L’île Saint-Louis est une île située sur le fleuve de la Seine, en plein cœur de Paris, dans le 4e arrondissement, juste en amont de l’île de la Cité. L’île Saint-Louis comptait une population de 2 323 habitants au [1]. Les habitants de l’île Saint-Louis sont les Ludovisiens[2] ou les Ludoviciens[3].
Situation et accès
Située immédiatement en amont de l’île de la Cité, elle est la plus petite des deux avec une superficie de 11ha. Elle prend la forme d’un parallélogramme de 525 m sur son grand côté et de 250 m sur son petit côté, orienté dans une direction générale vers le nord-ouest. Sa plus grande diagonale, entre la pointe nord-ouest (place Louis-Aragon) et la pointe sud-est (square Barye), atteint un peu plus de 700 m.
L’île Saint-Louis est, avec l’île de la Cité, l’une des deux îles naturelles de la Seine subsistant encore de nos jours à Paris (l’actuelle île aux Cygnes est entièrement artificielle).
L’île Saint-Louis est connectée au reste de l’arrondissement sur la rive droite du fleuve par trois ponts, plus un quatrième qui la relie à l’île de la Cité, et au 5e arrondissement, sur la rive gauche, par deux autres ponts.
L’île est traversée en son milieu par la rue Saint-Louis-en-l'Île, unique voie de circulation qui soit parallèle à la Seine (à l’exception des quais).
Les autres voies de l’île sont toutes perpendiculaires à la rue Saint-Louis-en-l’Île, à l'exception du boulevard Henri-IV. Elles traversent l’île de part en part, sauf trois qui s’arrêtent à la rue Saint-Louis-en-l’Île. Depuis l’amont vers l’aval, on trouve successivement :
le boulevard Henri-IV, qui se poursuit entre les deux parties du pont Sully ;
la rue Budé, entre le quai d’Orléans et la rue Saint-Louis-en-l’Île ;
la rue Le Regrattier, entre le quai d’Orléans et le quai de Bourbon ;
la rue Boutarel, entre le quai d’Orléans et la rue Saint-Louis-en-l’Île ;
la rue Jean-du-Bellay, entre le pont Saint-Louis et le pont Louis-Philippe.
En outre,
la place Louis-Aragon est située sur la pointe nord-ouest (pointe aval) de l’île, au-delà du quai de Bourbon.
Transports en commun
L’île Saint-Louis n'est desservie directement par aucune ligne de métro. Les stations les plus proches sont celles de Pont Marie et Sully - Morland, sur la ligne 7, sur la rive droite de la Seine.
Historique
Origine
Avant son urbanisation, le site actuel de l’île Saint-Louis est appelé l’île Notre-Dame. Elle est donnée par le roi Charles le Chauve à l’évêque de Paris en 867. Les chanoines de Notre-Dame en récupèrent la propriété peu après. L’île est reliée à la rive gauche du fleuve par une passerelle à l’emplacement de l’actuel pont de la Tournelle[4]. Elle sert essentiellement de zone de pâturage et d’entrepôt, mais également parfois à certaines cérémonies chevaleresques[5].
L'île aux Vaches est une île inhabitée essentiellement recouverte de prairies. Elle est utilisée pour des jeux et le blanchissage des toiles[9]. Elle est réunie à l'île Notre-Dame située immédiatement en aval à la fin du XVIIe siècle, lors de l'opération urbaine qui contribue à former l'actuelle île Saint-Louis[10].
Urbanisation
Des projets d’urbanisation de ces deux îles sont élaborés sous le règne d’Henri IV, mais c’est sous le règne de son fils Louis XIII, sous la régence de Marie de Médicis en 1614, que cette tâche est confiée à Christophe Marie, entrepreneur général des Ponts. Il s’agit alors d’une des premières opérations d’urbanisme d’envergure à Paris. Marie s’associe à deux entrepreneurs, Lugles Poulletier et François Le Regrattier, et est chargé à ses frais de combler le chenal, de construire des ponts pérennes et de renforcer les quais, en échange d’un droit sur le lotissement du terrain.
Malgré l’opposition des chanoines de Notre-Dame, l’île est habitée et couverte de maisons depuis environ 1640[11], les opérations d’urbanisme se poursuivent pendant une trentaine d’années jusqu’à la moitié du XVIIe siècle.
Le chenal séparant les deux îles est comblé par l'entrepreneur Christophe Marie, afin de ne former qu’une seule île. Celle-ci est entourée de quais visant à assurer la stabilité et l’horizontalité de la zone ; leur hauteur permet de maintenir le terrain à l’abri des crues du fleuve. Le plan des rues adopte une forme en damier où les voies de circulation se coupent à angle droit. L’île est structurée par la rue Saint-Louis-en-l'Île, sa principale artère, qui la parcourt pratiquement sur toute sa longueur d’est en ouest.
L’île Saint-Louis voit également la construction d’un nombre important d’hôtels particuliers, qui la font surnommer « l’île des palais ». Le lotissement est pratiquement achevé en 1664[10]. Un certain nombre de ces hôtels sont l’œuvre de l'architecte Louis Le Vau (qui s’y installe d’ailleurs avec sa famille en 1639) et de son frère François Le Vau (lui aussi installé sur l’île). Ce dernier dessine les plans de l’église Saint-Louis-en-l’Île, bâtie en 1644.
En 1725, l’île Saint-Louis prend son nom actuel, qu'elle tient du roiLouis IX, surnommé Saint Louis, saint patron et ancêtre de Louis XIII. Selon la légende, il avait l’habitude de venir prier sur l’île aux Vaches et y aurait pris la croix avec ses chevaliers en 1269 avant de partir pour la huitième croisade (expédition qui lui sera fatale : Louis IX meurt de dysenterie sous les murs de Tunis un an plus tard).
Après son urbanisation, le centre de gravité de la capitale se déplace en aval du fleuve et l’île Saint-Louis ne connaît que peu de transformations. Le pont Louis-Philippe relie l’île à la rive droite en 1862[14]. Le pont de Sully est construit à l’est de l’île en 1876 en remplacement de deux passerelles[15].
En 1924, les habitants de l’île, qui se font appeler les Ludovisiens, ont leur journal, Le Sémaphore, « organe de défense des intérêts matériels et spirituels des insulaires »[16].
Le pont Saint-Louis, dernier avatar des passerelles entre les deux îles, est inauguré en 1970[13].
Depuis le début des années 1980, l’île Saint-Louis est un choix privilégié pour les résidences secondaires ou pieds-à-terre à Paris. À l’intérieur de l’île, les appartements de petites surfaces ont été majoritairement transformés en résidences secondaires[17].
L'hôtel Lambert, un des plus beaux hôtels particuliers de l'île, est racheté par Abdallah Ben Abdallah-Al-Thani, de la famille princière du Qatar, puis, en 2022, devient la propriété de l'homme d'affaires français Xavier Niel[18]. Il connaît un important incendie en .
Démographie
En 2016, l’île Saint-Louis compte 2 323 habitants[1]. Avec 21 118 hab./km2, la densité de population de l’île est un peu inférieure à la moyenne parisienne.
Le tableau ci-dessous résume l'évolution de la population de l'île depuis 1800 (chiffres manquants pour les recensements de 1861 à 1990)[19],[20],[21],[1].
Dès avant la constitution de l'île Saint-Louis, Denis Martinot (le jeune), maître horloger, demeure « en l'île Notre-Dame, enseigne Saint-Nicolas »[22] (voir Île Notre-Dame).
La princesse Marthe Bibesco, écrivain, habitait au numéro 45, quai de Bourbon de 1948 à 1973[26].
Léon Blum habitait au numéro 25, quai de Bourbon pendant les années du Front populaire[27]. Cet hôtel appartenait en 1662 au secrétaire du roi Antoine Moreau.
↑Vente par Denis Martinot à Philippe Bourdet d’une boutique située sur le quai Neuf, en date du 20 juillet 1639, Archives nationales MC/ET/XXIV/415 fol. XXXVIII et ss., notice en ligne.
↑ abc et dPhilippe Durant, Le petit Guy Bedos illustré par l’exemple, Nouveau Monde éditions, 2019 (ISBN978-2-38094-105-0).
↑Odile Ayral-Clause, Camille Claudel, sa vie, Éditions Hazan, 2008.
↑Natacha Henry, Marie Curie et Bronia Dluska. Les sœurs savantes. Deux destins qui ont fait l’histoire, La librairie Vuibert, 1996 (ISBN978-2311100297).
Béatrice de Andia et Nicolas Courtin (études réunies par), L’Île Saint-Louis, préface de Jean Tiberi (maire de Paris), collection « Paris et son Patrimoine », édité par l’Action artistique de la Ville de Paris (à l’occasion de l’exposition organisée en l’hôtel de Lauzun), 1997, 254 pages, 29 cm (ISBN978-2-90511893-6).
Saint-Ange, Les amoureux du Pont-Marie, En 1924 dans le petit monde de l'île Saint-Louis cher à Roger Dévigne et sa "République ludovisienne de l'Île Saint-Louis", Tallandier, 1937