Il est le fils de Georges Pierre-Bloch, directeur d'un grand magasin de vente de vêtements, d'origine juive alsacienne, et de Reine Aboucaya, issue d'une famille séfarade d'Algérie.
En 1930, il devient journaliste au Populaire, l'organe du parti socialiste.
Les années 1930
En 1934, il est élu conseiller général du canton de Marle dans l'Aisne[3]. Il prend l'habitude de mettre Pierre-Bloch sur ses affiches au lieu de Bloch, parce qu'un autre Bloch de droite existait dans la région ; il régularisera plus tard ce changement.
En 1935, il renforce son assise locale en devenant adjoint au maire de Laon puis en 1936, devient député socialiste de l'Aisne, le plus jeune député du Front populaire.
Parallèlement, il enquête sur les pogroms commis à Constantine : c'est le début de son engagement pour la lutte contre le racisme et l'antisémitisme, qui l'occupera pour le restant de sa vie.
En 1938, Jean Pierre-Bloch est l'un des rares parlementaires à s'opposer aux accords de Munich. Il ne vote pas cependant contre ces accords le . Dans ses mémoires, il souligne la division irréductible du groupe parlementaire de la SFIO entre Munichois et Antimunichois, la volonté d'un petit groupe de députés antimunichois (comprenant Bouhey, Camel, Lapie, Eugène Thomas, Izard, Guy, Lagrange, Vienot, Bloncourt et lui-même) d'« attaquer de front » leurs collègues avant le vote. Mais Léon Blum entend sauvegarder l'unité du parti et réussit à « enlever le vote du groupe ». Vincent Auriol a convoqué tous les récalcitrants. Pierre-Bloch écrit: « Nous sommes huit à refuser catégoriquement de nous plier. Le parti n'en tiendra pas compte et se livrera à une mascarade indigne d'une organisation démocratique. Effectivement, lors de la victoire de juin 1936, nous avions tous accepté le principe de la discipline de vote, chaque parlementaire signant tacitement un chèque en blanc au secrétaire général du groupe en vue d'une délégation de vote. Cet artifice servira à mêler nos voix à ceux des munichois. […] Vincent Auriol se rend, avant le vote, à la questure et fait savoir qu'unanime le groupe votera la confiance. Ainsi tous les socialistes, à l'exception de Jean Bouhey, se retrouvent sous la bannière honteuse des munichois ». Pierre-Bloch s'estime « floué »; il évoque « une escroquerie commise à l'encontre des antimunichois »[5].
La Seconde Guerre mondiale
En 1939, il est engagé volontaire et est fait prisonnier le . Il ne peut donc pas participer au vote lorsque Pétain demande les pleins pouvoirs en juillet. Le , il s'évade du camp d'Essey-lès-Nancy et rejoint la Zone libre. Après son évasion, il se rend à Vichy et déjeune avec son épouse avec François Valentin, directeur-adjoint de la Légion française des combattants pour plaider, en vain, la cause des juifs étrangers engagés dans l'armée française et faits prisonniers[6].
En , il rend visite à Léon Blum dans sa prison de Riom, puis rencontre Xavier Vallat pour protester contre les lois anti-juives, mais n'obtient rien. En mars, il est cofondateur du Comité d'action socialiste de la zone sud. En août, sur l'initiative de Max Hymans, il rencontre à ChâteaurouxJacques Vaillant de Guélis, qui le recrute pour la section F du Special Operations Executive. En octobre, il organise, près de sa propriété de Villamblard en Dordogne[7], le premier comité de réception d'un parachutage combiné d'hommes et d'armes en France, qui a lieu dans la nuit du 10 au [8].
Le , il est arrêté à Marseille alors qu'il transporte des fonds pour la Résistance, puis transféré à la prison de Périgueux, où il est détenu cinq mois, puis au camp de Mauzac dont il s'évade le matin du , avec dix camarades. Il tente de rejoindre le Général de Gaulle à Londres, mais est arrêté en Espagne et passe de longs mois au camp de Miranda, dont il est tiré par le consul anglais.
Arrivé à Londres, il devient chef de la section non militaire du Bureau central de renseignements et d'action (BCRA). En 1943, transféré à Alger, Jean Pierre-Bloch devient commissaire adjoint à l'Intérieur. À ce titre, il contribue au rétablissement du décret Crémieux de 1870, qui avait fait citoyens français les Juifs d'Algérie et avait été abrogé par le régime de Vichy et maintenu par le général Giraud[9]. Mais c'est en vain qu'il propose, une mesure similaire pour les Algériens musulmans.
Patriote exemplaire, il milite pour le châtiment des collaborateurs et approuve la condamnation à mort de l'ancien ministre de l'Intérieur de Pétain, Pierre Pucheu.
Un résistant critique de De Gaulle
Partisan convaincu du général De Gaulle pendant la guerre, il dénonce cependant, dans De Gaulle ou le temps des méprises, la présence dans l'entourage du Général, au moins jusqu'en 1942, de royalistes ou de personnalités proches des ligues d'extrême-droite avant guerre : Claude Hettier de Boislambert, sympathisant de la Cagoule, le colonel Pierre Fourcaud, membre présumé de cette organisation, Pierre de Bénouville, ancien membre de l’Action française, émeutier le , Henri d'Astier de la Vigerie. Selon Jean Pierre-Bloch, le ralliement du général de Gaulle à la République aurait été purement tactique et la Résistance a été confisquée par de Gaulle : pour lui, les gaullistes ont entretenu une vision tronquée de la Résistance, présentant leur courant comme la seule grande force de résistance, avec les communistes, oubliant les socialistes et les démocrates-chrétiens.
L'après guerre
En 1945, Jean Pierre-Bloch retrouve aisément son siège de député, qu'il abandonne pour diriger, de 1947 à 1953, la Société nationale des entreprises de presse (SNEP), chargée d'administrer les biens des journaux interdits de publication après la Libération.
Il est juré au procès du maréchal Pétain, le jury chargé de juger le maréchal Pétain étant exclusivement composé de parlementaires n'ayant pas voté les pleins pouvoirs et de résistants[10] et vote pour la condamnation à mort du maréchal Pétain. À ce sujet il déclare : « Juré du procès Pétain, je m'honore d'avoir voté la peine de mort pour le traître Pétain, plus coupable que Laval qui a été fusillé ».
Entre-temps, il a présidé la commission de l'Assemblée nationale pour la coordination des affaires musulmanes. À ce titre, il tente d'améliorer le sort des Algériens[11] et participe à la rédaction du statut de 1947, qui ne sera pas appliqué.
De 1950 à 1960, il participe au Mouvement de la paix. En 1956, il échoue à retrouver son siège de député.
En 1936, il épouse Gabrielle Sadourny, dite « Gaby », née en 1908 à Brassac-les-Mines (Puy-de-Dôme), et morte le .
Ils ont eu trois enfants : Claude, Michèle et Jean-Pierre Pierre-Bloch, ancien député (UDF-PSD) de Paris et conseiller municipal (DL, puis UMP) du 18e arrondissement.
Son petit-fils, David Pierre-Bloch, est un producteur et homme politique Nouveau Centre, anciennement à la direction des programmes du Groupe AB.
Il reçoit la médaille de vermeil des collectivités locales et la plaque du millénaire de la ville de Paris
Hommages
En 1997, le conseil municipal de La Teste-de-Buch donne le nom de Gabrielle Pierre-Bloch à une place de Pyla-sur-mer à proximité de la villa Gribiche, résidence secondaire de la famille Pierre-Bloch.
↑André Harris et Alain de Sédouy, Juifs et Français, éditions Grasset, 1979, p.59 : « Mon père, que je n'ai pas connu, car il est mort peu après ma naissance, dirigeait une grand maison de vêtements de la rue Réaumur, la maison Paul Kahn, qui n'existe plus aujourd'hui »
↑Gilles Morin, « Pierre-Bloch, Jean », dans François Marcot (dir.), Dictionnaire historique de la résistance: résistance intérieure et France libre, Paris, Laffont, coll. « Bouquins », (ISBN978-2-221-09997-1), p. 500-501.
↑Le sigle LICA, qui est celui de l'organisation depuis sa création en 1927, sera transformé en LICRA en 1979.
↑Jusqu'au dernier jour. Mémoires, Albin Michel, 1983
↑« - Mémoire des hommes », sur www.memoiredeshommes.sga.defense.gouv.fr (consulté le )
Annexes
Bibliographie
Gilles Morin, « Pierre-Bloch, Jean », dans François Marcot (dir.), Dictionnaire historique de la résistance: résistance intérieure et France libre, Paris, Laffont, coll. « Bouquins », (ISBN978-2-221-09997-1), p. 500-501.
Jean Pierre-Bloch et René Vérard (préf. André Guillard), Jean Pierre-Bloch, un français du monde entier, Orléans, Corsaire éditions, , 253 p. (ISBN2910475026).
Jean Pierre Bloch, Le temps d'y penser, Jean-Claude Simöen, Paris, 1977. (Autobiographie)
Adieu Mauzac, téléfilm de Jean Kerchbron, 1970. Dans ce téléfilm, qui relate l’évasion du camp de Mauzac du , le rôle de Jean Pierre-Bloch, qui est un des onze évadés, est joué par André Reybaz.