À la Révolution, cette chapelle, Beate Marie de Speluca comme on la désignait dans les anciens textes[6],[7] appelée également aujourd'hui Chapelle Notre-Dame du Plan, a été vendue comme « bien national » et acquise par Madame d'Autran[8],[9] puis rachetée par la famille Jerphanion.
L'ermitage accolé au sud, englobant le chevet, construit plus récemment (sans doute fin XVIIIe), n'est pas compris dans la protection[10].
Toponymie
Spéluque représente le nord-provençal espeluca, "caverne, grotte", dérivé du latin spelunca, même sens. Le mot est probablement emprunté aux Ligures car on ne le trouve que dans le Sud-Est et en Corse.[réf. souhaitée]
Historique
Sa construction
L’actuelle sacristie de la chapelle primitive Notre-Dame de Spéluque remonte au Xe siècle et fut, sans doute, érigée à l'emplacement d’un ancien lieu de culte païen[11].
C'est un édifice à nef unique comprenant en plan trois travées terminées par un chœur semi-circulaire voûté en cul-de-four. La nef est elle-même couverte d'une voûte en berceau brisé soutenue par des arcs doubleaux retombant sur des impostes et des piliers rectangulaires. Les murs latéraux sont rythmés par des arcades de décharge. Il est situé en bordure de la Nartuby, au pied du plateau des Rouvières et bordé par le Plan de Canjuers.
Le chevet plat est englobé, au nord, dans une sacristie qui occuperait l'emplacement d'une chapelle primitive du Xe siècle.
L'édifice possède un remarquable autel pentapode du XIe siècle des plus rares[12], composé de deux colonnes torsadées, deux colonnes à fûts lisses et une colonne à fût hexagonal. Les colonnes sont surmontées de chapiteaux à feuillage[13].
La meurtrière absidiale possède un vitrail représentant Notre-Dame, l'oculus éclairant la face ouest a lui aussi conservé son vitrail. Ils datent probablement de la deuxième moitié du XIVe siècle (vers 1868 ?), date à laquelle la chapelle fut réparée, l'ermitage et le clocher construits.
C’est le temps où les Sarrasins, quittant leur repaire de Fraxinet (La Garde-Freinet), firent irruption dans la plaine de Tourtour. Les habitants se réunirent pour résister et jurèrent, s’ils remportaient cette victoire, de construire une chapelle, témoignage de leur reconnaissance à la Vierge[4]. Cette chapelle remplacerait donc (?) un oratoire situé dans une grotte et qui commémorerait (selon Alain Raynaud) une victoire des habitants de la contrée sur les Sarrasins au Xe siècle[14]. Mais, rien n’est dit sur la localisation de cette grotte[15].
Ils chassèrent l’envahisseur et construisirent l’édifice. En 990, Almerade évêque de Riez, la dota d’un « autel en Val d’Empure »[16] consacré à la Vierge (cartulaire du monastère de Lérins).
Cette chapelle primitive étant devenue trop petite, on lui en adjoignit une autre qui fut consacrée en 1090 par Raymond Béranger, évêque de Fréjus[17]. À l’époque, un monastère et un village se regroupaient autour de cette église.
Quelques années plus tard, un chevalier félon, nommé Tuan, et des membres de sa famille saccagèrent ce joyau de l’art roman ainsi que le monastère et le petit village. Seule fut réparée la chapelle au milieu de la petite plaine. Elle fut pourvue d’un prieur et desservie par quatre moines.
En 1793, elle fut vendue comme bien national et, après avoir servi pendant une quarantaine d'années d'abri agricole sinon de bergerie, achetée par madame d’Autran[18], puis par la famille de Jerphanion[19] qui la rendirent au culte.
D’importantes réparations sont alors entreprises et le clocher restitué et l’ermitage édifié en 1868. La cloche est, elle, datée de 1843[20],[21],[22].
Enfin, Claire Alice Anne-Marie de Jerphanion[23],[24],[25],[26], souhaitant rendre à cette chapelle privée sa destination première, y accueille une moniale de Paray-le-Monial (Saône-et-Loire)[27].
La chapelle est désormais propriété (privée) de l’Association diocésaine de Fréjus-Toulon[28],[29] et mise à la disposition de l’Association des Amis de Notre-Dame-de-Spéluque constituée le 10 novembre 1990, dans le cadre d'un bail emphytéotique de 99 ans (« avec tous les droits et les devoirs du propriétaire ».
Curiosités
Cette commune typiquement provençale a conservé de nombreux vestiges romains et médiévaux. Époque gallo-romaine : vestiges de la Via Aurelia, ou voie Aurélienne, qui reliait Fréjus[30] à Riez[31], visibles entre Olves et Sainte-Anne[32] mais aussi devant la chapelle N.D. de Spéluque, où on peut voir une croix en fer plantée dans une pierre cylindrique, vestige d'une borne milliaire romaine[33]. Sur le fût est mentionné le nom de l'autorité (empereur, consul) à l'initiative de la construction ou de la réfection de la voie, ainsi que la distance en milles romains entre la borne et la cité administrative la plus proche (Fréjus et Riez)[34].
Le site naturel « Spéluque - Notre-Dame du Plan » est également particulièrement riche et l'activité agricole conforte l'authenticité du paysage[41], outre des frêne, marronnier, chêne vert, chêne pubescent, dont certains plusieurs fois centenaires et un palmier, on peut également y observer un Micocoulier de Provence.
L’ensemble des sites de la commune bénéficie d’une double protection juridique, d’une part au titre de l’environnement, la préservation de la faune et la flore[42], et d’autre part au titre du périmètre de 500 mètres d'un monument historique en application des articles L621-30-1 et L621-31 du Code du patrimoine[43].
Le PLU (plan local d'urbanisme) est effectif depuis le [44]. Les documents d'urbanismes sont consultables sur le site internet, onglet urbanisme de la commune[45],[46],[47],[48].
La vie des sœurs de la fraternité de Saint-Charbel
L'activité agricole, et la présence de la Fraternité Saint Charbel qui a son siège à la chapelle Notre-Dame de Spéluque, perpétuent la préservation du site de Spéluque. En effet, la chapelle, la ferme du Colombier et les terres agricoles environnantes constituent un ensemble paysager et architectural remarquable bien préservé, avec une identité historique et spirituelle forte qui s’inscrit dans l’histoire multiséculaire du lieu.
Saint Charbel[49], fêté le 24 juillet, vécut au Liban de 1828 à 1898[50]. Ce moine catholique maronite avait une très intense vénération pour la Très Sainte Eucharistie. Sa bonté inlassable l’avait fait aimer par tous, tant par les chrétiens que les musulmans. Il fut canonisé en 1977 par le Pape Paul VI[51]. De très nombreuses et surprenantes guérissons du corps, du cœur et de l’esprit sont obtenues sur son intercession.
Les sœurs de la fraternité de Saint-Charbel[52] sont filles de Dominique et ont une clôture monastique, elles sont contemplatives, pratiquent le saint Office monastique (chantent en grégorien le saint office monastique de jour et de nuit selon le rite dominicain), vivent en pauvreté, gagnent leur vie par un travail agricole et intellectuel, suivant les compétences de chacun.
Les cérémonies liturgiques, visites et concerts de musique
Cette chapelle, classée au titre des Monuments Historiques, est privée mais ouverte au public à certaines conditions[53].
Des concerts ont également été organisés au profit de la sauvegarde du site, par l'association des amis de Notre-Dame de Spéluque, tel celui du jeudi 9 août 2007. Il s'agissait d'un concert de musique classique offert par Marion Le Pelletier qui jouait sur un alto moderne de Alexandra Pedora (Cremone) et Benoît Tisserand sur un orgue-coffre[54] du facteur Klop (Hollande).
Alexis-Campo a été nommé à compter du chapelain de la chapelle Notre-Dame-de-Spéluque[55], par Dominique Rey évêque de Fréjus-Toulon[56].
Les cérémonies liturgiques se déroulent tous les dimanches et fêtes, messe orientée à 11h00 dans la forme extraordinaire du rite romain et chant grégorien.
En 2016[58], c'est au domaine du Moulin-Vieux, après la messe dite par le père Thierry Galant, que s'est déroulée la fête de Notre-Dame-du-Plan organisée par l'association de préservation du patrimoine d'Ampus (APPA)[59].
En août 1992[60], à l'occasion de la transfiguration [61], Joseph Madec, évêque de Fréjus avait été accueilli par la moniale dominicaine Sœur Marie du Saint Esprit et le père Adonis Volpato (surnommé le "curé bâtisseur") pour célébrer la messe à la chapelle. Les choristes d'Ampus et la chorale de Tourtour avaient animé la cérémonie religieuse, avec Mme Guibal à l'orgue, Laurence Vautrin au violoncelle. Le Panis Angelicus et l'Ave verum corpus de Mozart étaient interprétés par la soliste Paule de Beaumont.
Dominique Rey, évêque de Fréjus-Toulon, est venu présider solennellement les cérémonies en la chapelle Notre-Dame de Spéluque le dimanche 17 septembre 2017[62],[63],[58]. À cette occasion, le groupe folklorique provençal « Lou Pebre d’aï »[64] a animé la procession d’entrée au son des fifres, galoubets et des tambourins, et « le Chœur grégorien Jubilate de Toulon »[65] a animé les chants liturgiques.
Recherches de Marcel Faure, maître d'école, sur l'histoire de la Chapelle de Spéluque, avec plan sur le blog du Toupin [lire en ligne]. Référence bibliographique : Marcel Faure, Ampus.
Églises et chapelles rurales : Ampus (Var), Des Romains au Moyen Âge, par Daniel Thiery, 20 août 2014 : Rome Voie romaine de Fréjus à Riez; La petite aurélienne ; Les bornes milliaires ; Notre-Dame d’Espéluque ou du Plan ; Carta de Sancta Maria vallis Impurie. Charte de Sainte-Marie de Spéluque dans la vallée d’Ampus ; Cartulaire de Lérins ; Commentaires sur Notre-Dame du Plan.
(fr + en + de) Coordination générale : René Dinkel, Élisabeth Decugnière, Hortensia Gauthier, Marie-Christine Oculi. Rédaction des notices : CRMH : Martine Audibert-Bringer, Odile de Pierrefeu, Sylvie Réol. Direction régionale des antiquités préhistoriques (DRAP) : Gérard Sauzade. Direction régionale des antiquités historiques (DRAH) : Jean-Paul Jacob directeur, Armelle Guilcher, Mireille Pagni, Anne Roth-Congés Institut de recherche sur l'architecture antique (Maison de l'Orient et de la Méditerranée-IRAA)-Centre national de la recherche scientifique (CNRS), Suivez le guide : Monuments Historiques Provence Alpes Côte d’Azur, Marseille, Direction régionale des affaires culturelles et Conseil régional de Provence – Alpes - Côte d’Azur (Office Régional de la Culture), 1er trimestre 1986, 198 p. (ISBN978-2-906035-00-3 et 2-906035-00-9)
Guide présentant l'histoire des monuments historiques ouverts au public en Provence – Alpes – Côte - d'Azur, avec cartes thématiques : 4 Renaissance / Classique / Baroque (traduit en allemand et anglais en septembre 1988). Notice Ampus : L'église paroissiale et la chapelle Notre-Dame de Spéluque p.121
↑Lérins. Le monastère de Saint-Honorat. Observations sur les statuts du monastère de Lérins : pensions des prieurés dépendant du monastère, savoir du prieur de Spéluque, 9 sols, L’article 27 : p. 11
↑Fiche signalétique Agrippa - Immeubles et jardins protégés, 01/09/2003
↑Dictionnaire des Églises de France, II D, Robert Laffont, 1966 ; Robert Bailly, Les chapelles rurales en Provence, Avignon, 1969, 202p ; et Cartulaire de l'abbaye de Lérins, édition de la Société des lettres, sciences et arts des Alpes-Maritimes, 1883, déposé aux archives de Draguignan (Introduction : Diocèse de Fréjus)
↑France Ministère de l'éducation nationale New York Public Library, Cartulaire de l'abbaye de Lérins, H. Champion, (lire en ligne)
↑En 1839 le cadastre donne une surface pour la chapelle et une masure (ermitage) de 220 m2 (section C, parcelle 324). Le propriétaire en était Taxil hoir de Léger, médecin
↑En 2014 le cadastre fait état des surfaces ci-après : Chapelle et abords de la chapelle ND de Spéluque :
C no 348 (Terrain agricole attenant chapelle) 0 ha 30 a 80 ca
C no 349 (Terrain agricole attenant chapelle) 0 ha 20 a 30 ca
C no 352 (Chapelle et bâtiment annexe) 0 ha 25 a 50 ca
↑Le terme générique paganisme, était employé depuis le VIe siècle par des chrétiens pour désigner la religion de ceux qui ne sont ni chrétiens, ni juifs, ni musulmans. Il remonte au latin paganus (païen).
↑Marcel Faure, Ampus, Le Conseil municipal a délibéré ! De Bonaparte à la seconde guerre mondiale, Imprimerie Zeeb-Druck Dornstetten, Allemagne, Mairie d'Ampus, , 174 p.
Pages 65 et 66 : Notre-Dame du Plan ou Notre Dame de Spéluque. Après le Concordat, la chapelle fut rachetée par Mme Autran née Taxil qui en fit don à la Fabrique d’Ampus, Lettre du 13 septembre 1838 du Préfet du Var à M. le Maire d’Ampus
↑Arrêté du 26 juin 1990 portant classement parmi les monuments historiques, article 1er Chapelle appartenant à Mme de Jerphanion Claire, Aline, Anne, Marie, Louise depuis le 8 mars 1966.
↑Les campanographes contemporains : Louis Janvier (1934-1984) a dressé un inventaire des cloches antérieures à la Révolution encore existantes dans le département du Var (publié en 1980), aidé par Serge Porre
↑Au niveau national les problèmes relatifs au patrimoine campanaire sont traités par Eric Brottier, Technicien-Conseil pour le ministère de la culture et Eric Sutter, président de la Société française de campanologie, pour la partie historique
↑L’État et les cultes, Les associations cultuelles. En 1923, l’Église catholique obtient la création du statut d’association diocésaine, association cultuelle, conforme aux lois de 1901 et de 1905, mais dont l’objet est restreint à subvenir aux frais et à l’entretien du culte catholique, sous l’autorité de l’évêque, en communion avec le Saint-Siège, et conformément à la constitution de l’Église catholique
↑Toponymie : Ses noms successifs sont Colonia Julia Augusta Apollinarium Reiorum, Alebaece Reiorum Apollinarium (Ier siècle), Reis Appolinaris (IVe siècle), Reios (Ve siècle)
↑ Présidents successifs de l'association des Amis de la chapelle Notre-Dame de Spéluque depuis 1990 : Mme Claire, Alice, Anne-marie de Jerphanion(†); Paul Habig; Louis de Beaumont sur http://www.exultet.net/. Artiste peintre, écrivain, auteur du tableau « Regard de Jésus » exposé dans l’église romane Saint-Domnin, dite St-Denis de Tourtour. Louis de Beaumont a notamment fait don de 545 de ses toiles à Radio Maria Nice (†); Georges Vadon
↑Programmes de travaux présentés par l’association Monalisa : Extrait des dépliants « Chapelle ND de Spéluque et son annexe » et « Ferme Bastide le Colombier », réalisés par Dora Ben Yedder, architecte DPLG, dans le cadre d'une convention de l'association des Amis de ND de Spéluque avec le Centre européen de formation PARTIR (Patrimoine Architectural Rural, Techniques d'Identification et de Restauration
↑Au pied du mur, Éditions Eyrolles, Centre européen de formation P.A.R.T.I.R. (Patrimoine Architectural et Rural - Techniques d'Identification et de Restauration)
↑Centre européen de Formation PARTIR - École d'architecture de Paris la Villette]. Les stages proposés par le Centre Européen de Formation P.A.R.T.I.R, dans le cadre de ses antennes régionales sont destinés prioritairement aux étudiants de 4e et 5e années des écoles d'architecture françaises et européennes et aux jeunes diplômés.
↑(fr) liste des servitudes d’utilité publique à Ampus, échelle 1/25000e : Protection des bois et forêts soumises au régime forestier, Monuments historiques classés, Protection des Sites et Monuments naturels classés, Protection des Sites et Monuments naturels inscrits, Protection des eaux, Voisinage des cimetières
↑Coffre ou orgue-coffre : instrument se présentant comme coffre, afin d'être facilement transporté. Existant déjà à l'époque baroque, ce type d'instrument d'un clavier connaît un renouveau depuis les années 1970 dans le but d'assurer le continuo. Voir : Lexique de l'orgue.
↑M. l'abbé Alexis-Campo, chapelin de la chapelle Notre-Dame-de-Spéluque (au sens d'Oratoire), sise à Ampus, quartier Notre-Dame du Plan, 2001 chemin de Turquet.
↑Sanctuaires : Can. 1230 "Par sanctuaire, on entend une église ou un autre lieu sacré où les fidèles se rendent nombreux en pèlerinage pour un motif particulier de piété avec l'approbation de l'Ordinaire du lieu" : Ampus, Notre-Dame-de-Spéluque, 83111 Spéluque, Équipe pastorale : * Père Alexis CAMPO; * Sœur Marie du Saint-Esprit, o.p.: A
↑Le Chœur grégorien Jubilate a été créé fin 1997 à Toulon, à partir de la chorale de la Cathédrale. Il participe à la sauvegarde du chant grégorien, par une pratique régulière lors de cérémonies religieuses ou de concert