Massif des Alpilles
Le massif des Alpilles [alpij] est un massif montagneux de faible altitude, au paysage de roches blanches calcaires, situé au nord-ouest du département français des Bouches-du-Rhône. Les Opies en sont le point culminant à 496 mètres d'altitude. Le massif s'étend d'ouest en est entre Tarascon et Orgon sur une superficie de 50 000 hectares. Il est partagé par seize communes, bien que très partiellement pour Tarascon et Saint-Martin-de-Crau, où vivent 46 900 personnes. Depuis le , les collectivités locales sont associées au sein du parc naturel régional des Alpilles. ToponymieLa première allusion au nom donné à la chaîne des Alpilles apparaît relativement tard. Sous l'Ancien Régime, la montagne ne semble pas avoir de nom. Tout au plus Claude François Achard parle-t-il des « montagnes des Baux[1] » en 1787. Pourtant, dans le même ouvrage, il désigne un sommet des Alpilles sous le nom de « Houpies », faisant référence aux Opies. Ce nom francisé dérive du provençal Aupiho, qui est un diminutif du nom Aup (« les Alpes »). Le terme « Alpilles » désigne donc une chaîne que l'on compare à de petites Alpes[2]. On trouve également une autre forme pour désigner la chaîne des Alpilles : le terme « Alpines », toujours usité pour désigner, par exemple, le canal des Alpines, à Barbentane[3]. Il est sans doute plus ancien que la forme « Alpilles ». Dans la Vita de Césaire, évêque d'Arles (VIe siècle), on lit que l'ecclésiastique faisait des visites in Alpinis locis, ce qui semble davantage correspondre aux Alpilles qu'aux Alpes. Au XIXe siècle et dans le premier tiers du XXe siècle, les deux termes coexistent, mais il semble que l'on réserve la forme « Alpines » à la chaîne de montagnes, tandis qu'« Alpilles » désigne davantage le sommet de la chaîne (le « signal des Alpilles »)[2]. Le félibre Frédéric Mistral (1830-1914), quant à lui, utilise invariablement la forme « Alpilles[4] », qui va finir par s'imposer comme le terme correct pour désigner la chaîne de collines comprise entre Crau et Petite Crau. GéographieSituationLe massif des Alpilles est situé dans le sud de la France, dans le département des Bouches-du-Rhône (région Provence-Alpes-Côte d'Azur), à une soixantaine de kilomètres au nord de Marseille. Il s'étend selon un axe est-ouest sur environ 25 km, depuis la vallée du Rhône jusqu'à la vallée de la Durance. Plusieurs zones sommitales le composent :
En dehors de ces sommets, le massif des Alpilles est caractérisé par la présence de plusieurs plaines :
PopulationsLes communes du massifDélimité en 1965 par une inscription à l’inventaire des sites remarquables, le périmètre des Alpilles englobe 15 communes : Aureille, Les Baux-de-Provence, Eygalières, Eyguières, Fontvieille, Mas-Blanc-des-Alpilles, Maussane-les-Alpilles, Mouriès, Paradou, Orgon, Saint-Étienne-du-Grès, Saint-Martin-de-Crau, Saint-Rémy-de-Provence, Sénas, Tarascon[11]. DémographieLe tableau ci-dessous totalise le nombre des habitants des communes des Alpilles[12] à la même date[13]. Il montre que la population de ces communes a plus doublé entre 1936 et 2019[14]. Flux migratoirePression démographiqueTopographieLe massif des Alpilles est l’un des reliefs majeurs du département des Bouches-du-Rhône[15]. Il domine au nord la plaine maraîchère de Saint-Rémy-de-Provence et au sud la plaine de la Crau. Le point culminant est les Opies, à 496 mètres d'altitude[16], à l'est du massif. Les autres principaux sommets sont le plateau de la Caume (387 m), le mont Gaussier (306 m) et le mont Paon. Accès et voies de communicationsLa gare d'Avignon TGV se situe à environ 20 km au nord. Les aéroports les plus proches sont ceux de Marseille Provence, de Nîmes - Garons et d'Avignon - Caumont. On trouve deux aérodromes sur le secteur des Alpilles, l'un au nord entre Égalières et Saint-Rémy-de-Provence, et un autre au sud de la ville d'Eyguières[17]. L'autoroute A7, qui descend la vallée du Rhône et relie Lyon à Marseille via Orange, passe à quelques kilomètres à l'est. L'autoroute A54 (Nîmes - Salon-de-Provence) traverse le territoire provençal au sud du massif. Enfin, l'autoroute A9, qui va d'Orange à Montpellier puis Perpignan, passe à une vingtaine de kilomètres au nord-ouest. La route départementale 99 passe au nord vers Tarascon, puis Nîmes à l'ouest et Cavaillon à l'est. Les routes départementales 5 et 24 permettent de traverser le massif sur un axe nord-sud. HydrographieLe massif des Alpilles est parcouru par de nombreux ruisseaux que l'on nomme des « gaudres ». Un gaudre (du provençal gaudre : « petit ruisseau ») désigne un cours d'eau souvent à sec en été et à faible débit le reste de l'année. Plusieurs roubines et canaux ont été créés pour drainer ou satisfaire les besoins en eau des communes du massif, notamment en interceptant certains gaudres. Les gaudres
Les gaudres de Maussane et Paradou sont les cours d'eau qui possèdent les plus gros débits dans les Alpilles, dépassant généralement les 5 m3/s.
Les canaux
Les anciens marais des BauxJusqu'aux années 1880, la zone située au sud des rochers de la Pène était totalement inondée et connue sous le nom de « marais des Baux ». Ce grand lac, riche en poisson, s'étendait sur plusieurs hectares et a permis à des générations de Maussanais de vivre de la pêche. Pour des raisons d'hygiène, du fait des maladies bactériennes qu'entraînait la présence de ces marais[réf. nécessaire], ceux-ci ont été asséchés progressivement dès les années 1830. L'eau a désormais disparu pour une grande partie, mais la zone reste inondable. Ainsi, lors des inondations de , toute la surface occupée par les anciens marais, mais aussi la route départementale 27 reliant Maussane à Saint-Martin-de-Crau ont été inondées pendant plusieurs semaines. La partie sud de cette zone reste toutefois couverte d'eau, notamment toute la surface située entre le canal de la vallée des Baux et la chaîne des Costières (commune de Saint-Martin-de-Crau). Tout un réseau de canaux traverse aujourd'hui les anciens marais, comme le canal de Monestier et la roubine de Saint-Laurent. GéologieLes Alpilles sont constituées de strates de roches sédimentaires plissées formant un anticlinal : SismicitéÀ la suite du décret du définissant le zonage sismique de la France, les Bouches-du-Rhône ont été découpées de la manière suivante[18] :
ClimatMalgré les hauts reliefs des Alpilles, on ne note pas de différences notables entre les plaines qui entourent le massif et les sommets. Le climat est de type méditerranéen, avec des étés secs et des saisons intermédiaires pluvieuses[19]. Comme l'ensemble des zones situées à proximité du Rhône, les Alpilles sont sujettes à un mistral conséquent. En revanche, le piémont sud est plus abrité des épisodes de gel, avec 40 jours par an. Le printemps y est parmi les plus précoces en Provence. On peut voir des amandiers en fleurs dès fin janvier[19]. À la différence des plaines, les sommets des Alpilles sont plus arrosés et le risque d'orage y est plus important[19]. Le mistralLe mistral y souffle violemment du nord ou du nord-ouest, particulièrement en hiver et au printemps. Les Alpilles dévient le vent, mais le vent souffle aux Baux pratiquement aussi fort que dans le nord de la chaîne. Le mistral souffle fortement 100 jours par an en moyenne et faiblement 83 jours, ce qui ne laisse que 182 jours sans vent par an[19]. On distingue deux types de mistral : le « mistral blanc », qui dégage le ciel en totalité et accentue la luminosité, et le « mistral noir », plus rare, qui est accompagné de pluie. Températures et précipitationsLe tableau ci-dessous indique les températures et les précipitations pour la période 1971-2000 :
FloreD'importantes populations de conifères sont présentes dans le massif avec entre autres le pin d'Alep et le pin sylvestre. On trouve également le Genêt de Villars. Plusieurs espèces végétales sont protégées sur le territoire du massif, comme la nivéole d’été (Leucojum aestivum) ou l'hélianthème à feuilles de Marum (Helianthemum lavandulaefolium). FauneEspèces protégéesDe nombreuses espèces aviaires nichent dans les Alpilles. On trouve sur le massif près de 250 espèces d'oiseaux, dont 25 espèces d'intérêt communautaire[20]. Les plus réputées sont l'aigle de Bonelli[21], le vautour percnoptère, le faucon crécerellette et le hibou grand-duc[21]. Les rochers abritent une espèce de lézard emblématique des Alpilles, le lézard ocellé, lui aussi considéré comme menacé et également protégé[21]. Espèces chasséesLe territoire du massif, et notamment ses vallons, compte de nombreux mammifères. Le sanglier y abonde, sa population étant en progression. Inversement, le nombre de lièvres et de lapins tend à décroître. La raison semble en être l'épidémie de myxomatose de 1953 qui a causé des ravages dans la population et, depuis la fin du XXe siècle, le VHD viral qui provoque la diminution de l'espèce[réf. nécessaire]. HistoireProtohistoireLa protohistoire est marquée par la création de plusieurs oppida dans les Alpilles. Il s'agit de lieux habités et construits sur des hauteurs, généralement pour des raisons défensives. Y. Marcadal cite 16 oppida dans les Alpilles : le mont de Cordes, le plateau du Castelet de Fontvieille, les tours de Castillon, l'oppidum des Baux, le castellas de Maussane, l'oppidum des Caisses de Jean-Jean, le castellas d'Aureille, l'oppidum de Sainte-Cécile, l'oppidum du Mont-Menu, le castellas de Lamanon, Ernaginum, Saint-Gabriel, Notre-Dame-du-Château, Glanon, l'oppidum de la Vallongue et l'oppidum de Notre-Dame-de-Beauregard[22]. Depuis 2 500-3 000 ans, toute la région est spécialisée dans l'élevage du mouton comme beaucoup de régions de plaine en Méditerranée notamment en exploitant les pâturages d'été en montagne dans le sud des Alpes : les fouilles archéologiques ont permis de retrouver des bergeries pré-romaines et romaines au pied des Alpilles et au bord de la Crau[réf. souhaitée]. Lors de la seconde partie du premier âge du Fer (VIIe – VIe siècles av. J.-C.), la population, jusqu'alors essentiellement nomade, se sédentarise et se met à construire en dur. Le castrum se structure à la manière d'un village avec ses rues et ses maisons adossées[23]. Le processus d'installation permanente est à mettre en parallèle avec l'intensification des échanges économiques avec les commerçants méditerranéens[23]. En échange de produits de luxe, les habitants des Alpilles produisent des céréales et passent d'un état d'autarcie à une véritable économie d'échange[23]. Au cours des siècles suivants, la population des Alpilles diminue de façon conséquente : le comptoir grec d'Arles attire de nombreux habitants venus de toute la région[23]. Mais dès la fin de l'Âge du fer (IIe – Ier siècles av. J.-C.), plusieurs sites commencent à être occupés à nouveau. Plusieurs villages se développent et des monuments sont construits dans un style tardo-hellénistique. On retrouve notamment sur plusieurs sites des dalles de toiture en calcaire tendre scié, équivalent de lauzes, preuve de cette influence grecque[23]. Époque contemporaineEn 1999, un incendie de forêt ravage 2 500 hectares[24]. En 2007, est créé le parc naturel régional des Alpilles. ÉconomieAgriculture et productionsL'arboriculture est avant tout méditerranéenne avec des plantations d'oliviers, de figuiers et d'amandiers. Les vignes sont elles aussi présentes tout autour du massif. Les Coteaux-des-baux-en-provence sont une AOC viticole cultivée autour du massif sur le territoire de sept de ces communes : Les Baux-de-Provence, Eygalières, Fontvieille, Mouriès, le Paradou, Saint-Étienne-du-Grès et Saint-Rémy-de-Provence. Les cépages cultivés pour cette AOC sont le grenache, le mourvèdre, le syrah, le cinsault, la counoise, le carignan et le cabernet-sauvignon[25].
TourismeHormis l'agriculture, l'économie la plus facilement identifiable autour du massif des Alpilles est liée au tourisme. Même les producteurs viticoles et oléicoles semblent tenir compte du développement du tourisme et de plus en plus de domaines proposent de la dégustation, voire dans certains cas de véritables cours d'initiation à l'œnologie. On peut considérer trois principales sortes de tourisme dans les Alpilles. Tout d'abord, le tourisme historique et culturel qui s'appuie sur un patrimoine riche ou sur des festivals. Ensuite, le tourisme détente qui se traduit par un important développement des chambres d'hôtes, de l'hôtellerie et de la location saisonnière, par une concentration importante de piscines et par des animations comme des marchés provençaux. Enfin, le tourisme vert qui profite des nombreux chemins de randonnées et du cadre protégé qu'offrent le massif et ses environs. Parmi les points d'attrait touristiques principaux figurent :
Sports et tourisme sportifLes cyclistes apprécient l'ascension des cols des Alpilles (col de la Vayède, pas de la Figuière...). ImmobilierExploitation du sous-solLes sols de nature calcaire du massif ont longtemps été exploités notamment pour l'extraction de pierres de construction (pierres de taille). Les sites qui en témoignent sont nombreux : Fontvieille, les Baux-de-Provence, Eygalières, etc. Mais l'extraction de pierre n'est pas la seule exploitation du sous-sol du massif. Ainsi, la carrière d'Orgon extrait jusqu'à 900 000 tonnes de carbonate de calcium par an. On trouve aussi des sablières, comme celle au pied du massif sur la commune de Sénas. Énergies renouvelablesProtection environnementaleDifférentes entités et arrêtés protègent le massif :
Monuments et patrimoinePlusieurs monuments sont situés aux abords ou au cœur du massif des Alpilles. Monuments historiques classésChaque commune du massif dispose d'un patrimoine protégé, aussi bien classé qu'inscrit au titre des monuments historiques. Les deux communes en comptant le plus sont Les Baux-de-Provence et Saint-Rémy-de-Provence, datant de l'Antiquité ou de la période médiévale.
Patrimoine rural
Les Alpilles dans les artsLittératureParmi les auteurs ayant écrit sur le massif, on trouve[15] :
PeintureDe nombreux peintres ont été inspirés par le massif des Alpilles[15]. Parmi eux figurent Vincent van Gogh, Yves Brayer, René Seyssaud, Antoine Serra, Léopold Lelée, Jean Baltus, ou encore Auguste Chabaud.
Cinéma
Notes et références
Voir aussiBibliographie
Articles connexesLiens externes
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