Elle est considérée, avec Sarah Vaughan, Nina Simone et Billie Holiday, comme l'une des plus importantes et célèbres chanteuses de l'histoire du jazz, avec une tessiture de trois octaves, remarquable pour la pureté de sa voix et sa capacité d'improvisation, particulièrement en scat. Elle hérite du titre de Jazz Royalty « The First Lady of Song »[1] (littéralement « La Première Dame de la chanson », mais souvent traduit par « La Grande Dame du jazz ») après l'apogée du swing. Elle a enregistré 70 albums, vendus à environ 40 millions d'exemplaires en près de 60 ans de carrière, et remporté 14 Grammy Awards, y compris le Grammy du couronnement d'une carrière.
Elle est célèbre entre autres pour ses improvisations, avec en particulier Mack the Knife[2] (extrait de L'Opéra de quat'sous) à Berlin en 1960, morceau au cours duquel elle a eu un trou de mémoire et qu'elle a poursuivi sans hésitation en alternant scat et paroles improvisées. Cette version de Mack the Knife est certainement l'un des succès les plus connus d'Ella Fitzgerald, avec MisterPaganini et How High the Moon. Une autre de ses improvisations fameuses a eu lieu au cours d'un concert à Antibes-Juan-les-Pins sur la Côte d'Azur à l'été 1966, alors qu'elle se produisait dans la Pinède Gould à l'occasion du festival Jazz à Juan, avec sa légendaire interprétation swing-hot jazz de It Don't Mean a Thing (If It Ain't Got That Swing) avec Duke Ellington et son big band[3], ou encore son hommage aux cigales avec The Cricket Song[4].
Biographie
Sa jeunesse
Ella Jane Fitzgerald naît le à Newport News en Virginie[5], fille naturelle de William Fitzgerald et Temperance « Tempie » Henry (1894-1932). Ses parents n'étant pas mariés, son père abandonne le domicile conjugal deux ans et demi après sa naissance. Sa mère qui travaillait dans une blanchisserie, se met alors en ménage avec Joseph Da Silva, un immigré portugais. Le couple part s'installer à Yonkers dans le comté de Westchester, près de New York où Ella grandit. Sa demi-sœur Frances Da Silva naît en 1923.
En 1925, la famille déménage à proximité de School Street, un quartier italien pauvre. Élève exceptionnelle, Ella entre au lycée Benjamin Franklin en 1929
Carrière
Ella Fitzgerald adorait danser, admirait Earl Snakehips Tucker(en) et rêvait d'être danseuse. Or la famille est méthodiste et l'église méthodiste africaine de Béthanie fournit à Ella Fitzgerald ses premières expériences en musique.
Ella commence à chanter à 16 ans en 1934 à l'Apollo Theater de Harlem à New York dans une des premières Amateurs Nights, concours de jeunes espoirs de la chanson, qu'elle remporte, contribuant autant à la gloire de l'Apollo qu'à la sienne. Elle est remarquée par Bardu Ali(en) de l'orchestre de Chick Webb, qui convainc Webb de l'engager.
CBS est sur le point de signer un contrat avec elle en 1932 lorsque sa mère meurt, la laissant orpheline. Elle doit alors se contenter de participer à des concours musicaux.
Ayant obtenu en 1935 une audition pour une semaine, elle commence à jouer avec l'orchestre de Webb au Savoy Ballroom de Harlem à New York. Elle enregistre quelques tubes avec lui, dont If You Can't Sing It, When I Get Low I Get High, You'll Have to Swing It et Love and Kisses, mais c'est sa version de la berceuse A-Tisket, A-Tasket qui la fit connaître.
Après le décès de Chick Webb en 1939, l'orchestre continue sous le nom de « Ella Fitzgerald and Her Famous Orchestra »[6].
Elle commence une carrière solo en 1941. Malgré sa notoriété, elle a été victime, comme beaucoup de Noirs à cette époque, de discrimination ; elle s'est battue tout au long de sa vie pour le prouver. Au début chanteuse de swing, elle aborde aussi le bebop. Sarah Vaughan fut une de ses seules rivales dans ce domaine. Elle est la reine du scat, et elle a joué du blues, de la samba, du gospel etc., et même des chants de Noël. Ses concerts sont souvent enrichis par des imitations d'autres chanteurs ; elle imite en particulier à la perfection les voix et les gestes aussi bien de Rose Murphy que de Louis Armstrong.
Selon les propres mots d'Ella Fitzgerald, c'est Marilyn Monroe qui apporte un grand soutien à sa carrière en l'imposant littéralement au Mocambo Club de Los Angeles. En effet Marilyn, très grande admiratrice et amie d'Ella Fitzgerald, téléphone en personne au patron du club et lui demande de programmer Ella Fitzgerald contre la promesse de réserver, chaque soir où elle se produirait, une table au premier rang. Ne pouvant refuser une telle publicité, le patron accepte et Marilyn tient parole.
En décembre 1947, elle épouse le contrebassiste Ray Brown[8] avec qui elle adopte son neveu, Ray Brown Jr.(en) né le (fils biologique de Frances Da Silva, demi-sœur d'Ella). Ils divorcent en 1953.
Elle quitte Decca en 1955. La compagnie Verve a été créée au départ pour elle par son manager Norman Granz.
Ses morceaux les plus connus sont une série produite par Norman Granz sur des chansons écrites par les plus grands compositeurs américains du moment comme George Gershwin (avec l'orchestre de Nelson Riddle), Cole Porter, Duke Ellington…
Avec l'orchestre de Duke Ellington, elle fait des tournées en Europe et en Amérique du Nord. Elle ouvrait le concert avec le morceau de Duke Ellington Take the "A" Train ; elle a été une des rares à chanter des paroles sur ce morceau.
Porgy and Bess est son enregistrement le plus connu avec la légende du jazz qu'était Louis Armstrong, mais elle a également enregistré avec lui le célèbre album Ella and Louis qui eut un tel succès que Norman Granz leur demanda d'enregistrer un Ella and Louis Again, qui fut également un succès.
L'agilité vocale d'Ella Fitzgerald est remarquable, comme dans ses interprétations de You'd Be All That I Could Desire ou dans sa finale To Come Home and to Love[11]. Sa facilité pour le scat (dont elle est une des icones, avec des interprétations telles que « Duh-wah-du-wah-du-wah-du » de It Don't Mean a Thing (If It Ain't Got That Swing) de Duke Ellington). Selon Mark C. Gridley[11], elle préférait improviser son scat autour de la mélodie originale plutôt que de pencher vers l'improvisation pure, en paraphrasant, ce qui fait que plusieurs grands compositeurs de musique populaire désiraient lui faire exécuter leurs chansons tant ses lectures étaient proches de l'intention originale.
1985 : National Endowment for the Arts - NEA Jazz Master : nomination et récompensée en qualité de Jazz Master[12] (N.B. : la plus prestigieuse récompense de la nation américaine en matière de jazz).
1979 : A Perfect Match (Pablo) (concert public du festival de jazz de Montreux1979, également diffusé sur le DVD Ella and Basie - the Perfect Match, '79).