C'est un long métrage de fiction consacré à la guerre d’Espagne qui a choisi un point de vue original : le conflit est vécu du côté des femmes libertaires.
Dans une petite ville près de Barcelone, Maria (Ariadna Gil), une bonne sœur, est forcée de quitter son couvent réquisitionné par les milices républicaines. Elle se réfugie d'abord dans un bordel[1] puis est recueillie par Pilar (Ana Belén), une militante anarchiste et féministe appartenant à l'organisation féminine libertaire[2]Mujeres Libres (« Femmes libres » en espagnol).
Avec leur groupe de combattantes libertaires, en majorité composé d'ouvrières du textile et de prostituées, elles rejoignent la Colonne Durruti (du nom de l'anarchiste Buenaventura Durruti) et partent pour le front de l'Èbre, près de Saragosse. Peu à peu, Maria adopte les idées libertaires. Leur groupe de miliciens participe à la prise de la ville San Román (commune de Bierge, province de Huesca) qui se révèle ne pas être un objectif militaire de première importance. Le film se termine par la mort de la totalité des miliciens, dont Pilar, sauf Maria qui est envoyée en prison.
Si le film prend délibérément parti pour les femmes qui se battent à la fois pour la révolution sociale et pour leur émancipation spécifique[3], il ne fait pas l'impasse sur les questions qui dérangent : les exécutions sommaires de nationalistes ne sont pas cachées, les destructions d’édifices religieux sont montrées comme l’occasion d’une grande fête libératrice, la question de la discipline sur le front n’est pas éludée[4].
Réception
Succès d'audience
Si le film n'est jamais sorti en français (il existe toutefois une version sous titrée), il fut un succès d'affluence en Espagne où il fit 576 990 entrées[5].
↑Voir la section bibliographie : La Guerre après la guerre: Images et construction des imaginaires de guerre dans l'Europe du XXe siècle
↑Mato-Topé, Libertarias, Le Monde libertaire, 25 juin 1998, n°1129 cerclelibertairejb33
↑Voir la section bibliographie : De la guerre à l'écran: Ay Carmela ! de Carlos Saura, page 119
Voir aussi
Bibliographie
Jean-Paul Aubert, Le cinéma de Vicente Aranda: pour une esthétique du personnage filmique, L'Harmattan, books.google.fr
Nancy Berthier, De la guerre à l'écran: Ay Carmela ! de Carlos Saura, Presses Universitaires Mirail-Toulouse, books.google.fr
Patrick Bégrand, Figures du récit fictionnel et du récit factuel, 3, Presses universitaires de Franche-Comté, books.google.fr
Pietsie Feenstra, Mémoire du cinéma espagnol: 1975-2007, Charles Corlet Eds, books.google.fr
Christian Delporte, Isabelle Veyrat-Masson, Denis Maréchal, Caroline Moine, La Guerre après la guerre: Images et construction des imaginaires de guerre dans l'Europe du XXe siècle, Nouveau Monde éditions, books.google.fr.
Miguel Chueca, « Une force féminine consciente et responsable qui agisse en tant qu’avant-garde de progrès » Le mouvement Mujeres Libres (1936-1939), revue Agone, 43 - 2010, lire en ligne.