveront pas d'écho auprès des hautes autorités étrangères ou religieuses[1].
De désespoir, et en signe de révolte devant la passivité de la hiérarchie catholique, Ricardo Fontana part pour Auschwitz, y trouver la mort avec les Juifs romains lorsque ceux-ci sont raflés malgré l'arrangement trouvé par le pape (qui pensait avoir acheté leur protection en échange de 50 kg d'or collecté par les Juifs). Quant à Kurt Gerstein, il tente en vain de faire sortir son ami jésuite du camp d'extermination. Il finira inculpé de crimes de guerre par les Alliés à la fin de la guerre, car ceux-ci ne peuvent croire en sa bonne foi. Ce qui n'est pas le cas du médecin commandant du camp d'extermination, « bon catholique », qui fera jouer ses relations au Vatican et obtiendra par leur intermédiaire un visa pour l'Argentine.
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Les scènes censées se dérouler au Vatican ont en fait été tournées dans le palais du Parlement de Bucarest. Le tournage a également lieu à Sibiu et dans les MediaPro Studios de Bucarest. Certains extérieurs sont tournés au palais de Mogoșoaia[2]. Pour les scènes tournées à Rome, on peut notamment reconnaître certaines rues du ghetto, la piazza Mattei et la fontaine des Tortues, ainsi que le palais Mattei di Giove, qui figure la demeure du comte Fontana.
Sur l'agrégateur américain Rotten Tomatoes, le film récolte 67 % d'opinions favorables pour 49 critiques[4]. Sur Metacritic, il obtient une note moyenne de 57⁄100 pour 19 critiques[3].
En France, le site Allociné propose une note moyenne de 3,4⁄5 à partir de l'interprétation de critiques provenant de 17 titres de presse[5].
La scène d'introduction du film montre le suicide de l'activiste juif Štefan Lux en pleine session de la Société des Nations en 1936.
Analyse
Directement inspiré de la pièce de théâtre Le Vicaire de Rolf Hochhuth, le film en reprend la dénonciation de l'attentisme qu'il prête au Vatican face à la Shoah. La version présentée par Costa-Gavras a été très critiquée bien au-delà du cercle de l'Église catholique[6],[7],[8],[9].
Costa-Gavras met cependant plus l'accent que le dramaturge allemand sur la passivité également coupable des Alliés, en particulier les États-Unis, dont l'ambassadeur à Rome est présenté comme un lâche qui se retranche derrière la passivité du Vatican, et qui refuse toutes les demandes de Ricardo Fontana pour faire détruire les camps par l'armée américaine — ou même pour faire jouer les moyens de propagande des Alliés afin d'avertir le peuple allemand du sort réservé aux Juifs à l'Est.
Plusieurs épisodes du film ne figurent pas dans la pièce de Hochhuth et sont tirés de la biographie détaillée de Kurt Gerstein écrite par Pierre Joffroy et publiée en 1992, L'Espion de Dieu. La passion de Kurt Gerstein[10].
À l'inverse, Costa-Gavras a coupé de nombreux passages de la pièce. Après la première du film à Berlin, où il était présent, Rolf Hochhuth a déclaré : « Je n'avais que des mots, le cinéaste possède l'image. Ce qu'a filmé Costa-Gavras est bien plus fort que ma pièce. En supprimant, contre mon avis, une partie des scènes avec le pape, il rend très forte la solitude inaccessible de Pie XII. Il a eu raison, j'avais tort[11]. »
Affiche
L'affiche qui entremêle la croix chrétienne et la croix gammée a été élaborée par Oliviero Toscani, auteur d'affiches pour la société Benetton, qui a également eu l'idée du titre du film[12]. Celle-ci a aussi provoqué l'indignation d'une partie de la communauté catholique, au point que plusieurs organisations ont introduit une action en vue d'interdire l'affiche auprès du Tribunal de grande instance de Paris. Elles ont été déboutées[13],[14]. D'après François-Guillaume Lorrain du magazine Le Point, « Cette dénonciation de l'attentisme prétendu du Vatican face à la Shoah déclenche la colère de certains milieux catholiques. Une action, déboutée, tente de faire interdire l'affiche[15] ».
Notes et références
Notes
↑La graphie exacte du titre (à l'affiche et à l'écran) comprend un point typographique après le mot Amen.
↑Personnage fictif, contrairement à Kurt Gerstein qui a réellement existé.
↑Ce qui est conforme au scénario de la pièce de théâtre Le Vicaire mais pas à la réalité historique, le « vrai » Kurt Gerstein n'étant jamais allé au Vatican.
↑Pierre Joffroy (l'authentique et fascinante histoire d'un officier S.S. qui défia Hitler et s'opposa à la solution finale), L'espion de Dieu : la passion de Kurt Gerstein, Paris, Laffont, (réimpr. 1992), 453 p. (ISBN978-2-221-09764-9, OCLC919658697).