Auteur de nombreux romans policiers et d’aventures, il est le créateur du célèbre gentleman-cambrioleurArsène Lupin. Relégué au rang de « Conan Doyle français », Maurice Leblanc est un écrivain populaire qui a souffert de ne pas avoir la reconnaissance de ses confrères mais a toujours suscité un solide noyau d'amateurs et de quelques lupinologues[2].
On peut visiter la maison de Maurice Leblanc, le Clos Lupin, à Étretat en Seine-Maritime. L’aiguille d’Étretat forme d’ailleurs l’un des décors du roman L'Aiguille creuse. La revue d'études lupiniennes L'Aiguille preuve est éditée annuellement par l'Association des Amis d'Arsène Lupin (AAAL) fondée en 1985 par le philosophe et essayiste François George.
Biographie
Maurice Leblanc est le deuxième enfant d'Émile Leblanc, négociant armateur de 34 ans, et de Mathilde Blanche, née Brohy, fille de riches teinturiers, âgée de 21 ans et qui fut accouchée par Achille Flaubert, frère de Gustave Flaubert[3]. Il a pour sœur aînée Jehanne, née en 1863, et pour sœur cadette la cantatrice Georgette Leblanc, née en 1869, qui sera l'interprète de Maurice Maeterlinck et sa compagne de 1895 à 1918[4].
Pendant la guerre franco-allemande de 1870, son père l'envoie en Écosse dont les paysages ont dû fertiliser son imagination. De retour, il achève ses études à Rouen. Le jeune Maurice reçoit sa première éducation dans une institution libre, la pension Patry, puis, de 1875 à 1882, fait ses études secondaires au lycée Corneille[5]. Adolescent, il fréquente Gustave Flaubert et Guy de Maupassant[3]. Refusant la carrière que son père lui destine dans une fabrique de cardes, il « monte à Paris », en 1888, pour écrire. D’abord journaliste, puis romancier et conteur, son premier roman, Une femme, en 1893 est très remarqué ; il est suivi d'autres ouvrages (Des couples, Voici des ailes et son unique pièce, La pitié, en 1902, qui est un échec, le faisant renoncer pour un temps au théâtre[6]). Il éveille l’intérêt de Jules Renard et d'Alphonse Daudet, sans succès public. Il fréquente les grands noms de la littérature à Paris : Stéphane Mallarmé ou Alphonse Allais. En 1901, il publie L'Enthousiasme, roman autobiographique.
En 1905, Pierre Lafitte, directeur du mensuel Je sais tout, lui commande une nouvelle sur le modèle du Raffles d'Ernest William Hornung et des aventures de Sherlock Holmes[7] : L'Arrestation d’Arsène Lupin se révèle un grand succès public, mais Maurice Leblanc souffre déjà de n'avoir pas la reconnaissance des gens de lettres[8]. Deux ans plus tard, Arsène Lupin, gentleman-cambrioleur est publié en livre. La sortie d’Arsène Lupin contre Herlock Sholmès mécontente Conan Doyle, furieux de voir son détective Sherlock Holmes (« Herlock Sholmès ») et son faire-valoir Watson (« Wilson ») ridiculisés par les personnages parodiques créés par Maurice Leblanc.
En 1918, Maurice Leblanc achète à Étretat une maison à colombages de facture anglo-normande où il rédigera 19 romans et 39 nouvelles[10]. Devant l'occupation allemande, il quitte le Clos Lupin et se réfugie en 1939 à Perpignan où il meurt d'une pneumonie en 1941[10]. Exhumé du cimetière Saint-Martin de Perpignan en 1947, il est réinhumé, le de cette même année, à Paris, au cimetière du Montparnasse (10e division), aux côtés de sa femme Marguerite et d'autres membres de sa famille (notamment son beau-frère René Renoult)[11].
Vie privée
Maurice Leblanc se marie le à Marie-Ernestine Lalanne (1865-1941). Ils ont une fille ensemble, Louise Amélie Marie Leblanc (-1974), qui épouse le poète André Biguet (1892-1918) mais n'aura aucune postérité de son mariage. Les époux ne s'entendent pas et divorcent en 1895. Maurice tombe ensuite amoureux de Marguerite Wormser ( - ) qui a déjà un fils, Claude Oulmann ( - ), lequel sera autorisé par décret à porter le nom de Leblanc. La procédure de divorce entamée par Marguerite contre son premier époux traînant en longueur, Maurice a des ennuis de santé et sombre dans la dépression. Ils ne se marient que le [12].
Florence Leblanc, fille de Claude Oulmann devenu Leblanc, née le , épouse de Michel Boespflug (1930-2010), conserve un droit moral sur l'œuvre de Maurice Leblanc depuis son entrée en 2012 dans le domaine public. Elle a découvert Le Dernier Amour d'Arsène Lupin, un inédit de 1936, qui est publié en 2011.
La fille de Florence Leblanc, Nathalie Boespflug, a déposé le la marque semi-figurative ARSÈNE LUPIN.
Une Association des Amis d’Arsène Lupin est fondée en 1985 par le philosophe François George[13].
L'œuvre de Maurice Leblanc a inspiré Gaston Leroux (créateur de Rouletabille), ainsi que Souvestre et Allain (créateurs de Fantômas). Les exploits d’Arsène Lupin se déroulaient dans la capitale et dans le pays de Caux, que Maurice Leblanc connaissait bien : collectionneur de cartes postales, il avait recensé pas moins de quatre cents manoirs entre Le Havre, Rouen et Dieppe. Les « lupinophiles » arpentent les lieux cités dans les intrigues de Leblanc en Normandie : Étretat et le trésor des rois de France, Tancarville, le passage souterrain de Jumièges devant mener au trésor médiéval des abbayes, etc.
Œuvres
Ouvrages faisant intervenir le personnage d'Arsène Lupin
La série Arsène Lupin compte 17 romans et 39 nouvelles, ainsi que 5 pièces de théâtre, tous écrits de 1905 à 1941.
Arsène Lupin, gentleman-cambrioleur (1907), recueil de 9 nouvelles comprenant L'Arrestation d'Arsène Lupin, Arsène Lupin en prison, L'Évasion d'Arsène Lupin, Le Mystérieux Voyageur, Le Collier de la reine, Le Coffre-fort de madame Imbert, Herlock Sholmès arrive trop tard[14], La Perle noire et Le Sept de cœur.
813 (1910), roman réédité en deux volumes en 1917 sous les titres La Double Vie d’Arsène Lupin et Les Trois Crimes d’Arsène Lupin, aujourd'hui réédité sous le titre original 813.
Les Confidences d'Arsène Lupin (1913), recueil de 9 nouvelles comprenant : Les Jeux du soleil, L'Anneau nuptial, Le Signe de l'ombre, Le Piège infernal, L'Écharpe de soie rouge, La Mort qui rôde, Le Mariage d'Arsène Lupin, Le Fétu de paille et Édith au cou de cygne.
Les Huit Coups de l'horloge (1923), recueil de 8 nouvelles comprenant Au sommet de la tour, La Carafe d'eau, Thérèse et Germaine, Le Film révélateur, Le Cas de Jean-Louis, La Dame à la hache, Des pas sur la neige et Au Dieu Mercure.
The Overcoat of Arsène Lupin, nouvelle parue en 1926 dans The Popular Magazine, dont la plus grande partie reprend la trame de La Dent d'Hercule Petitgris (1924), en y transposant le personnage d'Arsène Lupin[15].
L'Agence Barnett et Cie (1928), recueil de 8 nouvelles comprenant Les Gouttes qui tombent, La Lettre d'amour du roi George, La Partie de baccara, L'Homme aux dents d'or, Les Douze Africaines de Béchoux, Le Hasard fait des miracles, Gants blancs… guêtres blanches… et Béchoux arrête Jim Barnett.
The Bridge That Broke (Le Pont qui s'effondre), 1929, nouvelle publiée dans l'édition anglaise de L'Agence Barnett et Cie ; le texte original français n'a jamais été publié.
Les Milliards d'Arsène Lupin (1941, posthume), roman : édition incomplète ; le texte intégral a été publié en feuilleton dans L'Auto du au ; première édition intégrale en volume en 2015.
Le Pardessus d'Arsène Lupin (2016, posthume), traduction française de The Overcoat of Arsène Lupin (1926), adaptation en anglais de l'ouvrage La dent d'Hercule Petitgris (1924), Hercule Petit-gris se révélant être Arsène Lupin dans la version anglaise uniquement.
Les Yeux purs (1902). Roman court, premier essai de l'auteur dans le genre mystérieux, publié ensuite dans La Robe d'écailles roses (1912) sous le titre Le Roman d'une jeune fille. Première édition séparée en langue française par Archives et documents Presse et Feuilletons (ADPF) en 2019.
La Robe d'écailles roses (1912). Recueil de 15 contes, un roman court (Le Roman d'une jeune fille, paru en 1902 sous le titre Les Yeux purs) et une pièce de théâtre. Seule la réédition illustrée chez Lafitte en 1922 (coll. Idéal-Bibliothèque) est complète. Toutes les autres rééditions sont partielles, avec 10 contes et le roman court (Lafitte/Hachette, 1920, 1934, Hachette, 1941, Glénat, 1979).
Le Chapelet rouge (1934). Roman policier. Première publication en feuilleton dans La Volonté en 1932 sous le titre Les Clés mystérieuses. Réédité sous ce titre chez Glénat en 1975, coll. Marginalia.
Contes 1892-1897, Éditions Bibebook, 2015. Recueil de contes
Contes du soleil et de la pluie 1902-1907, préface et bibliographie Jean-Luc Buard, La Bibliothèque internationale Maurice Leblanc/Archives et documents (Paris)/Lulu.com, 2018, 458 pp. (ISBN978-0-244-07665-8). Recueille l'intégrale des 110 contes et articles parus dans le quotidien L'Auto, dont près d'un tiers jamais réédités à ce jour et plusieurs proto-lupiniens.
Contes de Gil Blas 1892-1904, préface Hervé Lechat, bibliographie Jean-Luc Buard, La Bibliothèque internationale Maurice Leblanc/Archives et documents (Paris)/diffusion Lulu.com, 2018, 737 pp. (ISBN978-0-244-40171-9). Recueille l'intégrale des 180 contes parus dans le quotidien Gil Blas, ainsi que dix articles. Couverture illustrée par Albert Guillaume.
Contes du journal et d'ailleurs 1890-1929, préface Cédric Hannedouche, postface et bibliographie Jean-Luc Buard, La Bibliothèque internationale Maurice Leblanc/Archives et documents (Paris)/diffusion Lulu.com, 2018, 713 pp. (ISBN978-0-244-73058-1). Couverture illustrée par Fred Browne. Recueille l'intégrale des 110 contes et nouvelles parus dans les quotidiens Le Journal, Excelsior, Le Figaro, etc., dans les périodiques Femina, Candide, etc. durant toute la carrière de l'auteur et non recueillis dans les deux précédents volumes. Sur une idée de Jacques Olliveau, ces trois volumes réunissent, pour la première fois, tous les contes et nouvelles de l'auteur en dehors du cycle d'Arsène Lupin, soit 400 textes.
Notes et références
↑ a et bL'acte de naissance (no 2275) de Maurice Leblanc commence ainsi : « Du douze décembre Mil huit cent soixante quatre, à trois heures après midi, Acte de Naissance de Marie Emile Maurice Leblanc, du sexe masculin, à Nous présenté, né hier, à quatre heures du matin, au domicile de ses père et mère […] ». Cet acte est consultable sur le site des archives départementales de la Seine-Maritime, Cote 3E 00999 - 1864/10/01 - 1864/12/31 - Rouen, image 106.
↑Paul Gayot, Jacques Baudou, Dictionnaire de lupinologie. Arsène Lupin dans tous ses états, Les Éditions de l'Œil du sphinx, , 241 p.
↑ a et bJoseph-Marc Bailbé, Le Paysage normand dans la littérature et dans l'art, Publications Universitaires Rouen Le Havre, , p. 293.
Jacques Derouard, Maurice Leblanc : Arsène Lupin malgré lui, Paris, Librairie Séguier, coll. « Biographie », , 610 p. (ISBN2-87736-070-9).
Europe, revue littéraire mensuelle, août , no 604/605
Numéro consacré à Maurice Leblanc et Arsène Lupin.
Maurice Leblanc sans Lupin, Publication de l'Association des amis du roman populaire, coll. « Le Rocambole » (no 61), , 176 p. (ISBN978-2-912349-54-5)
François Vicaire (photogr. Jean-François Lange), La maison de Maurice Leblanc : le Clos Arsène Lupin, Darnétal, Petit à petit, coll. « Maisons d'écrivains », , 47 p., 31 cm (ISBN978-2-84949-030-3, OCLC469435150).