Haut lieu de la mémoire de la guerre d'Espagne et de la République, le Fossar de la Pedrera, aménagé par un mausolée créé par l'architecte catalane Beth Galí en 1985, accueille aujourd'hui de nombreuses cérémonies commémoratives officielles[2].
Historique
La carrière Moragas, dénomination historique du lieu[3], est localisée sur le versant sud de la montagne de Montjuïc, dominant le quartier de la Zone Franche de Barcelone, aménagé au fur et à mesure de la croissance du port de Barcelone.
Ce site, issu d'une dépression causée par l'exploitation industrielle d'extraction des pierres[4], est traditionnellement connu sous le nom de « Fossar de la Pedrera ».
En 1939, à la fin de la guerre, lors de l'arrivée au pouvoir des nationalistes et de l'installation de la dictature franquiste en Catalogne, la ville de Barcelone fait l'objet d'une répression particulièrement sanglante. Toute la société civile est menacée. De 1939 à 1952, les membres des partis, syndicats, associations et organisations républicaines sont pourchassés. Une fois arrêtées, les victimes sont envoyées à la prison Model, dans le quartier de l'Eixample, où leur condamnation à mort, ratifiée par le Caudillo, est prononcée. Les condamnés sont ensuite transférés au Camp de la Bota, à la limite municipale de Barcelone (district de Sant Martí) et de la commune de Sant Adrià de Besòs, où les exécutions ont généralement lieu[8].
Pour enterrer rapidement les dépouilles des fusillés, le nouveau régime utilise le Fossar de la Pedrera. Dès leur arrivée sur le site, interdit au public, les corps des victimes, placés dans des caisses en bois, sont enfouis dans la fosse via une rampe, puis recouverts de chaux et de terre afin d'accélérer leur décomposition.
Après 1953, le régime franquiste est installé. Le Fossar de la Pedrera est plus au moins abandonné, restant néanmoins, en quelques occasions, la fosse commune des Services Funéraires de la Mairie de Barcelone pour les corps non identifiés.
Lieu de mémoire
La première cérémonie mémorielle a lieu en 1976, quelque temps après la mort du dictateur qui interdisait tout accès au site.
Œuvre de l'architecte catalane Beth Galí, le mémorial est constitué d'un ensemble de colonnes portant les noms des victimes, autour d'une grande zone végétalisée.
Le mausolée de Lluís Companys, entouré d'eau, se situe près de la falaise[9].