Âgé de treize ans, il est engagé comme apprenti mécanicien chez Grégoire, où il reste quatre ans. Il devient ensuite agent commercial pour la firme Unic[4].
Première Guerre mondiale
Il sert dans le 131e régiment d'infanterie puis il passe dans l'aéronautique militaire. Il obtient son brevet de pilote le et sert alors comme pilote de reconnaissance et brièvement comme pilote de chasse. Il abat un avion allemand, mais son appareil est abattu à son tour et il doit atterrir entre les lignes de front. Il devient ensuite instructeur de vol et moniteur d'acrobaties aériennes à Pau, avant d'être démobilisé en août 1919. Il a alors le grade de sous-lieutenant.
Carrière de pilote automobile
Cherchant à retrouver les sensations qu'il avait éprouvées comme pilote de chasse, Benoist rejoint la société automobile de Marçay[5] comme pilote d’essai (remportant la première édition régulière du Grand Critérium international de tourisme Paris-Nice en 1921 sur une voiturette 7hp de la marque[6]), puis la Société des moteurs Salmson avec laquelle il remporte des courses de cyclecar (voiturettes à moteur 1 100cm3).
En 1922, il gagne le Junior Car Club Cyclecar "200" de Brooklands, puis le Grand Prix de l'UMF (l'Union Motocycliste de France) Cyclecars au Mans (les deux fois devant son équipier Desvaux). Il s'impose aussi au Trofeo Armangue Cyclecar de Tarragone. Pilote rapide, il a les meilleurs temps en course à Brooklands et Tarragone.
En 1923, il remporte le Bol d'or automobile sur Salmson L4 (1 084cm3), après avoir terminé deuxième l'année précédente de l'épreuve pour la même marque. Il s'impose ensuite au Gran Premio Cyclecars de Milan et au Grand Prix de l'UMF, en ayant entretemps enchaîné une série de deuxièmes places (au Trofeo Armangue, au Grand Prix de Suisse, au Grand Prix du MCF, au Gran Premio do San Sebastian, et au Grand Prix de Boulogne). En fin d'année il est encore troisième du Junior Car Club Cyclecar "200" et il obtient une troisième victoire au mois de novembre lors du Gran Premio d'España Cyclecars. Meilleur pilote de la saison sur ce type de véhicules, il a en outre obtenu le meilleur temps au tour en Suisse, au MCF, et à Brooklands. Son plus fréquent rival durant les années cyclecars chez Salmson n'est autre que son partenaire, Lucien Desvaux.
En 1924 et 1925, il est vainqueur de la Course de côte Limonest - Mont Verdun sur Delage 6 cylindres, 6,0l. Il reçoit aussi le premier Grand Prix de la Côte d'Azur attribué en 1925, un trophée récompensant les résultats acquis dans les trois côtes de La Turbie, du Mont Agel et de l'Ésterel, décerné par les Automobile Clubs de Nice, Monaco et Cannes[8].
En 1926, le 9 février, il gagne la course de Gjersjoen sur neige et glace en Norvège devant près de 1 500 autres concurrents dans un fjord gelé, avec Delage après une semaine complète d'entraînement spécifique[9], puis il doit essentiellement se contenter de deux troisième places, lors du RAC Grand Prix de Brooklands, et également au Grand Prix d'Espagne à Lasarte, associé à Louis Wagner qu'il relaie pour terminer l'épreuve, sa propre voiture ayant abandonné sur panne de compresseur[10],[11].
Lorsqu'en 1928 la société Delage se retire de la compétition automobile, Robert Benoist se retrouve sans volant et est engagé comme directeur du Garage Banville à Paris. Il participe cependant encore à quelques courses pour l'équipe Bugatti, terminant deuxième du Grand Prix d'Espagne de Saint-Sébastien.
Il fait son retour en 1934 dans l’écurie Bugatti (4e au GP de l'A.C.F.). Il est bientôt nommé directeur du département compétition, et lance le projet Le Mans de la compagnie.
En 1935, il s'impose lors du Grand Prix de Picardie, puis en 1936 il termine deuxième des Grand Prix de la Marne et du Grand Prix du Comminges. La même année, il obtient en septembre, quatre records internationaux à Montlhéry avec une Bugatti Sport 3,3l : 100 kilomètres (à 216,543 km/h de moyenne), 100 miles (à 217,537 km/h de moyenne), 200 kilomètres (à 217,865 km/h de moyenne) et de l'heure (à 217,941 km/h)[12].
L'année suivante, faisant équipe avec Jean-Pierre Wimille, il remporte pour sa troisième tentative depuis 1928, les 24 Heures du Mans 1937 sur une Bugatti Type 57G Tank (ainsi que l'indice de performance)[13], ce qui permet aux deux hommes d'être titulaires de deux records de 24 heures avec la Type 57S (en distances parcourues): celui mondial des 24 heures sur route avec la victoire mancelle, mais aussi celui acquis le 20 novembre 1936 sur l'autodrome de Linas-Montlhéry (record international sur piste)[14]. À la suite de sa victoire au Mans, Benoist se retire de la compétition, mais il continue de diriger le département courses de Bugatti.
Il aura au total remporté en carrière 22 victoires en courses de côte[15] :
Course de côte de Poix (Picardie): 1926 sur Delage 2 LCV et 1927 sur Delage 15S8
Course de côte de Chavigny (Nancy): 1935, sur Bugatti Type 53 (4 roues motrices)
Seconde Guerre mondiale
Au début de la Seconde Guerre mondiale en septembre 1939, il est rappelé dans l'Armée de l'Air. Robert Benoist et Jean-Pierre Wimille, qui avaient remporté ensemble les 24 heures du Mans, étaient amis d'un autre pilote de Grand Prix, William Grover-Williams[16], ainsi que de leur compatriote Robert Mazaud. En mai 1940, lorsque les hostilités commencent et que la France est occupée, les trois amis partent pour l'Angleterre où ils rejoignent le Special Operations Executive en tant qu'agents secrets.
Sa première mission a pour nom de code : CHESTNUT.
Parachuté en France, Benoist organise des cellules de sabotage et, avec William Grover-Williams, s'occupe de la récupération de parachutage d'armes et de munitions en forêt de Rambouillet, qu'il stocke dans sa maison d'Auffargis d'où il organise leur distribution.
En juin 1943, le réseau Prosper-PHYSICIAN à Paris s'effondre, avec l'arrestation de ses chefs, Francis Suttill « Prosper », Gilbert Norman « Archambault » et Andrée Borrel « Denise », puis d'une grande quantité d'agents et de résistants.
Le 31 juillet, l'opérateur radio Roland Dowlen « Achille », repéré par radio-goniométrie, est arrêté chez lui en pleine émission (à Pierrelaye, près de Pontoise).
Le 1er août, le frère de Robert Benoist, Maurice[17],[18], est arrêté chez lui à Paris. Le 2, il accompagne les Allemands au château d'Auffargis. La maison de Benoist est mise à sac par la Gestapo. Sa femme, son père, les domestiques et Grover-Williams sont arrêtés (ce dernier sera exécuté au camp de Sachsenhausen). Le 4, Robert Benoist est arrêté à Paris. Pendant son transfert au quartier général de la Gestapo, il saute du véhicule et parvient à s'échapper[3]. Il reste caché quelque temps dans l'appartement de sa secrétaire. Dans la nuit du 19/20, il rentre en Angleterre par avion Hudson, qui le récupère près d'Angers[19].
Sa deuxième mission en France a pour nom de code : CLERGYMAN ; l'objet de celle-ci est d'établir le réseau dans la région nantaise ; ne faire appel qu'à ses amis et éviter tout contact avec PRIVET, le réseau d'Edward Wilkinson qui est tombé ; saboter, près de Nantes, les pylônes qui amènent l'électricité des Pyrénées en Bretagne, en prévision du futur débarquement ; préparer les sabotages des voies ferrées convergeant vers la ville, ainsi que les actions destinées à protéger le port de Nantes contre une possible destruction par les Allemands.
Il est renvoyé en France, par Hudson, dans la nuit du 20/21 octobre[20]. André Dubois « Hercule » est son radio. Le 30, Robert Benoist, arrêté près de Chartres par un Feldgendarme, parvient de nouveau à s'échapper.
Le 19 novembre, André Dubois est arrêté à Montrouge, près de Paris. Privé de communication avec Londres pour ses commandes de matériel et jugeant les environs de Nantes inadaptés pour des parachutages, il retourne dans sa propriété familiale aux environs de Rambouillet et y récupère quelques armes de CHESTNUT. Mais il ne trouve pas d’explosifs (pour le sabotage des pylônes), ni des contacts (pour préparer la protection du port de Nantes). Il laisse son réseau continuer sans lui et demande à Henri Déricourt de le ramener en Angleterre dès que possible.
Dans la nuit du 4/5 février 1944, il rentre à Londres, au moyen d'un avion Hudson qui le récupère près d'Angers. Il prend acte de sa troisième mission en France[21]. Il vient relancer le réseau CLERGYMAN dans la région de Nantes, et y préparer les sabotages de pylônes sur la Loire à l'île Héron et les coupures de voies ferrées et de lignes téléphoniques vers Nantes, qui doivent désorganiser les communications de l'ennemi avant le débarquement. Il est accompagné de Denise Bloch, son courrier et opérateur radio.
Il est renvoyé en France le 2/3 mars avec Denise Bloch. Un Lysander les dépose vers Chartres[22].
Ils procèdent à un premier repérage de leurs cibles dans la région de Nantes puis retournent chez Benoist dans la banlieue sud-ouest de Paris.
En avril, Robert Benoist reconstitue un groupe autour de lui, dont notamment Jean-Pierre Wimille. Ils s’installent dans une petite maison du village de Sermaise (dans l'Essonne, près de Dourdan), et se mettent au service du groupe du réseau TURMA VENGEANCE de cette ville. Grâce aux échanges radio de Denise Bloch avec Londres, de multiples parachutages d'armes sont réalisés avec succès dans les environs de Dourdan, en mai et juin. Robert Benoist crée également, début juin 1944, le « maquis de Sermaise » (un groupe « d’action immédiate ») avec les renforts de résistants de Chelles (Seine-et-Marne). Ce groupe mènera divers attentats et actions de sabotage dans la région de Dourdan, pendant ce mois de juin.
Robert Benoist est déporté à Buchenwald et le il est assassiné par les Nazis, pendu au crématoire. Denise Bloch sera exécutée en 1945 au camp de Ravensbrück.
Identités
État civil : Marcel Charles Benoist
Comme agent du SOE :
Nom de guerre (field name) : « Lionel »
Nom de code opérationnel : CLERGYMAN (en français ECCLÉSIASTIQUE)
Faux papiers : Roger Brémontier, Daniel Perdrigé[23] (3e mission)
au camp de Buchenwald, une plaque, inaugurée le , honore la mémoire des officiers alliés du bloc 17 assassinés entre septembre 1944 et mars 1945, notamment vingt agents du SOE, parmi lesquels figure « Benoist, Capt. R.M.C. ».
Voies portant son nom
Une allée Robert-Benoist se trouve à Auffargis, sa ville natale.
Une rue Robert-Benoist a été inaugurée le 14 janvier 2006 dans la ville de Dourdan (Essonne).
↑Maurice Benoist est également pilote automobile officiel durant les années 1920, pour les constructeurs EHP (moteur Ruby) en 1924 et 1925, puis Tracta en 1927 et 1928
↑Opération : MATE ; agent : Henri Déricourt ; terrain : ACHILLE ; appareil : Hudson ; pilotes : plt off J.R. Affleck, flg off Richards, flg off Goldfinch ; personnes amenées (4) : Albert Browne-Bartroli, Joseph Marchand, Robert Benoist, Cl. Zeller ? ; personnes ramenées (4) : Henri Frager, Francis Nearne, M. Leprince, Alexandre Lévy ? ; opération surveillée par le SD.
↑Le texte des instructions écrites détaillées données par la section F à Robert Benoist figure en annexe F du livre de Michael R.D. Foot.
(en) « Dossier personnel de Robert Benoist », sur nationalarchives.gov.uk, Archives Nationales britanniques. Les dossiers HS 9/127 et HS 9/128 sont accessibles depuis le 6 mars 2003.
Bibliographie
Michael R. D. Foot et Jean-Louis Crémieux Brilhac (annotations) (trad. de l'anglais par Rachel Bouyssou), Des Anglais dans la Résistance. Le Service Secret Britannique d'Action (SOE) en France 1940-1944 [« SOE in France. An account of the Work of the British Special Operations Executive in France, 1940-1944 »], Paris, Tallandier, , 799 p. (ISBN978-2-84734-329-8)
Publié à Londres par Her Majesty’s Stationery Office, 1966, 1968 ; puis Whitehall History Publishing, in association with Frank Cass, 2004, ce livre présente la version officielle britannique de l'histoire du SOE en France.
Bernard-Précy et Robert Benoist, Au volant : cours pratique de conduite automobile, Paris, Tallandier,
(en) Robert Ryan, Early One Morning (Roman), Headline, (ISBN0-7472-6872-X), basé sur l’histoire de Robert Benoist dans le Special Operations Executive.
Alain Pernot, Grand Prix de France, un siècle en histoires, Boulogne-Billancourt, ETAI, , 207 p. (ISBN2-7268-8657-4)
Bruno Durand, articles in Bulletin de la Société historique de Dourdan, (ISSN0248-9392) :
Les parachutages alliés pour le réseau Vengeance de Dourdan, 10 pages, bulletin no 47, juin-décembre 2004,.
Le groupe des services secrets britanniques (SOE) de Robert Benoist, le maquis de Sermaise et la rafle des 19 au de Dourdan à Saint-Sulpice-de-Favières, 56 pages, bulletin no 49, juillet-décembre 2005, p. 9-64.
Les maquisards « savoyards » de Robert Benoist à Dourdan, Roinville et Sainte-Mesme (juin 1944), 18 pages, bulletin no 56, décembre 2008-juillet 2009.
Roger Labric, Robert Benoist Champion du Monde, Edicta Paris,