Alphasyllabaire gujarati
L’alphabet gujarātī (gujarātī : ગુજરાતી) est utilisé pour écrire le gujarati, langue indienne parlée entre autres au Gujarat, un État de l’ouest de l’Inde. Il s’agit d’un alphasyllabaire très similaire à la devanāgarī utilisée pour écrire le hindi, mais sans la ligne supérieure caractéristique de cette écriture et qui diffère par quelques caractères. HistoireOrigineComme la quasi-totalité des écritures indiennes, le gujarati descend de l’écriture brahmi[2],[3], plus précisément de l’écriture gupta[4]. Le plus ancien document connu écrit en gujarati date de 1592[5]. L’écriture gujarati sert pour la langue gujarati, le kutchi, l'avestique, le sanskrit et un certain nombre[évasif] de dialectes gujeratis et rajasthanis. Elle est donc utilisée dans l’État du Gujarat en Inde, dans l'État du Rajasthan, à la Réunion, à Maurice, à Madagascar et dans quelques communautés indiennes d'Afrique ou du Pacifique. Caractéristiques généralesL’écriture gujarati s’écrit horizontalement, de gauche à droite, ne fait pas de distinction entre majuscules et minuscules[6],[7]. Elle utilise maintenant les mêmes signes de ponctuation que l’alphabet latin[8]. Il existe des variantes pour certains caractères. C’est une écriture quasiment phonétique, où un symbole représente toujours le même phonème, même s’il existe quelques variations d’une langue ou d’un dialecte à l’autre[6]. L’unité de base — appelée akshara (du sanskrit અક્ષર akṣara, signifiant « lettre, caractère »[9]) — est constituée soit d’un groupement d’une ou plusieurs consonnes consécutives éventuellement suivies d’une voyelle, soit d’une voyelle seule[10]. Lorsqu’une voyelle suit une consonne, elle est représentée par un signe diacritique attaché à cette consonne. Lorsque plusieurs consonnes se suivent, elles sont représentées par une ligature. L’akshara constitue souvent, mais pas toujours, une syllabe d’un mot[2]. Exemple
L’alphasyllabaireL’écriture gujarati différencie de façon fondamentale les voyelles des consonnes dans le fonctionnement de leur représentation[12]. Les noms des caractères sont composés en suffixant kār au caractère qu’on nomme[13]. Ainsi le caractère હ s’appelle હકાર (hakār). Le caractère ક est aussi appelé kakko (કક્કો)[14]. VoyellesUne voyelle peut être rendue par deux signes différents selon qu’elle suit une consonne (forme dépendante) ou non (forme indépendante)[15] :
Il existe des formes particulières pour certains couples de consonne et voyelle[18]. Ainsi [u] et [uː] ne s’écrivent pas avec les mātrās habituelles quand elles suivent un ર isolé, l’écriture avec [u:] modifiant même la forme de la consonne. Les mātrās sont généralement liées à l’extrémité supérieure droite de જ :
NasalisationLa nasalisation est rendue par le signe diacritique anusvāra (અનુસ્વાર) se plaçant au-dessus de l’akshara, ici au-dessus de અ : અં[19].
Autres signes diacritiquesL’écriture gujarati dispose d’autres signes diacritiques se plaçant après une voyelle :
ConsonnesLorsqu’une consonne n’est ni directement précédée ni directement suivie d’une autre consonne, elle est représentée par un symbole de base (forme pleine). Dans ce cas elle est prononcée suivie de la voyelle implicite [ə], ou parfois prononcée sans voyelle du tout[17]. De nombreux glyphes de consonnes comportent une barre verticale appelée ḍaṇḍā. Si la consonne est suivie du signe diacritique sanskrit virāma (વિરામ), aucune voyelle n’est prononcée[17]. Ce signe est attaché en dessous du ḍaṇḍā final de la consonne pleine, ou centré dessous si le signe de la consonne pleine ne comporte pas de ḍaṇḍā : ક્ (ici accompagnant ક). L’écriture gujarati distingue les consonnes occlusives aspirées de celles qui ne le sont pas, et les dentales des rétroflexes[21]. Le tableau qui suit présente les consonnes selon la disposition classique (ordre phonétique) généralement utilisée[22].
Consonnes étrangèresPour transcrire le son [z], l’écriture gujarati utilise le caractère ઝ dans lequel est inscrit un point[23] appelé nukta[24] : ઝ઼. CombinaisonsQuand plusieurs consonnes sont prononcées d’affilée (sans voyelle intermédiaire), l’écriture gujarati utilise des combinaisons de consonnes qui regroupent plusieurs symboles de consonnes formant une ligature[18]. Elle peut être soit une simple compression graphique des consonnes attachées entre elles, soit un glyphe entièrement nouveau[25]. Elle peut être complétée d’une voyelle sous forme de mātrā classique qui s’applique à l’ensemble de la combinaison créée[18]. La ligature résultant d’une combinaison et son éventuelle voyelle forment un akshara. Une combinaison peut aussi être représentée en apposant simplement un virāma à la première consonne[26]. Regroupement par la droiteDans le cas général le plus simple, quand la première consonne (en forme pleine) est bordée à droite par un ḍaṇḍā, elle est combinée à l’autre en perdant son ḍaṇḍā et en se collant à la suivante[18].
Abréviation de la seconde consonneDans quelques cas, c’est la deuxième consonne de la combinaison qui est atrophiée, la première gardant sa forme initiale. Ainsi lorsque દ est la première consonne d’une combinaison, la deuxième vient en général se coller en bas à sa gauche après avoir perdu son ḍaṇḍā, દ reprenant par ailleurs dans ce cas la forme devanagari. Bien que bordée d’un ḍaṇḍā, શ peut prendre une forme spéciale — elle-même bordée d’un ḍaṇḍā — quand elle est la première d’une combinaison et que la deuxième consonne est વ, ર, ચ ou ન, la deuxième consonne venant alors se coller en bas à sa gauche. Cependant la forme habituelle avec une simple absence du ḍaṇḍā peut se rencontrer également. En première position d’une combinaison હ, elle, reçoit en bas à gauche la consonne suivante, ou bien s’ouvre par la droite.
Le cas de રLa consonne ર prend des formes très particulières dans les combinaisons. Si elle suit une consonne munie d’un ḍaṇḍā dans sa forme pleine, ર est généralement représentée sous la forme d’un segment oblique accroché en bas à gauche du ḍaṇḍā. Lorsque cette consonne précédente ne comporte pas de ḍaṇḍā, ર est représentée sous la forme d’un segment ou de deux segments obliques joints par le haut et attachés sous la consonne précédente en forme pleine[27]. Quand ર précède une autre consonne, elle est représentée sous forme d’un arc de cercle courbé vers la droite, placé en haut à droite de l’akshara (c’est-à-dire le groupe de consonnes qui suit et qui peut lui-même former une ligature ou être accompagné d’une voyelle dépendante) à laquelle elle appartient[19]. Ce signe est appelé reph (રેફ)[28].
AnusvāraLorsque la première consonne d’une combinaison est une nasale et est suivie d’une consonne de la même classe articulatoire, elle peut être représentée par un anusvāra placé sur l’akshara précédent[29],[30]. Ainsi la labiale મ peut être affichée comme un anusvāra quand elle précède la labiale બ, la dentale ન quand elle précède la dentale ત ou સ, etc. Devant હ l’anusvāra représente la nasale vélaire.
Cas particuliersIl existe enfin des combinaisons particulières pour lesquelles les formes initiales sont très modifiées voire inapparentes[27].
Autres symboles et ponctuation
ChiffresBien qu’étant parfois utilisée avec les chiffres arabes, l’écriture gujarati dispose de ses propres symboles pour ceux-ci[31], symboles portant chacun un nom :
Ils sont empruntés à la brahmî. FractionsIl existe également des symboles pour « et quart », « et demi » et « (et) trois quarts », qui sont suffixés au nombre qu’ils modifient. « Un quart », « un demi » et « trois quarts » s’écrivent en suffixant le chiffre zéro. Ces symboles sont constitués d’autant de barres verticales qu’il y a de quarts[31] :
VariantesEn plus de légères différences esthétiques dans certains cas, l’écriture gujarati connaît des importantes variations dans la représentation du symbole ફ[23].
Ordre lexicographiqueDe même que l’alphabet latin suit l’ordre alphabétique, l’écriture gujarati suit un ordre, notamment utilisé dans les dictionnaires. On a d’abord les voyelles dans l’ordre અ, આ, ઇ, ઈ, ઉ, ઊ, ઋ, એ, ઐ, ઓ, ઔ, puis les consonnes dans l’ordre ક, ખ, ગ, ઘ, ઙ, ચ, છ, જ, ઝ, ઞ, ટ, ઠ, ડ, ઢ, ણ, ત, થ, દ, ધ, ન, પ, ફ, બ, ભ, મ, ય, ર, લ, વ, શ, ષ, સ, હ, ળ, le virāma implicite des combinaisons de consonnes, et enfin l’anusvāra et le visarga[33]. Représentation informatique
SaisieLe clavier InScript (abréviation de l'anglais Indic Scripts qui signifie Écritures Indiennes) est un clavier standardisé par le gouvernement indien. Il en existe 12 variantes, adaptées à 12 systèmes d'écriture indiens dont l'alphasyllabaire gujarati. Il est aussi possible de convertir du texte de l'alphabet latin à l'alphasyllabaire gujarati sur certains sites web[34]. TranscriptionsLes textes écrits avec l'alphasyllabaire gujarati peuvent aussi être écrits avec les systèmes d'écriture suivants :
TableauVoici un tableau montrant les différentes transcriptions (les voyelles et les consonnes obsolètes sont surlignées en rouge) :
Notes et références
AnnexesBibliographie
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