François-Victor Le Tonnelier de Breteuil ( - Issy, ), marquis de Fontenay-Trésigny, sire de Villebert, seigneur de Breteuil, du Mesnil-Chassemartin, des Chapelles, de Villenevotte et de Palaiseau, baron de Boitron et de Preuilly[1], est deux fois ministre de la Guerre sous Louis XV. Il est aussi le chancelier garde des sceaux de la Maison de la reine et commandeur, prévôt et grand maître des cérémonies de l'ordre du Saint-Esprit de 1721 à 1743.
Le blason de cette famille est D'azur, à un épervier essorant d'or longé et grilleté de mesme. (Grand Armorial de France, Beauvaisis, Paris, Orléanais).
Le protégé du cardinal Dubois
François-Victor Le Tonnelier de Breteuil est conseiller au parlement de Paris et commissaire de la seconde chambre des requêtes du palais le [2]. Il n’a que 18 ans, mais le ministre lui accorde ses charges en considération des services rendus par ses pères[3].
François-Victor Le Tonnelier de Breteuil est nommé maître des requêtes de l’hôtel le [4].
François-Victor Le Tonnelier de Breteuil est nommé le , commandeur, prévôt et Maître des Cérémonies de l'ordre du Saint-Esprit et le restera de 1721 à 1743. Par tradition remontant à Guillaume Pot de Rhodes, le prévôt maître des cérémonies faisait ses preuves de noblesse, comme les chevaliers[6].
Puis, en , il remplace Claude Le Blanc, pendant sa détention comme secrétaire d'État du département de la guerre du au . Sept secrétaires d'État du département de la guerre au début du XVIIIe siècle seront des intendants de province et plusieurs autres comme eux des civils. Breteuil prête serment entre les mains du roi le et au conseil tenu au Louvre le 13 août suivant[7].
D'Aguesseau, Chancelier, et le marquis d'Argenson, ministre et grand chroniqueur de la première partie du règne de Louis XV, écrivent chacun dans leurs œuvres, mais quasiment mot pour mot : « En 1723, M. le Blanc fut déplacé et mis à la Bastille [...] On lui substitua, au ministère de la guerre M. de Breteuil, intendant de Limoges, homme doux et souple, mais d'une ignorance extrême. Tout le monde sait qu'un service très essentiel qu'il rendit au Cardinal Dubois, le mit en place[8]. Il se soutint sous M. le duc, par les complaisances infinies qu'il eut pour les personnes en sa faveur; mais aussitôt que ce prince eut été exilé à Chantilly, il fut obligé de prendre sa retraite et M. Le Blanc rentra en place[9]. ».
Dubois était abbé, non-clerc, depuis 1692. Il entre dans les ordres en 1720 pour être cardinal. Il le sera grâce à Breteuil. Breteuil sera ministre en lieu et place de Le Blanc...
Le cardinal Dubois et le Régent meurent. Breteuil est congédié par le cardinal de Fleury qui lui préfère Claude Le Blanc. Il se démet de ses fonctions le . Le roi lui fait une pension de retraite de 10 000 livres.
À la mort de Claude Le Blanc, en , Le Tonnelier postule à nouveau pour la charge de secrétaire d'État, mais c'est à Nicolas-Prosper Bauyn d'Angervilliers que Fleury confie le portefeuille de la Guerre.
Chef de famille
François-Victor Le Tonnelier de Breteuil a favorisé comme ministre de la guerre ses proches, en particulier la belle-famille de sa cousine germaine, Émilie du Châtelet[10]. Par contre, en tant que chef de la Maison de Breteuil, il n’apprécie guère que la fille de son oncle Louis-Nicolas Le Tonnelier, baron de Breteuil devienne en 1734 la maîtresse de Voltaire, qui est pour lui un bourgeois et un provocateur[11]. Juste avant cette liaison, il avait été le parrain de son fils, Victor-Esprit le . Il est à cette époque chancelier garde des sceaux de la Maison de la reine depuis le [12].
Le château de Fontenay, propriété des ducs d’Epernon, est vendue aux Breteuil. François-Victor Le Tonnelier de Breteuil est marquis de Trésigny à Fontenay-en-Brie. Le château date du XVIIe siècle. Nous y trouvons les deux tours anciennes, les communs du XVIIe siècle, un escalier à rampe en fer forgé du XVIIe siècle, la grille d'entrée du XVIIIe siècle et le colombier.
Son logement à Versailles
Au château de Versailles, pendant toute sa carrière différents appartements lui sont attribués
dans l’aile du gouvernement, au rez-de-chaussée, 4 pièces et 3 entresols, AG 2[13]
dans l’aile du nord, dite aile neuve, AN 70, un assez beau logement, mais fort petit en 1725[14]
dans l’aile des ministres, au rez-de-chaussée donnant sur la rue, ADM 5, 8 pièces et trois entresols[15]
dans l’aile des ministres, au rez-de-chaussée donnant sur la cour, ADM 10, 7 pièces et deux entresols[16]
premier étage de l’aile des ministres, au-dessus de ADM 5 et ADM 10[17]
second étage de l’aile des ministres, 11 pièces et 11 entresols, logements donnés par le roi ADM 23[18]
dans l’aile des ministres, au rez-de-chaussée donnant sur la cour, AGM 9, 8 pièces et 3 entresols, logements donnés par le roi[19]
premier étage de l’aile des ministres, AGM 15, logement en très mauvais état, ne sera réparé qu’en 1748 à grands frais[20]
second étage de l’aile des ministres, AGM 21, 12 pièces, logements donnés par le roi[21]
Lorsqu'en le parti opposé à la Pragmatique sanction emporte la décision du roi contre Fleury, Le Tonnelier parvient à se faire nommer ministre de la guerre au moment où la France s'implique dans la guerre de Succession d'Autriche. Il doit toutefois attendre la mort de Nicolas-Prosper Bauyn d'Angervilliers, le , pour être fait ministre d'État seulement le de l'année suivante.
Ses relations avec le cardinal de Fleury ne sont pas si mauvaises que cela, car il meurt d'apoplexie à Issy le chez le cardinal de Fleury[24]. Le vieil homme décède 22 jours plus tard le , âgé de 89 ans. Breteuil n’en avait que 66.
François-Victor Le Tonnelier de Breteuil se marie le , au château d'Ennery avec Marie-Anne-Angélique Charpentier d'Ennery (1689-1760), fille de Jacques, seigneur d’Ennery. Ils ont plusieurs enfants, dont :
François-Victor Le Tonnelier de Breteuil, 3e marquis de Fontenay-Trésigny (25 août 1715 - 04 décembre 1771, Doullens), marié le 11 décembre 1768, avec Marie Louise Joséphine Lefèbvre de Milly (1748 - )
Marie Anne Julie Le Tonnelier de Breteuil (01 octobre 1716 - 13 février 1778, Paris), mariée le 05 juin 1741, Paris, avec Jules Charles Henri de Clermont-Tonnerre (06 avril 1720, Paris - 26 juillet 1794, Paris), dont : postérité
Gabrielle Louise Rosalie Le Tonnelier de Breteuil (28 août 1725 - 21 mai 1770), mariée (1°) en 01 août 1743, avec Charles Armand de Pons (06 juin 1892 - 21 mai 1770), mariée (2°) en 1771, avec Louis Armand Constantin de Rohan (18 avril 1731, Paris - 24 juillet 1794, Paris), dont : postérité (Marie-Antoinette-Rosalie, future femme de Paul-François de Quelen de La Vauguyon)
Florent Victor Le Tonnelier de Breteuil (25 novembre 1728 - )
↑Mémoires de la Société archéologique de Touraine, p. 206, Viton de Saint-Allais, Nicolas (1773-1842). Nobiliaire…, p. 360 et La Chesnaye-Desbois, article Le Tonnelier de Breteuil.
↑« Le Tonnelier de Breteuil », Mémoires de la Société archéologique de Touraine, p. 206.
↑Nicolas Viton de Saint-Allais (1773-1842), Nobiliaire…, p. 360.
↑Almanach administratif, ou Chronologie historique des maîtres de requêtes, p. 79 et Nicolas Viton de Saint-Allais, Nobiliaire…, p. 360.
↑Mémoires de la Société archéologique de Touraine, p. 206 et Inventaire sommaire des Archives départementales antérieures à 1790: Haute-Vienne.
↑Saint-Simon, « Légères notions des commandeurs, chevaliers et grands officiers de l'ordre du Saint-Esprit – Prévôts et grands maîtres des cérémonies », Traités politiques et autres écrit, bibliothèque de la Pléiade, p. 867.
↑ Viton de Saint-Allais, Nicolas (1773-1842). Nobiliaire…, p. 360.
↑« Il s'agit de la “subtilité avec laquelle M. de Breteuil, intendant du Limousin, parvint à faire disparaître toutes traces d'un mariage contracté par le Cardinal avant son entrée dans les ordres” » (note de l'éditeur)., NDE, note 1, p. 34 dans du marquis 'Argenson.
↑Le Voyer de Paulmy, marquis d'Argenson, Mémoires, p. 348 (disponible sur Gallica).
↑Émilie Du Chatelet: Daring Genius of the Enlightenment, de Judith P. Zinsser, p. 35.
↑Émilie Du Chatelet: Daring Genius of the Enlightenment, de Judith P. Zinsser, p. 37 et La marquise Du Châtelet, amie de Voltaire, de André Maurel, p. 25.
↑Mercure de France, p. 1034 et L'État de la France, ou l'on voit tous les princes, ducs & pairs, maréchaux..., p. 339, sans oublier Viton de Saint-Allais, Nicolas (1773-1842). Nobiliaire…, p. 360.
↑Correspondance de Madame de Graffigny. 1. 1716 - 17 juin 1739, English Showalter, J. A. Dainard, Voltaire Foundation - 1985, page 80 et De l'ancienne France, de Saint-Allais (Nicolas Viton), p. 233.