L'histoire du chemin de fer à Versailles a déjà débuté lorsqu'a lieu l'ouverture de la gare de Versailles-Chantiers le [2].
Dès le début du XIXe siècle, de nombreux projets sont débattus avant que celui des frères Pereire, avec la Compagnie du chemin de fer de Paris à Saint-Cloud et Versailles, soit concrétisé par la mise en service, le [3], de la gare de Versailles-Rive-Droite dans le quartier Notre-Dame[4], terminus de la ligne de Paris à Versailles par la rive droite de la Seine, ligne qui, à Paris, débute à l'embarcadère de l'Europe[5] (gare primitive de la gare Saint-Lazare).
Après ces ouvertures qui relient Versailles à deux grandes gares parisiennes (Paris-Saint-Lazare et Paris-Montparnasse), viendront s'ajouter la gare de Porchefontaine et celle de Versailles - Matelots, qui porteront à cinq le nombre de gares implantées sur le territoire de la commune de Versailles au début du XXe siècle.
Gare des Chantiers
Son nom de « Chantiers » vient du fait qu'elle se trouve au cœur du quartier des Chantiers, qui lui-même tire son nom de la rue des Chantiers. Cette rue tient son nom des nombreux chantiers de bois à brûler qui s’y trouvaient autrefois[8].
En octobre 1896, à l'occasion de leur visite en France, le tsar de Russie Nicolas II et son épouse Alexandra passent par la gare Versailles-Chantiers. Ils y sont accueillis par le président de la République française Félix Faure et gagnent ensuite Paris[11],[12].
Le , le trafic voyageurs prend fin sur la section nord de la Grande Ceinture comprise entre Versailles-Chantiers et Juvisy via Argenteuil. Par contre, il subsiste sur la section sud, entre Juvisy et Versailles via Massy-Palaiseau[13].
Dès 1923, l'architecte des Monuments historiques André Ventre conçoit le plan d'un édifice bien plus imposant, orné d'une façade rappelant le Grand Trianon.
Pourtant, le matin du vendredi les usagers découvrent le hall principal d'un bâtiment au style Art déco et bien différent du projet initial (le service voyageurs avait débuté quelques mois auparavant, durant les travaux, dans l'aile droite du bâtiment). Le dimanche suivant cette « inauguration publique », à l'occasion de la fête de Hoche, le concepteur André Ventre, accompagné de Raoul Dautry, directeur général des Chemins de fer de l'État, procèdent à l'ouverture officielle.
Cette nouvelle gare se caractérise par une façade convexe s'inscrivant dans la tradition architecturale classique avec baies cintrées, pilastres et corniche. Quelques touches de modernité se lisent dans les ailes basses qui flanquent symétriquement le corps de bâtiment central. Les bâtiments situés à l'arrière sont traités dans le style des années 1930.
Une passerelle enjambe les voies ferrées pour aboutir au poste d'observation. Elle renferme les escaliers qui desservent les quais. L'ensemble est en béton armé recouvert, pour les façades du bâtiment des voyageurs, de plaques de pierre de Ladoix, polies ou adoucies selon les endroits. Une décoration de panneaux de pierre de Corrigny rose gravée scande chaque espace. L'éclairage originel en pavés de verre des voûtes couvrant les différents halls a disparu.
À l'inauguration des bâtiments, en 1932, la presse déborde d'enthousiasme, les journalistes écrivent : « C'est la plus moderne et la plus audacieuse de toutes les grandes gares de France par sa conception ».
En , durant les combats de la Libération, la gare est bombardée, tuant plusieurs centaines de personnes[14].
Les façades et toitures de l'ensemble de la gare, ainsi que les quais et l'édicule de l'horloge, la salle des pas perdus, le hall des voyageurs et la galerie font l’objet d’une inscription au titre des monuments historiques depuis le [15].
Le , a été mis en service l'accès « Porte de Buc », qui ouvre la gare au sud du quartier des Chantiers et assure une correspondance directe entre les trains et les bus, grâce à de nouveaux arrêts de bus aménagés par la Ville de Versailles. L'inauguration officielle a eu lieu le à 11 h en présence de personnalités[16].
Le , une gare routière à 17 quais est inaugurée.
Modernisation de 2011-2019
Après plusieurs projets peu fructueux (seul l'accès « Porte de Buc » ayant été ouvert), un projet a finalement été validé en 2011 par le STIF, la SNCF, RFF et la ville de Versailles consistant en un réaménagement important du pôle multimodal de Versailles-Chantiers[17]. L'objectif est d'accompagner l'importante croissance attendue du trafic, environ 30 % dans les quinze années suivantes.
Réaménagement de l'existant
Le bâtiment SNCF et les quais sont réaménagés, cela intégrant notamment les travaux suivants[17] :
la démolition ou le réaménagement des différentes concessions et commerces afin notamment de restituer l'espace original du hall ;
la rénovation et l'amélioration acoustique des espaces publics ;
la reconstruction totale de la coursive latérale Ouest ;
la rénovation des salles d'attente des quais afin de les mettre à niveau des nouvelles normes de confort et de service ;
le ravalement et le traitement des anomalies (problèmes d'étanchéité, fissures de l'acier, maladies du béton, etc.) des bâtiments et des quais.
Ajout d'un nouveau hall et d'une nouvelle passerelle
Une nouvelle passerelle d'une longueur de 65 mètres pour une largeur de 10 mètres a été inaugurée le [18] à une centaine de mètres à l'ouest de la passerelle existante[17], permettant de desservir l'extrémité ouest de chacun des quais. Cette passerelle est accessible par un nouveau hall, relié lui-même au hall existant par une galerie en façade de la gare actuelle. Les maîtres d'ouvrage ont choisi de conserver un style architectural des années 1930 en harmonie avec le bâtiment existant et d'utiliser de façon maximale la lumière naturelle pour l'éclairage, avec de grandes baies vitrées et un dôme rectangulaire au-dessus du nouveau hall.
Création d'une gare routière
Sur le terrain de l'ancienne gare marchandises, dont l'ancienne halle désaffectée est préservée pour servir, ultérieurement, de lieu culturel, une gare routière a été construite entre le nouveau hall et l'étang carré[17]. Cette gare est desservie par deux nouvelles voies :
une première, située au-dessus des étangs Gaubert et permettant de relier l'avenue de Sceaux ;
une seconde, située sous le parvis permettant de desservir la rue de l’Abbé-Rousseaux.
L'inauguration de la gare routière le [20] est accompagné d'une réorganisation des lignes du réseau Phébus avec une organisation des arrêts de bus desservant la gare autour de trois pôles[21] : la gare routière, la cour de Buc et le pôle Abbé Rousseau.
Fréquentation
De 2015 à 2022, selon les estimations de la SNCF, la fréquentation annuelle de la gare s'élève aux nombres indiqués dans le tableau ci-dessous[22].
Année
2015
2016
2017
2018
2019
2020
2021
2022
Voyageurs
24 191 310
24 132 107
23 974 181
23 336 771
22 909 416
12 376 593
15 922 909
18 934 500
Service des voyageurs
Accueil
C'est une gare SNCF qui dispose d'un bâtiment voyageurs avec guichets adaptés pour les personnes handicapées, d'automates Transilien, d'automates grandes lignes, du système d'information sur les circulations des trains en temps réel, d'ascenseurs, du dispositif de contrôle des billets élargi et de boucles magnétiques pour personnes malentendantes[23]. Un réseau Wi-Fi gratuit est disponible depuis 2016.
Elle est équipée de quatre quais centraux encadrant huit voies. Un hall voyageurs surplombant les voies transversalement permet d'accéder aux différents quais.
par train direct (branche Paris - Dreux), à raison[24] d'un train toutes les heures, et aux heures de pointe toutes les 30 minutes. Le temps de trajet est d'environ 1 heure depuis Dreux et 15 minutes depuis Paris-Montparnasse,
par train omnibus (branche Paris - Rambouillet / Paris - Plaisir - Grignon - Mantes-la-Jolie), à raison d'un train toutes les 15 minutes aux heures creuses[24]. La fréquence est portée à huit trains par heure durant les heures de pointe. Le temps de trajet est d'environ 30 minutes depuis Rambouillet, 45 minutes depuis Mantes-la-Jolie, 20 minutes depuis Plaisir - Grignon et de 15 minutes à 30 minutes depuis Paris-Montparnasse,
des trains de la ligne U du Transilien, à raison d'un train toutes les 30 minutes aux heures creuses et toutes les 15 minutes aux heures de pointe[25]. Le temps de trajet est d'environ 20 minutes depuis La Verrière et 25 minutes depuis La Défense ;
des trains de la ligne V du Transilien, à raison d'un train toutes les 30 minutes aux heures creuses et toutes les 15 minutes aux heures de pointe[26].
des trains de la ligne C du RER (branche Saint-Quentin-en-Yvelines), à raison[27] d'un train toutes les 30 minutes pour chaque branches, sauf aux heures de pointe où la fréquence est d'un train toutes les 15 minutes. Le temps de trajet est d'environ 1 heure 30 minutes depuis Versailles-Rive-Gauche, 10 minutes depuis Saint-Quentin-en-Yvelines et 1 heure 45 minutes depuis Saint-Martin-d'Étampes.
Cet article ou cette section contient des informations sur un projet ferroviaire.
Il se peut que ces informations soient de nature spéculative et que leur teneur change considérablement alors que les évènements approchent.
Amélioration du stationnement
La ville de Versailles prévoit à plus long terme la mise en place d'un nouveau parc à vélos d'environ 250 places[17] et d'un nouveau parking souterrain d'une capacité de 350 véhicules.
Nouvelles gares et stations
Adaptations pour le prolongement de la ligne 12 Express du tramway francilien
Cette gare doit devenir, à une date fixée initialement en 2020, le terminus nord-ouest de la ligne 12 Express du tramway, prolongée, en remplacement de la branche C8 de la ligne C du RER[29].
La construction de nouveaux quais étant excessivement coûteuse et complexe[29], il a été décidé d'adapter le quai du RER C8 existant :
en l'allongeant de 20 mètres afin de pouvoir accueillir deux rames de tram-train en deux positions J1 (à l'ouest, pour la descente à l'arrivée) et J2 (à l'est pour la montée au départ) ;
en l'abaissant à 320 millimètres afin d'améliorer l'accessibilité des rames.
Ce chantier nécessitera également de nombreux travaux ferroviaires au sein de la gare (création de la communication entre les voies J et K, déplacement d'appareils de voie et de signalisation, etc.).
En , selon le conseil régional d'Île-de-France, le prolongement est programmé pour une mise en service à l'horizon 2025[30].
Ligne 18 du Grand Paris Express
Versailles-Chantiers sera desservie par la ligne 18 du Grand Paris Express à l'horizon 2030[31]. La station sera en souterrain[31], du côté de l'accès « Porte de Buc » qui sera agrandi de façon à gérer le flux de voyageurs en correspondance et sera connecté à la nouvelle passerelle[32]. Les quais seront situés 25 mètres en dessous du niveau du sol[33]. La conception de la station est confiée à Dietmar Feichtinger Architectes[34].
Opérations immobilières
Un projet est prévu ayant pour objectif la construction de 45 000 m2 de logements privés et sociaux, de commerces et de bureaux, répartis sur deux ilots, sur l'emplacement de l'ancien parking et le long de la rampe d'accès à la gare[35]. Le tout sera orchestré par le duo d'architectes français Christian et Elizabeth de Portzamparc[36]. La livraison des bâtiments est attendue pour 2020. Cette opération renforce le caractère multimodal de la gare en la dotant d'un pôle économique à proximité immédiate du bâtiment voyageurs[37].
Galerie de photographies
VB 2N partant de Versailles pour Paris.
VB 2N arrivant à Versailles-Chantiers (vue vers la province).
Les quais sous la passerelle principale.
Panneau indiquant le nom de la gare ().
Notes et références
↑ a et bReinhard Douté, Les 400 profils de lignes voyageurs du réseau ferré français, La Vie du Rail, août 2011, (ISBN978-2-918758-34-1), vol. 1, p. 150.
↑Site Structurae, Gare de Versailles-Chantiers : Chronologie lire (consulté le 24 octobre 2010).
↑Georges Livet, Histoire des routes et des transports en Europe: des chemins de Saint-Jacques à l'âge d'or des diligences, Presses universitaires de Strasbourg, 2003 (ISBN9782868202178) p. 469 lire (consulté le 24 octobre 2010).
↑ a et bAlain Metton, Ginette Pallier, Le commerce des centres-villes, actes du colloque de Limoges, presses universitaires, Limoges, 1990 p. 198 lire (consulté le 24 octobre 2010).
↑Site Roland Arzul, les compagnies primitives de l'Ouest 1837-1855 : Le Versailles Rive droite lire (consulté le 24 octobre 2010).
↑Site Art et Histoire, Chemin de fer Paris (rive gauche) - Versailles 1836 - 1940 lire (consulté le 24 octobre 2010).
↑Site Roland Arzul, La gare Montparnasse lire (consulté le 24 octobre 2010).
↑Joseph-Adrien Le Roi, Histoire des rues de Versailles et de ses places et avenues, depuis l'origine de cette ville jusqu'à nos jours (2e édition), (lire en ligne).
↑Bruno Carrière et Bernard Collardey, L'aventure de la Grande Ceinture, La Vie du rail, 1992, page 34.
↑Bruno Carrière et Bernard Collardey, L'aventure de la Grande Ceinture, La Vie du rail, 1992, page 35.
↑Bruno Carrière et Bernard Collardey, L'aventure de la Grande Ceinture, La Vie du rail, 1992, page 190.
↑Robert Blaizeau, « Le château de Versailles dans la seconde guerre mondiale », sur chateauversailles.fr, (consulté le ) : « …, la gare des Chantiers est pilonnée en juin 1944 : plus de 220 personnes y trouvent la mort le , et 250 le . », voir le paragraphe « 24 et ».
↑Site de la préfecture des Yvelines, Communiqué de presse du 9 février 2011, Inauguration d’un nouvel accès en gare de Versailles-Chantiers lire (consulté le 15 mars 2011).
J. de Lens, « Les aménagements de la gare de Versailles-Chantiers », La Nature, vol. Quarante-septième année, nos 2362-2387, , p. 327 (lire en ligne, consulté le ).
Charles Imbert, « La nouvelle gare de Versailles-Chantiers », dans La technique des travaux, no 9, volume 8, .
Les Nouvelles de Versailles, journal, éditions des et .
Philippe-Enrico Attal, « Un pôle multimodal à Versailles-Chantiers en 2016 : Versailles-Chantiers, deuxième gare d’Île-de-France, entame sa mutation. En 2016, un nouveau pôle multimodal, autour d'une gare rénovée et agrandie, permettra d'accompagner le développement du trafic, en constante augmentation », Rail Passion, no 208, , p. 31-33 (ISSN2264-5411).