Sanchez, née à Birmingham (Alabama), le est la fille de Wilson L. Driver et de Lena I (Jones) Driver[1]. Sa mère est morte lorsque Sanchez n'avait encore que deux ans. Pendant ses premières années, elle a été ballottée entre plusieurs domiciles de son entourage, dont celui de sa grand-mère jusqu'à ce que cette dernière meurt. Sanchez avait alors six ans[2]. Puis, en 1943, elle a rejoint son père, sa sœur et sa belle-mère à Harlem.Son père lui fait découvrir le jazz, lui fait écouter des vedettes du jazz comme Billie Holiday, Billy Eckstine, Art Tatum, etc[3]. En 1955, Sanchez a obtenu le Bachelor of Arts (licence) en Science PolitiqueHunter College, puis, elle a suivi des études de créativité littéraire à l'université de New York, où elle a étudié la poésie avec Louise Bogan[4],[5].
La mort de sa grand-mère l'a particulièrement affectée. Âgée d'à peine six ans, Sanchez craignant de perdre des êtres chers, développe un important bégaiement ce qui la rend particulièrement introvertie. Cependant, elle commence alors à lire et à porter une attention particulière au langage et à ses sons. À partir du moment où elle rejoint Harlem, elle réussit à vaincre son bégaiement. Très douée à l'école, elle trouve peu à peu son style littéraire favori qui privilégie une voix poétique en se concentrant principalement sur les sons. En effet, elle lit sa poésie à haute voix, ce qui lui permet d'élargir la gamme sonore de ses phrases et la lecture dynamique de ses écrits. Elle se décrit à présent comme un "bégaiement ordonné"[2].
Carrière
Enseignement
Elle a enseigné en classe de CM2 (Fifth grade) à la Downtown Community School(en), école non ségréguée de New York jusqu'en 1966[6],[7]. Sanchez a enseigné comme professeure dans huit universités, et elle a donné des conférences dans plus de 500 universités à travers les États-Unis, dont l'Université Howard. Sanchez a aussi été une des pionnières dans l’effort d’établir la discipline des African-American studies dans l'enseignement supérieur. En 1966, après l'adoption de différentes lois fédérales comme le Civil Rights Act de 1964, le Voting Rights Act de 1965 prohibant toutes les lois et réglementations ségrégatives sur l'ensemble des États-Unis, Sonia Sanchez a introduit la première fois un cours sur les African-American studies à l'université d'État de San Francisco. Sonia Sanchez a été la première à créer un cours universitaire centré sur des auteures littéraires afro-américaines. Elle voyait la discipline des African-American studies comme à la fois un nouveau programme pour l’étude des Afro-Américains, et comme un défi pour combattre les préjugés institutionnalisés des universités américaines[8]. Ces efforts sont clairement alignés aux objectifs du Black Arts Movement. Dans le cadre du Presidential Management Fellows Program(en), Sonia Sanchez obtient une bourse d'études à l’Université Temple, où elle a commencé à travailler en 1977 et y enseignera jusqu'à sa retraite en 1999. En 1998 elle est honorée par l'Université Temple en étant lauréate du prix dit Laura Carnell professorships[9],[10]. Elle a également animé des séminaires de création littéraire auprès des poètes en résidence à l'université Temple. Elle a lu sa poésie en Afrique, dans les Caraïbes, en Chine, en Australie, en Europe, au Nicaragua, au Canada et à Cuba.
Militantisme
Sonia Sanchez a soutenu le National Black United Front (NBUF). Sanchez a eu une influence certaine sur le mouvement américain des droits civiques et le Black Arts Movement. Au début des années 1960, Sonia Sanchez est devenue membre du Congress of Racial Equality (CORE)[11],[12], organisation prônant le non violence et l'intégration des Afro-Américains au sein de la société américaine. Mais après avoir écouté des conférences de Malcolm X, Sonia Sanchez prend conscience que les Blancs n'avaient jamais accepté les contributions des Afro-américains aux sciences, aux arts et à vie politique des États-Unis et va donc axer ses recherches sur son héritage afro-américain d'un point de vue communautaire[13],[7].
En 1971, Sonia Sanchez adhère à Nation of Islam mais le quitte en 1976 en raison des positions machistes du mouvement[14],[15].
Style et thèmes
Sanchez est connue pour ses innovation mixant des formats musicaux - par exemple le blues - et des formats poétiques traditionnels comme le haïku et la tanka. Elle a aussi tendance à utiliser une orthographe incorrecte pour célébrer le son unique de l'anglais parlé par les Afro-Américains, dont elle attribue le mérite à des poètes comme Langston Hughes et Sterling Brown[16].
Sa première anthologie de poème, Home Coming (1969), est connue pour ses influences blues, tant dans la forme que dans le contenu. Cette anthologie décrit les difficultés à définir l'identité afro-américaine aux États-Unis, mais souligne aussi des raisons de célébrer la culture noire[17]. Son deuxième livre, We a BaddDDD People (1970), a renforcé sa contribution à l'esthétique du Black Arts Movement en se concentrant sur la vie de tous les jours des hommes et des femmes afro-américains. Ces poèmes utilisent la langue vernaculaire noire urbaine, une ponctuation expérimentale, ainsi que l'orthographe, l'espacement, et la qualité performative du jazz.
Tout en continuant à souligner ce qu'elle voit comme le besoin d'un changement révolutionnaire de culture, les derniers travaux de Sanchez, par exemple I’ve Been a Woman (1978), Homegirls and Handgrenades (1984), et "Under a Soprano Sky" (1987), ont tendance à se concentrer moins sur les thèmes séparatistes (comme ceux de Malcolm X), et plus sur l'amour, la communauté, et l'émancipation. Elle continue d'explorer les formes du haïku, du tanka, et du sonku, ainsi que les rythmes influencés par le blues. Ses derniers travaux continuent ses expérimentations avec les formes comme l'épopée dans Does Your House Have Lions? (1997) et le haiku dans Morning Haiku (2010)[18],[19].
En plus de sa poésie, la contribution de Sanchez au Black Arts Movement inclut le drame et la prose. Elle a commencé à écrire des pièces de théâtre à San Francisco dans les années 1960. Plusieurs de ses pièces de théâtre défient l'esprit machiste du mouvement, et se concentrent sur les femmes protagonistes. Sanchez a été reconnue comme championne novatrice du féminisme noir[20].
Vie personnelle
Sonia Sanchez conserve le nom de famille d'Albert Sanchez, avec lequel elle s'est mariée en premières noces. De son second époux, Etheridge Knight, naissent trois enfants: une fille, Anita, et des jumeaux: Moran Neuse et Mingu Neuse. Le fait d'être mère a largement influencé les contours de sa poésie dans les années 1970, alors qu'émergeait l'intérêt dirigé aux liens affectifs entre mère et enfant[2]. Sanchez et Knight sont maintenant divorcés. Elle a également trois petits enfants[21],[22].
(en-US) We a BaddDDD People, Broadside Press, 1 janvier 1970, rééd. 1973, 72 p. (ISBN9780910296274),
(en-US) Like the Singing Coming off the Drums: Love Poems, Beacon Press, 1 janvier 1973, rééd. 1 janvier 1999, 144 p. (ISBN9780807068434),
(en-US) A Blues Book For Blue Black Magical Women, Broadside Press, , 62 p. (ISBN9780910296786),
(en-US) I've Been a Woman: New and Selected Poems, Third World Press, 1979, rééd. 1 juin 1985, 101 p. (ISBN9780883781128),
(en-US) Homegirls and Handgrenades, White Pine Press, 1984, rééd. 1 avril 2007, 96 p. (ISBN9781893996809),
(en-US) Generations: Selected Poetry, 1969-1985, Red Sea Press, , 65 p. (ISBN9780907015338),
(en-US) Under a Soprano Sky, Africa Research and Publications, , 101 p. (ISBN9780865430532),
(en-US) Wounded in the House of A Friend, Beacon Press, 1995, rééd. 28 avril 1997, 94 p. (ISBN9780807068274),
(en-US) Does Your House Have Lions?, Beacon Press, 20 juillet 1997, rééd. 28 janvier 1998, 70 p. (ISBN9780807068311),
(en-US) Shake Loose My Skin: New and Selected Poems, Beacon Press, 1999, rééd. 7 avril 2000, 168 p. (ISBN9780807068533),
(en-US) Morning Haiku, Beacon Press, 2010, rééd. 25 janvier 2011, 144 p. (ISBN9780807001318),
Pièces de théâtre
(en-US) Malcolm/man don't live here no mo, Alexander Street Press, (OCLC593435574),
(en-US) The Bronx is next, Alexander Street Press, 2001, rééd. 2003 (OCLC79436948),
(en-US) Uh huh, but how do it free us?, Alexander Street Press, 2002, rééd. 2003, 53 p. (OCLC79436954),
(en-US) Dirty hearts, Alexander Street Press, (OCLC79436950),
(en-US) Sister Son/ji, Alexander Street Press, (OCLC79436953),
(en-US) I'm Black When I'm Singing, I'm Blue When I Ain't and Other Plays, Duke University Press Books, 1 janvier 2009, rééd. 17 septembre 2010, 196 p. (ISBN9780822347781),
Prochain arrêt le Bronx et autres pièces, Paris, L'Arche, , 208 p. (ISBN9782851819680, OCLC79436953), traduit par Sika Fakambi. Contient les pièces : Prochain arrêt le Bronx, Sister Son/ji, La Dame de pique, Malcolm/Man n'est plus de ce monde, Uh huh, et vous appelez ça liberté ?, Je suis noire quand je chante, sinon je suis blue et 2 x 2.
Livres pour la jeunesse
(en-US) It's A New Day;Poems For Young Brothas And Sistuhs, Broadside Press, 1 janvier 1971, rééd. 1983, 29 p. (ISBN9780910296601),
(en-US) The adventures of Fathead, Smallhead, and Squarehead, (ill. Taiwo DuVall), Third Press, , 29 p. (ISBN9780893880941),
(en-US) A sound investment, short stories for young readers (ill. Larry Crowe), Third World Press, 1980, rééd. 1985, 24 p. (OCLC258220936),
Anthologies
(en-US) éditrice : Sonia Sanchez, We Be Word Sorcerers: 25 Stories by Black Americans, Bantam Books, , 284 p. (OCLC1068546384),
En 1993, elle obtient une récompense dans la catégorie des arts du centre Pew Fellowships. En 2001, elle remporte la médaille Robert Frost qui représente l'un des prix littéraires les plus prestigieux des États-Unis
Sanchez a été nommée première poète lauréat de Philadelphie par le maire Michael Nutter. Elle l'est restée pendant deux ans de 2012 à 2014[26]. En 2013, Sanchez a été la tête d’affiche du 17e événement annuel de poésie Poetry Ink, où elle a lu son poème Under a Soprano Sky[27]. BaddDDD Sonia Sanchez, est un documentaire par Barbara Attie, Janet Goldwater, et Sabrina Schmidt Gordon. BaddDDD Sonia Sanchez, est un documentaire par Barbara Attie, Janet Goldwater, et Sabrina Schmidt Gordon. Le documentaire est sur le travail, carrière, l'influence et la vie de Sonia Sanchez. Le documentaire est sorti en 2015[28],[29], quand il a été diffusé au Full Frame Documentary Film Festival[30].Le film est sorti au Royaume-Uni le à Rivington Place[31].
Hommages
Un de ses travaux les plus récents est un interlude phrasé sur Hope is an Open Window. Il s'agit d'une chanson co-écrite par Diana Ross dans son album Everyday is a New Day. La chanson est mise en vedette dans un film qui rend hommage au 9/11. Elle est l'une des vingt femmes noires-américaines qui font partie de "Freedom Sister", une exposition initiée par le Cincinnati Museum Center at Union Terminal et par le Smithsonian Institution.[[23]]
↑ ab et c(en) Henry Louis Gates et Valerie A. Smith (éd.), The Norton Anthology of African-American Literature, New York, Norton, , 708–10 p. (ISBN978-0-393-92370-4)
↑Henry Louis Gates et Valerie Smith, The Norton Anthology of African American Literature, W.W. Norton & Company,
↑(en) Emmanuel Sampath Nelson (éd.), African American Dramatists: an A-to-Z guide, Greenwood Publishing Group, (ISBN978-0-313-32233-4, lire en ligne [livre électronique])
↑(en) Bloch, Avital H. et Lauri Umansky (éd.), Impossible to Hold : Women and Culture in the 1960's, NYU Press, , 342 p. (ISBN978-0-8147-9910-9, lire en ligne)
Notices dans des encyclopédies et des ouvrages de références
(en-US) Shari Dorantes Hatch & Michael R. Strickland, African-American Writers: A Dictionary, ABC-CLIO, , 491 p. (ISBN9780874369595, lire en ligne), p. 313-314,
(en-US) Merriam-Webster's dictionary of American writers, Merriam-Webster, , 545 p. (ISBN9780877790228, lire en ligne), p. 355,
(en-US) Joyce Pettis, African American Poets: Lives, Works, and Sources, Greenwood Press, , 356 p. (ISBN9780313311178, lire en ligne), p. 292-299,
(en-US) Shari Dorantes Hatch, Encyclopedia of African-American Writing, Grey House Publishing, , 869 p. (ISBN9781592372911, lire en ligne), p. 506-509,
Essais
(en-US) Joyce Ann Joyce, Ijala: Sonia Sanchez and the African Poetic Tradition, Third World Press, novembre 1996, rééd. 1 mars 1997, 192 p. (ISBN9780883781906, lire en ligne)
(en-US) Joyce A. Joyce, Conversations with Sonia Sanchez, University Press of Mississippi, 3 février 2007, rééd. 27 janvier 2017, 213 p. (ISBN9781578069521),
Articles
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(en-US) R. Roderick Palmer, « The Poetry of Three Revolutionists : Don L. Lee, Sonia Sanchez and Nikki Giovanni », CLA Journal, Vol. 15, No. 1, , p. 25-36 (12 pages) (lire en ligne),
(en-US) D. H. Melhem, « Sonia Sanchez: Will and Spirit », Melus, vol. 12, no. 3, , p. 73-98 (26 pages) (lire en ligne),
(en-US) Leslie W. Lewis, India Dennis-Mahmood & Sonia Sanchez, « Traveling Conversation: India Dennis-Mahmood Interviews Sonia Sanchez », Feminist Teacher, Vol. 12, No. 3, , p. 198-212 (15 pages) (lire en ligne),
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(en-US) Eisa Davis, Lucille Clifton & Sonia Sanchez, « Lucille Clifton and Sonia Sanchez: A Conversation », Callaloo, Vol. 25, No. 4, , p. 1038-1074 (37 pages) (lire en ligne),
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(en-US) Brandi Stanton, « Aids, Race, and the Invasion of the Body in Sonia Sanchez's "Does your House Have Lions?" », Callaloo, Vol. 36, No. 1, , p. 90-105 (16 pages) (lire en ligne),