Une Néréide sur un taureau marin portant un présent pour les noces de Poséidon et Amphitrite, base d'un groupe sculpté (fin du IIe siècle av. J.-C., glyptothèque de Munich, inv. 239).
Le terme français « Néréides » provient du latin de même sens Nereides (pluriel de Nereis), lui-même dérivant du grec ancienΝηρῇδες / Nērêides, pluriel de Νηρῇς (Nērêis)[1] (ou Νηρηΐδες / Nērēḯdes, pluriel de Νηρηΐς (Nērēḯs)). Ce terme est dérivé de Nérée (Νηρεύς (Nēreús)), père des Néréides ; ce dernier est peut-être lié au verbe νέω (néō), « nager ».
En français, le terme a également été écrit « Néréïdes » ou « Néréydes »[1].
Les Néréides sont des nymphes marines, filles du dieu marin Nérée et de l'OcéanideDoris. Elles sont au nombre de cinquante[3] et forment le cortège de Poséidon ; associées particulièrement à la mer Égée, souvent représentées chevauchant des monstres marins, elles symbolisent le mouvement de la mer et vivaient dans des palais sous-marins. Elles sont représentées comme de belles jeunes filles à la chevelure entrelacée de perles, portées sur des dauphins ou des hippocampes, et tiennent à la main tantôt un trident, tantôt une couronne ou une victoire, tantôt une branche de corail. Quelquefois, on les représente comme les sirènes, mi-femmes mi-poissons, c'est pourquoi elles sont souvent présentes avec les tritons sur les peintures et sculptures antiques.
Certaines Néréides sont plus connues que d'autres, telles Amphitrite, épouse de Poséidon, Thétis, mère d'Achille, Galatée, aimée du Cyclope Polyphème, ou Psamathée, mère de Phocos avec Éaque. Dans l’Iliade d'Homère, lorsque Thétis pleure en sympathie de la douleur d'Achille pour la mort de Patrocle, ses sœurs apparaissent. Opis est mentionnée dans l’Énéide de Virgile ; elle est appelée par la déesse Diane pour venger la mort de la guerrière Camille, tuée par Arruns. Armée par Diane, Opis transperce Arruns d'une flèche.
Les Néréides sont fières de leur beauté. Lorsque la reine d'ÉthiopieCassiopée prétend que sa fille Andromède est plus belle que les Néréides, elles exigent que Poséidon les venge. Celui-ci envoie le dragon marin Cétus ravager les côtes du pays. Paniqué, Céphée cherche conseil auprès de l'Oracle d'Ammon en Libye, lequel lui répond que la seule façon de sauver son royaume est de sacrifier sa fille Andromède au monstre.
Catalogues antiques
Quatre ouvrages antiques recensent diverses Néréides. Les noms ne sont pas identiques d'une liste à l'autre, conduisant à près d'une centaine de Néréides distinctes :
« Apollodore », dans la Bibliothèque (livre I, chapitre 2, paragraphe 7), mentionne 45 Néréides :
« Et de Néreus naquit la race charmante des Déesses, dans la mer stérile, de Dôris à la belle chevelure, fille du fleuve sans fin Océan : Proto, Eukratè, Sao, Amphitrite, Eudore, Thétis, Galène, Glaucé, Kymothoé, la rapide Spéo, la riante Thalie, la gracieuse Mélité, Euliméné, Agave, Pasithée, Érato, Eunice aux bras roses, Doto, Proto, Phérouse, Dynamène, Nésée, Actée, Protomédie, Doris, Panopé, la belle Galatée, la charmante Hippothoé, Hipponoé aux bras roses, Cymodocé qui apaise aisément les flots de la noire mer et le souffle des vents sacrés, avec Cymatolège et avec Amphitrite ornée de beaux pieds ; et Cymo, Éioné, Halimède richement couronnée, la joyeuse Glauconomé, Pontoporie, Léagore, Évagoré, Laomédie, Polynomé, Autonoé, Lysianassa, Évarné douée d'un aimable naturel et d'une forme parfaite, Psamathée au beau corps, la divine Ménippé, Néso, Eupompé, Thémisto, Pronoé, Némertès qui avait l'âme de son père immortel. Ainsi, de l'irréprochable Néreus naquirent cinquante filles habiles aux irréprochables travaux. »
Homère, dans l’Iliade (chant XVIII, vers 38 et suivants), en compte 34 :
« Et autour de la Déesse étaient rassemblées toutes les Néréides qui sont au fond de la mer : Glaucé, Thalie, Cymodoké, Nésée, Spéio, Thoé, Halié aux yeux de bœuf, Cymothoé, Alcée, Limnorie, Mélité, Iaéra, Amphithoé, Agavé, Loto, Proto, Phérouse, Dynaméné, Déxamène et Amphinomé, Callianassa, Doris, Panopé, l'illustre Galatée, Némertès, Apseudès, Callianira, Clyméne, Ianira, Ianassa, Méra, Oreithye, Amathée aux beaux cheveux, les autres Néréides qui sont dans la profonde mer. »
Le tableau suivant reprend les mentions chez ces quatre auteurs. Le nom grec et sa transcription sont également indiqués, sauf lorsque présent uniquement chez Hygin (écrivain de langue latine).
Au XIXe siècle, l'écrivain français Théophile Gautier écrit un poème Les Néréides dans son recueil Émaux et Camées (publié en 1852). Le poème décrit un tableau à l'aquarelle représentant les Néréides en mer. Cette toile est probablement fictive, mais Gautier s'inspire de tableaux réels qui représentent fréquemment ces figures mythologiques à son époque, notamment Les Néréides du peintre Auguste Gendron (1851) ou La Vapeur mettant en fuite les dieux marins d'Horace Vernet (1847) qui doit alors décorer un plafond de la Chambre des députés[8].
Une nouvelle de Marguerite Yourcenar s'intitule L'homme qui a aimé les Néréides qui décrit le triste sort d'un jeune homme, fils de paysan grec, tombé amoureux des Néréides et devenu fou.
Musique
Les Néréides apparaissent également dans la musique : en 2007, en France, le groupe breton Tri Yann leur consacre une chanson, J'ai croisé les Néréides, dans son album Abysses qui a pour thème le monde sous-marin.
SNR 107.5-5.2, surnommée la nébuleuse des Néréides, un rémanent de supernova découvert en 2023, a été nommée ainsi par ses découvreurs en raison de l’aspect ondulé de ses nébulosités, semblable à des vagues, ainsi que pour sa localisation dans la constellation de Cassiopée, l'histoire de la reine Cassiopée se recoupant avec celle des Néréides qu'elle avait offensée[9].
Lunes
Les satellites naturels de Neptune portent le nom de personnages de la mythologie gréco-romaine associés à Poséidon/Neptune et aux océans. En particulier, les satellites irréguliers sont nommés d'après les Néréides[10] :