Jadis habité ou visité par les Amérindiens, les coureurs des bois, les pêcheurs, draveurs, cageux, constructeurs de barrages, vacanciers et agriculteurs, le village de Pointe-Fortune est un endroit paisible où la nature attire pêcheurs et visiteurs.
Toponymie
Le lieu est autrefois dénommé Petites-Écorces ou Petit-Carillon, en raison de sa proximité avec Carillon[1],[2].
Le lieu tire son nom de la pointe géographique s'avançant dans la rivière des Outaouais. Le patronyme Fortune rappelle soit William Fortune, propriétaire foncier du canton de Chatham, ou encore Joseph Fortune, milicien et ancien arpenteur[2].
Le bureau de poste adopte la dénomination Point Fortune à son ouverture en 1851, mais adopte la forme francisée en 1954[2].
Les Algonquins vivent dans la région sur les rives de l'Outaouais mais quittent l'endroit avant l'arrivée des Européens. La rivière des Outaouais est explorée par Samuel de Champlain au début du XVIIe siècle. La seigneurie de Rigaud est concédée en 1732, celle-ci comprenant le territoire actuel de Pointe-Fortune[3]. Vers 1750, ceux-ci exploitent à Pointe-Fortune un poste de traite de fourrures[2]. Le territoire de Pointe-Fortune est alors fréquenté par les coureurs des bois, les pêcheurs, draveurs, cageux. Vers 1797, environ vingt-cinq terres sont distribuées.
L'origine du nom de la municipalité n'est pas établie avec certitude. Certains attribuent le toponyme au colonel William Fortune, qui, à la fin du XVIIIe siècle, reçoit en concession une terre dans le canton de Chatham, sur l'autre rive de la rivière des Outaouais. D'autres avancent que le nom de la municipalité honore Joseph Fortune, milicien du début du XIXe siècle et arpenteur, qui aurait arpenté les premières terres[2]. Certains parlent des frères William et Joseph Fortune, comme premiers habitants de l'endroit[4]. La municipalité parle plutôt de Joseph comme du fils de William[5].L'endroit a déjà porté les noms de Petites-Écorces et de Petit-Carillon[2].
Jacob Schagel, hôtelier de Carillon (localité maintenant dans la municipalité de Saint-André-d'Argenteuil), met en service en 1833 un chaland muni de longues rames pour traverser la rivière des Outaouais vers Pointe-Fortune[4]. En 1851, le bureau de poste, sous le nom anglais de Point Fortune est implanté[2]. En 1855, le territoire de la seigneurie de Rigaud, à l'exception de Sainte-Marthe mais incluant Pointe-Fortune, devient la municipalité de paroisse de Sainte-Madeleine de Rigaud. La localité de Pointe-Fortune est érigée en municipalité en 1880[6], le détachement de Rigaud étant demandé par les habitants de Pointe-Fortune alors majoritairement anglophones. Le premier maire est John William Crosby[7]. En 1904, la paroisse de Saint-François-Xavier-de-Pointe-Fortune est érigée[2].
Le barrage de Carillon est aménagé dans les années 1960. L'inondation printanière de 2017 déferle sur un grand nombre d'habitations de Pointe-Fortune[8], amenant l'état d'urgence et l'évacuation des citoyens et commerçants situés au nord du chemin des Outaouais[9].
Le , la municipalité du village de Pointe-Fortune change son statut pour celui de municipalité[10].
Au recensement de 2016, la population de Pointe-Fortune s'élève à 580 habitants[17], appelés Pointe-Fortunais[18]. La population connaît une hausse de 38 personnes (7,0 %) entre 2011 et 2016. La densité brute de la population est de 70,2 habitants/km2 pour l'ensemble de la municipalité. Le parc résidentiel s'élève à 285 logements privés, dont 255 sont occupés par des résidents habituels[19]. La population locale connaît une croissance modérée à long terme[17].
La population de Pointe-Fortune est âgée, avec une moyenne d'âge de 44,3 ans, soit davantage que la moyenne québécoise (41,9 ans). La tranche d'âge la plus nombreuse correspond aux 55-64 ans. Au cours des vingt dernières années, ce groupe a connu une hausse importante alors que le nombre de jeunes familles a diminué. Les ménages se composent d'un grand nombre de personnes vivant seules, soit près du tiers, alors que les familles sont relativement moins nombreuses. Le nombre moyen de personnes résultant est donc faible, soit 2,27[17],[22].
Groupes d'âge, Pointe-Fortune et Vaudreuil-Soulanges[17],[22]
Les élections municipales ont lieu tous les quatre ans et s'effectuent en bloc sans division territoriale. Le conseil municipal est composé d'un maire et de six conseillers. Le maire est François Bélanger[6], qui succède à Jean-Pierre Daoust au début de 2017[8]. L'administration municipale compte divers comités dont le comité consultatif en urbanisme, le comité de toponymie et le comité des loisirs. La communauté locale peut également faire ses représentations par le Comité de citoyens[23]. Les objectifs de ce comité sont, d'une part, de favoriser la protection de l'environnement et le patrimoine écologique et, d'autre part, de sauvegarder le caractère champêtre du village[24].
L'occupation du territoire se divise en trois secteurs habités : le noyau villageois à l’ouest, le Bout-du-Bois-Dansant au centre et le secteur Olivier-Guimond à l'est. La quasi-totalité des logements sont des maisons individuelles non attenantes et sont presque entièrement habités par des occupants permanents[17].
L'autoroute Félix-Leclerc (A-40) traverse le sud du territoire de la municipalité. La localité est desservie par l'échangeur 1, à cheval sur la frontière interprovinciale[30]. L'autoroute présente un élargissement du terre-plein permettant l'aménagement d'un échangeur avec l'autoroute 9, projet maintenant annulé. La route 342, auparavant route 17, est l'ancienne route reliant Montréal et Ottawa. Le chemin des Outaouais, parallèle à la rivière homonyme, permet d'atteindre les zones habitées de la municipalité. Les autres collectrices comprennent les montées la Grande, Janseen et Wilson[31]. La traverse Pointe-Fortune-Carillon permet de traverser la rivière des Outaouais vers Saint-André-d'Argenteuil. La société Transport Soleil assure le service de transport adapté. Le pipeline d'Enbridge traverse la rivière des Outaouais de même que le territoire de Pointe-Fortune suivant un axe nord-est / sud-ouest[32].
Le périmètre d'urbanisation de Pointe-Fortune couvre toute la partie de la municipalité qui longe la rivière des Outaouais. Il couvre 241 ha, dont 56 ha qui sont occupés. La superficie qui pourrait être développée (185 ha) est bien au-delà des besoins de développement urbain. Cette superficie n'est toutefois pas desservie par les infrastructures urbaines. L'intérieur est entièrement compris dans la zone agricole permanente[33].
Économie
L'économie de Pointe-Fortune s'appuie principalement sur le tourisme et l'agriculture. Pointe-Fortune compte différentes exploitations agricoles, notamment en culture de petits fruits (ferme Gemma[34]) et en apiculture. La cire d'abeille est utilisée dans la fabrication du savon de Chez nous de Vaudreuil-Soulanges à Sainte-Marthe.
Pointe-Fortune garde son caractère champêtre et continue de développer sa vocation récréotouristique. La marina de pêche[35], la location de kayaks et le sentier du ruisseau à Charette et de la baie Brazeau demeurent populaires. Par ailleurs, un café et un restaurant offrent des en-cas et des repas jumelant nourriture saine et saveur.
L'agriculture occupe une place importante à Pointe-Fortune. On y retrouve plusieurs fermes. La Ferme de Pointe-Fortune inc[36]. se spécialise dans la production de sanglier, bœuf highland et volaille. La Ferme Les Petites Écores[37] se spécialise en agrotourisme ainsi que dans la production apicole et d'argousier. Les Jardins Les Petites Écores se spécialise dans la production de légumes.
Parmi les histoires régionales, on répertorie Le loup-garou de Pointe-Fortune[41]. La Galerie d'art Rita Iriarte expose plusieurs artistes visuels[42].
Société
Peu d'organismes communautaires s'adressent exclusivement à la population de Pointe-Fortune, hormis le Club de l'âge d'or de Pointe-Fortune[23]. Le code postal de la municipalité est J0P 1N0. Olivier Guimond, père (1893-1914), comédien et humoriste, possède un chalet à Pointe-Fortune et y séjourne tous les étés avec ses enfants, dont Olivier Guimond (1914-1971), également comédien et humoriste. Une rue de Pointe-Fortune rappelle leur mémoire[43].
↑Lorraine Auerbach Chevrier et Raymond Séguin, Histoires de Rigaud en histoires, Rigaud, Cercle d'histoire de Rigaud, , 515 p. (ISBN978-2-9810759-0-1), p. 15
↑ a et bAnnie Carrier, « Dossier inondations : Pointe-Fortune sous haute surveillance », Néomédia, (lire en ligne, consulté le ).
↑Municipalité de Pointe-Fortune, Ordonnance d'évacuation, Pointe-Fortune, , 1 p. (lire en ligne).
↑Institut de la statistique du Québec, « Modifications aux municipalités », Modifications aux municipalités du Québec, , p. 3 (lire en ligne)
↑Jean-François Grenier, Michel Malo, Denis Lvoie et Bernard Long, Caractérisation pétrographique et pétrophysique du Groupe de Potsdam dans le forage A203, Basses-Terres du Saint-Laurent, Institut national de la recherche scientifique, , 1 p. (lire en ligne).
↑ abcdefg et ha. Statistique Canada, Recensement de la population de 1996, Profil des divisions et subdivisions de recensement : Pointe-Fortune VL, produit 95F0181XDB96001 au catalogue de Statistique Canada. Consulté le . b. Statistique Canada. 2002. Profils des communautés de 2001. Pointe-Fortune (Code 2471140), Ottawa. No 93F0053XIF au catalogue de Statistique Canada. Diffusé le ; modifié le . Consulté le . c. Statistique Canada. 2007. Profils des communautés de 2006, Recensement de 2006 Pointe-Fortune (Code 2471140) (tableau)., produit no 92-591-XWF au catalogue de Statistique Canada. Ottawa. Diffusé le . Consulté le . d. Statistique Canada. Pointe-Fortune, Québec (Code 2471140) (tableau). Profil du recensement, produit no 98-316-XWF au catalogue de Statistique Canada. Ottawa. 2011, diffusé le . Consulté le . e. Statistique Canada. 2017. Pointe-Fortune, VL (Subdivision de recensement 2471140) (tableau). Profil du recensement, Recensement de 2016, produit no 98-316-X2016001 au catalogue de Statistique Canada. Ottawa. Diffusé le 3 mai 2017. (site consulté le 25 juillet 2017).
↑Les logements non occupés par des résidents habituels sont soit des logements inoccupés, soit des habitations servant de résidences secondaires et occupées sur une base saisonnière ou intermittente.
↑Les données de 2001 indiquent plutôt la langue maternelle encore comprise, ce qui diffère légèrement de la langue parlée à la maison.