La Fédération anarchiste ibérique (FAI) (en espagnolFederación Anarquista Ibérica) est une organisation spécifiqueespagnole fondée clandestinement à Valence, lors d'une conférence péninsulaire, les 25 et 26 juillet 1927.
Face à l'hétérogénéité des militants qui composent la Confédération nationale du travail, elle se donne pour mission de combattre le « réformisme » et de défendre « la pureté » des principes de l'anarchisme[1].
Histoire
La Fédération anarchiste ibérique (FAI) est créée à la suite de l'initiative du deuxième Congrès de la Fédération des groupes anarchistes de langue espagnole[2] en France (Marseille, mai 1926). Influencé par l'exemple de la Fédération ouvrière régionale argentine, l'objectif est de renforcer le caractère anarchiste de la Confédération nationale du travail en créant des comités mixtes associant des membres de la FAI et de la CNT afin d'éloigner le syndicat de l'influence des groupes politiques républicains[3].
Le terme ibérique se réfère à sa volonté d'unifier le mouvement anarchiste portugais et espagnol dans une organisation pan-ibérique. Les membres de l'Union anarchiste portugaise, l'organisation spécifique portugaise affiliée à la FAI, et de la Confédération générale du travail, section portugaise de l'AIT, participent ainsi aux réunions de la FAI, y compris au Congrès de Saragosse de la CNT en 1936.
La FAI s'oppose de façon déterminée au groupe mené par Ángel Pestaña et Joan Peiró qui a réussi la réorganisation de la CNT en 1930-1931 en structurant les fédérations nationales de l'industrie et en tentant d'obtenir une certaine reconnaissance de la part des républicains. Par son opposition aux signataires du Manifeste des Trente, la FAI prend finalement le contrôle de la CNT[3].
Le groupe Nosotros[4] (Buenaventura Durruti, Joan García Oliver, Francisco Ascaso et Ricardo Sanz) dirige de fait la FAI et mène plusieurs tentatives révolutionnaires en 1931-1932. Les mouvements insurrectionnels provoqués par la FAI sont mis en échec en janvier, mai et décembre 1933.
En janvier de cette même année elle décrète l'incompatibilité entre militer dans ses rangs et appartenir à la franc-maçonnerie[5]. Elle appelle à l'abstention lors des élections de novembre de la même année. Ces échecs successifs provoquent l'opposition au sein même de la FAI de militants tel Diego Abad de Santillán[3].
En 1935-1936, la FAI est divisée par de fortes controverses sur une éventuelle alliance avec les forces politiques de gauche, défendue en particulier par Federico Urales et le groupe de La Revista Blanca, et sur le futur programme social de le CNT. Celle-ci adoptera finalement lors du Congrès de Saragosse en mai 1936, un projet de communisme libertaire.
Au début de la révolution sociale espagnole de 1936, la majorité des membres du groupe Nosotros sont engagés dans des responsabilités militaires. L'entrée de ministres anarchistes au gouvernement va provoquer une nouvelle crise.
Arnaud Dolidier, Milieux et mouvements libertaires pendant la Seconde République et la Guerre Civile espagnole, in Spagna Anno Zero: la guerra come soluzione, Diacronie. Studi di Storia Contemporanea, 7|2011, lire en ligne.
↑Arnaud Dolidier, Milieux et mouvements libertaires pendant la Seconde République et la Guerre Civile espagnole, in Spagna Anno Zero: la guerra come soluzione, Diacronie. Studi di Storia Contemporanea, 7|2011, lire en ligne.