Immanuel WallersteinImmanuel Wallerstein
Immanuel Maurice Wallerstein, né le à New York et mort le à Branford (Connecticut), est un sociologue et un historien de l'économie américaine. Il est surtout connu pour ses travaux sur le système-monde, né au XVe siècle, et la mondialisation. BiographieJeunesse et étudesNé à New York dans une famille de juifs polonais, Immanuel Wallerstein s'intéresse très tôt à la politique et aux questions internationales, très discutées au sein de sa famille[1]. Il fait l'intégralité de ses études à l'université Columbia de New York où il obtient une licence en 1951, une maîtrise en 1954 et un doctorat en 1959. Il fait également des séjours universitaires à l'université Paris-Diderot et à l'université libre de Bruxelles[2]. Parcours professionnelAprès l'obtention de son doctorat, Wallerstein devient maître de conférences. Il conserve ce statut jusqu'en 1971, date à laquelle il devient professeur de sociologie à l'université McGill à Montréal. À partir de 1976, il travailla comme professeur de sociologie à l’université de Binghamton (SUNY), jusqu’à sa retraite en 1999. Il travailla en outre comme directeur du centre Fernand-Braudel pour l’Étude de l’Économie, des Systèmes historiques et des Civilisations. Immanuel Wallerstein occupa plusieurs postes de professeur honoraire d’université dans plusieurs pays, reçut de nombreuses récompenses et occupa par intermittence le poste de directeur d'études associé à l’École des hautes études en sciences sociales de Paris. Il fut également le président de l’Association internationale de sociologie entre 1994 et 1998. Ses travaux ont pour une grande part portés sur l'économie-monde à partir du XVe siècle, à la suite de ceux de Fernand Braudel dont il était considéré comme l'héritier. Il meurt le [3]. ApportsAffaires postcoloniales africainesImmanuel Wallerstein commence sa carrière en tant qu'expert des affaires postcoloniales africaines. Jusqu'au début des années 1970, l'essentiel de ses travaux est consacré à ce sujet. Histoire et théorie de l'économie mondialePuis, il se distingue comme historien et théoricien de l'économie mondiale capitaliste au niveau macroscopique. Sa très précoce critique du capitalisme mondial et son soutien aux « mouvements anti-systémiques » font de lui, au même titre que Noam Chomsky et Pierre Bourdieu, une référence du mouvement altermondialiste. Sa contribution la plus importante, The Modern World-System, paraît en trois volumes, respectivement en 1974, 1980 et 1989. Wallerstein s'inspire de trois principaux courants intellectuels :
Son expérience et les impressions tirées de ses propres travaux sur l’Afrique post-coloniale, ainsi que les différentes théories traitant du problème des « pays en voie de développement », ont également nourri sa réflexion. Théorie du Tiers-MondeL'un des aspects de ses travaux pour lequel Wallerstein est reconnu est d’avoir anticipé l’aggravation du conflit Nord-Sud en pleine période de guerre froide. Wallerstein rejette complètement la notion de « Tiers-Monde » et affirme qu'il n'existait qu’un seul monde connecté par un réseau complexe de relations d’échanges économiques. Pour lui, il s'agit d'une « économie-monde », ou « système-monde » (qui historiquement comprenait les nations-États mais ne s'y limitait pas), dans laquelle la dichotomie du capital et du travail et l’accumulation du capital par des agents en concurrence se traduisent par des contradictions. Système-mondeWallerstein situe l'origine du « système-monde » moderne dans l’Europe du Nord-Ouest du XVIe siècle. Ce qui était initialement une simple avance sur l’accumulation du capital en Grande-Bretagne et en France, en raison de circonstances politiques spécifiques à la fin de la période féodale, déclencha un processus d’expansion graduelle qui aboutit à un unique réseau mondial (ou système d’échange économique) qui existe encore aujourd’hui. Un développement important se déroula pendant l’ère de l’impérialisme, qui mit virtuellement le monde entier en contact avec l’économie capitaliste européenne. Le « système-monde » capitaliste est loin d’être homogène, que ce soit culturellement, politiquement ou économiquement parlant. Il est en effet caractérisé par des disparités fondamentales dans le développement culturel et social et par une distribution inégale du pouvoir politique et du capital. À la différence des théories en faveur de la mondialisation et du capitalisme, Wallerstein ne conçoit pas ces différences comme de simples résidus ou irrégularités qui peuvent et seront effacées à mesure que le système évoluera de façon globale. Bien plus encore, selon lui, la division actuelle du monde en centre ou cœur, semi-périphérie et périphérie est une caractéristique propre du système-mondial. Les régions qui sont demeurées à l’écart du « système-monde » y demeurent en tant que périphérie. Il y a une division du travail fondamentale et institutionnelle entre le cœur et la périphérie : tandis que le cœur a un haut niveau de développement technique, et des produits manufacturés de haute complexité, le rôle de la périphérie se limite à celui d’apporter les matières premières, des produits agricoles et de la main-d’œuvre bon marché aux acteurs en croissance du centre. L’échange économique entre le cœur et la périphérie est inégal : la périphérie est obligée de vendre ses produits à bas prix mais doit acheter les produits du centre au prix fort. Cette inégalité, une fois établie, tend à se stabiliser en raison de contraintes quasi-déterministes. Les situations du centre et de la périphérie ne sont en revanche pas déterminées et attribuées de façon rigide à certaines zones géographiques : elles sont en fait relatives l’une et l’autre et se déplacent. Il existe une zone appelée semi-périphérie qui agit en tant que périphérie par rapport au centre et comme centre par rapport à la périphérie. À la fin du XXe siècle, cette zone pourrait comprendre l’Europe de l’Est, la Chine et le Brésil par exemple. L’un des effets de l’expansion du « système-monde » est l’augmentation continuelle de la marchandisation des choses, y compris la main-d’œuvre humaine. Les ressources naturelles, les terres, la main-d’œuvre mais également les relations humaines se font peu à peu arracher leur valeur « intrinsèque » et sont transformés en marchandises sur un marché qui dicte leur valeur d’échange. Au cours des années 1970, la théorie de Wallerstein a été critiquée par plusieurs courants intellectuels, non seulement de la part des néolibéraux ou des milieux conservateurs, mais également de la part d’historiens qui mirent en doute certaines de ses allégations historiques. Les tenants des cultural studies l'ont initialement accusé d'ignorer l'importance des facteurs culturels dans les mutations sociales. Prises de positionsImmanuel Wallerstein fut notamment l'un des signataires du manifeste de Porto Alegre du Forum social mondial. TravauxPublications en français
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Notes et références
Bibliographie
AnnexesArticles connexes
Liens externes
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