Eliud Kipchoge fait ses débuts sur la scène internationale lors des Championnats du monde de cross-country 2002 de Dublin en se classant cinquième de la course junior. Vainqueur du 5 000 m des sélections kényanes pour les Championnats du monde juniors, il est contraint de déclarer forfait après avoir contracté le paludisme[2].
En début de saison 2003, le Kényan s'adjuge le titre junior des Championnats du monde de cross se déroulant à Lausanne, où il devance de deux secondes l'Ougandais Boniface Kiprop. Il réalise d'excellentes performances durant les premiers meetings estivaux, terminant notamment troisième des Bislett Games d'Oslo derrière Kenenisa Bekele et Sammy Kipketer. Âgé de 18 ans seulement, il obtient sa qualification pour les Championnats du monde de Paris grâce à sa troisième place obtenue lors des sélections kényanes. Le , Eliud Kipchoge crée la surprise en s'adjugeant le titre du 5 000 m en 12 min 52 s 79 (nouveau record de la compétition) devant les spécialistes de la distance Hicham El Guerrouj et Kenenisa Bekele. Il remporte en fin de saison 2003 le 5 000 m de la Finale mondiale de l'IAAF.
Médaillé olympique (2004)
Quatrième des championnats du monde de cross en début de saison 2004, il remporte les sélections olympiques du Kenya en établissant un nouveau record personnel (13 min 14 s 4). Aux Jeux olympiques d'Athènes, Kipchoge monte sur la troisième marche du podium du 5 000 m derrière Hicham El Guerrouj et Kenenisa Bekele, avec le temps de 13 min 15 s 10. Cinq jours plus tard, il établit la meilleure performance de l'année sur 3 000 m en remportant le meeting de Bruxelles en 7 min 27 s 72, avant de s'imposer sur la même distance lors de la Finale mondiale disputée à Monaco.
De nouveaux podiums mondiaux et olympiques (2005-2008)
En 2005, le Kényan ne prend que la cinquième place des Championnats du monde de cross puis s'impose à plusieurs reprises lors des meetings européens estivaux, notamment sur 3 000 m à Doha et Hengelo, et sur 5 000 m au meeting Golden Gala de Rome. Figurant parmi les favoris du 5 000 m aux Championnats du monde d'Helsinki, en raison notamment des absences d'Hicham El Guerrouj, retraité des pistes depuis l'année précédente, et de Kenenisa Bekele, aligné uniquement sur 10 000 m, Eliud Kipchoge ne termine pourtant que quatrième de la finale, la victoire revenant à son compatriote Benjamin Limo. En fin de saison 2005, le Kényan remporte le meeting de Bruxelles en signant en 12 min 50 s 22 la deuxième meilleure performance mondiale de l'année derrière Bekele.
Eliud Kipchoge s'adjuge la médaille de bronze du 3 000 m lors des Championnats du monde en salle 2006 de Moscou avec le temps de 7 min 42 s 58.
L'année suivante, en 2007, il bat son record personnel du 10 000 m lors du meeting d'Hengelo en 26 min 49 s 02, avant de remporter la médaille d'argent du 5 000 m des Championnats du monde d'Osaka où il est devancé par l'Américain Bernard Lagat.
Lors des Jeux olympiques de 2008 à Pékin, il se classe deuxième de l'épreuve du 5 000 m en 13 min 2 s 80, devancé pour la médaille d'or par Kenenisa Bekele qui établit un nouveau record olympique en 12 min 57 s 82.
En 2012, il échoue lors des sélections olympiques kényanes pour les Jeux olympiques de 2012, en ne prenant que la 7e place du 5 000 m et du 10 000 m.
Il fait ses débuts sur la route à l'occasion du Semi-marathon de Lille 2012 en prenant la troisième place en 59 min 25 s. Il participe fin 2012 aux championnats du monde de semi-marathon et se classe 6e de l'épreuve individuelle en 1 h 1 min 52 s.
En , il remporte le Semi-marathon de Barcelone dans le temps de 1 h 0 min 4 s et établit le record de l'épreuve[3]. Deux mois après, il entame avec succès sa carrière de marathonien à Hambourg.
En , il participe au Marathon de Berlin, son premier marathon major. La course est remportée par son compatriote Wilson Kipsang qui établit un nouveau record du monde en 2 h 3 min 23 s. Il termine deuxième en 2 h 4 min 5 s, ce qui constitue la quatrième performance mondiale de tous les temps.
En , il remporte à nouveau le Semi-marathon de Barcelone en 1 h 0 min 52 s sans toutefois parvenir à améliorer son temps de 2013[4].
En , il remporte le Marathon de Rotterdam dans le temps de 2 h 5 min 0 s[5]. En octobre, il confirme ses talents de marathonien en remportant une première victoire dans un marathon major en 2 h 4 min 11 s à Chicago. À cette occasion, il remporte sa 1ère confrontation avec Bekele sur le marathon.
Le , il remporte le Marathon de Londres avec un chrono de 2 h 4 min 41 s en devançant Wilson Kipsang. Le , il remporte le Marathon de Berlin en 2 h 4 min 0 s. Un problème de semelle dès le 2e kilomètre l'empêcha surement de battre le record du monde[6].
Champion olympique du marathon (2016)
Quelques mois plus tard, le , il remporte une fois de plus le Marathon de Londres avec un temps de 2 h 3 min 5 s qui représente le deuxième meilleur temps de l'histoire du marathon ainsi que le record de l'épreuve à Londres[7]. Plus encore qu'à Berlin, le record du monde était « facilement » à la portée de Kipchoge, mais les lièvres à Londres imprimèrent un rythme beaucoup trop rapide. Ce rythme était sur les bases quasiment de deux heures au marathon.[réf. nécessaire]
Eliud Kipchoge se qualifie pour les Jeux olympiques de 2016 prévus à Rio de Janeiro. En grand favori, le , lors de l'épreuve du marathon, il remporte son premier titre olympique dans le temps de 2 h 8 min 44 s, sûrement le titre le plus important de sa carrière.
Le , sur le circuit automobile de Monza, en Italie, Eliud Kipchoge participe au marathon Breaking2, projet de la firme Nike visant à franchir la barrière des 2 heures sur marathon. Il échoue dans sa tentative mais réalise cependant le temps de 2 h 0 min 24 s, synonyme de nouveau record du monde[8]. Mais cette performance n'est pas homologuée par la Fédération internationale d’athlétisme en tant que nouveau record du monde car la tentative ne se déroule pas dans le cadre d’une compétition officielle, qu'elle s’inscrit dans une tentative de record, et qu'elle se déroule sur un circuit fermé. De plus, le Kényan a pu bénéficier d’une vingtaine de lièvres ayant pu se relayer (au lieu de démarrer la course en même temps que Kipchoge) et a été précédé d’un véhicule dont il a pu profiter de l’aspiration[9].
En , il ajoute une nouvelle victoire dans un marathon majeur, remportant à nouveau le marathon de Berlin en 2 h 3 min 32 s, couru dans des conditions humides.
Le , lors du marathon de Berlin, Eliud Kipchoge améliore le record du monde de Dennis Kimetto de 1 min 18 s, la plus grande marge depuis 1967, en parcourant la distance en 2 h 1 min 39 s, devenant le premier athlète à descendre sous les 2 h 2 min[10]. Parti sur des bases élevées, il passe à la mi-course en 1 h 1 min 6 s et se retrouve seul en tête à partir du 25e kilomètre après le retrait de ses lièvres. Il poursuit son accélération pour terminer en « negative split », c'est-à-dire un deuxième semi-marathon (1 h 0 min 33 s) plus rapide que le premier[11].
Le , il participe et gagne le marathon de Londres en 2 h 2 min 37 s devant Mosinet Geremew et Mule Wasihun[12]. Il améliore le record de cette course qu'il avait établi en 2016. Eliud Kipchoge établit la deuxième meilleure performance sur un marathon[13],[14]. Il devient le premier coureur à remporter cette épreuve quatre fois.
Après le projet Breaking2 en 2017, Eliud Kipchoge annonce effectuer une nouvelle tentative de marathon sous les deux heures le à Vienne dans le projet Ineos 1:59 Challenge soutenu par le milliardaire Jim Ratcliffe, propriétaire d'Ineos[15]. Lors de l'événement, toujours aidé de ses lièvres, il devient le premier athlète à descendre sous la barrière des deux heures au marathon, en couvrant la distance en 1 h 59 min 40 s, mais cette performance, comme celle du Breaking2 de Monza en 2017, n'est pas homologuée par l'IAAF[16] car elle n'a pas été réalisée dans des conditions officielles[17].
Le , il déclare à l'agence Reuters qu'il participera au marathon des Jeux olympiques de 2020 s'il est sélectionné par la Fédération d’athlétisme kényane, assurant que le déplacement du marathon de Tokyo à Sapporo au nord du pays ne lui posait aucun problème[18].
Le , il finit huitième du Marathon de Londres avec un temps de 2 h 6 min 48 s. Il était l’un des favoris de la course, mais un problème à l’oreille dû au froid l’empêcha de rester en tête de course. C’est la première fois depuis 2013 que Kipchoge ne remporte pas un marathon[19].
Deuxième titre olympique du marathon (2021)
Le , Eliud Kipchoge participe au marathon d'Enschede aux Pays-Bas pour préparer les Jeux olympiques de Tokyo. La course, organisée par NN Mission, la société de son agent néerlandais Jos Hermens, se situe sur les pistes d'un aéroport sur un circuit de huit kilomètres, sans public et exposé aux vents[20]. Il l'emporte dans le temps de 2 h 4 min 30 s.
Il remporte sans difficulté son deuxième titre olympique le à Sapporo, au dernier jour des Jeux de Tokyo 2020. Il distance ses principaux rivaux à dix kilomètres de l’arrivée, et creuse un écart irrattrapable en l'espace de cinq kilomètres. Il s'impose en 2 h 8 min 38 s, et devient le troisième marathonien à réaliser le doublé sur les 42,195 km après Abebe Bikila (1960 et 1964), et Waldemar Cierpinski (1976 et 1980)[21].
Deuxième record du monde du marathon (2022)
Le , Eliud Kipchoge remporte le marathon de Tokyo en 2 h 2 min 40 s, établissant ainsi un nouveau record de l'épreuve[22] mais échouant à près d'une minute de son record du monde[23].
Le , Kipchoge améliore son propre record du monde établi quatre ans plus tôt au même marathon de Berlin et le porte à 2 h 1 min 9 s[24]. Disposant de trois lièvres qui impriment un tempo rapide dès le début de la course, il compte près d'une minute d'avance sur son propre record du monde au 13e kilomètre, et boucle le semi-marathon en moins d'une heure (59 min 51 s)[25]. Après le retrait du dernier lièvre vers le 25e kilomètre, il termine la course seul en tête, effectuant sa deuxième partie de parcours en 1 h 1 min 18 s.
Saison 2023
Le , il participe pour la première fois au Marathon de Boston, épreuve au parcours vallonné et qui n'autorise pas l'utilisation de lièvres. Au 30e kilomètre, Kipchoge ne parvient pas à répondre à l’accélération du Tanzanien Gabriel Geay et est décroché du groupe de tête. Il termine 6e de la course en 2 h 9 min 23 s, son plus mauvais temps jamais enregistré sur un marathon, loin du vainqueur Evans Chebet[26].
Entraînement
En 2001, Eliud Kipchoge, alors âgé de 16 ans, rencontre Patrick Sang, lors d'une course locale[27],[28]. Ce dernier, vice-champion olympique de 3 000 mètres steeple lors des Jeux olympiques de 1992 à Barcelone, vient de mettre un terme à sa carrière et se destine à celle d'entraîneur[27]. À la demande du jeune athlète, il lui remet un plan d'entraînement, que celui-ci respecte avant d'en demander plus. Il rejoint plus tard le centre fondé par le manager néerlandaisJos Hermens à Kaptagat, qui est dirigé par Patrick Sang[27],[28].
Patrick Sang préfère construire une méthode d’entraînement basée sur le volume plutôt que sur l'intensité, respectant ainsi la philosophie de l'entraîneur néo-zélandaisArthur Lydiard, dont Peter Snell fut l'élève[27]. Cet entraînement commence par un easy run de 10 kilomètres le lundi après-midi, puis par des courses de vitesse le lendemain matin : huit séries de 2 000 m en 5 min 50 s, espacées par une période de récupération de soixante-dix secondes[27]. Le mercredi, le programme est composé d'un 20 km couru en 1 h 20 min, suivi d'un easy run de 10 kilomètres en 50 min l'après-midi. Le jeudi est consacré au long run, un 30 km parcouru à une allure de 3 min 20 s au kilomètre[27] puis, le soir, à un 10 kilomètres couru à allure paisible[27]. Une dernière séance a lieu le samedi matin avant que les athlètes retournent dans leur famille pour le week-end[27].
Malgré son âge et son palmarès, Eliud Kipchoge continue à s'astreindre à cette discipline d’entraînement dans un centre qui a été conçu selon le principe du phalanstère, et dont l'organisation est gérée par un athlète élu[27]. Eliud Kipchoge y reçoit toujours les mêmes repas, privilégie le repos, la lecture et le sommeil[27]. La distance qu'il parcourt hebdomadairement s’élève toutefois entre 172 km et 192 km[29].
↑Les conditions optimisées ne correspondent pas aux standards définis par l'IAAF : équipes de 7 lièvres se relayant et formant un V inversé autour de Kipchoge pour réduire les résistances à l’air autour de 85 %, voiture équipée de lasers pour matérialiser l'allure à suivre sur le sol, ravitaillement motorisé, parcours complètement plat avec seulement deux larges virages, revêtement couvert d'un bitume spécial, Kipchogue équipé de chaussures de sport prototype Nike Alphafly comprenant trois plaques en fibre de carbone intégrées à la semelle. Cf (en) Aaron Harper, Sport Realism. A Law-Inspired Theory of Sport, Lexington Books, , p. 13.