Barneville-sur-Mer
Barneville-sur-Mer est une ancienne commune française du département de la Manche et de la région Normandie, intégrée à Barneville-Carteret depuis 1965. GéographieBarneville est séparé de Carteret par la Gerfleur. ToponymieBarneville serait la « ville de Barni », nom de personne scandinave[1]. D'après Jean Adigard des Gautries, Barni serait le diminutif de Barn signifiant « enfant ». Le nom de Barneville-sur-Mer est déjà en usage au XIVe siècle, en alternance avec celui de Barneville, et d'un emploi courant aux XIXe et XXe siècles. La commune officialisa l'appellation de Barneville-sur-Mer en 1962, trois ans avant sa fusion avec Carteret. HistoireLa présence d'une zone d'échouage favorisa le développement du bourg seigneurial[2]. Le bourg s'est développé autour de son église, sous la protection d'un château seigneurial, en bois bâti sur une motte dont il reste des vestiges à l'est de l'église, et c'est ensuite étendue sur la ligne de crête de la colline, le long du grand chemin des Pieux. Le bourg a prospéré grâce notamment à deux foires annuelles importantes : la Saint-Michel au mois d'octobre et la Saint-Pierre-aux-Liens (1er août), à un marché hebdomadaire le samedi, et à l'octroi de franchises aux habitants qui venaient s'y installer[3]. Au XIe siècle, le territoire de Barneville appartenait au comté de Mortain, comme celui de Saint-Jean-de-la-Rivière, Gouey et La Haye-d'Ectot. C'est probablement à cette époque que le comte de Mortain donna en fief à l'un de ses chevalier la terre de Barneville. Le seigneur de Barneville tenait son fief du roi pour un huitième de baronnie et lui devait quatre livres par an pour une aide dite « de Vernon », et en temps de guerre le service de garde d'un jour à l'une des portes de la ville de Mortain[4]. Le seigneur de Barneville avait les droits de four et de moulin banaux. Il percevait diverses rentes et possédait le droit de gravage sur le rivage de sa seigneurie ainsi que le droit de garenne dans la zone dunaire. Les hommes de la seigneurie avaient le droit de mettre leurs bestiaux à pâturer dans les landes situées sur Barneville et La Haye-d'Ectot contre la somme d'un denier par famille. En plus de leurs droits sur la paroisse de Barneville, ils possédaient, sur un territoire limité par le chemin à partir du pont Saint-Paul, sur la commune du Valdécie, jusqu'à Pierrepont (Saint-Sauveur - Saint-Nicolas) et, jusqu'au Dick à Gouey, jusqu'à Saint-Paul-des-Sablons et jusqu'à la basse eau de la mer, un droit sur toutes les marchandises ou bestiaux traversant ce territoire, ainsi que sur les marchandises débarquées dans les havres de Carteret, Barneville et Portbail, et un droit spécial pour le vin[5]. Une vavassorie, située au Valdécie, dépendait du fief de Barneville[6]. Une partie du territoire de Barneville relevait du fief du Graffard[7]. Dans la première moitié du XVIIIe siècle, la paroisse a pour seigneur et patron Pancrace Hellouin (1683-1755), écuyer, sieur d'Ancteville, également seigneur et patron de Portbail et Saint-Martin-du-Mesnil, conseiller du roi, bailli de longue robe et lieutenant général civil et criminel au bailliage de Saint-Sauveur-Lendelin[8]. En 1965, Barneville et Carteret sont réunies dans la commune de Barneville-Carteret. Seigneurs de BarnevilleLe premier seigneur du lieu connu est Roger de Barneville qui participa à la première croisade (1096-1099) et où il trouva la mort en au siège d'Antioche. La seigneurie passa alors à son frère Guillaume, dont le fils, Théodore, participa à la deuxième croisade. Jourdain Ier, fils de Guillaume, hérita de la seigneurie de Barneville, et en 1120 confirma les donations faites par son père à l'abbaye de Saint-Sauveur-le-Vicomte et qui vers 1150, édifia l'église Saint-Germain, date qui correspond au développement économique du bourg. Une charte nous indique qu'il a donné des alleux (allodiis de novo burgo apud Barnevillam), nous indiquant que celui-ci est un bourg franc[9]. Son fils, Jourdain II, seigneur de Barneville, est cité dans des chartes vers 1160 et 1188. À cette époque, les possessions des seigneurs de Barneville s'étaient probablement amoindries, car Jourdain II ne devait plus que le service d'un seul chevalier au lieu de huit que devait son grand-père Guillaume[10]. Il est probable que les seigneurs de Barneville prirent le parti de Jean sans Terre, car après l'annexion de la Normandie par Philippe Auguste leurs biens furent confisqués, et ils ne figurent pas dans le registre des fiefs[11]. Barneville a dû appartenir à la famille des Reviers-Vernon, comme l'indiquent plusieurs chartes des abbayes de Lessay et de Blanchelande. En , une charte de Guillaume de Vernon, seigneur de Néhou, confirme à l'abbaye de Lessay la donation faite à eux par Robert de Glatigny de 100 sous tournois de rente dans la terre de Barneville[12]. Dans une charte d', un Guillaume de Vernon, seigneur de Néhou, donne 50 sous tournois de rente annuelle dans sa terre de Barneville, à l'abbaye de Lessay[13], et en 1278, un Guillaume de Vernon, chevalier, qualifié de seigneur de Néhou et Barneville, donne à l'abbaye de Blanchelande une rente de 50 sous sur la terre et le marché de Barneville[12],[note 1]. Vers 1280 la terre de Barneville passa aux mains de la famille de Carbonnel. Richard Ier Carbonnel est en 1280 seigneur du lieu et passe, en 1286[14], un accord avec Regnaut de Carteret (Renaud IV de Carteret) sur les droits et coutumes du havre de Carteret. Se succèdent, de père en fils, Richard II Carbonnel, seigneur de Barneville (…1315-1348…), Richard III Carbonnel, seigneur de Barneville (…1360-1399…), Richard IV Carbonnel, seigneur de Barneville qui fut tué à la bataille d'Azincourt, le . Le il avait fait aveu au roi pour les fiefs de Barneville et du Mesnil-Aubert. La terre passa alors à Guillaume Carbonnel, chambellan du roi et frère de Richard IV. Le celui-ci rendit hommage au roi pour les fiefs de Barneville, la Hague à Auderville, Foucarville et Virandeville, puis à la fille de Richard IV, Guillemette Carbonnel, dernière héritière de Barneville, qui épousa Guillaume du Saussey, écuyer, qui rendit hommage au roi, le pour les fiefs de Barneville et Saint-Jean-de-la-Rivière. Resté fidèle au roi de France, sa terre lui fut confisqué par le roi d'Angleterre, Henri V qui venait d'envahir la Normandie (). Dans un « rolle contenant les fiefs mouvans de la Vicomté de Carentan, en l'an 1426 » mentionne « Guillaume Alecoq, Escuier, tient, à cause de don à lui par le Roy (d'Angleterre), un fieu nommé le fieu de Barneville, et enparavant du conquest le tenoit Monseigneur Guillaume du Sauxoy, chevalier, et Madame sa femme, à cause d'elle… ». En 1452 et 1480, c'est Julien Ier du Saussey, fils de Guillaume et de Guillemette, qui était seigneur de Barneville. Il épousa Alix d'Annebaut[15]. Après lui, on trouve Robert du Saussey qui rend aveu au roi pour le fief de Barneville le , Julien II du Saussay qualifié de seigneur de Barneville et qui épousera en 1538, Jeanne de La Luthumière, puis son fils, Léobin du Saussay, gentilhomme, capitaine du château de Saint-Sauveur-le-Vicomte. Le , c'est l'oncle maternel de Léobin, Jean de La Luthumière, qui rend aveu en son nom car il était à cette date sous sa tutelle. Le , Léobin rendra aveu en son nom propre et épousera en première noces Guillemette Le Sens avec qui il aura une fille, Élisabeth du Saussey[note 2], et un fils, Thomas du Saussay († 1625), seigneur de Barneville, et en seconde noces Perrette Le Sauvage de Pierreville avec qui il aura René du Saussey (1586-1671) qui succèdera en 1625 à son demi-frère[17]. René épousa en 1627, Françoise Poërier de Portbail, avec qui il eut douze enfants dont : Jacques du Saussey (1631-1679), sieur du Mesnil qui épousa Marie Le Prévost dont il eut un fils Jacques-Jean-Antoine du Saussay, sieur de la Poterie, qui épousa Jeanne Françoise Lefèvre, et hérita de Barneville en 1740 à la suite du décès de sa cousine Charlotte-Françoise du Saussay, dame de Barneville, et décéda peu après sans postérité[5],[17] ; Françoise du Saussay (° 1634) ; Marie du Saussay (° 1636) ; Suzanne du Saussay qui épousa le Jean Ribet, sieur des Crouttes et Adrian du Saussay (1634-), seigneur de Barneville, qui épousa en 1672, Jeanne-Marie Pitteboult de Graffard[18] avec qui il eut : Charlotte-Françoise du Saussay (1672-1740)[note 3], dame de Barneville en 1703, Jean-François du Saussay (1673-1703), seigneur de Barneville et Suzanne Catherine du Saussay (1678-1703)[19] C'est probablement vers la fin du XVe siècle que la famille de Saussey, seigneurs de Barneville, quitta le tertre du Pic Malet pour s'installer dans le vallon, dans le Manoir. Le règlement de la succession de Jacques-Jean-Antoine du Saussay fut assez compliqué. Les héritiers étaient : François Lefèbvre, écuyer, sieur du Perron et son frère Jean-Antoine Lefèbvre, ermite à l'ermitage de Tourlaville, qui avaient pour grand-mère maternelle Françoise du Saussay ; Bon-Jacques Ribet (1703-1750), sieur des Crouttes, de la Becqueterie et du Hecquet, petit-fils de Jean Ribet et de Suzanne du Saussay ; Jacques-Georges-Jean-Charles de Crosville, seigneur de Gouberville, époux de Catherine de Hennot d'Arville, fille de Nicolas de Hennot et de Marie du Saussey[19]. Le , Jean-Antoine Lefèbvre, vendit devant Jean-François Le Véel, notaire à Valognes, sa part d'héritage pour le prix de 660 livres de rente viagère à Charles Simon, écuyer, sieur de Touffreville. À la suite d'une clameur lignagère, présenté devant le même notaire, par François Lefèbvre, Charles Simon lui remit, le la part d'héritage acheté à son frère, moyennant le prix de 1 458 livres et 10 sols, et c'est Pierre-Georges-François-Robert Pittebout (1712-1764), seigneur de Graffard, qui lui prêta la somme. Ce dernier demanda, par ailleurs, à être reçu partie intervenante dans la succession, en vertu d'une donation figurant au contrat de mariage de son oncle, François Pittebout et de Charlotte-Françoise du Saussay, dame de Barneville[19]. Le partage du domaine non fieffé et du manoir de Barneville fut fait le devant Richard Le Hieulle, notaire à Portbail pour le siège de Barneville. Le premier lot échut au seigneur de Crosville et comprenait la moitié du manoir côté du levant et 70 vergées, 14 perches de terres ; le deuxième lot échut au sieur du Ribet et comprenait la moitié du manoir du côté du couchant et 72 vergées, 9 perches de terres ainsi qu'un moulin à vent ; le troisième lot échut au sieur du Perron et comprenait deux maisons sises au bourg de Barneville, 54 vergées, 8 perches de terres, ainsi qu'un certain nombre de pièces de terre non détaillées dans l'acte, et une pêcherie. Le fief de Barneville, bien indivisible, échut à François Lefèvre du Perron pour 5 800 livres. Ce dernier avait emprunté au seigneur de Graffard 7 150 livres qu'il ne pouvait rembourser et lui vendit, en 1747, le domaine fieffé pour cette somme. Les seigneurs de Graffard conservèrent le domaine jusqu'à la Révolution[20]. Marie-Bernardine Hennot du Rozel, dame de Barneville, d'Écausseville et du Rozel épousera le Jérôme-Frédéric Bignon (1747-1784), seigneur d'Hardricourt, avocat, conseiller au Parlement (2e chambre des enquêtes), bibliothécaire du roi en 1770 à la suite de la démission de son père. Les hameauxLe village du Tôt qui aligne ses maisons ancienne sur la rive gauche de la Gerfleur, était habité par des gens modestes, laboureurs, pêcheurs, lavandières, dans des maisons petites et pauvres couvertes de toits en chaume. Il subsiste quelques pierres d'un ancien moulin à marée et le « lavoir de la Mère Denis » dont le toit est récent. Celui du Pont Rose a disparu, mais le pont est toujours là. Aux Rivières (rivage) habitaient également des gens modestes, pêcheurs à pied, mais se dressait aussi des maisons plus importantes, celles des capitaines, comme la maison Bouillet, fréquentée par Barbey d'Aurevilly. C'est au Bas-Hamet, où les Le Cannelier, famille de pêcheurs à pied, tenaient un cabaret et une mercerie, que Barbey d'Aurevilly puisa les modèles de personnages de son roman Une Vieille maîtresse et dont plusieurs scènes ont pour cadre le hameau. AdministrationDémographieÉconomieLieux et monuments
Personnalités liées à la commune
Voir aussiBibliographie
Articles connexesLiens externes
Notes et référencesNotes
Références
Information related to Barneville-sur-Mer |