L'office des Ténèbres, ou Tenebrae en latin, est le nom donné dans le rite romain aux matines et aux laudes des trois derniers jours de la Semaine sainte : jeudi, vendredi, samedi. À l'origine, l'office devait « commencer de manière à finir après le coucher du soleil[1]», d'où le nom de « Ténèbres ».
Église catholique
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Depuis le concile Vatican II, les célébrations de l'office des Ténèbres peuvent avoir un contenu et une structure très différents de la messe tridentine, notamment à partir des Sept paroles de Jésus en croix ou de lectures de la Passion du Christ. Elles ne peuvent avoir lieu qu'un seul jour de la Semaine sainte, en particulier le mercredi.
Autres confessions
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Ces offices revêtaient un caractère de deuil, de tristesse et de douleur. Toutes les parties ordinaires des matines étaient omises (invitatoire, Gloria Patri à la fin des psaumes, hymne, capitule, bénédiction...).
Pendant le chant des psaumes et du cantique, les célébrants éteignent progressivement 14 des 15 cierges préalablement allumés[2] et placés dans un chandelier triangulaire, appelé heurtoir, tenebrae hearse, ou plus simplement herse[3]; ceux-ci représentant les onze apôtres restés fidèles ainsi que les Trois Marie. Après le chant du Benedictus, le célébrant prend le quinzième cierge représentant le Christ, qui était alors placé au sommet du chandelier, et le cache derrière l'autel jusqu'à la conclusion de l'office; à moins que l'autel ne soit pas dans l'abside mais versus populum (« face au peuple »), auquel cas on le cachait dans une lanterne de bois[4].
À la fin de cet office, le célébrant frappait sur son livre ou sur sa chaise pour donner à l'assemblée le signal de s'en aller. Ce bruit, appelé strepitum, était imité par tout le peuple qui agitait alors les chaises, en commémoration du tremblement de terre qui a accompagné l'obscurité de la crucifixion d'après l'Évangile selon Matthieu[5],[6].
Cet office durait entre une heure trente et deux heures quarante-cinq. Certaines paroisses choisissaient alors de ne chanter que le premier nocturne.
Psaume 68 (Salvum me fac, Deus) avec son antienne Zelus domus tuæ ; à la fin du psaume, on éteint un des cierges du chandelier triangulaire ;
Psaume 69 (Deus, in adjutorium meum intende) avec son antienne Avertantur retrorsum ; à la fin du psaume, on éteint un deuxième cierge du chandelier triangulaire ;
Psaume 70 (In te, Domine, speravi) avec son antienne Deus meus, eripe me ; on éteint un troisième cierge ;
8e leçon : suite de l'Épître aux Corinthiens (1 Co 11, 23-26) ;
8e répons : Una hora ;
9e leçon : suite de l’Épître aux Corinthiens (1 Co 11, 27-34) ;
9e répons : Seniores populi.
Laudes
Psaume 50 (Miserere) avec son antienne Justificeris, Domine ; on éteint un dixième cierge ;
Psaume 89 (Domine, refugium factus es nobis) avec son antienne Dominus tamquam ovis ; on éteint un onzième cierge ;
Psaume 35 (Dixit injustus) avec son antienne Contritum est cor meum ; on éteint un douzième cierge ;
Cantique de Moïse (Exode 15, 1-19) avec son antienne Exhortatus es ; on éteint un treizième cierge ;
Psaume 146 (Laudate Dominum quoniam bonus est psalmus) avec son antienne Oblatus est ; on éteint un quatorzième cierge ; seul le cierge central du chandelier triangulaire est encore allumé ;
Cantique de Zacharie (Benedictus) avec son antienne Traditor autem ; après chaque paire de versets, on éteint l'un des six cierges de l'autel. Après la répétition de l'antienne, on enlève le cierge supérieur du chandelier triangulaire et on le cache derrière l'autel ;
Première partie du graduelChristus factus est, en terminant à «usque ad mortem» ;
Oraison Respice, quæsumus, Domine, super hanc familiam tuam.
Le Vendredi saint
1er nocturne
Psaume 2 (Quare fremuerunt gentes) avec son antienne Astiterunt reges terræ ; on éteint le premier cierge du chandelier triangulaire, et ainsi de suite, comme au Jeudi saint ;
Psaume 21 (Deus, Deus meus, respice in me) avec son antienne Diviserunt sibi ;
Psaume 26 (Dominus illuminatio mea) avec son antienne Insurrexerunt in me ;
Oraison Respice, quæsumus, Domine, super hanc familiam tuam.
Le Samedi saint
1er nocturne
Psaume 4 (Cum invocarem) avec son antienne In pace in idipsum ; on éteint le premier cierge du chandelier triangulaire, et ainsi de suite, comme au Jeudi saint ;
Psaume 14 (Domine, quis habitabit) avec son antienne Habitabit in tabernaculo tuo ;
Psaume 15 (Conserva me, Domine) avec son antienne Caro mea requiescet in spe ;
Plusieurs musiciens se sont inspirés de l'office liturgique des Ténèbres pour composer des œuvres originales.
Marc-Antoine Charpentier a écrit plus de cinquante pièces. Il a emprunté le texte au bréviaire en usage et au nouveau bréviaire mis en place par l'archevêque de Paris, François Harlay de Champvallon, en 1680. Les textes sont différents de celui du bréviaire de Pie X, dont l'emploi a été autorisé par Benoît XVI dans le Summorum Pontificum. Ces offices des Ténèbres portent souvent comme nom la veille du jour où ils étaient célébrés (office du Mercredi saint pour Jeudi saint, etc) car ils se déroulaient la veille au soir, et se terminaient après le coucher du soleil.
Le groupe franco-autrichien Elend a également composé un cycle de trois albums sur l'office des Ténèbres : Leçons de Ténèbres (1994), Les Ténèbres du Dehors (1996), The Umbersun (1998).
↑Jean-François Brezillac, Dictionnaire ecclésiastique et canonique portatif : Abrégé méthodique de toutes les connaissances nécessaires aux ministres de l'Église et utiles aux fidèles qui veulent s'instruire de toutes les parties de la religion, t. 2, Paris, Dehansy, Musier fils, Durand neveu et Panckoucke, , 686 p. (lire en ligne), p. 624
↑Dom Gaspar Lefebvre, Missel vespéral romain quotidien, Apostolat liturgique de l'abbaye Saint-André de Bruges et Société liturgique de Tourcoing, , 1760 p.