Le , après la 22e compétition de mathématiques pour étudiants à l'université Shahid Chamran d'Ahvaz, elle survit à un accident d'autobus où plusieurs jeunes mathématiciens perdent la vie[7].
Enfant, son passe-temps favori est la lecture de romans et elle rêve de devenir écrivaine[16]. Son frère aîné lui fait lire un ouvrage sur Carl Friedrich Gauss dans lequel il explique comment effectuer facilement la somme de tous les entiers de 1 à 100. Séduite par cette méthode, Maryam Mirzakhani poursuit son investigation et découvre l'art du raisonnement mathématique à travers le théorème local de Gauss, dont « on peut dire qu'il permet de repérer localement un point sur une surface quelconque par un nombre complexe, [ramenant] la dimensiondeux réelle […] à la dimension un complexe. Les surfaces deviennent de dimension un et ce sont donc des courbes complexes[17]. » Elle complète son apprentissage des théorèmes de Gauss par les théories de Riemann et les surfaces complexes, qu'elle développera au point de se voir attribuer la médaille Fields[18],[15],[19].
Elle s’intéresse aux surfaces de Riemann. « Riemann étudie les surfaces, non pas comme des objets individuels, mais comme appartenant à des familles de surfaces se déduisant les unes des autres par déformations. Ceci divise essentiellement les surfaces selon leur genre[19]. »
Plus récemment, elle démontre, avec Alex Eskin, le théorème dit « de la baguette magique »[26] relatif aux billards mathématiques. Ils étudient la dynamique d'un mobile lancé selon une tangente à une surface de Riemann. En considérant la variable « temps » comme un nombre complexe, ils montrent[27] que la trajectoire du mobile est alors une courbe complexe, c’est-à-dire une surface, de comportement dynamique plus simple que prévu[19]. Ce travail généralise un résultat obtenu par une autre mathématicienne de renom, Marina Ratner ; les deux femmes décèdent à une semaine d’intervalle.
En 2014, elle reçoit la médaille Fields« pour ses contributions exceptionnelles à la dynamique et la géométrie des surfaces de Riemann et de leurs espaces de modules »[28]. Elle est la première femme — et la première personne de nationalité iranienne — à la recevoir[19],[29], ce qui lui vaut les félicitations du président iranien Hassan Rouhani[30].
En 2016, Maryam Mirzakhani est nommée membre de l'Académie nationale des sciences, devenant la première femme iranienne à être officiellement acceptée comme membre de l'académie[31].
Publications
Les publications de Maryam Mirzakhani sont en anglais.
(en) Ergodic theory of the earthquake flow, International Mathematics Research Notices, 2008
(en) (avec Alex Eskin) Invariant and stationary measures for the SL2(R) action on moduli space, Publications mathématiques de l'IHÉS 2018 — Sommaire.
(en) (avec Alex Eskin et Amir Mohammadi), Isolation, equidistribution, and orbit closures for the SL2(R) action on moduli space, Annals of Mathematics, 2015 — Sommaire[32].
Héritages et hommages
Les conséquences de sa mort en Iran
Un cancer du sein est diagnostiqué à Maryam Mirzakhani en 2013. En 2016, il se propage à ses os et à son foie et elle décède le à l'âge de 40 ans à l'hôpital de Stanford en Californie[33],[34].
Le président iranien Hassan Rohani et d'autres responsables présentent leurs condoléances et rendent hommage à ses réalisations scientifiques. Rohani déclare que « l'éclat sans précédent de cette scientifique créative et de cet être humain modeste, qui a fait résonner le nom de l'Iran dans les forums scientifiques du monde, a été un tournant en montrant la grande volonté des femmes et des jeunes iraniens sur la voie pour atteindre les sommets de la gloire et dans diverses arènes internationales »[35].
À sa mort, plusieurs journaux iraniens, ainsi que le président iranien Hassan Rohani, brisent le tabou et publient des photographies de Maryam Mirzakhani avec les cheveux découverts, geste qui est largement noté dans la presse et sur les réseaux sociaux[36],[37],[38],[39]. La mort de Maryam Mirzakhani relance aussi les débats en Iran sur la « citoyenneté matrilinéaire » pour les enfants de parents de nationalité mixte. Selon l'agence de presse Fars, soixante députés iraniens demandent l'« examen prioritaire d'un amendement » à une loi qui permettrait aux enfants de mères iraniennes mariées à des étrangers d'obtenir la nationalité iranienne, afin de faciliter la visite de la fille de Maryam Mirzakhani en Iran[40].
De nombreuses nécrologies et hommages sont publiés dans les jours suivant le décès de Maryam Mirzakhani[41],[42]. À la suite du plaidoyer du Comité des femmes au sein de la Société iranienne de mathématiques (en persan : کمیته بانوان انجمن ریاضی ایران), le Conseil international pour la science décide de faire de l'anniversaire de Maryam Mirzakhani, le , la Journée internationale des femmes en mathématiques[43].
Hommages posthumes
Divers établissements ont pris le nom de Mirzakhani en l'hommage à sa vie et ses réalisations. En 2017, le lycée Farzanegan, que Mirzakhani a fréquenté, a donné son nom à son amphithéâtre et à sa bibliothèque. De plus, l'université de technologie de Sharif, l'institut où Mirzakhani a obtenu sa licence, a depuis donné son nom à la bibliothèque principale du collège de mathématiques. En outre, la Maison des mathématiques d'Ispahan, en collaboration avec le maire, a donné son nom à une salle de conférence de la ville.
Le , Satellogic, une société d'imagerie et d'analyse d'observation de la Terre à haute résolution, a lancé un microsatellite de type ÑuSat nommé en l'honneur de Maryam Mirzakhani.
Le , la Fondation Breakthrough Prize a annoncé que le prix Maryam Mirzakhani New Frontiers a été créé pour être décerné chaque année à des femmes exceptionnelles dans le domaine des mathématiques. Le prix, d'un montant de 50 000 dollars, sera décerné à des mathématiciennes en début de carrière qui ont obtenu leur doctorat au cours des deux dernières années[44].
Début 2022, à la suite d'une consultation, l'université de Bretagne-Occidentale à Brest, donne son nom à un de ses amphithéâtres[49]. À l'école d'ingénieur INSA Lyon, le bâtiment Pierre-de-Fermat a été rebaptisé bâtiment Maryam-Mirzakhani.
Fondation par des étudiants de l'université d'Oxford de la Mirzakhani Society, pour les femmes et les étudiants non binaires étudiant les mathématiques à Oxford. Mirzakhani a rendu visite à la société en , lors d'un séjour à Oxford[58].
↑Eric Chaverou (France Culture), « Mathématiques : le destin hors norme de Maryam Mirzakhani, première lauréate de la médaille Fields (France Culture) », Les cahiers de l'Islam, (lire en ligne, consulté le ).
↑« La mort de Maryam Mirzakhani, mathématicienne », Le Monde.fr, (lire en ligne, consulté le ).
↑Maurice Mashaal, « Médailles Fields 2014 : Artur Avila, Martin Hairer, Manjul Bhargava et Maryam Mirzakhani », Pourlascience.fr, (lire en ligne, consulté le ).
↑Anton Zorich(en), « Le théorème de la baguette magique de A. Eskin et M. Mirzakhani », dans Gazette des mathématiciens, 142, 2014, p. 39-54 — Vulgarisation. Voir aussi, du même mathématicien, (en) [vidéo] « Le théorème de la baguette magique », sur YouTube.