Patrick Bruel, né sous le nom de famille de Benguigui[1], a officiellement changé son nom à l'état civil en Patrick Bruel Benguigui en 2003[5], son prénom de naissance étant incertain car variable selon les sources, dont certaines donnent « Maurice » ou encore « Patrick, Maurice »[1],[6].
Il est le fils de Pierre Benguigui (né en 1928) et d'Augusta Kammoun (née en 1936)[7], tous deux enseignants d'origine juive séfarade[8]. Sa mère est fille d'Élie Kammoun (1901-1997, employé municipal) et Céline Ben Sidoun (1910-1997).
En 1960, ses parents se séparent. Le jeune Patrick est élevé par sa mère. Patrick est « élevé dans le respect des traditions juives, mais sans être très pratiquant »[9].
En juin 1962, il n'a que trois ans lorsqu'ils quittent l'Algérie. C'est pourquoi il n'en conserve que de vagues souvenirs. Patrick et sa mère s'installent à Argenteuil en banlieue parisienne, sa mère étant nommée institutrice dans une école du 5e à Paris. À l'âge de cinq ans, il découvre notamment Jacques Brel, qui lui inspirera son pseudonyme Bruel[10], Georges Brassens et Serge Gainsbourg. Adolescent, il apprend à jouer de la guitare et reprend les morceaux de ces artistes[11] avec ses amis.
En 1965, il se passionne pour le théâtre après une représentation de L'Idiot de Dostoïevski. Nouvelle révélation musicale quatre ans plus tard, cette fois après un concert de Serge Reggiani.
Sa mère se remarie avec un architecte, Philippe Moreau, fils d'un éminent médecin niortais, le docteur René Moreau. Deux demi-frères naîtront de cette union : David François Moreau (1972), qui a eu un fils prénommé Yohann en 1996 avec Emmanuelle Béart[12], et Fabrice Moreau (1975).
De 1970 à 1972, il vit chez sa belle-famille bourgeoise catholique à Niort où son grand-père par alliance, René Moreau, lui fait découvrir le bridge, les échecs et le poker[13].
Il découvre aussi le football, dont il rêve de faire son métier[14].
Malgré une interdiction parentale, à 14 ans, il se rend à Bruxelles pour y voir un concert des Rolling Stones. Il en ressort impressionné et se met à écouter les grands groupes du rock de l'époque, comme Led Zeppelin et Deep Purple.
Il se lance alors dans le théâtre, qu'il abandonne après deux heures de cours d'art dramatique. À la recherche d'un petit boulot, il obtient une place de gentil organisateur (animateur) au Club Méditerranée et débute ainsi son apprentissage de la scène[15].
1978-1984 : débuts
Dans les années 1970, Patrick Bruel est élève du collège Henri-IV puis du lycée François-Villon à Paris, et rate son bac. Le , c'est en assistant au concert de Michel Sardou à l'Olympia qu'il se jure qu'il montera lui aussi sur cette scène[16].
Le jeune homme s'isole en rejoignant une amie brésilienne à New York. Sur place, il fait la connaissance de celui qui deviendra l'un de ses plus fidèles amis et compositeur de chanson, Gérard Presgurvic. Il reste une année aux États-Unis, avant de retrouver Paris et les bancs de la faculté pour des cours d'économie, après avoir passé le bac en candidat libre[14].
Entre 1981 et 1983, il passe sur les planches du théâtre Saint-Georges dans la pièce Le Charimari[18]. Au même moment, il se lance aussi dans une nouvelle aventure : la chanson. Ainsi, en 1982 sort Vide, un titre qui passera relativement inaperçu. Le public le retrouve au cinéma dans Les Diplômés du dernier rang (un film surfant sur la vague des Sous-doués), puis dans Le Grand Carnaval d'Alexandre Arcady.
Dans les années 1980, il joue en compagnie de Marianne Basler dans des spots publicitaires vantant les conserves Zwan, cassoulet et choucroute, diffusés en Belgique, ainsi qu'à la télévision française dans un spot pour une célèbre marque d'huile avec Maria Pacôme et Anaïs Jeanneret intitulée Le secret (1984).
Patrick a aussi été candidat au casting du film de Claude Pinoteau, La Boum 2 (1982) pour jouer le rôle de Philippe Berthier, obtenu par Pierre Cosso. Arrivé en deuxième position pour sa bonne humeur et son humour, il n'aurait pas obtenu le rôle car « il ne faisait pas rêver les jeunes filles »[19].
1984-1990 : premières chansons et ascension au cinéma
En 1986, il sort son premier album, De face, qui ne s'écoule qu'à 20 000 exemplaires. Malgré ce faible score, il convainc le directeur artistique de l'Olympia de lui donner sa chance : du 5 au , il chante devant une salle bondée[21]. Peu de temps après, le public le retrouve au générique du film Attention bandits ! de Claude Lelouch, avec le titre Tout l'monde peut s'tromper (sorti sur l’album De Face et en 45 tours l’année précédente), puis dans le rôle d'un soldat blessé dans La Maison assassinée de Georges Lautner.
Avec le début des années 1990, Patrick Bruel jouit d'un immense succès médiatique, comptant alors des milliers de groupies : c'est le début de la « Bruelmania ». Parmi les évènements témoignant de cet enthousiasme populaire, le plus célèbre reste celui de la « pizzeria sur les Champs-Élysées » où il dîne tranquillement avec des amis et se retrouve assiégé par de nombreux fans, nécessitant l'intervention de la police. Ce succès fournit matière à plaisanterie pour les caricaturistes.
En 1991, l'artiste prend position contre le Front national, lors de l'émission 7 sur 7.
Deux années plus tard, il tient le rôle principal du film policier Profil bas qui est un échec.
Il revient à la chanson en 1994 avec Bruel, album plus rock, enregistré entre New York et Bordeaux. Il se produit alors à Bercy, puis s'isole, partageant son temps entre voyages, cinéma et copains[réf. nécessaire].
En 1995, il obtient un petit rôle dans la comédie romantique américaine Sabrina aux côtés d'Harrison Ford. La même année, il annule tous ses concerts dans les villes ayant des maires membres du Front national (Orange, Toulon), ce qui lui vaut les sarcasmes de Jean-Marie Le Pen. Il enregistre un album en espagnol Plaza de los heroes. Une année plus tard, il est à l'affiche avec Jean Reno du film Le Jaguar. Puis, ce sont les retrouvailles avec Alexandre Arcady pour K, en 1997.
En 1999, âgé de 40 ans, l'artiste sort un album plus intimiste intitulé Juste avant, coécrit avec Marie-Florence Gros qu'il avait rencontrée quand elle lui avait écrit la chanson Demain (contre le Sida). Juste avant est salué par ses fans ainsi que par un nouveau public, grâce à des titres comme J'te mentirais, Pour la vie, Au Café des délices et Tout s'efface. Après cinq années d'absence, il revient en scène avec un passage à la Fête de l'Humanité.
Depuis 2002 : succès en chansons, au théâtre et au cinéma
En 2006, il signe un album plus personnel, Des souvenirs devant, mélangeant ses souvenirs, sa vie intime et ses réactions face à l'actualité. S'ensuit une longue tournée. La même année, il apparaît aux côtés d'Isabelle Huppert et François Berléand dans L'Ivresse du pouvoir de Claude Chabrol, satire du monde politico-judiciaire français inspiré de l'affaire Elf.
Sa carrière cinématographique redécolle en 2007 avec notamment Un secret. Le , il préside le jury de l'élection de Miss France 2008. Il est à nouveau président du jury de l'élection de Miss France 2015.
Le succès de la pièce de théâtre Le Prénom, jouée au théâtre Édouard VII à Paris et où il interprète le personnage principal, est suivi par le succès commercial de son adaptation cinématographique sortie en salles courant 2012. Le film lui permet début 2013 d'être nommé au César du meilleur acteur. Un 7e album, Lequel de nous, sort le , comportant notamment un duo (Maux d'enfants) avec le rappeur La Fouine[23]. Il collabore là encore avec Marie-Florence Gros.
Il est le parrain de la 27e édition du Téléthon qui se déroule les 6 et .
En juin 2023, il annonce un nouveau single Ce monde-là, extrait de son dernier album Encore une fois[30].
Le 17 novembre 2023, il diffuse la réédition de l'album sous le titre Une fois encore augmentée de cinq titres inédits[31].
Engagements
Patrick Bruel adhère à l'association SOS Racisme dans les années 1980, dont il démissionne en 1991, jugeant la position pacifiste de l'organisation « à la fois naïve et dangereuse »[32].
En 1995, il prend publiquement parti contre le Front national[34], participe à des concerts de protestation contre l'extrême droite, et déplace ses concerts prévus dans les villes passées sous l'autorité d'un maire frontiste vers des villes voisines[35]. Cela lui vaut de la part de l'extrême droite des attaques verbales, notamment celles de Jean-Marie Le Pen[36].
Depuis 1993, il participe tous les ans aux spectacles des Restos du Cœur[37].
Il s'engage à plusieurs reprises dans des questions concernant le conflit israélo-palestinien. En 2003, il soutient l'initiative de Genève[38]. Dans une interview en 2009, il s’est exprimé en faveur de l'intervention militaire de l'État d'Israël dans la guerre de Gaza de 2008-2009[39]. Membre d'honneur du collectif « Solidarité pour Guilad »[40], il est engagé dans la libération du soldat franco-israélien Gilad Shalit, fait prisonnier par le Hamas.
En 2007, il déclare avoir été « socialiste toute [sa] vie » mais se sent « orphelin » quand Ségolène Royal devient la candidate du PS[41]. Il vote alors pour Nicolas Sarkozy et fait l'éloge de ce dernier dans un entretien pour le quotidien belge Le Soir[42].
À la suite du bon score réalisé par le Front national aux élections municipales de 2014, il déclare qu'il refuse d'organiser des concerts dans les villes dirigées par le parti de Marine Le Pen. Par la suite, le président d'honneur du FN, Jean-Marie Le Pen, après avoir critiqué d'autres artistes tentant de mettre en garde les Français contre la montée de l'extrême droite, déclare à propos de Bruel : « On en fera une fournée la prochaine fois », ce qui peut être vu comme une allusion aux persécutions subies par les Juifs durant la Shoah, Bruel étant lui-même juif[45]. Bien que J.-M. Le Pen prétende ignorer à ce moment la religion de Bruel, ce propos provoquera l'indignation de la classe médiatique. Marine Le Pen qualifiera cette phrase de « faute politique »[46]. Patrick Bruel réaffirme son opposition au FN lors de l'élection présidentielle de 2017, apportant son soutien au candidat d'En marche !Emmanuel Macron qui affronte Marine Le Pen au second tour de l'élection[47].
Pour venir en aide aux jeunes, il réalise sa masterclass avec The Artist Academy sortie le [48].
En 1996, lors du tournage du film Le Jaguar de Francis Veber, Patrick Bruel repère le groupe Carrapicho et sa chanson Tic Tic Tac[50]. Il joue alors les intermédiaires pour exporter le morceau en France. Le titre devient un tube de l'été 1996.
Durant les années 2000, il produit[réf. souhaitée] Estelle Lemée (prétendante à l'Eurovision 2007 avec la chanson Comme un rêve)[53], ainsi que les albums de Julie Reins (Reine d'un jour)[54] et de Gérôme Gallo (Quelle histoire)[55], sans rencontrer le succès.
En 2018, il se met en couple avec une jeune femme âgée de 27 ans, de trente-trois ans sa cadette, prénommée Clémence[61].
Affaires judiciaires
Outrage et blessures
Le , il est condamné à 10 000 € d'amende pour outrage et blessures involontaires à l'encontre de policiers lors d'une manifestation[62].
Mises en cause dans des affaires de mœurs
Le , Patrick Bruel fait l'objet d'une enquête préliminaire par le parquet d’Ajaccio pour « exhibition sexuelle et harcèlement sexuel présumés », à la suite d'accusations d’une employée de l’hôtel Radisson à Porticcio en Corse qui lui aurait prodigué un massage avant son concert du à Ajaccio[63]. Patrick Bruel conteste les accusations et « nie avoir eu la moindre intention, ni le moindre geste déplacé envers cette femme »[64],[65].
Lors d'une audition le , Patrick Bruel dément tout comportement répréhensible et plaide le malentendu[66].
Le , l'enquête est classée sans suite « en l’absence d’élément permettant de caractériser une infraction pénale »[67].
2010 : Spectacle musical Chopin, Musset, les doubles romantiques. Lecture d'extraits de Confessions d'un enfant du siècle et Les nuits d'Alfred de Musset. Avec des pièces de Frédéric Chopin jouées par la pianiste Caroline Sageman.
En 2002, il manque de justesse la ré-édition d’un titre WSOP en Pot Limit Omaha 5 000 $ en terminant deuxième du tournoi. Il obtient d'ailleurs des résultats honorables de manière régulière dans plusieurs types de poker, notamment il finit à la 8e place de l’European Poker Tour (EPT) de Barcelone en 2007, remportant plus de 137 000 $.
Le , il obtient la 4e place au World Poker Tour (WPT) Los Angeles Poker Classic. Il empoche au passage 332 190 $ en finissant à la table finale (les 6 meilleurs) d'un des plus grands tournois au monde[73]. Le , il termine 3e de l'event 27 de l'EPT Monte Carlo et gagne 93 350 euros[74].
En 2018, le total de ses gains en tournoi live atteint 1,5 million de dollars[75]. Ce montant n’inclut pas les parties libres en cash game.
Concernant sa façon de jouer, il indique être adepte de la théorie discutable des « cycles de chance », expliquant avoir « peur des bonnes cartes dans un mauvais cycle »[76]. Cette théorie n'a pas été prouvée[77]. Il est également adepte de la technique du comportementalisme, qui permet de décrypter les postures de ses adversaires[78].
« Au poker, il est toujours amusant de voir un cœur battre plus fort, des mains qui tremblent ou une carotide qui bouge. On peut observer un adversaire jouer la nonchalance au premier degré, au second degré ou au troisième degré. C’est passionnant ! »
En 2012, L'Express l'accuse de « jouer avec le fisc », notamment car les bénéfices de Winamax sont reversés à sa maison-mère Oxley Properties domiciliée aux Îles Vierges britanniques puis au Luxembourg, deux paradis fiscaux, échappant ainsi aux impôts français jusqu'à ce que l'activité des sites de paris en ligne soit réglementée en France, en 2010[81],[82]. Patrick Bruel répond : « Je ne suis qu'un actionnaire, ce sont les responsables opérationnels qui connaissent les détails »[81].
DVD et télévision
Patrick Bruel a aussi sorti un DVD sur le poker le : Poker Coach, où il enseigne les bases du jeu[72].
↑À comparer aux 8 000 joueurs du tournoi principal du WSOP, le Main Event (« No Limit Texas Hold'em 10 000 $ »). Le titre de Patrick Bruel est donc indiscutable, mais n'a pas la valeur d'un titre de « champion du monde ». Le WSOP couronne chaque année une cinquantaine de joueurs, le seul à pouvoir être appelé « champion du monde » étant le vainqueur du Main Event, tournoi le mieux doté (12 millions de dollars au vainqueur en 2006), le vainqueur du tournoi principal cette année-là étant l'américain Scotty Nguyen.
Références
↑ ab et cSon prénom de naissance varie en fonction des sources. Le Journal officiel de la République française, source administrative officielle, indique comme unique prénom "Maurice" dans le décret lui accordant l'ordre national du Mérite en novembre 1996, donc Patrick n'était pas son prénom de naissance (« M. Benguigui (Maurice) dit Patrick Bruel, artiste de variétés, comédien ; 19 ans d'activités artistiques et de services militaires »). Mais, « depuis un décret publié au Journal officiel le 21 août 2003, signé par Jean-Pierre Raffarin et Dominique Perben, Patrick Maurice Benguigui s'appelle officiellement Patrick Bruel Benguigui ». Thierry Hornet, dans Patrick Bruel de A à Z, p. 117, le fait naître sous le nom de "Patrick Maurice Benguigui". Pour le Larousse de la chanson mondiale, il est né "Patrick Benguigui". Le principal intéressé dément dans les médias s'être appelé ainsi. Selon lui, il se serait toujours appelé Patrick (cf. Thierry Dague, « Patrick Bruel : “Qu’est-ce que j’ai ri !” », Le Parisien, ).
↑Selon Thierry Hornet, Patrick Bruel de A à Z, op. cit., p. 31.
↑Décret du 20 août 2003 portant changements de noms : « - Est autorisé à changer son nom de : BENGUIGUI en BRUEL BENGUIGUI : BENGUIGUI (Patrick, Maurice), né le 14 mai 1959 à Tlemcen (Algérie)… » publié dans JORF n° 0192 du 21 août 2003, p.14289 (voir en ligne sur le site de Légifrance)
↑ a et bJean-Louis Beaucarnot, Frédéric Dumoulin, Dictionnaire étonnant des célébrités, First Éditions, , p. 23
↑Alexandre Arcady, émission Secrets de tournage sur Europe 1, 2 août 2013.
↑Il parvient à convaincre un officier, son supérieur du service militaire, de lui donner de nombreuses permissions afin de pouvoir assurer les représentations. cf. « Patrick Bruel, la soif de vaincre », émission Un jour, un destin présentée par Laurent Delahousse sur France 2, 2 septembre 2017, 34 min 10 s.