Bieuzy présente un paysage vallonné dont le points les plus hauts se trouvent dans la partie nord de la commune : 176 mètres au sud de Kerrault, 167 mètres au Bois de Sapin, 160 mètres près de Saint-Samson ; les points les plus bas sont dans la vallée du Blavet (à 48 mètres à son entrée dans la commune et à 37 mètres à sa sortie). Le bourg est vers 100 mètres d'altitude.
Le Blavet : vue vers l'amont au niveau de la chapelle Saint-Gildas de Bieuzy ; à gauche de la photographie la falaise escarpée et boisée du méandre de Castennec et le rocher de Saint-Gildas.
Le méandre de Castennec
Commune avec un riche passé historique, Bieuzy nous offre une vue panoramique au belvédère de Castennec (la presqu'île de Castennec, curiosité géographique formée d'une presqu'île abrupte qu'enserre le Blavet par un méandre large puis très resserré.un lobeconvexe de méandre du Blavet, a environ 1 200 de long sur 600 mètres de large), un ancien camp romain où passait la voie romaine de Darioritum (Vannes) à Vorgium (Carhaix-Plouguer).
L'écluse de la Couarde sur le Blavet et sa passerelle ; à gauche la falaise boisée du méandre de Castennec.
La ligne ferroviaire d'Auray à Pontivy traverse le tunnel le méandre de Castennec, franchissant à deux reprises le Blavet, en amont et en aval de ce méandre. Bieuzy ne disposait pas de gare sur son territoire, mais était desservi par la gare de Saint-Nicolas-des-Eaux.
Pluméliau-Bieuzy : le pont ferroviaire de Gueltas sur le Blavet juste avant l'entrée du tunnel de Castennec.
Le pont du Strat sur le Blavet (ligne ferroviaire allant d'Auray à Napoléonville [Pontivy], communes de Pluméliau et Bieuzy, photographie de Jules Duclos).
Le Blavet est canalisé et reste ouvert à la navigation touristique, mais les falaises de rive droite, côté Bieuzy, escarpées et boisées, ont empêché son utilisation au profit de la commune, sauf pour le camping de la Couarde situé à l'extrémité du méandre de Castennec. Les maisons éclusières et le chemin de halage sont côté Pluméliau, où se trouve aussi le port fluvial de Saint-Nicolas-des-Eaux.
Le territoire de cette ancienne commune est traversé par la D 1 venant de Locminé et Remungol, qui traverse le Blavet à Saint-Nicolas-des-Eaux, et continue son tracé en direction de Bieuzy et Guern. Le bourg, assez isolé, est seulement desservi par la D 156 et des routes secondaires.
Toponymie
Attestée sous les formes Sanctus Bilci en 1125 puis Beuzi en 1288 [1]. La paroisse était aussi appelée "Saint-Bilce",
Le nom breton de la commune est Bizhui. Il vient de saint Bieuzy, dit aussi saint Bilce (saint fêté le 24 novembre et dont le nom vient probablement du vieux breton biu, bihui[2], « vivant »[3]).
Histoire
Préhistoire
Le dolmen de Kermabon se trouve dans la partie centrale de la commune. Un peulven existait encore vers le milieu du XIXe siècle sur les bords du Blavet[4].
Antiquité : Castennec (Sulim)
Le site du Castennec correspond à un ancien oppidumgaulois devenu par la suite un camp romain, nommé Coarda ou Guarda, puis une cité connue sous le nom de Sulim (nom indiqué sur la Table de Peutinger), en l'honneur de la déesse solaire Sulis qui y était honorée[Note 1].
Cette ville connaît un essor notable en raison de sa situation sur la voie romaine précitée qui venait de Darioritum en passant par Colpo et Guénin, qui entre dans Pluméliau près du hameau de Talforest, traverse les villages de Ty-Avel et Kermaniec, et traverse le Blavet à Saint-Nicolas-des-Eaux « sur un pont fort ancien et fort délabré qui a été démoli il y a peu de temps » écrit un auteur non identifié en 1847. La voie franchit la colline de Castennec sur son côté oriental par une pente assez douce, et poursuit vers le village de la Motte, passant ensuite au nord de Bieuzy[5].
Origines au Moyen Âge : saint Gildas et saint Bieuzy
Bieuzy, saint fêté le 24 novembre, est un disciple de saint Gildas, les deux missionnaires gallois et écossais séjournant selon la légende en 538 dans une grotte située sur les bords du Blavet (saint Gildas avait fondé auparavant le monastère de Saint-Gildas-de-Rhuys).
Saint Gildas remonta la vallée du Blavet avec son compagnon Saint Bieuzy. Ils s'installent dans un ermitage constitué d'une grotte creusée dans un amas de rochers de plus de 50 mètres de hauteur sur la rive droite du Blavet, au pied de la colline de Castennec, et y construisent un oratoire. Dans les ruines du temple romain dédié à Sulis, Gildas trouve une idole sculptée ; il démolit ce qui reste du temple et construit avec ces pierres une chapelle. Une autre chapelle est construite au lieu-dit "La Couarde" avec les pierres de l'ancien camp romain[5].
Cet ermitage, implanté pour christianiser le peuple breton, est devenu au XVe siècle la chapelle Saint-Gildas. Saint Bieuzy se charge plus particulièrement de l'instruction des habitants du pays et donna naissance à un centre paroissial. Le recteur Bieuzy laisse plus tard le nom au village. Selon l'hagiographe Guy Autret de Missirien, saint Bieuzy est l'auteur d'un curieux miracle. Vers 570, un valet lui demande d'interrompre sa messe pour aller guérir la meute des chiens de son seigneur atteinte de rage mais Bieuzy refuse. Le seigneur breton furieux vient lui fendre le crâne avec un glaive (une hache, couteau ou coutelas selon les versions de la légende), le coup étant si violent que l'outil y reste planté. Bieuzy aurait trouvé la force de parcourir à pied 80 kilomètres pour se rendre à l'abbaye de Rhuys où il meurt sous la bénédiction de son maître saint Gildas. La légende raconte aussi que le seigneur de retour chez lui trouve tous ses animaux (chevaux, animaux de ferme) enragés et que les chiens mordent à mort le tyran et ses serviteurs[7].
Église Notre-Dame de Bieuzy : détail d'un vitrail montrant l'assassinat de saint Bieuzy.
Église Notre-Dame de Bieuzy : vitrail montrant saint Bieuzy, frappé à mort, rencontrant saint Gildes.
Les prieurés de Castennec et des environs et les Rohan
Les invasions normandes firent disparaître les établissements créés par Gildas et Bieuzy.
En 1066 des moines de l'abbaye Saint-Florent de Saumur fondent un prieuré et une aumônerie de lépreux, dénommés Saint-Nicolas-du-Blavet, sur la rive gauche du Blavet, face à Castel-Noec [Castennec] (ce prieuré ferme en 1203 car il n'y restait qu'un moine). En 1120, Alain du Porhoët, qui a reçu en apanage la partie ouest du Porhoët , construit une forteresse féodale à Castel-Noëc[8], qu'il dénomme "Roc'han"[Note 2]. Mais dès 1228, Alain transporte le siège de la seigneurie sur l'Oust, à Rohan, même le territoire resta sous l'emprise des Rohan jusqu'à la Révolution française[9].
En 1124 ce même Alain du Porhoët (qui se fait désormais appeler Alain Ier de Rohan, fait don de la presqu'île de Castennec aux moines de l'abbaye Saint-Sauveur de Redon, lesquels y créent un prieuré (abandonné au XVe siècle) et une chapelle sous le vocable de Notre-Dame-de-la-Couarde et une nouvelle paroisse est créée, englobant Castennec.
Un troisième prieuré est créé par les moines de Saint-Gildas de Rhuys à proximité de l'ancien ermitage de saint Gildas, son prieur s'installant au Prioldy ("maison du prieur" en breton).
Ils reconstruisent la chapelle fondée naguère par Saint Gildas[5].
Selon un aveu de 1471, Bieuzy était au sein de la Vicomté de Rohan, une des 46 paroisses ou trèves de la seigneurie proprement dite de Rohan ; Castennec (alors dénommé Châteaumoix) en faisait également partie[10].
Au début du XVIe siècle Jean II de Rohan fait don des ruines du château féodal au seigneur de Rimaison, lequel fait construire une chapelle dédiée à la Trinité à l'emplacement de l'ancienne église paroissiale de Castennec et un nouveau château, le château de Rimaison[5], peut-être en 1579, par Michel de Rimaison, lequel est décédé vers 1587[11].
La seigneurie de Rimaison appartenait en 1426 à Eon de Rimaison, puis à ses héritiers (par exemple à Michel de Rimaison en 1530, à Jacques de Rimaison en 1570, et à Louis de Rimaison en 1593 ; elle passa ensuite aux mains de la famille de Kergorlay, puis à celle de Cleuz[12].
La Vénus de Quinipily
Le prieuré de la Couarde est ruiné au XVIIe siècle, mais la statue antique (probablement celle enfouie par Saint Gildas, qui aurait été exhumée) qui s'y dressait faisait l'objet de pratiques superstitieuse païennes[5].
« Une statue d'origine orientale dominait une boucle du Blavet à Bieuzy-les-Eaux. Pour les contemporains, c'était une Vénus et son culte impliquait peut-être de s'accoupler auprès d'elle pour guérir une stérilité. En 1661, l'évêque de Vannes obtint que le comte Claude de Lannion[Note 3], seigneur de Quinipily, la fit jeter dans la rivière. Trois ans plus tard elle est remise en place. En 1670, l'évêque envoie des ouvriers la détruire. Craintivement superstitieux, ils se contentent de la jeter à nouveau dans le Blavet après avoir entaillé un bras et un sein. Vers 1696, un seigneur de Baud la fait retailler et installe dans le parc de son château cette Vénus de Quinipily qu'on y voit encore aujourd'hui »[13].
« Dans cette paroisse [Bieuzy], sur la rivière de Blavet, on voit les vestiges d'un ancien temple consacré à Vénus. C'est parmi les ruines de ce temple qu'on trouva la statue gigantesque qu'on voit aujourd'hui dans la cour du château de Quinipili. Les habitants de la campagne avaient tant de vénération pour elle, qu'ils lui rendaient le culte le plus assidu. Les Évêques, voulant abolir ces criminelles pratiques, prièrent, dans le seizième siècle, le Seigneur de Lannion, gouverneur des villes de Vannes et d'Auray, de la faire transporter à son château de Quinipili. Ce Seigneur, à qui elle n'appartenait pas, l'acheta du possesseur, et envoya ses vassaux la chercher. Ceux-ci trouvèrent, en arrivant au temple, une troupe de paysans qui s'opposèrent violemment à l'enlèvement de cette idole. Il fallut en venir aux mains pour décider laquelle des deux parites la posséderait. La victoire demeura à ceux de Quinipili, qui transportèrent cette statue au château de leur Seigneur, où elle fut placée dans la cour. Les gens de la campagne étaient si persuadés de sa puissance, qu'ils allaient en secret lui rendre leurs hommages, et lui faire des offrandes, à Quinipili. Il n'y a pas encore cinq ans qu'on trova des pièces de monnaie dans une espèce de bassin qui est devant elle. Si l'on fait attention à sa grosseur et à son poids, on a peine à concevoir comment on a pu la transporter où elle est actuellement. Cette statue a causé entre les maisons de Lannion et de Rohan un procès dont on ignore la décision[14]. »
La paroisse de Bieuzy sous l'ancien Régime
Cette paroisse très ancienne est nommée pour la première fois en 1125 sous le nom de Saint-Bilci. Selon A. Marteville et P. Varin, Bieuzy aurait été d'abord une trève de Melrand et aurait porté le nom de Notre-Dame-de-Bonne-Fontaine[4]. La liste de ses recteurs est disponible sur un site Internet[15].
La famille de Rimaison a laissé de nombreuses traces architecturales à Bieuzy : les vestiges témoignent de la richesse du château lors de sa construction au XVIe siècle et plusieurs fermes, souvent à étage, situées dans le voisinage, qui en étaient des métairies, également (le Couedo, le Divot, Kerroc'h), ainsi que le moulin de Rimaison. Michel de Rimaison fit aussi de nombreuses donations aux édifices religieux avoisinants[9].
Des manoirs ont également existé dans la paroisse (Kertanguy, Kerautum, Kerguen), mais ils ont disparu depuis longtemps.
Le XVIIe siècle
Le recteur de Bieuzy relate une crue dévastatrice qui eut lieu le et emporta la plupart des ponts enjambant le Blavet.
« Le 24ème jour d'octobre 1642 au soir, il fit une si grande pluie toute la nuit que tous les ponts sur le Blavet furent tous couverts et presque tous emportés par ce débordement d'eau ; c'était pitié de voir la grosse pluie qui se faisait continuellement jour et nuit de sorte qu'il arriva de grandes pertes sur la rivière Blavet[16]. »
Le XVIIIe siècle
En 1732 le recteur de Bieuzy devint propriétaire du prieuré et de la chapelle de la Couarde.
Selon Jean-Baptiste Ogée, qui écrit en 1778, « les habitants du village de Castennec, dans le territoire de la paroisse de Bieuzi, ont des franchises, mais, en reconnaissance », ils continuent « chaque année, d'apporter au château de Pontivi, la veille du Premier Mai, une tête de chevreau, dans un plat qui doit être d'argent ». Cette coutume était déjà évoquée dans un aveu de 1682.
La canalisation du Blavet est réalisée en 1829, la voie d'eau étant exhaussée vers 1860 ; ces aménagements, ainsi que la construction vers 1830 de la route reliant Guémené-sur-Scorff à Locminé, via Pluméliau (actuelle D 1) contribuent à marginaliser le bourg de Bieuzy, excentré au sein du finage communal.
A. Marteville et P. Varin, continuateurs d'Ogée, décrivent ainsi Bieuzy en 1843 :
« Bieuzy (ecclesia de Beotio, sous l'invocation de saint Bieuzy, dit sanctus Bilci), commune formée de l'ancienne paroisse de ce nom, aujourd'hui succursale. (...) Principaux villages : Kercadoret, Tréhouin, Lescouet, Kerdanet, Kertanguy, le Divit, Kerroc'h, Kerauten, le Resto, Kersulan, Kergoff, Coetmenan, le Pradigo, Kerangart, le Priody, Motte d'en-Haut, le Léry.Superficie totale : 2 258 hectares dont (...) terres labourables 1 056 ha, prés et pâturages 249 ha, bois 34 ha, vergers et jardins 51 ha, landes et incultes 784 ha (...). Moulins à eau de Rimaison, de Saint-Nicolas (pont sur le Blavet) ; à vent, dit Vieux-Moulin. (...) Le nord de la commune est fertile ; le centre et les parties qui avoisinent Guern et Melrand le sont peu. Les cultivateurs se livrent beaucoup à l'élève des bestiaux. (...) Il y a assemblée le dimanche après l'Ascension et le 24 novembre. (...) Géologie : terrain granitique entre le bourg et le Blavet. On parle le breton[4]. »
En 1869 la commune de Bieuzy, a été amputée d'une partie de son territoire, la section dite de Saint-Jean, lors de la création de la commune du Sourn[17].
En 1877, les deux-tiers des enfants quittent l'école en sachant à peine lire[18]. La première école publique est construite au hameau du Resto, plus central dans la commune, et non au bourg.
Lors de la construction de la voie ferrée allant de Pontivy à Auray (mise en service en 1864), pour franchir les méandres du Blavet à hauteur de Castennec, il fallut construire deux ponts à quatre arches de part et d'autre de la butte, alors qu'un tunnel était percé sous cette dernière[19].
Le XXe siècle
La Belle Époque
Le plusieurs maires de la région, dont Louis Pérès, maire de Bieuzy, réunis à Pontivy, signent un texte dans lequel ils refusent de surveiller si les prêtres de leur paroisse utilisent la langue française, et non la langue bretonne, lors des leçons de catéchisme et des instructions religieuses[20].
La Première Guerre mondiale
Le monument aux morts de Bieuzy porte les noms de 68 soldats morts pour la France pendant la Première Guerre mondiale : parmi eux; 4 sont morts sur le front belge dont 3 (Joseph Lavenant, Jean Le Clainche, Joseph Le Goff) dès 1914 et 1 (Joseph Le Clainche) en 1917 ; 4 (André Jésus, Jean Le Gallic, Joseph Porrot, Joseph Quilléré) sont morts alors qu'ils étaient prisonniers en Allemagne ; les autres sont décédés sur le sol français (parmi eux Joseph Le Guéhennec et Joseph Le Tohic ont été décorés de la Croix de guerre)[21].
L'Entre-deux-guerres
Le monument aux morts de Bieuzy fut inauguré le [22]
Le monument aux morts de Bieuzy porte les noms de 3 personnes (J. M. Guéganic, J. M. Le Hir, Joseph Le Strat[24]) mortes pour la France pendant la Seconde Guerre mondiale[21].
Cinq parachutistes des Forces françaises libres furent fusillés par les Allemands dans le bois de Rimaison le : Alain Calloc'h de Kerillis[25], André Cauvin[26], Louis Claustre, Jean Pessis, Jean Fleuriot) ainsi que neuf résistants dont Robert Jourdren, Émile Le Berre, François Le Pavec, Pierre Mourisset, Maurice Penhard, Robert Rouillé, Claude Sendral et deux inconnus[27],[28].
L'abbé Emmanuel Rallier, recteur de Bieuzy, fut assassiné le par des résistants FTP de la région de Baud, alors que bien qu'ayant montré des sympathies vichystes, il n'avait jamais collaboré[29].
L'évolution du nombre d'habitants est connue à travers les recensements de la population effectués dans la commune depuis 1793. Pour les communes de moins de 10 000 habitants, une enquête de recensement portant sur toute la population est réalisée tous les cinq ans, les populations légales des années intermédiaires étant quant à elles estimées par interpolation ou extrapolation[34]. Pour la commune, le premier recensement exhaustif entrant dans le cadre du nouveau dispositif a été réalisé en 2007[35].
En 2016, la commune comptait 771 habitants[Note 16], en évolution de +2,12 % par rapport à 2010 (Morbihan : +3,21 %, France hors Mayotte : +1,84 %).
L’adhésion à la charte Ya d'ar brezhoneg a été votée par le Conseil municipal le .
Lieux et monuments
Les Landes du Crano[38] à 2 km au nord-est de Bieuzy ont une superficie d'un seul tenant qui a permis la conservation de plusieurs espèces d'intérêt patrimonial, ce qui en fait le plus important site classé en ZNIEFF (zone naturelle d’intérêt écologique faunistique et floristique) de toute la vallée du Blavet : la lande-fourré à Ajonc d'Europe prédomine, la faune présente des particularités notables, avec une forte représentation des passereaux caractéristiques des landes (fauvette pitchou, grisette des jardins, bruant jaune, gobemouche gris…) et des reptiles (lézards vert et des murailles, couleuvres à collier, vipères péliade). Le chevreuil et le sanglier fréquentent également le site[39]. Les landes reposent sur un massif granitique classé sous le nom de « granite du Crano », à texture grenue et relativement leucocrate, daté à 300 Ma. Ce type de granite forme plusieurs petits pointements d’extension pluri-hectométrique à kilométrique mais aussi des massifs d’extension plus importante dans la région. Sa matrice feldspathique emballe de nombreux îlots plurimillimétriques de quartz, de nombreuses paillettes purimillimétriques de micas, biotite et muscovite, et parfois des porphyroblastes sub-automorphes de feldspaths, centimétriques et localement pluricentimétriques (granite à « dents de cheval »)[40].
L'église Notre-Dame.
Une vieille maison.
La fontaine de Saint-Bieuzy ; elle était supposée avoir des vertus curatives contre la rage.
La maison de Rohan tire son nom du bretonRoc’han (« petit rocher »), nom du lieu sur le site de Castel-Noec (Castennec[41]) en Bieuzy (vingt kilomètres en aval de ce qui deviendra Pontivy), où le Blavet creuse difficilement son lit dans les micaschistes à biotites (roches indurées sous l'effet du thermométamorphisme en bordure du massif granitique de Pontivy)[42], formant un méandre profond entre des rives escarpées. Les cycles d'érosion successifs dans cette roche dure ont ainsi isolé un pédoncule de méandre fluvial en un éperon escarpé de 900 m de long, dont la partie médiane, très étroite (dénivelé de 45 m, largeur inférieure à 10 m), sépare l'entrée de l'éperon (Castennec), au nord, de la boucle du Blavet, au sud (la Couarde)[43]. À l'origine sur cet éperon existe une forteresse protohistorique puis le camp romain de Sulim (le nom Sulim sur la carte de Peutinger est une forme dérivée de Sulis, apparenté au nom gaulois du soleil). Cet éperon barré forme une frontière importante sur la voie romaine d'Angers à Brest, et plus précisément sur l'itinéraire Vannes-Carhaix, comme l'atteste le milliaireépigraphe de Castennec[44] daté des années 251-253[45]. Un ancien rempart datant de la période romaine, situé à 50 m au nord de la chapelle de La Trinité et 100 m au nord du belvédère de Castennec, est encore visible sur le cadastre[46]. Alain, vicomte de CastelNoec utilise peut-être ces murs pour construire entre 1120 et 1128 le château de Castel-Noec (deux fossés médiévaux retrouvés vers 1840 sont d'ailleurs encore reconnaissables sur le site), et prend dès lors le nom de Rohan, devenant Alain Ier de Rohan[47]. À l'est, sur la rive gauche (au niveau du village de Saint-Nicolas-des-Eaux), un gué protohistorique est remplacé par un pont qui est resté, jusqu'au haut Moyen Âge, le principal point de franchissement du fleuve. L'installation des moines de Saint-Sauveur de Redon, qui ont reçu le prieuré, entraîne la naissance du bourg de Bieuzy (1124-1125). Ce prieuré a souffert du départ d'Alain Ier pour Rohan en 1125 (le château de Castennec est totalement ruiné et abandonné en 1205), ce qui se traduit deux siècles plus tard par le déclin du réseau routier gallo-romain, et l'essor de Pontivy comme nouveau nœud routier[48].
La chapelle Saint-Gildas, ermitage fondé selon la légende en 538 par les anachorètes saint Gildas et son disciple saint Bieuzy sur les bords du Blavet, dans le premier méandre après la butte de Castennec.
Bieuzy : la chapelle Saint-Gidas et son rocher sur la rive droite du Blavet vus depuis le chemin de halage de la rive gauche (en Pluméliau).
Bieuzy : la chapelle Saint-Gidas et son rocher sur la rive droite du Blavet vus depuis le chemin de halage de la rive gauche (en Pluméliau).
Fontaine de Saint-Bieuzy (XVIe siècle) : elle est déjà citée en 1125 dans le Cartulaire de Redon. En buvant son eau, les personnes et les animaux atteints de la rage, appelée "mal de saint Bieuzy", trouvaient guérison[15].
La fontaine de Saint-Bieuzy : vue d'ensemble.
Moulins et fermes
Moulin à farine de Rimaison.
La vieille ferme de la place Ernest-Lemoine, dans le bourg de Bieuzy, construite en 1826 (déjà indiquée sur le cadastre de 1828)[50].
Bieuzy : vieille ferme construite en 1826 située dans le bourg.
Curiosités
Ruines du château de Rimaison (XVIe siècle).
Manoir de Kerven (les ruines étaient encore visibles en[1845).
La stèle gauloise de Castennec.
Pierre tombale médiévale XIIIe siècle, découverte en 1971.
La "Pierre sonnante de saint Gildas" : c'est une pierre qui donne à la percussion un son imitant celui de l'airain. On dit que saint Gildas et saint Bieuzy s'en servaient pour appeler les fidèles à la prière.
Mémorial
Ce mémorial, situé près du golf de Rimaison, rend hommage aux 14 maquisards et parachutistes français qui furent fusillés à l'endroit du mémorial, le .
Héraldique
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Conte
François Cadic : Le moine du Castennec (Contes et légendes de Bretagne, 1914). Ce conte narre notamment la destruction de la chapelle Notre-Dame-de-la-Rouille par des habitants de Saint-Nicolas en Pluméliau fâchés avec leur recteur.
Personnalités liées à la commune
Saint Bieuzy (du breton buhezeg, plein de vie) ou Bihy ou Bihuy ou Bihuit (VIe siècle), disciple de saint Gildas de Rhuys, ermite puis curé à Bieuzy, où il aurait été tué d'un coup d'épée lui fendant le crâne par un seigneur breton dont il refusa de soigner les chiens afin de pouvoir célébrer sa messe[51]. On l'invoque contre la rage et de nombreuses fontaines portent son nom. Il est fêté le 24 novembre.
Le "père Bourlout", de son vrai nom Louis Le Bourlout[Note 17], aveugle de naissance, mendiant, horloger, conteur, décrit par l'abbé François Cadic et aussi par Charles Floquet[52]. Évoqué aussi par Donatien Laurent.
↑Ce château occupait l'isthme du méandre et l'espace allant jusqu'à la chapelle de La Trinité.
↑Claude de Lannion, comte du Cruquil en Lannion et Quinipily, baron de Malestroit, du Vieuxchastel et de Camors, né en 1624 à Baud, décédé le au château de Quinipily en Baud.
↑Population municipale légale en vigueur au 1er janvier 2019, millésimée 2016, définie dans les limites territoriales en vigueur au 1er janvier 2018, date de référence statistique : 1er janvier 2016.
↑Louis Le Bourlout, né le à Malguénac , décédé le à l'Hospice Sainte Eugénie de Pontivy, mais ayant vécu principalement à Bieuzy.
Références
↑Ernest Nègre, Toponymie générale de la France, page 1049
↑Alain Stéphan, Tous les prénoms bretons, Éditions Jean-paul Gisserot, (lire en ligne), p. 24
↑ ab et cA. Marteville et P. Varin, Dictionnaire historique et géographique de la province de Bretagne, t. 1, Rennes, Molliex, (lire en ligne), pages 85-86.
↑ abcd et eCharles Floquet, Au cœur de l'Argoat : La Bretagne intérieure, Paris, éditions France-Empire, (ISBN2704800340).
↑André Davy, Les barons du Cotentin, Condé-sur-Noireau, Éditions Eurocibles, coll. « Inédits et introuvables du patrimoine Normand », , 319 p. (ISBN978-2-91454-196-1), p. 15.
↑Alain Dag'Naud, Lieux insolites et secrets de toutes les Bretagne, Éditions Jean-Paul Gisserot, (lire en ligne), p. 24.
↑Théodore Derome, « De l'usement de Rohan ou du domaine congéable », Revue critique de législation et de jurisprudence, , p. 257-258 (lire en ligne, consulté le ).
↑Jean Rohou, "Catholiques et Bretons toujours ? (essai sur l'histoire du christianisme en Bretagne)", éditions Dialogues, Brest, 2012, [ (ISBN978-2-918135-37-1)]
↑ a et bJean-Baptiste Ogée, Dictionnaire historique et géographique de la province de Bretagne, t. 1, Nantes, Vatar Fils Aîné, (lire en ligne), pages 79-80.
↑ a et bJournal L'Espoir du Morbihan, « Bieuzy-les-Eaux. Un correspondant nous signale », Journal L'Espoir du Morbihan, (lire en ligne, consulté le ).
↑Toponyme issu de krann, désignant originellement un endroit où il reste des racines, puis adopté comme nom de famille. Francis Gourvil, Noms de famille bretons d'origine toponymique, Société archéologique du Finistère, , p. 52.
↑Sa paragenèse comprend du quartz (36-38 % en petites et moyennes plages regroupées en îlots holoquartzeux), du feldspath potassique (30-32 % d'orthose en petites et moyennes plages xénomorphes et en fréquentes moyennes et grandes plages subautomorphes assez fréquemment maclées), du feldspath plagioclase (25-27 % d'albite-oligoclase en petites et moyennes plages et plus rarement en grandes, souvent sub-automorphes et plus ou moins damouritisées), de la biotite (3-4 % en moyennes et grandes paillettes, parfois maclées sagénite et éventuellement plus ou moins chloritisées), de la muscovite (2-3 % en moyennes et grandes paillettes associées à celles de
biotite, ou en petites paillettes aciculaires disposées en gerbe), exceptionnellement de la sillimanite et accessoirement de l’apatite (gros granules, parfois sub-automorphes) et du zircon (en petits grains, souvent associés aux paillettes de biotite). cf. BÉCHENNEC F., THIÉBLEMONT D., avec la collaboration de Cocherie A.,
Mougin B., Notice explicative, Carte géol. France (1/50 000), feuille Bubry (349), éditions du BRGM, 2011, p. 26-27
↑Le site porte le nom de Castellum Noïec ou Castrum Noici, Châteaunoix, Château-Nu, Castel-Noez ou Castel-Noec, devenu plus tard Castennec.
↑Au contact du granite, les micaschistes beige argenté ont été modifiés et présentent un faciès plus noirâtre, gaufré et tacheté.
↑Carte archéologique de la Gaule. Le Morbihan, Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, , p. 80.
↑Borne milliaie consacrée à l'empereur romainTrébonien Galle et à son fils Volusien, trouvée près du lieu-dit La Couarde. C'est d'ailleurs dans la maison de la Couarde que fut découverte une statue en granit haute de 2,15 m, dite autrefois croah houarn (« femme de fer »), la Vénus de Quinipily. Cf Pierre Merlat, Les Vénètes d'Armorique, Éditions "Archéologie en Bretagne", , p. 90.
↑Louis Pape, La Bretagne romaine, éditions Ouest-France, , p. 88.
↑Noël-Yves Tonnerre, Naissance de la Bretagne. Géographie historique et structures sociales de la Bretagne méridionale (Nantais et Vannetais) de la fin du VIIIe à la fin du XIIe siècle, Presses de l'Université d'Angers, , p. 512.
↑Charles Floquet, Châteaux et manoirs bretons des Rohan, Y. Salmon, , p. 71.
↑Jean-Yves Le Moing, Noms de lieux de Bretagne, Bonneton, , p. 25.
↑« Recherche », sur patrimoine.bzh (consulté le ).
Louis Rosenzweig, Répertoire archéologique du département du Morbihan, Paris, Imprimerie impériale, 1863, col. 69 s. v. Bieuzy (Répertoire archéologique de la France, 56) (en ligne).
François Marie Cayot-Délandre, Le Morbihan, son histoire et ses monuments, Vannes, A. Cauderan, 1847, p. 406-412 (en ligne).
Bieuzy sur topic-topos d'après l'ouvrage de Flohic éd., Le patrimoine des communes du Morbihan, sous la dir. de Michèle Bourret, Charenton-le-Pont, 1996, 2 vol. (Le patrimoine des communes de France, 56) ; nouv. éd. 2000 (ISBN2-84234-107-4).