Il étudie la philosophie à l'université Sogang. Mais le département, dominé par la philosophie analytique, n'offre pas les cours d'esthétique qu'il a depuis longtemps voulu suivre. Park Chan-wook trouve son centre d'intérêt dans le cinéma, après avoir vu au cinéma Sueurs froides d’Alfred Hitchcock (il rencontre dans cette même séance sa future épouse). Il crée ensuite la Sogang film community avec d'autres cinéphiles, très rares à l'époque, qui se sont réunis grâce à la liste des lecteurs inscrite sur les livres de cinéma de la bibliothèque de son université[1].
Carrière
En 1988, il commence à travailler dans l’industrie du cinéma en effectuant des métiers divers pour économiser de l'argent et ainsi investir dans un premier long métrage qu’il voulait réaliser. Pendant cette période, il travaille notamment pour Yoo Young-jin sur Kkamdong et rencontre le futur réalisateur à succès Kwak Jae-yong qui le prend comme assistant.
En 1992, il tourne The Moon Is... the Sun's Dream, un drame urbain se déroulant dans les milieux du crime, de la mode et de la prostitution de la ville de Pusan. Le film est un grand échec commercial.
En 1994, il devient critique de cinéma. Il publie un recueil de ses critiques, intitulé Vidéodrome : charme discret de regarder les films et fait une apparition (avec Kwak Jae-yong) dans Mascara de Lee Hun alors qu’il cherche toujours à réaliser des films.
En 1997, il tourne son second film Saminjo dont le scénario est co-signé par son ami Lee Moo-young avec lequel il poursuivra sa collaboration. Ce film narre l'histoire d'un groupe de marginaux cherchant à gagner de l’argent, tout en gardant un aspect social et une certaine tendance à l’humour. Les entrées de ce film, bien que supérieures à celle du précédent, sont néanmoins encore faibles. Il cherche alors à financer sans succès son projet (très noir) Vengeance is Mine. Il craint alors de ne plus pouvoir réaliser de film.
En 1999, après deux ans d'inactivité cinématographique, il réalise Judgement, court métrage de 26 minutes sur l’effondrement d’un grand magasin de Seocho-dong(en) qui fit plus de 500 morts. Il critique violemment le cynisme et l’égoïsme des familles des victimes. Le film est sélectionné au festival de Clermont-Ferrand, une première pour le réalisateur.
Peu de temps après, Myung Films lui propose d’adapter le roman DMZ de Park Sang-yun dont le thème tourne autour de la frontière entre les deux Corées. Il réalise donc Joint Security Area, un thriller politique à la narration éclatée. Park dispose d’un budget confortable et collabore notamment avec Lee Moo-young et des scénaristes tels que Jung Sung-san et Kim Hyeon-seok. Le film attire plus de cinq millions de spectateurs et devient le deuxième plus gros succès de l'histoire du cinéma coréen. Park reçoit de nombreux prix, dont plusieurs au Festival du film asiatique de Deauville, et il s’impose comme un cinéaste majeur du nouveau cinéma coréen[2].
Il collabore alors avec Lee Moo-young pour les scénarios de The Anarchists et de The Humanist. Ils s’associent à d’autres réalisateurs (Bae Chang-ho, Kwak Jae-yong, Lee Young-jae) pour former la société de production EGG Films, dirigée par le producteur Ji Young-jun. Cette société leur offre une grande liberté.
Le premier projet de la société EGG est A Bizarre Love Triangle, une comédie décalée réalisée par Lee Moo-Young.
Grâce au succès de son précédent film, Park peut sortir son ancien projet Vengeance is Mine, devenu Sympathy for Mister Vengeance, un drame violent et noir traité de façon radicale. Très controversé, le film sera rejeté par une partie du public mais est soutenu par les festivals internationaux, notamment le Far East Film, L’Étrange Festival et le Festival du film policier de Cognac
En 2003, Park Chan-wook réalise N.E.P.A.L. (Never Ending Peace And Love), une partie du film If You Were Me auquel ont participé de nombreux autres cinéastes. Ce projet, créé par la Commission des Droits de l’Homme de Corée, dénonce la discrimination.
EGG films coproduit son cinquième long métrage, Old Boy ; une adaptation du manga de Tsuchiya Garon et Minegishi Nobuaki. Le film connaît un important succès public et critique, et vaut à Park le grand prix du Festival de Cannes.
En 2004, il réalise Coupez (Cut) une des parties du film 3 extrêmes.
Park Chan-Wook est adhérent militant de PDT (Parti démocratique du travail de Corée), un parti politique sud-coréen, créé en janvier 2000 à l'initiative de la Confédération coréenne des syndicats, forte de 600 000 membres, la plus à gauche des deux confédérations syndicales sud-coréennes, fortement présente dans le secteur de la métallurgie (250 000 membres) et rejointe par d'anciens animateurs des mouvements étudiants sud-coréens des années 1980. . Dans le cadre de l'élection présidentielle de 2002, il a fait une campagne télé pour soutenir le candidat de son parti.
Du fait de son engagement politique à gauche, son nom est placé sur la liste noire du gouvernement conservateur de Park Geun-hye constituée d'artistes critiques secrètement placés sous surveillance par les autorités et privés de subventions publiques[3].
↑(en) Young-jin Kim, Park Chan-wook, Seoul Selection, (lire en ligne).
↑(en) Joo Jinsook et Kwak HanJu, Korean Film : History, Resistance, and Democratic Imagination, Westport (Connecticut), Praeger Publishers, , 197 p. (ISBN0-275-95811-6), p. 46.
↑« Corée du sud: arrestation du ministre de la Culture soupçonné d'avoir constitué une "liste noire" d'artistes », AFP, (lire en ligne, consulté le ).