Mikoyan-Gourevitch MiG-25
Le Mikoyan-Gourevitch MiG-25 (en russe : Микоян и Гуревич МиГ-25) est un avion d'interception et de reconnaissance soviétique, connu sous le nom de code OTAN « Foxbat ». Avec le MiG-31, et le SR-71, il est un des seuls avions de combat capable d'atteindre une vitesse de Mach 3 à avoir été mis en service dans le monde. ConceptionEn 1960, les soviétiques prennent connaissance du développement, par la firme américaine North American, d'un bombardier à haute altitude capable de voler à Mach 3 : le XB-70 Valkyrie. Dans le but de contrer cette menace, les dirigeants de l'URSS décident de lancer l'étude d'un intercepteur trisonique pour leur force aérienne. Le programme est officialisé en février 1962 sous l'appellation Ye-155. Toutefois le projet américain XB-70 Valkyrie finit par être abandonné à la fin des années 1960. Trois prototypes ont été fabriqués : le Ye-155R-1 de reconnaissance effectue son premier vol le , le Ye-155R-3 et la version intercepteur Ye-155P-1 qui vole pour la première fois le . Ces trois appareils sont équipés de deux réacteurs Toumanski R-15B-300 de 10 210 kgp avec postcombustion. Ils battent de nombreux records de vitesse ascensionnelle et d'altitude, records homologués par la FAI comme le fait d'un seul appareil, dénommé E-266[1]. Pendant sa période de développement, le MiG-25 rencontre des problèmes lors de lancements de missiles air-air. En effet, le tir d'un missile entraîne un roulis important puis la perte de contrôle de l'appareil. Lors de ces incidents, plusieurs pilotes d'essai perdent la vie, jusqu'à ce que des stabilisateurs soient installés sous l'avion en bout de fuselage, de part et d'autre de chaque réacteur. Par ailleurs, les vols à Mach 3 provoquent souvent la mise hors d'usage de la postcombustion. Le MiG-25 était essentiellement construit en un alliage acier-nickel inoxydable, représentant 80 % de sa masse, avec des bords d'attaque en titane (9 % de sa masse, le reste, soit 11 %, en aluminium), afin de résister à la chaleur générée par le vol à Mach 3. Ce mode de construction résistant à l'échauffement cinétique génère en contrepartie une masse élevée (près de 19 tonnes à vide), ce qui constitue un désavantage en cas de combat tournoyant contre des chasseurs construits en matériaux légers, bien que la mission de cet avion n'ait jamais été le combat rapproché (ou dogfight) ni l'interdiction, mais l'interception. Assez robuste et capable, en dépit de certaines légendes, de manœuvrer à haute vitesse, il est cependant limité à des valeurs de 4,5 à 5 g positifs selon les versions, avec les réservoirs pleins, et à 2,5 g avec des réservoirs externes. La cellule comporte un empennage à double dérive et des entrées d'air à géométrie variable. La majorité de l'avionique est constituée d'électronique à lampes, sans transistors. Ces lampes sont plus tolérantes aux températures extrêmes et faciles à remplacer dans les zones nordiques. Cette robustesse permet également à l'avion d'être résistant aux effets électromagnétiques, tels que ceux éprouvés lors des explosions nucléaires. Le MiG-25 est un intercepteur adapté aux climats les plus extrêmes tels que ceux présents en Sibérie ou au Sahara. Ses cibles originelles étaient, en particulier, les bombardiers américains évoluant à haute altitude et à vitesse élevée, comme le XB-70 Valkyrie. On peut qualifier le MiG-25 d'« intercepteur pur », (comme son successeur, le MiG-31, ou le F-106A « Delta Dart » américain), au contraire du F-15C « Eagle » ou du Soukhoï Su-27 « Flanker » qui sont, eux aussi, des chasseurs lourds capables de vitesses très élevées, mais dotés d'une agilité en combat qui surclasse de très loin celle du MiG-25 dans toutes ses versions. Le MiG-25 permet aux forces aériennes des pays alliés ou proches de l'URSS d'aligner de puissants intercepteurs en alerte permanente afin d'intercepter d'éventuels bombardiers supersoniques de l'OTAN. Le MiG-25 est capable d'évoluer dans les grandes zones désertiques. C'est ainsi que la Russie disposa bon nombre de ses MiG-25 en Sibérie, ou l'Algérie dans le Sahara. Le MiG-25 est aussi un avion de reconnaissance, capable d'aller au-delà des frontières du territoire dans lequel il opère afin de mener des missions d'espionnage. C'est ainsi qu'en 1997 un MiG-25 indien survole la capitale pakistanaise, Islamabad, à vitesse supersonique, sans que les forces aériennes pakistanaises puissent l'intercepter. Les capacités du MiG-25 en matière de vitesse et de plafond lui permettent de mener des missions de reconnaissance à l'extérieur de son territoire sans être intercepté, comme le Lockheed SR-71 Blackbird. De nos jours, ce genre de mission est devenu beaucoup plus difficile pour le MiG-25 car les systèmes de défense antiaérienne, avions de chasse et radars ont beaucoup évolué. La vitesse de pointe est de Mach 3,2, mais la vitesse en régime continu est limitée à Mach 2,8 pour préserver les moteurs. Quand il entra en service en 1970 en version MiG-25P (Foxbat A en code OTAN), dotée d'une vitesse supérieure à Mach 3, un radar puissant et quatre missiles air-air, le MiG-25 provoque initialement une panique parmi les observateurs et analystes militaires occidentaux. Les véritables capacités de l'avion de combat ne sont pas connues avant 1976. Le , le lieutenant Viktor Belenko, pilote soviétique d'un MiG-25PD (modèle 84-D), fait défection et pose son appareil sur l'aéroport de Hakodate au Japon, aidant ainsi les américains à évaluer les innovations technologiques soviétiques[2]. Cet avion a été construit (toutes versions incluses) à 1 190 exemplaires. Les MiG-25 d'interception russes ont été retirés du service en 1994, mais les versions à l'export et de reconnaissance sont toujours en activité. Le successeur du Foxbat est le MiG-31 « Foxhound », qui entra en service en 1983. ArmementLe MIG-25 peut être armé de missiles R-40 (AA-6 « Acrid »), R-60 (AA-8 « Aphid ») et R-73 (AA-11 « Archer »). EngagementsConflits israélo-arabesEntre l'automne 1971 et le printemps 1972, quatre MiG-25R soviétiques basés en Égypte effectuent des missions de reconnaissance au-dessus du canal de Suez. Ils rencontrent une patrouille de F-4 mais ils réussissent à s'échapper. En 1981, deux MiG-25 syriens sont abattus par des F-15 israéliens. En 1982, un autre MiG-25 aurait été abattu par un missile sol-air Hawk israélien. Guerre Iran-IrakDes MiG-25 étaient en service dans l'armée de l'air irakienne durant la guerre Iran-Irak (1980-1988), mais leurs résultats ne sont guère connus. MaghrebD'après un document de la CIA déclassifié qui traite des capacités des forces armées royales marocaines de l'époque, en 1984 deux MiG-25 algériens ont survolé le sud de l'espace aérien marocain jusqu'à l'océan Atlantique et sont revenus via le Sahara occidental, sans que la défense antiaérienne marocaine ne puisse intercepter les deux avions qui volaient à haute vitesse à très haute altitude[3]. Guerre du GolfePendant la guerre du Golfe de 1991, le MiG-25 est responsable de la seule victoire aérienne contre un aéronef de la coalition. En effet le premier jour de la guerre, le , un F/A-18 Hornet de l'US Navy a été abattu par un MiG-25PD irakien avec un missile R-40RD[4]. En revanche, ce même jour un autre MiG-25 est endommagé par un AIM-7 lancé par un F-14 Tomcat de l'US Navy[5], puis le , deux MiG-25 sont abattus en combat tournoyant par des F-15C de l'US Air Force avec des missiles AIM-7M Sparrow. Le 19 janvier également, dans un autre incident, un MiG-25 lance trois missiles sur deux EF-111A Raven de brouillage électronique escortant une formation de F-15E Strike Eagle, ce qui force les Raven à abandonner leur mission. Dépourvus de brouillage pour les couvrir, les F-15E sont pris à partie par des missiles sol-air et l'un d'entre eux est abattu. Son équipage sera capturé par les irakiens deux jours plus tard[6]. A la fin du mois de janvier, le bilan est de 18 MiG-25 irakiens détruits dans leurs abris en plus des deux perdus en combat aérien. Les 15 restants ne sont pas évacués en Iran et gardés pour une dernière tentative d'intercepter des F-15, l'opération Samurrá (en). Le , deux MiG-25 décollent, espérant prendre en embuscade une patrouille de deux F-15C. Ceux-ci, avertis par un AWACS, font face, et les deux formations se tirent dessus sans résultat (les Irakiens croient avoir endommagé un F-15). Une autre patrouille de deux F-15C se met à leur poursuite mais n'arrive à portée des MiG-25 qu'alors que ces derniers sont en train de se poser. Les deux MiG auront échappé à 10 missiles air-air tirés par les F-15, certains par défaillance technique, d'autres en les semant, les derniers en se posant avant qu'ils ne puissent les atteindre[7]. Zones d'exclusion aérienne en IrakAprès la guerre du Golfe, les MiG-25 irakiens sont impliqués dans des incidents au-dessus de ce pays[8]. Le , un F-16 abat avec un AIM-120 AMRAAM un MiG-25 qui survole la zone d'exclusion aérienne au sud de l'Irak[9]. Le , un MiG-25 irakien détruit un drone RQ-1 Predator armé de missiles air-air AIM-92 Stinger. Lors de l'invasion de l'Irak par la coalition dirigée par les États-Unis en 2003, aucun appareil irakien n'est utilisé, la plupart ayant été enterrés. Tensions indo-pakistanaisesEn , un MiG-25 de la force aérienne indienne survole la capitale pakistanaise Islamabad à vitesse supersonique, inquiétant la population. L'appareil reste inaccessible pour les F-16 de la force aérienne pakistanaise. Ce survol aggrave encore les relations déjà tendues entre l'Inde et le Pakistan. Guerre civile syrienneDes MiG-25PDS seraient utilisés pour des missions de bombardement dans le cadre du conflit syrien. Bien qu'étant médiocres dans ce rôle, ils restent une option vu le manque d'appareils disponibles au sein de l'armée de l'air syrienne[10]. Variantes
RecordsLe MiG-25 a établi plusieurs records mondiaux de vitesse, vitesse ascensionnelle et d'altitude, dont certains sont toujours valables actuellement. Ces records sont attribués à des avions spécialement modifiés et désignés E-266. On peut citer par exemple[12] :
UtilisateursAu moment de l'éclatement du bloc soviétique, les MiG-25 sont répartis entre les anciens pays composant l'URSS. Mais les avions sont mal entretenus car la production de pièces de remplacement est stoppée. Malgré tout, quelques appareils volent toujours. Un MiG-25PU appartenant à l'institut de recherches sur le vol Gromov (ru) est utilisé pour effectuer des vols paraboliques et emporte parfois des passagers.
Anciens utilisateurs
Notes et références
Bibliographie
Liens externesVoir aussiDéveloppement liéAéronefs comparables
Ordre de désignationMiG-15 - MiG-17 - MiG-19 - MiG-21 - MiG-23 - MiG-25 - MiG-27 - MiG-29 - MiG-31 Articles connexes
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