Akiaki est situé à 42 km au nord-ouest de Vahitahi, l'atoll le plus proche, à 153 km de celui d'Hao et à 1 050 km à l'est de Tahiti. C'est un petit atoll ovale de 2 kilomètres de longueur et 900 mètres de largeur maximales, pour une superficie de 1,7 km2, dépourvu de lagon – l'atoll s'est comblé[2] –, et qui s'élève très peu au-dessus du niveau de la mer.
D'un point de vue géologique, l'atoll est l'excroissance corallienne (de quelques mètres) du sommet d'un petit mont volcanique sous-marin homonyme sur la plaque du Pacifique, qui mesure 3 420 mètres depuis le plancher océanique, formé il y a environ 39,3 à 39,7 millions d'années[3].
Administrativement, l'atoll d'Akiaki fait partie de la commune de Nukutavake et ne possède pas d'habitants permanents[1]. Quelques maisons sont présentes dans la partie nord-ouest de l'île.
Histoire
Akiaki porte de nombreux vestiges archéologiques d'occupation polynésienne appartenant à l'aire culturelle et linguistique Maragai (regroupant également les atolls de Nukutavake, PinakiVairaatea, et Vahitahi)[4].
Le premier Européen à avoir notifié l'existence de l'atoll d'Akiaki fut Louis Antoine de Bougainville qui l'aborde — avec ses navires La Boudeuse et L'Étoile — le [2],[5].
Il le dénomma « Île des Lanciers ». Le Britannique James Cook visite Akiaki le , durant son premier voyage, et nomme l'atoll Thrum Cup[6]. C'est enfin son compatriote Frederick William Beechey qui le mentionne le [2].
Au XIXe siècle, Akiaki devient un territoire français peuplé vers 1850 d'environ quarante habitants autochtones[7].
Postérité
Denis Diderot consacre à l'île des Lanciers un développement dans le premier chapitre de son conte moral Supplément au voyage de Bougainville publié en 1796. Lors d'un dialogue entre deux personnages fictifs A et B, il présente les coutumes supposées de l'atoll — qu'il n'a évidemment jamais visité et dont il se sert de manière théorique et aporétique[8] en raison de ses spécificités géographique, démographique, et culturelle, pour sa réflexion générale —, ainsi :
« B : Pour le moment, voyez-vous cette île qu'on appelle des Lanciers ? À l'inspection du lieu qu'elle occupe sur le globe, il n'est personne qui ne se demande qui est-ce qui a placé là des hommes ? Quelle communication les liait autrefois avec le reste de leur espèce ? Que deviennent-ils en se multipliant sur un espace qui n'a pas plus d'une lieue de diamètre ?
A : Ils s'exterminent et se mangent ; et c'est de là peut-être une première époque très ancienne et très naturelle de l'anthropophagie, insulaire d'origine. B : Ou la multiplication y est limitée par quelque loi superstitieuse ; l'enfant y est écrasé dans le sein de sa mère, foulé sous les pieds d'une prêtresse. A : Ou l'homme égorgé y expire sous le couteau d'un prêtre ; ou l'on a recours à la castration des mâles... B : À l'infibulation des femelles ; et de là tant d'usages d'une cruauté nécessaire et bizarre, dont la cause s'est perdue dans la nuit des temps, et met les philosophes à la torture[9]. »
L'atoll présente une exploitation de ses cocotiers (en partie replantés) lors de quelques visites occasionnelles, malgré le fait que le seul point de débarquement potentiel, situé au nord-ouest de l'île, soit d'un accès plutôt difficile.
La pêche aux holothuries est uniquement autorisée dans la partie sud du lagon[10].