L'incendie de Notre-Dame de Paris est un incendie majeur survenu à la cathédrale Notre-Dame de Paris, les 15 et 16 avril 2019, pendant près de quinze heures.
Le sinistre se déclare en fin d'après-midi à l'intérieur de sa charpente et prend rapidement une grande ampleur. Les flammes détruisent intégralement sa flèche, les toitures de la nef et du transept ainsi que sa charpente. En s'effondrant, la flèche provoque l'écroulement de la voûte de la croisée du transept, d'une partie de celle du bras nord et de celle d'une travée de la nef. Le beffroi de la tour nord est légèrement touché : le mouton (support) d'une des cloches est à surveiller, l'escalier menant à l'étage est brûlé.
L'intervention de centaines de pompiers, jusqu'au lever du jour, permet de sauver la structure globale de l'édifice et d'épargner la tour sud, sécurisée quelques heures après le début de l'incendie, ainsi que la façade occidentale, le trésor et l'essentiel des œuvres d'art de la cathédrale. Il s'agit du plus important sinistre subi par la cathédrale depuis sa construction.
L'incendie entraîne une très forte émotion, tant en France que dans le reste du monde, une importante couverture médiatique, ainsi que d'importants dons financiers privés et publics. Le président de la République, Emmanuel Macron, annonce immédiatement vouloir reconstruire la cathédrale dans un délai de cinq ans. Après des débats sur la construction d'un édifice plus moderne à l'emplacement de l'ancienne flèche conçue par Eugène Viollet-le-Duc en 1859, il est finalement décidé de la reconstruire à l'identique.
Contexte
Historique
La cathédrale Notre-Dame de Paris, construite entre les XIIe et XIVe siècles sur l'île de la Cité, au cœur de Paris, avait été restaurée au XIXe siècle[1]. Elle n'avait jusqu'ici jamais été touchée par un incendie, alors que les départs de feu dans les églises étaient fréquents avant l’invention du paratonnerre au XVIIIe siècle, selon Odon Vallet, historien des religions[2]. L'électricité n'avait jamais été installée dans la charpente (surnommée « la forêt ») pour limiter les risques d'incendie[3].
Avertissements sur les risques d'incendie
En , un rapport relève la présence de nombreux mégots au sol dans la charpente[4].
D’après une enquête du Monde, plusieurs employés de l'entreprise de sécurité Elytis, chargée de surveiller la cathédrale, avaient alerté sur des défaillances depuis plusieurs années. Ainsi, à partir de 2014, il n'y avait qu'un seul agent au PC sécurité de Notre-Dame, chargé à la fois de l’écran de surveillance et de la ronde sur le terrain, contre deux précédemment. Les employés ont également critiqué l'impossibilité de s’entraîner à monter dans les tours et de faire les rondes de prévention nécessaires. Le PC sécurité n’aurait pas toujours été tenu au courant des travaux en cours. Des incidents sont rapportés, comme : « le , à 13 h 45, le chef d’équipe s’étonne que des travaux de point chaud aient été effectués sans permis feu ». Un agent de la cathédrale assure que « personne n’allait vérifier le chantier après le départ des ouvriers », alors qu'il s'agit d'un impératif sur ce type de travaux en l’absence de caméras thermiques[4].
En 2016, Paolo Vannucci, professeur d’ingénierie mécanique à l’université de Versailles, étudie pour le CNRS les risques d'incendie de Notre-Dame de Paris, notamment dans l'hypothèse d'un attentat terroriste. Son rapport, qui signale la nécessité de remédier à la quasi-inexistence de systèmes de protection de la toiture contre l'embrasement, est classé « Confidentiel-Défense » par le gouvernement de Manuel Valls au motif qu'il contient des informations susceptibles d'inspirer des incendiaires. En dépit de discussions entre les auteurs de l'étude et le CNRS, le rapport n’est pas utilisé. Également approchée, la mairie de Paris indique que Notre-Dame de Paris ne relève pas de sa compétence[5].
Travaux de restauration en cours
Depuis plusieurs mois, dans le contexte d'un vaste projet d'ensemble pour l'île de la Cité[6],[7], une partie du monument était en travaux de restauration, notamment pour nettoyer l'extérieur de la flèche, noircie par la pollution, et un ensemble de sculptures métalliques, oxydées[8]. Le chantier de la flèche devait durer quatre ans et, par la suite, le chœur devait être restauré sur dix ans[9]. L'État avait financé à hauteur de 2,5 millions d'euros la restauration de la flèche, somme que Patrick Chauvet, recteur de la cathédrale, avait jugée insuffisante pour couvrir l'ensemble des travaux de rénovation[10]. Il avait notamment été question de faire appel à des mécènes internationaux[11]. Pour permettre cette restauration, un imposant échafaudage extérieur était en cours de montage, ainsi que des plateformes et autres structures dans les combles de la flèche[12]. L'échafaudage extérieur était desservi par deux ascenseurs situés à 45 et 65 mètres de la flèche[13].
Chronologie
Origine du feu
L'incendie se déclare le lundi (au début de la Semaine sainte[14]), vers 18 h 20[15]. Il trouve son origine au niveau de la charpente[16], à la base de la flèche, œuvre de l'architecte Viollet-le-Duc, constituée de 500 tonnes de bois et 250 tonnes de plomb, qui surmonte la croisée du transept et culmine à 93 mètres[17]. D'après les pompiers, les flammes sont apparues au niveau des échafaudages installés sur la toiture et se sont propagées extrêmement vite[18], atteignant l'ensemble du toit et détruisant la charpente. Cette charpente était la plus vieille de Paris pour les parties de la nef et du transept. Elle était faite de 1 300 chênes, soit 21 hectares de forêt[19],[20].
Alertes et début de l'incendie
D'après les informations du procureur de la République de Paris, Rémy Heitz, une première alarme incendie se déclenche à 18 h 18[21], soit cinq minutes après le début de la messe du chanoine Jean-Pierre Caveau, qui commençait la lecture de l'Évangile au moment de la première alerte[22]. Une première levée de doute s'ensuit, mais elle est signalée comme négative. Pendant ce temps, une sonnerie d'alerte incendie, entrecoupée par des messages diffusés en français et en anglais commence à se faire entendre dans la cathédrale, demandant à tous les visiteurs et fidèles présents dans l'édifice de rester calmes et d'évacuer au plus vite. Croyant à une fausse alerte ou à un dysfonctionnement du système de sécurité incendie (SSI), les personnes présentes restent sur place pendant quelques minutes avant d'évacuer la cathédrale par le portail central, tandis que les membres du personnel quittent les lieux par la sacristie[réf. nécessaire].
Cette première alerte a retenti grâce au déclenchement automatique d'un des détecteurs de fumées présents dans la cathédrale. Un employé de sécurité se rend alors dans les combles de l'édifice, sans constater le moindre départ de feu ou incident, ce qui pourrait conduire à l'hypothèse d'une erreur humaine lors de la levée de doute. Selon The New York Times, une mauvaise interprétation des messages d'alarme ou un défaut de communication auraient conduit l'employé de sécurité à se rendre dans les combles de la sacristie au lieu de ceux de la nef[23]. Auparavant, l'hypothèse d'un défaut informatique sur le boîtier de commande des agents de la sécurité de l'édifice était privilégiée, avant d'être finalement écartée[réf. nécessaire].
Un peu plus tard, à 18 h 50, une deuxième alerte, cette fois-ci déclenchée par l'activation d'un bouton de déclenchement d'alarme incendie dans la cathédrale, se fait entendre. Une nouvelle évacuation est ordonnée, suivie par une seconde levée de doute donnant lieu à une vérification positive, les agents de la sécurité ayant constaté le début d'incendie dans la charpente[24].
La brigade de sapeurs-pompiers de Paris est alertée à 18 h 51[25], c'est la caserne de Poissy (située rue du Cardinal-Lemoine et appartenant à la deuxième compagnie du deuxième groupement d'incendie) qui est la plus proche[26]. Son véhicule de Premiers Secours Évacuation sera le premier véhicule de pompiers à se présenter sur les lieux à 18 h 58, alors qu'une trentaine d'autres engins sont déclenchés simultanément[27]. Les pompiers s’engagent alors à pied par les escaliers de la cathédrale pour rejoindre la charpente et établir leur lances à l'intérieur de celle-ci ainsi que sur les corniches, afin de tenter d'enrayer la propagation du feu[réf. nécessaire].
Progression du sinistre
Peu de temps après la seconde alerte incendie, à 18 h 50, un gros dégagement de fumée et des flammes provenant de la zone de travaux commencent à s'échapper du toit. De nombreux témoins assistent à la scène depuis les abords de la cathédrale[28].
Des renforts supplémentaires sont demandés par les pompiers, notamment deux bras élévateur articulé de 46 mètres de haut, venant du département des Yvelines[29]. En effet, les grande échelle et les camions élévateurs de la brigade de sapeurs-pompiers de Paris ne peuvent atteindre qu'une hauteur maximale de 32 mètres[30]. Le premier BEA arrivera sur les lieux à 19 h 30 et sera positionné rue du Cloître-Notre-Dame, l'autre arrivera à 20 heures et sera positionné au devant de la façade.
À 19 h 50, la flèche de la cathédrale s'effondre sous les yeux des passants et des médias[31]. Progressivement, le feu diminue en intensité, malgré quelques réguliers embrasements silencieux qui doublent brusquement la hauteur des flammes et libèrent un volumineux panache de fumée jaune visible à plusieurs kilomètres de Paris[32],[33].
Peu après 21 heures, le feu regagne en intensité et touche la tour nord de la cathédrale[34]. Un journaliste de France Info, présent à ce moment sur l'île de la Cité, constate que cette tour nord commence à prendre feu[35], ce qui est confirmé peu après par l'agence Reuters[36],[37].
Interrogée sur la possibilité de larguer de l'eau à basse altitude, la direction de la Sécurité civile refuse cette solution, car le poids de l'eau risquerait de fragiliser la structure[38]. Un porte-parole de la brigade de sapeurs-pompiers de Paris précise que d’importants moyens d’intervention sont mobilisés[39] et des sapeurs-pompiers d'Île-de-France[a] arrivent en renfort. L'une des difficultés rencontrées par les pompiers est l'absence de colonne sèche dans l'édifice[43].
Après trente minutes d'incendie, toiture et flèche sont embrasées à 19 h 17.
Incendie vu du côté ouest, les flammes dégagent une fumée jaune à 19 h 50.
Après un léger apaisement, des flammes resurgissent à 20 heures.
Incendie vu du côté est, la toiture est presque totalement détruite à 21 h 21.
Vidéo montrant la toiture détruite et la voûte trouée.
Procédure de sauvetage
Peu avant 22 heures, le secrétaire d'État à l'Intérieur, Laurent Nuñez, arrivé sur place, annonce à la presse que le sauvetage de la cathédrale est en cours et mobilise quelque quatre cents pompiers et l'utilisation de dix-huit lances à eau. Vers 22 h 50, le général Jean-Claude Gallet, commandant de la brigade de sapeurs-pompiers de Paris, annonce que les tours sont sauvées, l'action des pompiers ayant permis d'enrayer la propagation du feu dans la tour nord[44].
Fin de l'incendie et début de l'enquête
Le , vers 4 heures du matin, le lieutenant-colonel Gabriel Plus, porte-parole de la brigade de sapeurs-pompiers de Paris, annonce que l'incendie est maîtrisé et partiellement éteint. À 9 h 50, il indique que le feu est éteint et qu'il s'agit d'entrer dans la phase de l'expertise pour examiner l'ensemble des structures et déterminer les conditions de leur consolidation[45]. Au total, l’incendie a duré quinze heures[46].
L'incendie a mobilisé au total plus de six cents pompiers[47], appuyés par dix-huit lances et plusieurs camions à grande échelle[48].
Controverse sur les causes du sinistre
Benjamin Mouton, ancien architecte en chef des monuments historiques chargé de la cathédrale de 2000 à 2013, qui a encadré la dernière mise à jour du dispositif de détection incendie, déclare : « Il fallait très peu de minutes pour qu'un agent aille faire la levée de doute. Nous avons fait remplacer de nombreuses portes en bois par des portes coupe-feu. Nous avons limité tous les appareils électriques, qui étaient interdits dans les combles »[49] ; la protection incendie avait été portée « à son plus haut niveau ».
Il émet également des doutes sur la cause de l'incendie, ses propos étant confirmés par un expert anonyme du secteur de la construction selon lequel « L'incendie n'a pas pu partir d'un court-circuit, d'un simple incident ponctuel. Il faut une vraie charge calorifique au départ pour lancer un tel sinistre. Le chêne est un bois particulièrement résistant »[50], et par des artisans connaisseurs de la cathédrale, selon lesquels « Le bois des charpentes était dur comme de la pierre, vieux de plusieurs siècles »[51].
Le , le magazine Marianne met en ligne des informations révélées le même jour par Le Canard enchainé : des cloches installées en 2007 et 2012 au-dessus du chœur et dans la flèche avaient été électrifiées, « en contradiction absolue avec toutes les règles sur ces vieux bâtiments ». Elles ont été utilisées pour la dernière fois le , pour sonner à 18 h, soit quelques dizaines de minutes avant le départ de feu[52]. Le Figaro cite le même article du Canard enchaîné, qui énumère plusieurs graves manquements aux normes de sécurité, indiquant par exemple que des fils électriques se trouvaient sous les combles, au risque de provoquer un court-circuit, et que sept mégots de cigarettes avaient été retrouvés sur l'échafaudage extérieur[53]. Les enquêteurs du Canard enchaîné notent également un délai de 35 minutes pour appeler les pompiers après la première alerte incendie, ainsi qu'une absence de conformité au dispositif anti-incendie de la direction régionale des Affaires culturelles, qui prévoyait un poste de commandement (PC) sécurité 24 heures sur 24, avec deux employés rémunérés par l'État[53]. Le Monde rapporte de nombreuses failles dans le dispositif incendie et écrit que les difficultés pour interpréter le signal d’alarme du SSI ont particulièrement retardé l’intervention des secours[4].
Moyens d'action mis en œuvre
La puissance de l’incendie atteint des proportions exceptionnelles. Un calcul très approximatif, partant du principe qu'un feu de charpente en bois dégage une puissance de 1 MW par mètre cube enflammé et qu'au paroxysme du feu, 50 % des quelque 6 500 m3 des combles étaient engagés dans l’incendie, arrive à une estimation de la puissance maximale à 2 500 MW. D'une autre manière, tout aussi sommaire, il est possible de considérer les 1 000 tonnes de chêne dont la combustion produit 17,5 MJ/kg (Eurocode feu). Si, au paroxysme du feu, qui a duré une heure sur les quatre de l'incendie, la moitié de la masse combustible a été consumée, on obtient une puissance maximale de 1 800 MW. Ces deux puissances calculées, très similaires, sont à comparer avec celle d'un feu généralisé d’appartement qui dépasse rarement les 2 à 5 MW, ou celles retenues pour le dimensionnement des tunnels routiers, 30 MW pour un poids lourd, 200 MW pour un poids lourd citerne plein d’essence. Il est aussi possible d’imaginer, sachant qu'une lance d'incendie standard de 500 L/min permet d'absorber théoriquement 20 MW (par échauffement et vaporisation de la totalité de l'eau), qu’il aurait fallu disposer de plus de 120 lances à efficacité parfaite pour maîtriser le feu[54].
De nombreux moyens de lutte sont mis en œuvre selon la technique et le besoin pour traiter le feu en fonction des zones de la cathédrale[55]. Le général Jean-Marie Gontier commandait les opérations[56].
À l'intérieur de la nef, le choix se porte sur un drone terrestre pour faire baisser la température de la nef et éviter le risque humain en cas d'effondrement de la voûte. Le robot lanceur d'eau Colossus de Shark Robotics, un engin sur chenilles d'une masse de cinq cents kilogrammes, permet d'emporter deux cents mètres de tuyaux et d'envoyer trois mille litres d'eau par minute[57],[58].
Les drones aériens sont utilisés par la police pour survoler la cathédrale et repérer les départs de feu[55]. Un dessin opérationnel est également réalisé afin d'identifier les différents foyers et de maîtriser au mieux l'incendie ainsi que la stratégie à adopter[59].
Le feu est combattu par l'intérieur des tours et non par l'extérieur. Cette technique française permet d'éviter de repousser les gaz chauds vers l'intérieur de la tour et de limiter la montée en température[55],[60]. L'absence de colonnes sèches dans l'édifice[61] a diminué l'efficacité de l'intervention des pompiers. Seule la rosace nord sera traitée par l'extérieur depuis une grande échelle pour la refroidir[62].
Les moyens humains sont estimés à 400 pompiers dont une vingtaine ont pris le risque de pénétrer dans le monument pour sauver les tours[63]. Le combat par l'extérieur se fait avec dix-huit lances sur grandes échelles et bras articulés. Deux bateaux-pompes sont présents sur la Seine ainsi que de nombreuses pompes pour alimenter les lances[62].
Conséquences
Patrimoine
La flèche et la toiture en feu.
La flèche et la toiture détruites ainsi que trois endroits de la voûte.
En rouge, les trous dans les voûtes.
En rouge, les parties détruites.
En rouge, bois ; en bleu, pierre.
Structure
La flèche de la cathédrale s'est effondrée pendant l'incendie[31]. Elle était constituée d'une charpente de 500 tonnes de bois, recouverte de 250 tonnes de plaques de plomb (oxydé en surface). À la température de l'incendie, le plomb a fondu et a été en partie vaporisé (passage en phase gazeuse) au point d'ébullition de 1 749 °C[réf. nécessaire].
Les deux tiers de la toiture, dont la charpente en bois de chêne — datant de l’époque de la construction de la cathédrale : du début du XIIIe siècle pour la nef et du XIIe siècle pour le chevet —, sont détruits[64],[65]. Une partie des voûtes est touchée[66]. La résistance aux vents violents et aux tempêtes de la structure est fortement compromise, d'après un ingénieur du CNRS connaissant bien la cathédrale[67].
Les deux tours, la structure architecturale[68] et les vitraux des XIIe et XIIIe siècles des rosaces sont préservés[69] ; plusieurs autres vitraux plus récents ont subi des dommages importants[69], dont les deux petites rosaces aux pignons du transept.
Le pignon nord du transept, fragilisé et instable, a dû être renforcé et sécurisé[70] afin d'éviter sa chute à l'intérieur du monument, au risque de dommages supplémentaires[réf. nécessaire].
La Vierge à l'Enfant sculptée du XIVe siècle, dite Notre Dame de Paris[77] et située au pied du pilier sud-est de la croisée du transept[78], a simplement été mouillée par les lances anti-incendie, mais n'est pas endommagée[79] (c'est auprès de cette statue que Paul Claudel se convertit au catholicisme)[80]. Les tableaux accrochés dans la cathédrale n'ont pas été abîmés[81].
Pratiquement à la base de la flèche se trouvait une grande horloge Collin datant de 1867. Elle a été détruite par l'incendie[82], ne subsistant plus que quelques vestiges (sans certitude qu'ils soient réutilisables) retrouvés parmi les décombres de la flèche. Cette horloge menait à quatre cadrans (deux par croisillons), qui ont tous été détruits. Contrairement à la charpente, l'horloge de Notre-Dame ne fut jamais numérisée et aucun plan n'est parvenu à nos jours. L'horloge Collin était donc considérée définitivement perdue à la suite du sinistre, jusqu'à la découverte[82] que l'église de la Sainte-Trinité de Paris est dotée d'une horloge identique aux dimensions près (même modèle, même ateliers constructeurs, construite la même année). L'étude de la réplique de la Sainte-Trinité pourra donc servir de base à la reconstruction[83],[84] à l'identique de l'horloge de Notre-Dame[réf. nécessaire].
Au sommet de la flèche figurait une girouette surmontée d'un coq. Celui-ci renferme trois reliques : une parcelle de la couronne d'épines, une relique de saint Denis et une autre de sainte Geneviève[85]. Le coq devait être décroché de la flèche au moment où l'échafaudage atteindrait le sommet de celle-ci, soit en , et être transféré à la Socra, en Dordogne, pour être restauré. D'abord cru perdu, le coq est retrouvé le lendemain du sinistre ; il n'est pas gravement endommagé[86],[87].
L'autel moderne, représentant les silhouettes stylisées des quatre évangélistes, commandé à l’artiste Jean Touret par le cardinal Jean-Marie Lustiger en 1989[88] est écrasé par un amas de pierres et de poutres brûlées après l'incendie. L’ancien autel traditionnel (maître-autel) de la Pieta au fond du chœur est épargné tout comme sa grande croix en bois doré[89],[79],[90].
Le grand orgue de Cavaillé-Coll de 1868, rendu provisoirement inutilisable par la suie et la poussière (il devra être démonté de fond en comble), ne semble avoir subi aucun autre dommage[91],[92],[93]. Eric Brottier, technicien-conseil auprès du ministère de la Culture, responsable du chantier de rénovation de l'orgue de Notre-Dame entre 2012 et 2014, a indiqué à France Musique que « relativement épargné […] patrimonialement, il existe toujours, il n'est pas perdu »[94],[95].
Vincent Dubois, cotitulaire de la tribune de la cathédrale avec Olivier Latry et Philippe Lefebvre rapporte cependant à La Lettre du musicien l'inquiétude des organistes : « le grand orgue Cavaillé-Coll, dont la dernière restauration remonte à 2014, a été a priori sauvé par la dalle de couverture en pierre qui relie les deux tours ; il n'y a pas de charpente à cet endroit-là du toit, l'eau envoyée par les pompiers a coulé de part et d'autre et n'est pas tombée sur la tribune de l'orgue ; le buffet et la tuyauterie seraient donc épargnés mais si les voûtes de la nef, très fragilisées, ne sont pas rapidement consolidées, il faudra probablement démonter l'instrument et trouver un atelier assez grand pour le mettre à l'abri ; il n’en existe pas de tel en région parisienne ; tout l'enjeu est de savoir, très vite, si les clés de voûte vont résister au poids de l'eau et du plomb fondu qui s'y est déversé »[96].
L'orgue de chœur n'a pas brûlé non plus, les tuyaux n'ont pas fondu, mais il a totalement pris l'eau. Johann Vexo, organiste de chœur de Notre-Dame depuis quinze ans, jouait dans la cathédrale quand l'alarme a retenti vers 18 h 30[97].
Les dix grandes cloches des deux tours ne semblent pas avoir souffert, même si les beffrois (structures en bois) qui les soutiennent ont été endommagés par le feu, notamment dans la tour nord[réf. souhaitée]. En revanche, les trois petites cloches des combles, ainsi que les trois de la flèche (dont celle dite « du chapitre ») ont disparu dans l'incendie[réf. nécessaire].
Environnement
Une fumée blanche à jaunâtre, très opaque, a été visible à des kilomètres[98] ; 250 tonnes de plomb, métal fondant à basse température (327,5 °C) et avec un point d’ébullition de 1 749 °C, recouvraient la flèche et 210 tonnes de plomb constituaient les 1 326 feuilles ou tuiles de plomb couvrant le reste de la charpente[99]. Les panaches de fumée jaune observés à certains moments[32],[33] pourraient traduire la formation de particules d'oxyde de plomb[100]. Pour parer aux risques d’intoxication, les habitations proches sont évacuées[98].
Selon les relevés[101] d’Airparif du , les conditions météorologiques « particulièrement dispersives avec un vent de est-sud-est de 3 m/s » (et une couche limite située à 1,2 km d'altitude), ont canalisé le panache de manière privilégiée dans le couloir de la Seine sur la partie parisienne, ce qui a permis d’éviter une stagnation de la pollution. De plus, en raison de la température du foyer, la fumée s’est élevée à plusieurs dizaines de mètres sans contaminer localement les basses couches de l’air, mais « l'incendie a provoqué le rejet d'une quantité très importante de particules »[98].
Les trois ruches installées en 2013 sur le toit de la sacristie ont été épargnées et les 200 000 abeilles qu'elles abritent ont survécu à l'incendie[102]. En revanche, le bon déroulement de la reproduction des deux faucons crécerelles qui nichaient sur le transept nord de la cathédrale est incertain[103].
L'essentiel du panache de pollution semble avoir été entièrement déporté hors de Paris, car les cinq stations de mesures de la qualité de l'air les plus proches de l’incendie n’ont pas enregistré d’augmentation des particules fines, pas plus que les capteurs les plus éloignés. Aucun « véritable dépassement de seuil de pollution de l'air » n’a été enregistré par les capteurs durant l'incendie ou dans les heures qui l’ont suivi[98]. Des témoins présents au début ont néanmoins décrit un air irrespirable ou une forte odeur de brûlé quand les flammes ont commencé à être visibles sur la toiture[99] ; Airparif n'exclut donc pas une pollution très locale[98].
Pollution au plomb et chantiers de dépollution
Les analyses du Laboratoire central de la préfecture de police faites a posteriori ont confirmé « la présence de plomb dans certaines zones, très localisées, notamment dans des locaux qui ont pu être laissés ouverts au moment de l'incendie ». Le , un communiqué préfectoral a recommandé de procéder au ménage des habitations et autres locaux riverains de la cathédrale, au moyen de lingettes humides afin d'y nettoyer les traces du plomb qui s'y serait éventuellement déposé[104], précisant que « les zones présentant une présence de retombée de plomb sont d’ores et déjà interdites au public ». Le , l'Agence régionale de santé (ARS) indique que la présence de plomb dans des quantités supérieures aux seuils réglementaires ne peut avoir un impact sur la santé qu’en cas d’ingestions répétées ; elle communique des mesures de protection élémentaires pour les riverains[105].
Selon Mediapart (), les autorités ont caché des relevés de taux de plomb 400 à 700 fois supérieurs au seuil autorisé à l’intérieur de la cathédrale et aux alentours. Selon un expert, de tels taux ne se rencontrent jamais et nécessitent impérieusement un suivi médical[106].
Le , l'Agence régionale de santé (ARS) révèle des teneurs en plomb très élevées (jusqu'à 1 300 000 μg/m2, soit 1,3 g/m2) sur le parvis, dans les bandes sableuses et les jardins publics alentour et dans la cour du groupe scolaire de la rue Saint-Benoît. La ville de Paris entreprend à partir du une dépollution en utilisant un gel absorbant le plomb à appliquer sur les sols contaminés, puis à retirer trois jours après séchage[107].
En janvier 2020, l'ANSES rend son avis sur la contamination des espaces publics extérieurs par le plomb et le risque induit de saturnisme, concluant que les conditions d'une bonne modélisation ne sont pas réunies, mais que les surfaces dures sont à ne pas sous-estimer dans les sources de contamination (des enfants notamment)[108].
Fin juillet 2020, une étude basée sur l'analyse de trente-six échantillons de miel de ruches collectés en juillet (trois mois après l'incendie), a montré que, à l'ouest de Paris (sous le panache de fumée), plus on est proche du foyer, plus le miel contient de plomb : 0,08 microgramme par gramme dans une ruche située à moins de cinq kilomètres à l'ouest de la cathédrale, à comparer à la teneur moyenne avant l’incendie : 0,009 microgramme de plomb par gramme, ou au 0,004 µg/g en région Rhône-Alpes. Cela évoque une contamination environnementale multipliée par près de dix pour les abeilles, mais le miel ne dépasse pas (à cinq kilomètres du foyer) 0,10 μg/g qui est la dose à ne pas dépasser en Europe pour les sirops, les édulcorants et les jus. L'analyse isotopique de ce plomb confirme son origine[109],[110].
Bilan humain
L'incendie n'a fait aucune victime civile. Toutefois, parmi les pompiers, un blessé a été pris en charge par l'AP-HP[111]. D'autres victimes parmi les premiers sapeurs-pompiers de la brigade de sapeurs-pompiers de Paris (BSPP) qui sont intervenus sur les lieux au début de l'incendie ont été constatées et ont été prises en charge médicalement pour intoxications aux gaz et fumées[112],[113]. Moins de dix personnes ont été prises en charge par les secours[réf. nécessaire].
Aspect social
Une partie des agents employés par l'État pour le fonctionnement de la cathédrale sont reclassés dans les musées de l'île de la Cité, comme la Conciergerie ou la Sainte-Chapelle. Trente-huit des soixante-sept employés de l'association diocésaine sont licenciés dans les mois suivant l'incendie. Une quarantaine d'emplois sont supprimés dans les commerces aux alentours de la cathédrale[114]. L'association Musique sacrée à Notre-Dame de Paris licencie cinq personnes[115].
Politiques
En raison de l'incendie, le président de la République française, Emmanuel Macron, décide de reporter la diffusion de l’allocution télévisée qu’il devait prononcer le à 20 h pour la restitution du grand débat national. Il se rend sur les lieux[68] et prend la parole vers 23 h 40, annonçant : « Cette cathédrale, nous avons su l’édifier, la faire grandir, l’améliorer. Nous la rebâtirons tous ensemble parce qu’elle est une part du destin français »[116]. Plusieurs candidats suspendent leur campagne pour les élections européennes[117]. Le ministre de l'Intérieur, Christophe Castaner, écourte son déplacement à Mayotte[118].
Le , les équipes de pompiers, de policiers, de membres de la Croix-Rouge et de la Protection civile sont reçues au palais de l'Élysée par le président de la République, et devant l’hôtel de ville de Paris, où une cérémonie est organisée[119].
Jusqu'en , les messes dominicales, ainsi que les autres cérémonies diocésaines, habituellement célébrées à Notre-Dame, sont dites en l'église Saint-Sulpice[122]. À partir de la rentrée de cette même année, c'est l'église Saint-Germain-l'Auxerrois qui accueille la liturgie de la cathédrale, Saint-Sulpice n'accueillant plus que les cérémonies extraordinaires, comme les ordinations épiscopales et sacerdotales[123],[124] et les funérailles nationales de l'ancien président Jacques Chirac[125].
Vie musicale
Outre les dégâts subis par les différentes orgues, la vie musicale organisée autour de la vie religieuse de la cathédrale par l'association Musique sacrée à Notre-Dame de Paris est bouleversée. Cette association gère notamment la maîtrise de Notre-Dame de Paris, qui forme de nombreux chanteurs, de la petite enfance à la fin des études supérieures, dont la plupart deviennent professionnels. La formation offre notamment une spécialisation en musique médiévale afin de faire vivre la tradition des chantres de l'École de Notre-Dame qui perdure depuis le XIIe siècle. Avant l'incendie, les différents chœurs de la maîtrise animaient les offices quotidiens et dominicaux de la cathédrale tout en donnant de nombreux concerts à l'intérieur de celle-ci. Dès , après l'incendie, les chœurs animent les offices à Saint-Eustache, Saint-Sulpice puis à Saint-Germain-l'Auxerrois et ils donnent des concerts dans d'autres églises parisiennes, en attirant un nombre bien inférieur de spectateurs[126]. L'incendie entraîne donc une perte considérable de recettes pour l'association[127]. Celle-ci licencie cinq de ses enseignants dont le professeur en charge de l'enseignement de la musique médiévale[115]. Ces licenciements suscitent, durant les semaines qui suivent, une grève des maîtrisiens. Ils ne donnent plus de concerts et ne participent plus aux offices[128],[129]. La grève est soutenue par plusieurs artistes et intellectuels[130].
Surveillance des monuments historiques
Les quarante architectes en chef des monuments historiques expriment leur souhait de changer certaines pratiques pour la surveillance du patrimoine français, en particulier sur la sécurité incendie[131]. Parmi les propositions, la présence humaine est évoquée, notamment pendant les phases de travaux[131].
Enquêtes
Judiciaire
Cette section est liée à une affaire judiciaireen cours (avril 2019). Le texte peut changer fréquemment, n'est peut-être pas à jour et peut manquer de recul. N'hésitez pas à participer à l'écriture de synthèse de manière neutre et objective, en citant vos sources. N'oubliez pas que, dans nombre de systèmes judiciaires, toute personne est présumée innocente tant que sa culpabilité n’a pas été légalement et définitivement établie. Affaire judiciaire en cours
Le parquet de Paris ouvre une enquête pour « destruction involontaire par incendie »[68] le jour même, afin de déterminer les causes du sinistre. Celle-ci est confiée à la police judiciaire de Paris[132]. Le préfet de police a institué, par l'arrêté no 2019-00371, un périmètre de sécurité autour de la cathédrale au sein duquel le séjour des personnes est réglementé jusqu'au [133]. Le , le préfet de police, dans un nouvel arrêté, abroge le précédent, et fixe un nouveau périmètre de sécurité jusqu'à nouvel ordre[16],[134].
Selon une source policière citée par Le Monde, l'enquête devrait « marier des éléments policiers et des éléments techniques, avec des expertises qui vont être missionnées »[135]. Les ouvriers du chantier sont entendus dès la nuit du par les enquêteurs[136]. Au lendemain du sinistre, le procureur de la République de Paris indique que « rien ne va dans le sens d'un acte volontaire », privilégiant ainsi la piste accidentelle[137]. Six jours après l'incendie, « les enquêteurs restent prudents sur les circonstances du départ de feu, même si la piste d'une défaillance électrique est privilégiée. L'hypothèse d'un acte volontaire, comme celle d'un dysfonctionnement informatique, est écartée »[15].
Patrick Chauvet, recteur de Notre-Dame de Paris, annonce le qu'il va déposer une plainte pour destruction involontaire après l'incendie de la cathédrale[138].
Le , les techniciens de l'identité judiciaire, les enquêteurs de la brigade criminelle et les experts du laboratoire central de la préfecture de police de Paris sont autorisés à commencer leurs prélèvements et constatations in situ[139].
À la fin du mois de juin, les enquêteurs indiquent avoir relevé « certaines défaillances » sans avoir déterminé les causes de l’incendie, tout en écartant, « en l’état », la piste criminelle[140].
Dans un communiqué diffusé le , le procureur Rémy Heitz annonce avoir « clôturé l'enquête préliminaire » ouverte le soir de l'incendie. Dans cette enquête de « 1 125 feuillets », si « aucun élément ne permet d'accréditer l'hypothèse d'une origine criminelle », les enquêteurs ont établi, « sans déterminer les causes de l'incendie », la piste « d'un dysfonctionnement du système électrique ou celle d'un départ de feu occasionné par une cigarette mal éteinte ». Ces hypothèses nécessitent « des investigations plus approfondies » devant être « réalisées dans le cadre d'une information judiciaire ouverte ce jour, contre X, du chef de dégradations involontaires par incendie par violation manifestement délibérée d'une obligation de prudence ou de sécurité imposée par la loi ou le règlement ». Trois magistrats instructeurs sont désignés pour mener ce nouveau cadre procédural d'enquête[141].
En , l'enquête est en phase de préinventaire, réalisé avec Rémi Fromont, architecte en chef des Monuments historiques[142].
En , le Canard Enchaîné révèle l'existence d'une pièce à conviction en possession des enquêteurs, l'un des marteaux qui servaient à faire sonner les carillons de petites cloches, retrouvé bloqué en « position de frappe » de la cloche, pièce qui accrédite la thèse d'un court-circuit électrique. Le Canard précise qu'en 2007 les carillons de trois petites cloches, puis trois autres cloches en 2011 ont été électrifiés à la demande des prélats fatigués de devoir actionner un système de câbles à la force des bras. Les règles de sécurité interdisent ce type d'installation dans la charpente de Notre-Dame et l'autorisation pour l'électrification des cloches obtenue en 2011 ne l'avait été qu'à titre provisoire seulement, jusqu'à la fin des travaux de rénovation des beffrois entamés en 2011. Néanmoins, le dispositif électrique n'a jamais été retiré à l'issue des travaux contrairement à ce qui était imposé[143].
En 2024, l'enquête est toujours en cours. Les 15 ouvriers impliqués dans la restauration de la flèche et suspectés initialement d'avoir fumé et mal éteint leurs mégots ont été de nouveau auditionnés et tous ont été mis hors de cause[144]. La cathédrale étant à l'époque équipée de nombreux systèmes électriques temporaires pour les travaux et ces derniers impliquants l'utilisation de matériaux hautement inflammables, l'hypothèses d'un court-circuit est considérée par les enquêteurs[145].
Administratives
Parallèlement à cette enquête judiciaire et à cette plainte, des enquêtes administratives sont ouvertes pour déterminer les conditions dans lesquelles le feu s'est déclenché[146].
Réactions
Monde religieux et culturel
Des milliers de personnes se rassemblent spontanément pour prier et entonner des cantiques aux abords de la cathédrale pendant l'incendie, notamment place Saint-Michel[147] et quai de la Tournelle[148]. À partir de 22 h, le soir de l'incendie, des églises françaises font sonner leurs cloches comme invitation à la prière[68]. Une procession se tient de Saint-Sulpice au quai Saint-Bernard, alors que la tour nord menace de s'effondrer[149] et des veillées de prière s'organisent[150], notamment devant le parvis de la basilique du Sacré-Cœur d'où l'incendie est visible[151]. Au lendemain du sinistre, le plénum de la cathédrale Notre-Dame de Strasbourg sonne à midi en signe de solidarité, suivi par les cloches d'une quinzaine de cathédrales européennes[152].
Le Saint-Siège fait part de sa tristesse et de son incrédulité. Le papeFrançois qualifie cet incendie de « catastrophe » dans un message adressé à l’archevêque de Paris[153], rappelant le symbole que représente pour la chrétienté la cathédrale Notre-Dame de Paris, en France et dans le monde[154]. L’archevêque de Monaco, Bernard Barsi, se dit en « union de prière avec tous les catholiques de France » et exprime son soutien à « tous les pompiers qui luttent pour la sauvegarde de ce haut lieu du patrimoine religieux français »[155]. Le grand-rabbin de FranceHaïm Korsia adresse un message de solidarité à l'archevêque de ParisMichel Aupetit[156]. Il exprime sa sympathie au monde catholique en déclarant : « Pâques pour les chrétiens, c’est la mort et la résurrection. Je crois qu’il faut qu’on sache qu’il y aura la résurrection de ce bâtiment qu’on voit brûler »[157] ». Le recteur de la mosquée al-AzharAhmed el-Tayeb exprime sa tristesse devant « l'incendie massif qui touche le chef-d’œuvre architectural historique qu'est la cathédrale Notre-Dame de Paris. Nos cœurs sont tournés vers nos frères en France, qui méritent notre plein soutien »[158]. Le lendemain de l'incendie, le Conseil français du culte musulman et le recteur de la mosquée de Lyon Kamel Kabtane appellent les musulmans de France à « manifester leur solidarité » et à « participer à l'effort financier » pour reconstruire la cathédrale Notre-Dame de Paris[159].
Au matin du , le violoncelliste Gautier Capuçon joue sur un trottoir, en face de la cathédrale, Après un rêve, mélodie profane écrite à l'origine pour une voix et piano par Gabriel Fauré.
À l’appel de la Conférence des évêques de France, et en solidarité avec le diocèse de Paris, toutes les cloches des cathédrales et des églises de France sonnent le à 18 h 50, heure du début de l’incendie à Notre-Dame de Paris[160].
Certains bâtiments arborent le drapeau tricolore en hommage à la cathédrale Notre-Dame. L'Empire State Building, le nouvel édifice qui s'élève sur le site de Ground Zero, la chapelle Notre-Dame-de-Jérusalem (Chapel of Our Lady of Jerusalem(en))[161], et la préfecture de police de Paris font partie des bâtiments qui se sont illuminés aux couleurs de la France[162].
Au soir de l'incendie, La Fenice a posté sur son compte Twitter un témoignage d'amitié et de soutien : « Nous avons été assaillis par le feu, mais par le feu nous sommes devenus plus forts qu'auparavant. Amis, nous sommes à vos côtés, ne craignez rien ! »[163],[164].
Ken Follett a également publié un message sur Twitter déclarant qu'il avait le cœur brisé. L'auteur gallois de romans historiques s'était inspiré de Notre-Dame de Paris pour décrire dans les Piliers de la Terre en 1989 la construction tout au long du XIIe siècle de la cathédrale de Kingsbridge après la destruction du prieuré par le feu[165].
Au niveau national
De nombreuses personnalités et institutions de tous les domaines confondus réagissent sur différents réseaux sociaux et à la télévision[réf. nécessaire].
Au lendemain de la catastrophe, Emmanuel Macron s’adresse aux Français, déclarant notamment : « Nous rebâtirons la cathédrale plus belle encore et je veux que ce soit achevé d'ici cinq années. L'incendie de Notre-Dame nous rappelle que notre histoire ne s'arrête jamais et que nous aurons toujours des épreuves à surmonter. Nous sommes ce peuple de bâtisseurs, nous avons tant à reconstruire »[170]. Le , le Conseil des ministres sera entièrement consacré aux suites de l'incendie de la cathédrale[171], selon l'Élysée. Il sera suivi d'une réunion de lancement de la souscription nationale pour la reconstruction de Notre-Dame.
Nicolas Sarkozy, ancien président de la République, déclare : « la France est touchée dans sa chair, dans son identité, dans son histoire »[172]. Son successeur, François Hollande, estime que « Notre-Dame est notre patrimoine commun, c’est une blessure de la voir ainsi ravagée par les flammes »[173]. Pour Jean-Luc Mélenchon, députéLa France insoumise, « ce bâtiment est un membre de notre famille »[174].
Dans les jours suivants, les ventes de livres liés à la cathédrale augmentent fortement. Selon le baromètre d’Amazon, les dix-huit premières places sont alors occupées par des ouvrages en lien avec le monument, notamment le roman de Victor Hugo, Notre-Dame de Paris, qui est largement en tête du classement et qui est en rupture de stock dans plusieurs librairies. Un phénomène comparable avait été observé quelques années plus tôt, lors des attentats de janvier 2015, où les ventes du roman Paris est une fête, d'Ernest Hemingway, s'étaient envolées, tout comme Traité sur la tolérance, de Voltaire[175]. Les ventes de la comédie musicale Notre-Dame de Paris augmentent considérablement sur Amazon et iTunes[176].
Réactions polémiques
Des voix discordantes se font entendre. Édouard Le Bert, membre du bureau national de l'organisation étudiante UNEF, et Hafsa Askar, sa vice-présidente à Lille, moquent le recueillement qui accompagne l’incendie, qualifiant l'événement de « délire de petits blancs »[177],[178].
Reconnaissance à l'égard des sapeurs-pompiers
Le 15 avril 2019, les Sapeurs-pompiers de Paris sauvaient Notre-Dame. « Une part de l’âme de la France » décrivait le Christophe Castaner, le ministre de l’Intérieur, lors d'une cérémonie à la caserne Champerret avec Florence Parly, la ministre des Armées, lors de laquelle le drapeau de la brigade de sapeurs-pompiers de Paris a été décoré. La BSPP devient la première unité à porter, à son drapeau et à son bras, la fourragère d’or pour actes de courage et de dévouement[réf. nécessaire].
En hommage à leur sens du devoir et à leur engagement, la médaille de vermeil d'honneur pour actes de courage et dévouement est également décernée à titre individuel à une dizaine de militaires de la Brigade de Sapeurs-Pompiers de Paris, parmi les plusieurs centaines déployées, pour leurs actions décisives lors de la nuit du 15 avril 2019. Parmi eux figurent le général de division Jean-Claude Gallet commandant la BSPP, le général de brigade Jean-Marie Gontier commandant en second et commandant des opérations de secours, le colonel Joseph Dupré la Tour, le lieutenant-colonel Ronan le Barbier de Blignières, le capitaine Franck Bonnier, le capitaine Jean-Baptiste Repain, le capitaine Marc Porret-Blanc, l'adjudant-chef Jérôme Demay ou encore le sergent-chef Rémi Lemaire[179].
À l’étranger
De nombreuses personnalités (chefs d'État et maires de grandes villes mondiales, ainsi que des personnalités internationales) et institutions ont réagi dès qu'elles ont été informées de l'événement[réf. nécessaire].
Réactions internationales
ONU : António Guterres, secrétaire général des Nations unies, fait la déclaration suivante « horrifié par les images de l'incendie qui dévaste la cathédrale Notre-Dame — un joyau unique du patrimoine mondial qui règne sur Paris depuis le XIVe siècle. Mes pensées vont au peuple et au gouvernement français »[180].
Arménie : le Premier ministre, Nikol Pachinian, écrit sur Twitter : « Une immense tristesse devant ces images bouleversantes de Notre-Dame de Paris. L'Arménie s'associe à l'émotion de la France »[185].
Autriche : le président fédéral, Alexander Van der Bellen, exprime qu'il s'agit d'« images affreuses et dérangeantes » et que « nous sommes aujourd'hui en pensées à Paris ». Le président du Conseil nationalWolfgang Sobotka exprime qu'« en tant qu'historien, cela me fait particulièrement du mal de voir Notre-Dame, partie de notre héritage culturel européen, en flammes »[186].
Belgique : le Premier ministre, Charles Michel, déclare « Notre-Dame de Paris en feu, une immense émotion, Victor Hugo, une part de l’Histoire de France, de l’Europe. Mes pensées et mon soutien pour nos Amis français »[187].
Brésil : le président de la République, Jair Bolsonaro, exprime son « profond regret devant le terrible incendie qui sévit dans l’un des plus grands symboles de la spiritualité et de la culture chrétiennes et occidentales » et assure les Français des « prières » des Brésiliens[188].
Canada : le Premier ministre, Justin Trudeau, déclare : « Cela nous brise le cœur de voir la cathédrale Notre-Dame de Paris en proie aux flammes. Nous pensons à nos amis français qui combattent cet incendie dévastateur »[189].
Chili : le président, Sebastián Piñera, déclare : « Fort de ses 850 ans d'histoire et de sa merveilleuse beauté, l'incendie de #NotreDame de Paris est une véritable tragédie: beaucoup de force et de foi pour tous les français et ceux qui œuvrent sans relâche pour contrôler les incendies. Nos pensées et nos prières sont avec vous »[190].
Chine : Si le président chinois Xi Jinping a envoyé un message de soutien à Emmanuel Macron, de nombreux chinois « font un rapprochement entre l’incendie de Notre-Dame et celui de l'ancien Palais d'Été, le somptueux palais royal chinois, qui fut brûlé et pillé par les armées française et britannique en 1860 »[191]
Côte d'Ivoire : le président, Alassane Ouattara, exprime la « solidarité » de son pays « avec la France et toute la communauté chrétienne suite au terrible incendie qui a ravagé la Cathédrale Notre-Dame de Paris »[192].
Égypte : le président de la République, Abdel Fattah al-Sissi, fait part de sa tristesse, son soutien et son amitié au peuple français[193].
Émirats arabes unis : le ministre des Affaires étrangères, Anwar Gargash(en), tweete : « Très attristés par le terrible incendie qui détruit la grande cathédrale Notre-Dame. Un monument sacré important pour la France et au-delà. Une terrible catastrophe »[194].
Espagne : le président du gouvernement, Pedro Sánchez, indique : « L’incendie de Notre-Dame est une catastrophe pour la France et pour l’Europe. Les flammes ravagent 850 ans d’histoire, d’architecture, de peinture et de sculpture. Cela va être difficile à oublier. La France peut compter sur nous pour récupérer la grandeur de son patrimoine »[195].
États-Unis : le président, Donald Trump, déclare sur Twitter : « c'est si terrible d'assister à ce gigantesque incendie à Notre-Dame de Paris. Peut-être faudrait-il utiliser des bombardiers d'eau pour l'éteindre. Il faut agir vite »[196]. L'ancien président américain Barack Obama ainsi que sa femme, Michelle Obama et l'ancienne candidate à l'élection présidentielle Hillary Clinton ont également apporté leur soutien au peuple français[197]. La Première dame, Melania Trump apporte son soutien via un tweet tout comme le vice-président des États-Unis, Mike Pence[117].
Grèce : le Premier ministre, Aléxis Tsípras, déplore une « grave perte pour le patrimoine culturel mondial »[117].
Iran : le ministre des Affaires étrangères, Javad Zarif(en), tweete : « Attristé que Notre-Dame - ce monument emblématique dédié au culte de notre Dieu unique et qui nous a tous rapprochés à travers le chef-d'œuvre littéraire de Hugo - soit partiellement détruite après avoir traversé les guerres et la révolution pendant 800 ans. Nos pensées vont aux Français et tous les catholiques »[198].
Italie : le président du Conseil, Giuseppe Conte, affirme qu'il s'agit « d'un coup au cœur pour les Français et pour nous tous les Européens ». Luigi Di Maio et Matteo Salvini, les vice-présidents du Conseil des ministres, apportent également leur soutien au peuple français[201],[202].
Japon : le porte-parole du gouvernement, Yoshihide Suga, déclare : « Si le gouvernement français demandait de l'aide de quelque manière que ce soit, le gouvernement japonais étudierait cela avec détermination »[198].
Liban : le Premier ministre, Saad Hariri, publie sur Twitter : « Le monde entier est pris de tristesse en voyant l’incendie de la cathédrale de Notre-Dame de Paris. Un désastre de patrimoine et d’humanité indescriptible. Toute la solidarité du Liban avec le peuple français »[203].
Mexique : le président, Andrés Manuel López Obrador, a déclaré : « Je suis désolé pour l'incendie de la cathédrale Notre-Dame à Paris, en France. C'est un malheur pour l'art, la culture et la religion »[204].
Pologne : le président de la République, Andrzej Duda, réagit sur son compte Twitter : « Une tragédie pour les gens croyants, une catastrophe pour la culture et l'art mondiaux »[194].
Québec : le Premier ministre, François Legault, déclare sur son compte Twitter : « Les terribles images qui nous proviennent de Paris me touchent profondément. Notre-Dame de Paris est un joyau ! J’ai une pensée pour les Parisiens aujourd’hui et pour les pompiers qui combattent les flammes »[206].
Royaume-Uni : la reine Élisabeth II s'est dite « profondément attristée » par l'incendie de Notre-Dame[207]. La Première ministre, Theresa May, affirme que « ses pensées vont aux Français ce soir et aux services d’urgence qui luttent contre le terrible incendie de la cathédrale Notre-Dame »[208]. Le maire de Londres, Sadiq Khan, déclare quant à lui « Scènes déchirantes de la cathédrale Notre-Dame en flammes. Londres est aujourd'hui dans le chagrin avec Paris et toujours dans l'amitié »[209].
Russie : le président, Vladimir Poutine, déclare « Notre Dame est un symbole historique de la France, un trésor inestimable de la culture européenne et mondiale, l'un des sanctuaires chrétiens les plus importants. La catastrophe survenue cette nuit à Paris a provoqué une grande douleur dans le cœur des Russes »[210].
Sénégal : le président de la République, Macky Sall, exprime son soutien au peuple français de la façon suivante : « Un des plus grands symboles de la France, Notre-Dame vieille de plus de 800 ans est en proie aux flammes depuis plusieurs heures. Au nom du Sénégal, j’exprime toute notre solidarité à la France et à toute la communauté chrétienne à travers le monde »[211].
Suisse : le président de la Confédération, Ueli Maurer, exprime la tristesse du gouvernement suisse « de voir en plein Paris un monument si cher au cœur de tous ravagé par des flammes »[212].
Turquie : le chef de la diplomatie, Mevlüt Çavuşoğlu, publie le message suivant sur Twitter : « La destruction de ce chef d'œuvre architectural appartenant au Patrimoine Mondial est une catastrophe pour l'humanité entière »[205].
Vatican : Alessandro Gisotti(it), directeur par intérim de la salle de presse du Vatican, fait savoir que « le Saint-Siège a appris avec incrédulité et tristesse la nouvelle du terrible incendie qui a ravagé la cathédrale Notre-Dame de Paris, symbole de la chrétienté, en France et dans le monde »[213].
Venezuela : l'opposant et président autoproclamé, Juan Guaidó, publie sur Twitter : « Nous savons que le peuple français, toujours à l'avant-garde de la culture mondiale, se remettra de cette tragédie »[194].
Couverture médiatique
Les chaînes d'information en continu nationales et internationales couvrent l'événement[214],[215]. Les deux principales chaînes de télévision de France, TF1 et France 2, y consacrent leur soirée. France 3 et M6 prennent l'antenne en fin de soirée pour une édition spéciale. Différentes chaînes d'information internationales y consacrent de longs directs, comme CNN ou la BBC. L'événement fait la une des principaux journaux télévisés en Allemagne et en Italie et plus généralement dans le monde entier. La presse japonaise souligne que la cathédrale était un des rares lieux touristiques au monde où il était possible d'entrer librement[216].
Le lendemain, le , la cathédrale en feu apparaît dans les unes de journaux de plusieurs pays[217].
Plusieurs chaînes de télévision française déprogramment certaines émissions comme TF1 qui diffuse un numéro spécial de Qui veut gagner des millions en première partie de soirée, consacré à la reconstruction de la cathédrale[218]. France 2 diffuse un numéro spécial d’Envoyé spécial et présente une émission, animée par Stéphane Bern, afin de récolter des dons. Un grand concert réunit de nombreux artistes et près de deux millions de téléspectateurs. Lors de cette soirée, le ministre de la Culture, Franck Riester, a déclaré que la cathédrale était « presque sauvée » et la ministre des armées, Florence Parly, transmettra en direct un message vidéo provenant du porte-avions Charles-de-Gaulle où on peut voir les marins former sur le pont du porte-avions le dessin de la façade de la cathédrale et le mot Paris en bleu-blanc-rouge[219],[220]. W9 diffuse un numéro spécial d'Enquête d'action consacré aux pompiers de Paris et la comédie musicale Notre-Dame de Paris rediffusée sur M6 quelques jours plus tard en deuxième partie de soirée[221],[222]. Arte diffusera le film Quasimodo, le bossu de Notre-Dame[223]. TFX propose un Appels d'urgence spécial consacré aux pompiers de Paris. TF1 Séries Films propose la rediffusion du film franco-italien Notre-Dame de Paris de Jean Delannoy. France 5 propose un numéro spécial en direct de La Grande Librairie, entièrement consacré à Notre-Dame. RMC Découverte propose aussi une soirée spéciale avec la diffusion du documentaire Au cœur de Notre-Dame[220].
Choix des moyens d'intervention
En réaction aux propos du président américain Donald Trump sur l'utilisation des avions Canadair pour combattre l'incendie, de nombreux médias expliquent l'inanité et le danger d'une telle action[224]. D'abord parce que l'utilisation d'un avion bombardier d'eau« ce serait comme jouer au bowling avec la cathédrale, tout s'effondrerait », répond mardi le porte-parole de la Sécurité civile[225],[226]. Le doute sur une intervention aérienne est levé en raison de l'éloignement des appareils, basés près de Nîmes, à deux heures de vol de Paris : ils n'auraient pu intervenir de nuit en raison de la législation et du danger du vol de nuit en basse altitude. Concernant les hélicoptères bombardiers d'eau, ce type d'appareil ne semble pas exister en région parisienne[227].
L’intervention terrestre est rendue complexe par le manque de moyens adaptés aux caractéristiques du monument. En effet, il culmine à 69 mètres et les grandes échelles permettent de monter à 30 mètres de haut tandis que les bras élévateurs montent à 45 mètres[228].
Actions de réhabilitation et de reconstruction
Statut de l'édifice et assurances
La cathédrale Notre-Dame de Paris n’était pas assurée auprès d'une compagnie d'assurance par l'État, son propriétaire, puisqu'il est son propre assureur. La portée de l'assurance souscrite par l'association diocésaine, affectataire de la cathédrale[229], était en cours d'analyse par son assureur quelques jours après l'incendie, mais ne concernerait que les objets cultuels et les œuvres d'art détenues ou conservées par elle. Le montant d'éventuelles indemnisations au titre des sociétés intervenues dans les opérations de rénovation débutantes, si leur responsabilité était retenue, serait dans tous les cas insuffisantes pour couvrir les travaux de reconstruction[230],[231].
Financement
L'incendie de la cathédrale a eu un retentissement mondial. Stupéfiées par cet évènement encore en cours, des personnes ont immédiatement voulu exprimer leur attachement au monument par des dons financiers et en nature que l'État essaye d'organiser, de façon à permettre la rénovation de Notre-Dame[réf. nécessaire].
Cadre pour les donations
À la suite du Conseil des ministres du consacré à la reconstruction de la cathédrale, un projet de loi sera proposé pour apporter, selon les propos du Premier ministre Édouard Philippe, « les garanties de transparence et de bonne gestion » dans la gestion des dons[232],[233].
Avant l'incendie et en soutien aux travaux de restauration entrepris en 2018, la convention-cadre, conclue le entre l'État, la Fondation Notre-Dame, l'organisme américain de type 501c3Friends of Notre-Dame de Paris et la Fondation Avenir du patrimoine à Paris afin d'accélérer le rythme des travaux, prévoyait que les financements privés devaient être centralisés par la FAPP, l'État s'engageant, dans la limite de 4 millions par an, à augmenter sa subvention annuelle d'un euro supplémentaire pour chaque euro récolté par le mécénat privé[239].
Le délégué à la Fondation Notre-Dame indique que « les œuvres sociales, charitables sont indissociables de la construction d'un édifice religieux » en précisant que « si la cathédrale appartient à l'État, la Fondation Notre-Dame se montrera tout de même attentive sur la répartition des fonds, notamment en soulignant l'importance de refinancer les installations techniques qui rendent l'édifice utilisable pour célébrer les offices »[240]. Il précise que le don de la famille Arnault est accueillie dans le fond de la Fondation Notre-Dame, venant compléter les trois millions d'euros collectés jusque-là[241].
Le Gouvernement français annonce un cadre légal pour les donations dévolues à la réparation de la cathédrale, accompagnées d'incitation fiscale pour les particuliers (75 % au lieu de 66 %)[242].
Un dispositif fiscal spécifique pour les dons de particuliers est promis par le gouvernement (déduction fiscale pour les particuliers à hauteur de 75 % pour des dons jusqu'à 1 000 euros, puis 66 % au-delà de ce montant, avec un plafonnement à 20 % du revenu imposable)[243].
Controverse sur la légalité des subventions publiques
Plusieurs avocats soulèvent ce qui est selon eux un point d'illégalité sur les subventions débloquées par les villes ou collectivités locales situées en dehors de l'Ile-de-France pour aider à la reconstruction de la cathédrale[245],[246]. Les avocats indiquent que les subventions des collectivités doivent répondre d'un intérêt local[245].
Le Conseil d'État, saisi le dans le cadre de la proposition de loi pour la reconstruction de Notre-Dame, rappelle aux collectivités non concernées territorialement qu'elles ne peuvent verser de dons.
La proposition de loi « pour la restauration et la conservation de la cathédrale Notre-Dame de Paris »[247] propose un fondement légal pour les collectivités qui souhaitent donner en dehors de leurs compétences territoriales[248].
Dons et promesses de dons monétaires
Au soir de l'incendie, le président Emmanuel Macron annonce la mise en place d’une souscription nationale pour rebâtir la cathédrale[249]. Le Premier ministre réunit le lendemain les ministres de la Culture et des Comptes publics, ainsi que le secrétaire d’État à l'Intérieur, pour préparer un « plan de reconstruction » de Notre-Dame[250].
Rapidement, des citoyens, associations et élus émettent l'idée de créer des souscriptions afin de financer la reconstruction de l’édifice[251],[252]. La Fondation du patrimoine lance dès le une « collecte nationale » pour rassembler des fonds[253].
Le site de la Fondation du patrimoine est saturé par l’afflux de visiteurs le soir de l'incendie. La plateforme en ligne Leetchi ouvre une page liée au financement des réparations[254]. Au total, les dons des grandes fortunes[255] et entreprises de France s’élèveraient au à 600 millions de promesses de dons[256]. Les dons importants émanant des grandes fortunes françaises suscitent cependant une controverse dans le monde politique, en raison de la déduction fiscale de 66 % dont elles peuvent bénéficier au titre de la niche fiscale sur le mécénat[257]. Les familles Pinault et Arnault indiquent qu'elles n'utiliseront pas l'avoir fiscal attaché à ces dons[258].
Le monde de la construction fait également des annonces : Vinci s'engage à apporter un mécénat de compétences et annonce sa participation financière à la souscription, tout comme la famille Duval. L'entreprise lance également un appel à une union du secteur français du BTP[259]. Groupama annonce vouloir offrir 1 300 chênes pour la reconstruction de la charpente[260].
La ville hongroise de Szeged annonce faire un don de 10 000 euros, en mémoire de l'aide qu'elle avait reçue de Paris en 1879 pour sa reconstruction à la suite d'une inondation dévastatrice[261]. La French Heritage Society (siège à New York), association américaine à but non lucratif qui aide à la préservation du patrimoine français, qu'il se trouve en France ou aux États-Unis, a mis en place un fonds pour recueillir les donations qui seront nécessaires à la reconstruction de la cathédrale[263]. La philanthrope brésilienne Lily Safra fait un « don important », soit 10 millions d'euros à la Fondation du patrimoine, dès le lendemain de l'incendie[264],[265]. Apple, par la voix de Tim Cook, s'engage également à faire un don[266]. L'université Notre-Dame-du-Lac aux États-Unis promet un don de 100 000 dollars pour « une église dont l'architecture gothique exquise a élevé vers Dieu les esprits et les cœurs pendant des siècles », selon son président[267]. La Serbie, au nom de « l'amitié centenaire avec le peuple français », donne un million d'euros pour reconstruire la cathédrale[268].
Ubisoft en plus d'un don de 500 000 euros offre temporairement en téléchargement son jeu vidéo Assassin's Creed Unity, qui contient notamment une reproduction détaillée de la cathédrale[269]. Facebook et Amazon mettent en place des cagnottes afin de récolter de l'argent pour financer la reconstruction de la cathédrale. Le diocèse de Paris et de Monaco lancent des cagnottes sur la plateforme Leetchi[270],[271].
Le lendemain de l'incendie, Stéphane Bern déclare que quelque 900 millions d'euros ont déjà été promis pour la cathédrale[273].
Un mois après l’incendie, la Fondation du patrimoine décide d’interrompre sa collecte de dons pour la reconstruction de la cathédrale pour des cas plus « urgents »[274].
Promesses de dons
Le tableau suivant reprend les principales promesses de dons, par ordre décroissant :
En , soit quatre mois après l'incendie, 12 % des promesses de dons (105 millions d'euros) ont été honorées. Les gros donateurs n'ont pas encore concrétisé leurs promesses et certains ont expliqué leur politique quant à ces dons : LVMH de Bernard Arnault (200 millions d'euros de promesse) affirme attendre l'établissement d'une convention garantissant la bonne utilisation des dons — une convention tout juste signée en juillet — et les versements de la famille Pinault (100 millions d'euros de promesse) devraient être effectués au fur et à mesure du déroulement des travaux[310].
Dons en nature
En parallèle, des promesses de dons en nature sont faites par différentes organisations, notamment :
Groupama, qui propose de donner 1 300 chênes centenaires pour la reconstruction de la charpente en bois[311] ;
ArcelorMittal, qui offre de l'acier pour contribuer à la reconstruction, et propose également ses compétences en matière de construction et d'architecture[312] ;
EDF, qui propose ses compétences et son expertise dans les réseaux électriques de secours et la sécurisation des chantiers électriques[313] ;
Air France, qui propose d'assurer le transport gratuit des acteurs officiels qui participeront à la reconstruction de la cathédrale[314] ;
le Canada, qui propose du bois et de l'acier[316].
Autres actions caritatives liées à l'incendie
Le club de football PSG met en vente un maillot floqué avec Notre-Dame, au profit des associations liées aux pompiers[317],[318]. Sur iTunes, un album de soutien à l'effort de reconstruction de Notre-Dame est mis en avant dans le carrousel[319].
La Monnaie de Paris réédite une série de plusieurs médailles et pièces allant de 8 euros à 2 200 euros[320]. Le magazine La Vie sort un numéro spécial de 68 pages à 10 euros, dont 2 euros doivent être reversés pour la reconstruction de la cathédrale[321]. Une vente aux enchères de grands crus organisée par le domaine viticole Château Mouton Rothschild permet de récolter environ 871 000 euros[322].
Le pont du Gard reverse les recettes de sa billetterie, don estimé à plus de 25 000 euros[323]. Les principaux opérateurs téléphoniques, Orange, Bouygues Telecom et SFR, mettent en place un numéro spécial permettant à tout le monde de faire un don en envoyant un SMS[324].
Certaines enseignes de supermarché proposent des dons à l’arrondi en caisse pour financer la reconstruction[325]. Le groupe Auchan met en vente un album Notre Dame[326]. Les Galeries Lafayette font un don d'un million d'euros aux Sapeurs Pompiers de Paris[326]. Le groupe Carrefour annonce une grande collecte dans ses magasins, un abondement de la fondation Carrefour et un million de repas à ceux qui vont œuvrer sur le chantier[326].
Premières évaluations et mise en sécurité
Deux jours après l’incendie, le ministre de la Culture Franck Riester estime que la structure principale est sauvée, mais les architectes, dont Philippe Villeneuve (architecte en chef des monuments historiques) et son prédécesseur Benjamin Mouton, sont inquiets des effets des eaux d’extinction. L’effondrement de la flèche en feu, puis du reste de la charpente ont aussi créé un choc mécanique important et les pierres de la voûte calcinée sont probablement fragilisées[49]. Les pierres tendent à se transformer en chaux, et les jets d'eau lancés par les pompiers leur ont fait subir un choc thermique supplémentaire. Le pignon du transept nord et une partie de la tour sud sont probablement aussi fragilisés[49].
Dans les quarante-huit heures suivant la catastrophe, des travaux de consolidation sont entrepris, notamment pour le pignon nord qui doit être déposé[327],[328].
Pour protéger la cathédrale de la pluie, une bâche sera installée très rapidement. Elle devrait prendre la forme d'un toit pointu, plus haut que l'ancien toit de la cathédrale, afin de laisser un certain espace de travail aux artisans qui œuvreront à la reconstruction de la charpente. Selon Franck Riester, « s'il se mettait à pleuvoir, il y aurait une accumulation d'eau et ça pèserait sur la voûte ». En cas de précipitations, l'eau pourra ainsi s'écouler le long des parois de la bâche[329].
le pignon nord du transept menace de s'écrouler et des travaux de consolidation sont réalisés dans la nuit du ;
le pignon occidental est très fragilisé, la statue de l'ange est fendue sur toute sa hauteur ;
l'angle de la tour sud ayant surchauffé, les pierres sont devenues friables, augmentant le risque que les chimères s'effondrent. Une opération pour les déposer est lancée.
Il exprime aussi son inquiétude sur trois points problématiques dus à l'effondrement de la voûte au niveau de la nef, de la croisée et du bras nord du transept. Un programme de consolidation par échafaudages est mis en place dès le pour limiter le risque d'effondrement des autres parties de la voûte. Un filet de protection est posé le sur les deux rosaces pour éviter les chutes de pierres[332].
L'architecte en chef de Notre-Dame, Philippe Villeneuve, fait part de ses craintes sur les intempéries à venir, malgré la mise en place du grand parapluie[333]. Les voûtes sont équipées de capteurs de mouvement afin d'avertir le personnel qui travaille sur le site[332].
Quatre architectes en chef sont nommés pour la reconstruction de la cathédrale[334]. L'architecte en chef Charlotte Hubert annonce que les vitraux supérieurs pourront être facilement retirés dès le . L'objectif de leur dépose est de permettre d'installer un plancher sous la voûte du transept afin de consolider celle-ci mais aussi de permettre les travaux au niveau du sol[334].
Une étude de Paolo Vannucci, ingénieur du CNRS, démontre une perte de l'ordre de 60 % de la résistance au vent de la structure, en raison des effondrements de la voûte, mais aussi de la perte de la capacité de résistance en compression des pierres surchauffées. D'après lui, des tests et des mesures devront être réalisés pour déterminer si la voûte sera à reconstruire entièrement ou simplement à restaurer[335].
Assainissement du site
Les 300 tonnes de plomb fondu de la flèche, les eaux d'extinction et les cendres vont nécessiter une attention particulière lors de l'assainissement du site afin de limiter les pollutions toxiques[336],[337]. L'organisation de surveillance de la qualité de l'air Airparif procède à des analyses en laboratoire des filtres sur le risque lié au plomb[338].
Sécurisation et restauration des œuvres
Dans un second temps, le , une phase d'évaluation et de sécurisation des œuvres encore présentes dans l'édifice est mise en place (tableaux, panneaux de bois sculpté, bas-reliefs…)[339],[340]. Les tableaux encore présents devraient être restaurés et entreposés au musée du Louvre.[réf. nécessaire]
Le , quinze grands tableaux sont mis en sécurité et seuls quatre restent dans la cathédrale, intacts mais situés dans des zones dangereuses[341].
Les trois statues - Saint Barthélémy, Saint Jude et Saint Simon - sont conservées à la Cité de l’architecture et du patrimoine (CAPA) pour être mises en sécurité[343].
Vue générale des travaux au 7 février 2020.
La voûte recouverte.
La grue permettant le démontage de l'échafaudage du pied de la flèche.
Les verrières démontées, les arcs-boutants étayés.
Reconstruction et restauration
Enjeu politique et législatif
Le jour du sinistre, le présidentMacron, annonce que la cathédrale sera « reconstruite »[344],[345] et le lendemain, lors d'une allocution télévisée spéciale, il déclare : « Nous rebâtirons la cathédrale plus belle encore, et je veux que cela soit achevé d'ici cinq années »[346]. Il déclarera plus tard à propos des considérations l’ayant conduit à choisir cette durée du chantier : « Cette décision n’a reposé sur aucune analyse détaillée ni aucune forme d’expertise et je l’assume totalement[347],[348]. »
Le jour suivant, le Premier ministre Édouard Philippe annonce qu'un concours international d'architecture va être lancé pour « reconstruire » la flèche de la cathédrale[349]. Puis le général Jean-Louis Georgelin est nommé à la tête d’une mission de représentation spéciale « afin de veiller à l'avancement des procédures et des travaux qui seront engagés »[350]. Le gouvernement se donne aussi la possibilité de créer un établissement public pour porter cette restauration[351].
Pour sortir la cathédrale du périmètre de la législation sur les monuments historiques, le gouvernement annonce une proposition de loi d'exception « pour la restauration et la conservation de la cathédrale Notre-Dame de Paris »[247]. Cependant, dans l'ordre juridique français, même la loi d'exception ne permettra pas de contrevenir à l'engagement international que constitue la Charte de Venise (qui est un traité) sur la restauration des monuments historiques[352].
Le projet de loi est présenté le au Conseil des ministres, incluant la mise en place d'une souscription nationale, une majoration de la réduction d'impôt, la création d'un comité de contrôle du financement, la possibilité de créer un Établissement public spécifique chargé des travaux et « de prendre par ordonnance les mesures d’aménagement ou de dérogation à certaines dispositions législatives qui seraient nécessaires afin de faciliter la réalisation des travaux »[353]. Une proposition de loi est également déposée au Sénat, par des membres du groupe Les Républicains, afin d’augmenter la déductibilité des donations effectuées par les personnes les plus modestes[354],[355]. Une première version du texte est adoptée le par l'Assemblée nationale, mais la commission sénatoriale de la Culture y a ensuite supprimé l'article permettant de déroger à la règlementation, jugé trop polémique[356].
Propositions architecturales et avis d'architectes
La charte de Venise impose en principe que la restauration des bâtiments anciens « se fonde sur le respect de la substance ancienne et de documents authentiques [et] s’arrête là où commence l’hypothèse », mais accepte que « Lorsque les techniques traditionnelles se révèlent inadéquates, la consolidation d’un monument peut être assurée en faisant appel à toutes les techniques modernes de conservation et de construction […] ». Cette exception peut être invoquée en particulier pour la restauration de la charpente, pour laquelle la reconstitution à l'identique de « la forêt » ne présente pas d'intérêt particulier (par définition elle n’est pas visitée, d'autres exemples existent dans d'autres monuments, cela consomme beaucoup de bois, on sait faire aujourd'hui bien plus léger, etc.)[réf. nécessaire].
Une délégation de l'Unesco, dirigée par sa directrice générale Audrey Azoulay, est reçue le par la présidence de la République. Lors de cette entrevue, l'organisation s'engage à apporter son soutien à la reconstruction de la cathédrale, reconnaissant le droit à chaque génération d'édifier le patrimoine en « s'adaptant au processus naturel et historique de changement et de transformation » et aux « nouvelles possibilités offertes par l'évolution des technologies »[357].
Les architectes de la Direction régionale des Affaires culturelles proposent une charpente en métal pour respecter les délais annoncés par le président Emmanuel Macron[358]. La compétence technique existe et ne pose pas de difficulté majeure, souligne le secrétaire général des Compagnons du Devoir[359].
Propositions architecturales novatrices
Dans les jours qui suivent, l'agence Foster + Partners de Londres propose une esquisse montrant une toiture en verre et une flèche en cristal et acier inoxydable[360]. L'agence dijonnaise Godart + Roussel réagit dans le même temps et diffuse des esquisses proposant aussi un projet contemporain, avec une toiture vitrée et une flèche épurée en acier[361]. Le paysagiste Clément Willemin propose un concept différent, avec un toit terrasse en bois servant de promenade et en installant un jardin suspendu au centre[362][source insuffisante]. Jean-Michel Wilmotte indique pouvoir tenir le délai de cinq ans en utilisant des matériaux contemporains comme une charpente en acier, une couverture en titane et une flèche en carbone[361]. Dominique Perrault explique que « le patrimoine d'aujourd'hui est une superposition d'époques, chaque siècle ou presque aura laissé son empreinte sur la cathédrale »[361].
Roland Castro ne serait pas contre une flèche nouvelle, n'appréciant guère celle de Viollet-le-Duc, mais plaide pour une reconstruction à l'identique de la toiture, déclarant : « C'est un moment pour développer l'apprentissage, il y a par exemple des métiers formidables autour du plomb. Refaire la charpente bois serait également un moyen d'étudier l'histoire de cette technique »[363]. Jean Nouvel ne voit pas d'incompatibilité à apporter de la modernité dans la reconstruction, mais souhaite que la flèche de Viollet-le-Duc soit reconstruite à l'identique, celle-ci faisant pour lui « partie des choses intangibles de la cathédrale »[364]. Denis Valode est contre le concours international d'architecture et affirme : « Ayons le courage de reconstruire Notre-Dame à l'identique »[365]. L'architecte belge Vincent Callebaut imagine un projet palingenèse avec une géométrie originale à conception écologique à énergie positive[366],[367],[368].
Plans existants
Des plans de la charpente furent réalisés en 2015 par les architectes Cédric Trentesaux et Rémi Fromont avec une précision de un à deux centimètres[358],[369]. L'Américain Andrew Tallon avait réalisé un relevé en trois dimensions par balayage laser de plus d'un milliard de points de référence afin d'offrir un outil moderne aux architectes[370],[358].
Technologies et artisanat
Les technologies modernes savent reproduire avec rapidité et précision les techniques des compagnons charpentiers et des tailleurs de pierre. Les robots à commande numérique peuvent être équipés de différents outils de taille et de découpe[358].
En mars 2021, huit chênes de la forêt de Bercé (Sarthe) sont choisis pour la reconstruction de la charpente de la cathédrale. Ils ont environ 230 ans. Au total, environ 2 000 arbres prélevés à travers la France seront nécessaires pour les travaux[371].
Des essais de résistance mécanique à travers la technologie de tests non-destructifs développée par Jean-Luc Sandoz sont réalisés en scierie[372].
Délai
Le délai de cinq ans, diversement évalué par les spécialistes pour sa faisabilité[373], correspond à la tenue des Jeux olympiques de Paris en 2024[374]. Philippe Plagnieux, professeur d'histoire de l'art du Moyen Âge à l'université Panthéon-Sorbonne estime qu'il faudrait cinq à dix ans[375] et Frédérick Grevet, architecte du patrimoine, allonge le délai à vingt ans[376]. Mais selon Alain-Charles Perrot, architecte en chef des monuments historiques, il est peu probable que la charpente en bois soit reconstruite à l'identique en raison de la durée annoncée des travaux[377]. Nonobstant l'étendue exacte des dégâts, le délai fixé par le président de la République exclut a priori la construction d'une nouvelle charpente en bois, copie de la précédente. Seule une charpente avec des matériaux actuels (acier ou béton) permettrait de tenir la date de livraison. Jack Lang, ancien ministre de la Culture, appelle même à une reconstruction encore plus rapide que le président : « Il faut se donner un délai court, comme on l'a fait dans le passé pour des chantiers d'exception […] non pas dix ans, quinze ans, mais trois ans »[37].
En juin 2022, le paysagiste Bas Smets remporte le concours pour réaménager les abords de la cathédrale Notre-Dame de Paris[379]. Le projet prévoit notamment l'unification des abords de la cathédrale par une importante végétalisation et l'aménagement de l'ancien parking en une promenade intérieure intégrant les activités de service au visiteur et une nouvelle entrée de la crypte archéologique de l'île de la Cité ; les travaux sont prévus pour la période 2024-2027[380].
Décision
Le 9 juillet 2020, il est annoncé que le chef de l’État a acquis « la conviction » qu’il faut restaurer la flèche à l’identique[381].
Validation du projet
À la suite des décisions de plusieurs instances, dont la Commission nationale du patrimoine et de l'architecture (CNPA), le projet de restauration de la charpente est validé, et des arbres de forêts publiques ou privées sont abattus[382]. Le début des travaux de restauration est annoncé par l'établissement dès l'hiver 2022[383].
Travaux
Le lancement des travaux de reconstruction de la flèche intervient à la mi-avril 2023, avec la pose du tabouret de la flèche, un socle de 80 tonnes constitué d'un assemblage de pièces en chêne réalisé en Lorraine[378].
Les dessinateurs et humoristes de presse écrite rendent hommage avec leur style dans leurs rédactions dès le lendemain du drame[385].
Le concours proposé par le Premier ministre relatif à la création d'une nouvelle flèche suscite de nombreuses réactions humoristiques des citoyens, dont les médias relatent l'humour ainsi déployé notamment sur les réseaux sociaux[386],[387],[388],[389].
Au niveau mondial, les dessinateurs font connaître leur émotion dans leur presse[390],[391].
Infox, photomontage et théories du complot
Les fausses nouvelles sont abondantes sur les réseaux sociaux. Les médias les relatent pour tenter d'enrayer leur propagation. Certains sites expliquent qu'il y a un lien avec l'incendie de la Mosquée al-Aqsa à Jérusalem qui a eu lieu au même moment[392],[393],[394]. Des internautes estiment que cet incendie est dû à un complot, partageant parfois sur les réseaux sociaux des vidéos censées démontrer que le vieux bois ne brûle pas[395]. Certaines théories du complot accusent des islamistes d'avoir mis le feu à la cathédrale pour s'en prendre aux chrétiens, en représailles aux attentats de Christchurch[396] (des attentats commis par un terroriste australien d'extrême-droite contre les mosquées de Christchurch en Nouvelle-Zélande qui ont fait 52 morts). D'autres accusent les Gilets jaunes d'avoir provoqué l'incendie, en se basant sur une photo mal interprétée d'un pompier dans la cathédrale portant son gilet de haute visibilité[396],[397]. D'autres encore accusent le gouvernement d'avoir mis le feu pour détourner l’attention des Gilets jaunes et de la contestation sociale[397], et/ou pour repousser un important discours télévisuel du président Emmanuel Macron sur le grand débat national qui était prévu pour la soirée et qui a été de fait annulé[réf. nécessaire].
Le , Claude Sinké, un ancien membre du Front national et candidat pour ce parti aux élections départementales de 2015 commet l'attentat de la mosquée de Bayonne. Il tente de mettre le feu à cette mosquée puis blesse gravement deux fidèles en leur tirant dessus avant de prendre la fuite. Il est arrêté à son domicile peu après. Lors de son audition, il déclare avoir voulu « venger la destruction de la cathédrale Notre-Dame de Paris », en tenant les musulmans comme responsables de l'incendie[398].
De nombreux produits dérivés relatifs à l’incendie apparaissent dans les commerces et sur internet, particulièrement des tee-shirts, ou même de prétendus débris de l'incendie[402],[403].
Cinéma et télévision
En mars 2021, moins de deux ans après l'incendie, le réalisateur-scénariste Jean-Jacques Annaud commence le tournage d'un long métrage relatant l'incendie, Notre-Dame brûle, dont la sortie a lieu le 16 mars 2022[404].
En attendant la sortie du film, Philippe Lacheau a parodié dans son film Super-héros malgré lui un nouvel incendie de la cathédrale le jour de son inauguration après avoir été reconstruite à la suite du véritable incendie[réf. nécessaire].
↑ ab et cCécile Bouanchaud, « Incendie de Notre-Dame de Paris : la longue lutte contre le feu des sapeurs-pompiers », Le Monde, (lire en ligne, consulté le ).
↑ a et b« Cinq trésors sortis indemnes du brasier de Notre-Dame », La Croix, (lire en ligne).
↑cf. article Paul Claudel : « J’étais debout, près du deuxième pilier, à droite, du côté de la sacristie. Les enfants de la maîtrise étaient en train de chanter ce que je sus plus tard être le Magnificat. En un instant mon cœur fut touché et je crus. ».
↑Recueilli par Emmanuelle Giuliani, « « La Croix de Notre-Dame de Paris ne fait que son devoir, resplendir » », La Croix, (lire en ligne, consulté le ).
↑(en) Kate E. Smith, Dominique Weis, Catherine Chauvel et Sibyle Moulin, « Honey Maps the Pb Fallout from the 2019 Fire at Notre-Dame Cathedral, Paris: A Geochemical Perspective », Environmental Science & Technology Letters, , acs.estlett.0c00485 (ISSN2328-8930 et 2328-8930, DOI10.1021/acs.estlett.0c00485, lire en ligne, consulté le ).
↑« “C’est le Seigneur ! c’est lui qui t’appelle à le suivre”, l’homélie de Mgr Aupetit lors de l’ordination épiscopale de Mgr Marsset », La Croix, (lire en ligne, consulté le ).
↑[Notre-Dame de Paris : le feu est maîtrisé, le point sur l'incendie Site du journal Paris-Match, article "Notre-Dame de Paris : le feu est maîtrisé, le point sur l'incendie"], consulté le 16 avril 2019.
↑Cécile Chambraud et Jean-Jacques Larrochelle, « La Fondation du patrimoine, un des organismes qui collectent de l’argent pour Notre-Dame, arrête son appel aux dons », Le Monde, (lire en ligne [archive du ] ).
↑Lina Trabelsi, « Le Sénat supprime un article polémique dans la loi pour Notre-Dame », sur batiactu.com, : « La Commission de la culture, de l'éducation et de la communication du Sénat a supprimé l'article 9 de la loi pour la conservation et la restauration de Notre-Dame de Paris. Instauré par l'Assemblée nationale, cet article habilite l'Etat à déroger aux codes urbanistique, environnementale et patrimoniale dès lors que cela s'avère "strictement nécessaire" à la conduite du chantier. ».
↑ abc et dIndustrie-techno, « Quelles techniques pour reconstruire la « forêt » de la cathédrale Notre-Dame ? », industrie techno, (lire en ligne, consulté le ).