Le mouvement socialiste joue un rôle important sur la scène politique belge francophone depuis la fin du XIXe siècle. Le Parti socialiste est issu de la scission en 1978 du Parti socialiste belge (lui-même né sur les cendres du POB) en une aile flamande, le Socialistische Partij (SP, aujourd'hui Vooruit) et une aile francophone. Le parti est aujourd'hui le deuxième parti francophone de Belgique et était présent à tous les niveaux de pouvoir (Gouvernement fédéral, Région wallonne, Communauté française, Région de Bruxelles-Capitale, Communauté germanophone de Belgique), depuis 1988, où il participait à des gouvernements de coalition. Il a finalement été exclu du pouvoir fédéral le avec la mise en place du Gouvernement Michel, mais est toujours présent dans les gouvernements des entités fédérées jusqu'en , où le parti est relégué dans l'opposition en Wallonie à la suite du choix du cdH de ne plus gouverner avec lui. Le parti revient au pouvoir dans les entités fédérées à la suite des scrutins de 2019.
À l'exception d'une brève période entre 2007 et 2010 où il fut supplanté par le parti libéral MR, le PS est très longtemps resté, depuis la création des régions, le plus grand parti francophone de Belgique[6].
Lors du triple scrutin du 9 mai 2024, le parti perd son leadership, à nouveau au profit du MR, et est renvoyé dans l'opposition au niveau des entités régionales[7].
Résultat d'un travail de commissions installées à Gand, la déclaration de principes et le programme seront discutés au Congrès socialiste de Bruxelles les 25 et 26 décembre 1893 avant d'être adoptés lors du congrès de Quaregnon (dans le Borinage) des 25 et 26 mars 1894.
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Si la Flandre a effectivement obtenu en 1970 l'autonomie culturelle qu'elle souhaitait, la Wallonie n'a eu que la promesse de la régionalisation économique qu'elle réclamait.
Tous les efforts des socialistes francophones tendront au cours de la décennie à la concrétisation de cette revendication, que la crise économique rend encore plus justifiée à partir de 1975. Dans ce contexte, les tensions et les divergences entre socialistes du nord et du sud du pays - comme dans les autres familles politiques - aboutissent à la constitution d'un Parti socialiste et d'un Socialistische Partij en 1978. C'est l'aboutissement d'une évolution alors en cours depuis quarante ans. André Cools devient le premier président des socialistes francophones. En 1981, il est remplacé par Guy Spitaels qui exerça la fonction jusqu'en 1992.
En 1980, un nouveau gouvernement social-chrétien-socialiste fait voter les lois concrétisant la régionalisation. Mais celle-ci n'est encore que limitée. Comme celle de 1970, l'étape de 1980 n'est qu'un pas vers une Belgique fédérale. Il faudra attendre 1988 et le retour des socialistes au pouvoir, après sept ans d'opposition, pour qu'une nouvelle étape soit franchie lors d'une nouvelle réforme de l'État qui voit notamment enfin la création de la région Bruxelles-Capitale.
Le processus institutionnel conduisant à la création d'un véritable État fédéral est poursuivi par le gouvernement socialiste-social-chrétien lors de la réforme en 1993.
À la suite des élections de mai 1995, la même majorité est reconduite avec un programme centré sur les problèmes socio-économiques. Pour le Parti socialiste, il s'agit de faire de l'emploi la priorité du gouvernement fédéral notamment par la redistribution et la réduction du temps de travail. S'engageant à maintenir la concertation sociale, l'indexation des salaires et des allocations sociales, le Parti socialiste se prononce en faveur d'une réforme de la sécurité sociale qui préserve les mécanismes de solidarité entre les personnes et les générations. S'opposant à toute fédéralisation ou privatisation de la sécurité sociale, le PS exige et obtient le financement alternatif qui met à contribution les revenus du capital.
Exprimant leur loyale volonté de faire fonctionner au mieux les institutions fédérales qu'ils ont contribué à mettre en place, les socialistes francophones, tant wallons que bruxellois, réaffirment, lors de leur congrès respectif tenu à Ans, le , et à Bruxelles, le , leur entière solidarité et leur détermination à renforcer l'alliance Wallonie-Bruxelles.
Convaincu par ailleurs de la nécessité d'une Europe forte et unie, le PS a toujours œuvré en faveur de la construction européenne, facteur de progrès, de sécurité et de paix. Face à la crise économique particulièrement grave et au moment où l'Europe cherche un nouveau souffle, le PS, membre du Parti socialiste européen, réaffirme son engagement en faveur d'une véritable Communauté basée sur la démocratie parlementaire, les droits de la personne et l'État social. Considérant que l'espace communautaire ne peut se réduire à un simple marché, les parlementaires du PS exigent tout à la fois la mise en œuvre d'une véritable politique sociale européenne, l'harmonisation fiscale et le développement de la coopération en matière environnementale.
Dans les années 1990, le parti est secoué par le scandale de l'affaire Agusta-Dassault. Des ministres socialistes sont condamnés pour avoir accepté des sommes en échange de l'attribution d'un marché public (l'achat d'hélicoptères pour l'armée belge). Liée à cette première enquête, l'« affaire Dassault »", aboutit, en 1998, à la condamnation d'une douzaine de dirigeants socialistes de premier plan, dont Guy Spitaels, ancien président du PS[8].
Le PS reste cependant au pouvoir à tous les niveaux, dans des gouvernements de coalition avec le PRL-FDF-MCC (aujourd'hui le Mouvement réformateur) et Ecolo. Une majorité symétrique fut formée en Flandre (SP, VLD et Agalev). Cette majorité fut surnommée la majorité arc-en-ciel (ou paars-groen en néerlandais).
Lors du , Di Rupo lança un appel en faveur de la création d'un « pôle des gauches ». Cet appel se concrétisera le par l'établissement des « convergences à gauche » avec Ecolo.
Grâce à une nouvelle direction et à un effort de modernisation, le parti réussit à se redresser et enregistre coup sur coup deux très bons scores électoraux, aux élections législatives de 2003 et surtout aux régionales de 2004. Sa position de premier parti francophone est alors incontestée et le parti est dans la majorité à tous les niveaux de pouvoir dans des coalitions différentes. Au gouvernement fédéral, son partenaire est le MR (et symétriquement, les partis flamands VLD et SPA), cette coalition est qualifiée de violette (paars en néerlandais), car alliant le bleu libéral et le rouge socialiste. À la Communauté française et à la Région wallonne, il gouverne avec le CDH. À la Région de Bruxelles-Capitale, il s'agit d'une coalition PS-CDH-Ecolo.
Dans les années 2000, le parti reste « englué dans les scandales »[8] :
En mars 2005, le parti est secoué par une « affaire » : Anne-Marie Lizin, présidente du Sénat, a écrit une lettre à la présidente de la cour d'appel de Liège dans laquelle elle incite la juge à être bienveillante envers une des parties dans une affaire strictement privée[9]. Anne-Marie Lizin s'explique et présente ses excuses devant l'assemblée, mais garde son poste[10].
Le PS de la ville de Charleroi fait encore parler de lui en mai 2006. Il s'agit à nouveau de malversations dans la gestion de sociétés publiques : l'ICDI, intercommunale de traitement des déchets de la région et le Foyer marcinellois, autre société de logement social[14]. Un échevin carolo, Lucien Cariat, est privé de ses compétences, inculpé et incarcéré préventivement. Simultanément, d'autres dossiers, impliquant des personnalités du PS carolo, font surface : l'un concernant le passé de curateur de faillite d'un membre du Collège provincial et l'autre un homme d'affaires proche du PS[15].
À Fontaine-l'Évêque, près de Charleroi, le bourgmestre sortant Georges Rovillard est placé le sous mandat d'arrêt pour détournements de fonds par fonctionnaire public[16]. Le , c'est au tour du bourgmestre carolo sortant Jacques Van Gompel d'être placé sous mandat d'arrêt dans le cadre de l'affaire de la « Carolorégienne ». À peine vainqueur des dernières élections communales, il est inculpé de faux, usage de faux et de détournement par fonctionnaire public. Les hauts fonctionnaires Jean-Pol Incecca et Patrick Roeland, ont également été inculpés dans ce dossier[17].
Dans le même temps, à Namur, le bourgmestre sortant Bernard Anselme, l'échevin Jean-Louis Close[18] et le secrétaire communal Jean-Marie Van Bol[19] sont inculpés d'entrave à la liberté des soumissions, de prise d'intérêt et de faux et usage de faux dans le cadre de l'affaire « Sotegec ».
À la suite de ces affaires, les électeurs sanctionnent durement le parti socialiste aux élections fédérales de juin 2007. Le parti fait son plus mauvais score historique et est, pour la première fois, dépassé par les libéraux du Mouvement réformateur en Wallonie. Malgré cette défaite, le PS sera appelé à participer au pouvoir. En effet, après qu'Yves Leterme a échoué dans ses tentatives de constituer une coalition orange-bleue, Guy Verhofstadt forme un gouvernement rassemblant les familles libérale et socio-chrétienne et le PS.
Début 2009, Anne-Marie Lizin fait encore parler d'elle lorsqu'il est révélé qu'elle a effectué pour 40 000 euros de dépenses non justifiées avec la carte de crédit de l'hôpital de Huy (commune dont elle est bourgmestre). Sous la pression, la direction du PS décide de la suspendre provisoirement de sa qualité de membre.
Aux élections régionales de juin 2009, le PS recule, tant en Wallonie qu'à Bruxelles par rapport aux chiffres de 2004. Cependant, il réalise un meilleur score qu'aux élections fédérales de 2007 et reste le premier parti en Région wallonne et en Communauté française[20]. Il forme dans une coalition dite olivier avec le Centre démocrate humaniste et Ecolo et entre dans les gouvernements de la Communauté française, de la Région de Bruxelles-Capitale et de la Région wallonne. L'objectif affiché de ces gouvernements, qui choisissent pour slogan « Une énergie partagée pour une société durable, humaine et solidaire », est de renforcer les collaborations entre les institutions francophones (notamment par le biais de ministres « à double casquette »).
Aux élections fédérales de 2010, le PS est le grand vainqueur dans la partie francophone avec 26 sièges (+6) et devient le deuxième parti à la chambre après la N-VA. La famille socialiste devient la première au parlement et après la longue crise politique belge de 2010-2011, Elio Di Rupo devient Premier ministre dans le gouvernement dont il a négocié la formation. Empêché, il est alors remplacé à la tête du parti par Thierry Giet, désigné par le bureau du parti pour devenir président faisant fonction.
Le , le bureau du PS désigne Paul Magnette comme président (faisant fonction) et désigne Jean-Pascal Labille comme son remplaçant comme ministre fédéral. Paul Magnette reste le bourgmestre de Charleroi.
En , dans un contexte marqué par de nombreuses affaires (Publifin, ISPPC et Samusocial), le Parti socialiste est contraint de revenir dans l’opposition après de longues années de pouvoir quasi interrompu. En dehors d'une période de deux ans et deux mois entre et , le PS dirigeait la Région wallonne depuis sa création en 1981[21]. Ce bouleversement dans la vie politique belge est interprété comme « un ras-le-bol sociétal et la fin d’une génération politique »[21].
Les élections 2019 bouleversent le PS : après quatre ans passés dans l'opposition au gouvernement Michel I, le parti chute aux élections et perd plusieurs de ses sièges. Il perd trois sièges à la chambre des représentants et sept sièges au parlement wallon. Le Parti Socialiste reste cependant la première force politique en Wallonie ainsi qu'à Bruxelles. En communauté germanophone, le précédent gouvernement garde sa majorité et ainsi le gouvernement Paasch II est formé juste après l'élection.Le gouvernement Vervoort III est formé le à Bruxelles, les partis écologistes se substituant aux chrétiens-démocrates pour la formation de la nouvelle majorité .En Wallonie, à la suite du retrait du CdH et du PTB des négociations[22], le gouvernement Di Rupo III est formé avec les libéraux et les écologistes. La formation du gouvernement fédéral tardant, les porte-paroles du PS déclarent que la formation d'une coalition comprenant le PS et la NV-A sera compliquée en raison de divergences importantes entre les deux partis[23],[24].
Le , à l'issue d'une élection interne où il était le seul candidat, Paul Magnette remporte la présidence du Parti Socialiste et succède à Elio Di Rupo[25].
Années 2020
Il forme avec les libéraux, les écologistes et le CD&V le gouvernement Vivaldi, à partir d'octobre 2020[26].
Le , Paul Magnette est de nouveau élu président du PS avec 93,5% des voix [27].
Lors des élections fédérales, régionales et européenes de juin 2024, le PS perd des voix à tous les niveaux de pouvoir et perdant la première place en Wallonie, monopole des socialistes depuis 30 ans. Ce sont les libéraux qui raflent cette place, augmentant nettement leur score.
Résultat d'un travail de commissions installées à Gand, la déclaration de principes et le programme seront discutés au Congrès socialiste de Bruxelles les 25 et avant d'être adoptés lors du congrès de Quaregnon (Borinage) des 25 et .
Le PS se prononce en faveur d'une augmentation du rôle de l'État dans l'économie et s'oppose aux politiques néolibérales, qui seraient responsables d'une augmentation des inégalités économiques et des dommages environnementaux.
Le parti souhaite notamment interdire les licenciements collectifs provenant d'entreprises réalisant des bénéfices, obliger les entreprises à donner suite aux offres de reprises au lieu de laisser à l'abandon leur activité, l'adoption d'un nouveau Code de la consommation, la création d'un compte d'épargne populaire, une régulation accrue du secteur financier et le développement d'une banque publique.
L'éducation est vue comme un vecteur d'inégalités à cause de son coût qui serait trop élevé et de son fonctionnement qui serait inadapté. Le parti s'oppose aussi au "recours massif au redoublement" et au "parcours différencié précoce".
Le Parti Socialiste souhaite notamment tendre vers une "véritable gratuité scolaire" et propose l'obligation scolaire dès 3 ans, la création d'un nouveau tronc commun, un accompagnement des élèves en difficulté, une limitation du nombre d'élèves par classe ainsi que la suppression de la distinction entre filière technique et filière professionnelle.
Le parti entend garder la sécurité comme monopole d'État et s'oppose à la privatisation de certaines missions ayant trait à la sécurité. Le PS souhaite aussi développer la police de proximité et augmenter le financement de la police fédérale.
Il existe 14 fédérations régionales, qui chapeautent le travail des USC (Union socialiste communale) et des sections locales.
Le PS en compte 259 (soit quasi exactement le nombre de communes wallonnes). C’est là que les militants discutent avec les élus PS de toutes les questions liées à la politique communale. Pour être aussi au plus proche des attentes des gens et des militants, les USC regroupent des sections locales. Il y en a 489. Là, les militants sont affiliés et se réunissent.
Il n’y a pas d’USC à Bruxelles mais bien des sections locales.
Les statuts du PS prévoient que le Président « national » du parti et ceux des sections locales sont élus au suffrage universel des membres du PS (à bulletin secret tous les 4 ans).
Structures internationales
Le Parti socialiste est membre de l'Internationale socialiste (I.S), qui est l'organisation mondiale des partis socialistes, sociaux-démocrates et travaillistes. Elle rassemble actuellement 139 partis et organisations politiques de tous les continents.
Au niveau européen, le Parti socialiste, ainsi que l'ensemble des militants du PS adhèrent au Parti socialiste européen.
Organisations associées
Le Parti socialiste travaille avec des organismes issus du pilier socialiste.
Le Mouvement des jeunes socialistes est une structure autonome qui réunit les jeunes qui souhaitent y adhérer, de 15 à 30 ans. Il est issu de l'exclusion de la Jeune Garde Socialiste au tournant des années 1970, considérée par les patrons du parti comme trop radicale et infiltrée par les mouvances trotskystes.
Le Parti socialiste est critiqué pour l'implication à répétition de nombre de ses membres, députés ou mandataires de fonctions publiques, dans des affaires de corruption, des pratiques « dignes de la mafia »[33], des scandales ou encore des affaires de mœurs[33],[34],[35],[36].
Robert Falony & Xavier Mabille, Le Parti socialiste : un demi-siècle de bouleversements - De Max Buset à Elio Di Rupo, Éditions Luc Pire, Bruxelles, 2006 (OCLC66373709)
Xavier Mabille, « Le Parti socialiste : évolution 1978-2005 » dans Courrier hebdomadaire, no 1867 - 1868, CRISP, Bruxelles, 2005