Fahrenheit 451
Fahrenheit 451 est un roman d'anticipation dystopique[1] de Ray Bradbury publié en 1953 aux États-Unis chez l'éditeur Ballantine Books. Il paraît en France en 1955 aux éditions Denoël dans la collection Présence du futur. Le livre a obtenu le prix Hugo du meilleur roman 1954. Le titre fait référence au point d'auto-inflammation, en degrés Fahrenheit, du papier. Cette température équivaut à 232,8 °C. RésuméPremière partie : Le foyer et la salamandre de feuDans la nuit, en rentrant chez lui, le pompier Guy Montag rencontre Clarisse, une jeune fille de 17 ans qui vit dans une maison voisine avec son père et son oncle. Clarisse est différente des gens qu'il côtoie habituellement : elle observe son environnement et réfléchit. Ils discutent quelques minutes et la jeune fille lui pose quelques questions qu'il trouve surprenantes. Elle lui demande notamment s'il est heureux, mais elle le quitte avant qu'il ait eu le temps de répondre. De retour chez lui, il trouve sa compagne Mildred étendue sur le lit sans connaissance. À ses pieds gît un petit flacon de cristal vide dont elle vient d'absorber le contenu, une trentaine de somnifères. Il appelle les secours, qui la sauvent en lui faisant un lavage d’estomac et en remplaçant son sang par du sang neuf. Le lendemain, Mildred ne se souviendra de rien. On retrouve Guy Montag dans la caserne où il travaille de nuit. Comme il sort du bâtiment, le « limier électronique », un robot zoomorphe chargé de monter la garde, adopte une attitude hostile envers lui. Le pompier parle de l’incident à l’un de ses collègues, le capitaine Beatty. À la fin de la conversation, le capitaine demande à Montag s'il a la conscience tranquille… Montag croise régulièrement Clarisse dans la rue. Il lui dit qu'elle semble différente des autres. À l'école, on trouve la jeune fille peu sociable. Elle explique qu'elle aime observer et écouter les gens, mais elle constate qu'ils n'ont pas de conversation et n’ont que des propos superficiels. Elle parle souvent de son oncle, qui lui évoque un passé où, notamment, les enfants ne s'entretuaient pas. Depuis quatre jours, Montag ne croise plus Clarisse. Lorsqu'il en parle à sa femme, cette dernière lui dit qu'elle est probablement morte accidentellement. Il réfléchit à leur couple et prend conscience qu'il n'y a pas d'amour entre eux. Ni l'un ni l'autre ne se souviennent de l'endroit où ils se sont rencontrés, dix ans plus tôt. Montag repart en mission sans enthousiasme. Son équipe se rend dans une maison qui contient des livres. Par « inadvertance », la main de Montag en vole un. La femme qui habite la maison refuse de quitter les lieux et meurt brûlée avec ses livres. Choqué par l’événement, Montag en parle à sa femme, qui ne comprend pas sa réaction. Il cache le livre qu'il a dérobé sous son oreiller. Le lendemain, il se dit malade et refuse d'aller travailler. Le capitaine des pompiers lui rend visite. Il lui explique que les livres sont dangereux parce que leur contenu est devenu plat et sans intérêt et parce qu’ils sont facteurs d'inégalité sociale. De son côté, Mildred découvre le livre caché sous l'oreiller de Montag mais elle ne peut le dénoncer parce qu’elle craint d’être elle-même soupçonnée et de voir leur maison brûlée. En prenant congé, le capitaine demande à Montag de retourner au travail. Resté seul avec sa femme, ce dernier lui fait part de son envie de changer les choses. Il se dirige vers la porte au-dessus de laquelle se trouve une cachette dont il extrait des livres. Sa femme lui demande de les brûler et perd son sang-froid. Il la neutralise, elle se calme. Ils entendent le capitaine revenir puis s'éloigner. Cette partie se termine alors qu'il vient de lire l'extrait d'un livre. Mildred trouve que son texte « ne veut rien dire du tout ». Son mari lui demande d'attendre : « On va recommencer depuis le début ». Deuxième partie : Le tamis et le sableMontag et Mildred continuent de lire. Peu à peu Mildred se désintéresse des livres et se tourne de nouveau vers les écrans. Montag décide d'aller voir Faber, un professeur d'anglais retraité, qu'il a rencontré un an plus tôt. Il pense qu'il l'aidera à comprendre les livres. L'homme est tout d'abord surpris et inquiet de cette visite puis il accepte de laisser Montag entrer chez lui. Il lui donne alors les trois éléments qui expliquent selon lui la disparition des livres dans leur société :
Après avoir entendu cela, Montag décide de sauver les livres. Il propose d'en réimprimer quelques-uns. Faber refuse d'abord puis accepte sous la menace (Montag s'est mis à déchirer les pages de la Bible une à une). Il lui donne ensuite un « coquillage » qu'il a fabriqué et qui est un radio-émetteur que Montag se glisse dans l'oreille pour rester en contact avec le vieil homme. Ce dernier pourra ainsi le guider et l'aider à parler avec le capitaine des pompiers. Dehors, la guerre semble imminente. Rentré chez lui, Montag assiste à une conversation qui a lieu entre sa femme et deux amies à elles. Elles parlent des enfants, de politique. Il est excédé et sort un livre. Mildred est horrifiée et justifie la présence de l'objet en disant que les pompiers ont droit d'en rapporter un chez eux une fois par an. Il se met à lire un texte poétique ("Dover Beach" de Matthew Arnold). Une des femmes, Mme Phelps, commence à pleurer. Les femmes s'en vont. Il reste seul. Montag se rend à la caserne. Dans l'oreillette, Faber lui demande d'être compréhensif et patient. Le capitaine Beatty lui parle longuement de la lecture et des livres. Il lui fait comprendre qu'il sait que Montag est attiré par les livres et essaie de l'en dissuader en énonçant des citations pour illustrer sa démonstration. Il lui raconte aussi un de ses rêves dans lequel Montag était présent. Le pompier est très affecté par ces propos. L'alerte retentit et les hommes montent dans la salamandre accomplir leur mission. Arrivé à destination, Montag se rend compte que le véhicule vient de s'arrêter devant chez lui. Troisième partie : L'éclat de la flammeBeatty demande à Montag de brûler lui-même sa maison. Mildred quitte les lieux et prend la route à toute allure. C'est elle qui a dénoncé son mari (de toute façon ses amies l'avaient déjà fait auparavant). Lorsque la maison est réduite en cendres, Montag est abasourdi. Le coquillage émetteur (la balle verte) tombe de son oreille. Beatty déclare qu'il va arrêter l'homme qui communique avec lui. Montag dirige alors la lance à incendie vers le capitaine des pompiers et l'enflamme (l'attitude de Beatty est d'ailleurs étrange : il n'a pas dénoncé Montag plus tôt alors qu'il savait qu'il cachait des livres, l'a laissé armé et l'a provoqué ; voulait-il se suicider ?). Il assomme ensuite les deux autres pompiers. Le limier l'attaque et a le temps de piquer Montag à la jambe avec sa seringue avant d'être détruit par les flammes de Montag. Sa jambe le fait souffrir mais après avoir récupéré quatre livres cachés dans les buissons, Montag prend la fuite. Il entend qu'un avis de recherche le concernant a été lancé. La guerre est déclarée. Montag manque de se faire écraser en traversant la route. Il se rend ensuite chez un de ses anciens collègues pompier chez qui il cache des livres. Il le dénonce ensuite et la salamandre arrive pour remplir sa mission destructrice. Puis Montag va voir Faber. Ils apprennent qu'un limier-robot infaillible est à la recherche du fugitif. Il dit à Faber de brûler tout ce qu'il a touché pour enlever son odeur puis il prend la fuite. Traqué, il saute dans l'eau du fleuve, se change et se laisse dériver. Il arrive sur une berge où quelques hommes sont regroupés autour d'un feu de camp. Ce sont des marginaux qui vivent à l'écart des villes. Ils ont la capacité de retenir par cœur le contenu d'un livre à partir du moment où ils l'ont lu une fois. Ils sont ainsi les garants des contenus des œuvres. Ils disent être des « couvertures de livres ». Ayant appris par la télévision ce qui était arrivé à Montag, ils l'acceptent parmi eux, tandis que les autorités, qui ont perdu sa piste, se contentent d'une apparence de justice en lançant leur limier sur un innocent. Au loin, ils assistent à la destruction de la ville par un bombardement. Ils prennent la route vers le nord, ayant pris conscience de l'importance du devoir de mémoire pour les hommes et allant vers les autres pour les aider. Montag marche en tête. ÉcritureLes nouvelles avant FahrenheitEntre 1947 et 1948, Bradbury a écrit la nouvelle Bright Phoenix (non publiée dans le magazine Fantasy & Science Fiction avant le numéro de Ray Bradbury (trad. de l'anglais), Bright Phoenix, vol. 24, Mercury, coll. « The Magazine of Fantasy and Science Fiction » (no 5), ) sur un bibliothécaire confronté à la destruction de livres[2]. À la fin de 1949, Bradbury a été interrogé par un agent de police alors qu'il marchait tard dans la nuit. Quand le policier lui a demandé : « Que faites-vous ? », Bradbury lui a répondu : « je mets un pied devant l'autre. » Cet incident a inspiré Bradbury à écrire la nouvelle Le Piéton de 1951. Petit à petit, ce piéton est devenu Montag[3]. L'œuvre dans son contexteLa science-fictionLes années 1920 à 1950 marquent aux États-Unis le premier âge d’or de la science-fiction. Le « mouvement » allie romans et nouvelles, publiées sous formes d’épisodes dans des magazines, et films (ainsi Metropolis de Fritz Lang datant de 1927), souvent restés dans les mémoires pour leurs effets spéciaux. À l’époque les livres de science-fiction ne sont cependant qu'une littérature de gare. C’est dans les années 1950 que se révèlent des écrivains de premier plan comme Philip K. Dick, Isaac Asimov ou Ray Bradbury. Celui-ci se démarque cependant par un style plus poétique et une vision souvent pessimiste de la société d’aujourd’hui et assez anti-scientifique. En outre Bradbury rejette le titre d'écrivain de science-fiction : « Avant tout, je n'écris pas de science-fiction. J'ai écrit seulement un livre de science-fiction et c'est Fahrenheit 451, fondé sur la réalité. La science-fiction est une description de la réalité. La Fantasy est une description de l'irréel. Donc Les Chroniques martiennes ne sont pas de la science-fiction, c'est de la fantasy[4]. » AnalyseLe titreLe titre de l'ouvrage, Fahrenheit 451, fait référence à la température en degrés Fahrenheit à laquelle, selon Bradbury, le papier s’enflamme et se consume, soit environ 232,8 °C. Pour justifier le choix de cette température, Bradbury indique dans l'introduction de l'édition commémorative des 40 ans de l'ouvrage, avoir contacté plusieurs départements de chimie de diverses universités, ainsi que plusieurs professeurs de chimie, et n'avoir trouvé personne susceptible de le renseigner. Il aurait alors téléphoné au poste de pompiers le plus proche de chez lui qui lui aurait donné le chiffre de 451 comme température d'ignition des livres 451 °F[5]. Éditions en français
Les premières éditions chez Denoël (jusqu'en 1976) comportent deux nouvelles à la suite du roman : Le Terrain de jeu (The Playground) et Mañana (The Millionth Murder). Les éditions suivantes ne proposent que le texte Fahrenheit 451, jusqu'en 1995 où deux autres nouvelles apparaissent : Feu de joie (Bonfire) et L'Éclat du phénix (Bright Phoenix) accompagnées de deux articles signés Bradbury, d'un cahier pédagogique et d'une préface de Jacques Chambon. Adaptations
Autres
Notes et références
Voir aussiArticles connexesLiens externes
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