Le Psaume 51 (50 dans la numérotation grecque) est également appelé Miserere (prends pitié), selon le premier mot de sa version latine. Il aurait été écrit par le roi David, qui demandait pardon auprès de Dieu après qu’il eut séduit Bethsabée, la femme d’un de ses officiers, Urie le Hittite, en profitant d'une de ses absences. Bethsabée par la suite tomba enceinte, et David fit revenir Urie afin qu'il eût des rapports avec sa femme, mais celui-ci préféra ne pas rentrer dormir chez lui. David le renvoya alors sur le champ de bataille, avec un message destiné à Joab, demandant que celui-ci s'arrangeât pour qu'Urie le Hittite fût frappé pendant la bataille et mourût, ce qui arriva. Nathan vint ensuite reprocher au roi David sa faute, que celui-ci reconnut[1].
Alors tu agréeras des sacrifices de justice, des holocaustes et des victimes tout entières ; alors on offrira des taureaux sur ton autel.
Tunc acceptabis sacrificium iustitiae oblationes et holocausta tunc imponent super altare tuum vitulos
Usages liturgiques
Dans le judaïsme
Le psaume 51 est récité en entier selon le rite Arizal du shema de lever et de coucher en semaine, et fait aussi partie des prières chatzot du ticcoun régulier. Le verset 13 est la partie centrale de l’office de selichot. Le verset 17 est récité en préface de la amidah, la prière centrale de l’office juif. Enfin, le verset 20 est récité dans la liturgie ashkénaze avant la lecture de la Torah le shabbat et à l’occasion des fêtes[5].
Dans le christianisme
Chez les catholiques
La tradition liturgique aux laudes était assez ancienne. Dans la règle de saint Benoît fixée vers 530, l'auteur Benoît de Nursie demandait de chanter ce psaume lors de l'office solennel aux laudes du dimanche, en suivant du psaume 67 (66). De plus, le dimanche, il fallait que ce psaume 50 fût terminé avec l'Alléluia en raison d'une solennité particulière (chapitre XII). Selon cette règle, ce psaume distingué doit également être chanté chaque jour, aux laudes (chapitre XIII)[6]. De nombreuses abbayes bénédictines conservent et exécutent encore cette tradition tous les jours[7].
Dans la liturgie des Heures, le psaume 50 - les catholiques utilisent traditionnellement la numérotation grecque - est récité le vendredi aux laudes chaque semaine. Le verset 17 de ce psaume est aussi utilisé pour commencer le premier office de la journée, que ce soit sous la forme latine : Domine, labia mea aperies et os meum annuntiabit laudem tuam ; ou sa forme française : Seigneur, ouvre mes lèvres, et ma bouche publiera Ta louange[8]. Dans la liturgie monastique le premier office est celui de matines et il faut dire ce verset trois fois[9].
L'invocation au début de chaque messe[10] dans la prière ou le chant du Kyrie, selon son antique forme grecque « Κύριε ἐλέησον » (Kyrie eléison), ou en français « Seigneur, prends pitié », diffère des premiers mots du psaume, en disant « Seigneur », pas « Dieu », et en n'indiquant pas l'objet de la pitié (« moi » dans le psaume).
Le verset 9 de ce psaume (Asperges me, Domine, hyssopo et mundabor: lavabis me et super nivem dealbabor) est utilisé, hors du temps pascal, pendant le rite de l'Asperges, qui peut précéder la messe dominicale[11]. Dans les éditions du Missel romain antérieures à l'an 1970, on utilisait aussi le verset initiel : Miserere mei, Deus, secundum magnam misericordiam tuam.
Mise en musique
Comme beaucoup de psaumes, le Psaume 50 a été mis en musique de très nombreuses fois.
Pendant la Semaine sainte, ce texte reste très important dans le rite romain. Surtout, à la chapelle Sixtine du Vatican, une quinzaine de Miserere écrits par de grands compositeurs furent officiellement chantés, à la fin des offices. Or, celui de Gregorio Allegri, un véritable chef-d'œuvre, est tellement supérieur à d'autres compositions que, finalement, tous les Miserere dans ce répertoire furent exclus, y compris celui de Giovanni Pierluigi da Palestrina.