Fils de l'avocat marseillais Raoul Brion (1870-1957), Marcel Brion a pour condisciples, dans sa classe de sixième du lycée Thiers de Marseille, Marcel Pagnol et Albert Cohen[2],[3],[4]. Après avoir achevé ses études secondaires au collège Champittet, en Suisse, il suit des études de droit à la faculté d'Aix-en-Provence. Avocat au barreau de Marseille entre 1920 et 1924, il abandonne très tôt sa carrière de juriste pour se tourner vers la littérature[5].
Issu d'une famille d'origine provençale et irlandaise, son nom « Brion » est une francisation de « O'Brion ».
« Marcel Brion, c'était l'Europe avant la lettre. Il connaissait sept des langues principales parlées en Occident, et il les connaissait en découvreur de talents. Il a su choisir et il ne s'est pas trompé » (Le Figaro, ).
Il meurt le , à son domicile 32, rue du Bac à Paris, où il vécut près de quarante ans et écrivit la plus grande partie de son œuvre. Marcel Brion laisse près de cent ouvrages. Il est enterré au cimetière des Longs Réages à Meudon.
Son épouse Liliane Brion-Guerry fut directrice du département esthétique au CNRS. Son fils, Patrick Brion, critique et historien du cinéma, est la « voix » du Cinéma de minuit de France 3. Sa fille, Agnès Brion, s'efforce de poursuivre l'œuvre de son père en assurant les rééditions des ouvrages de Marcel Brion et en publiant des œuvres inédites
Prix Prince Pierre de Monaco pour l'ensemble de son œuvre (1956).
Grand Prix national des Lettres (1979).
Œuvre
Essais
À travers son activité d'historien de l'art, Marcel Brion s'est intéressé avant tout aux différents aspects de la civilisation européenne : la musique, avec en particulier son Mozart, la peinture, la sculpture, les icônes. Cette multiplicité des thèmes et des cultures lui vaut d'être aujourd'hui traduit en Allemagne, en Espagne, au Portugal, en Italie et en Russie, pays dont l'héritage lui a inspiré des articles et des livres qu'il considérait lui-même comme autant de « voyages » dans un sens presque initiatique, de ces voyages dont il écrit, dans son essai sur Novalis : « La durée du voyage ignore toutes les limites que le temps met à l'activité de l'homme ».
« La substance du rêve est la conscience d'un manque », écrit Marcel Brion dans le roman Algues (1976). Dans une ambiance incertaine de « passage », de « traversée », où se mêlent l'errance et le doute, la nostalgie et l'envoûtement, l'œuvre de fiction, inaugurée dès 1929 par Le Caprice espagnol, culmine avec des romans comme Château d'ombres (1943), L'Enchanteur (1965), La Fête de la tour des Âmes (1974) ou le recueil de nouvelles Les Escales de la haute nuit (1942). Au milieu d'un univers où les frontières tendent à se dissoudre entre le réel et l'imaginaire, l'auteur laisse surgir, comme malgré lui, des personnages mystérieux, tragiques, tel le « Maréchal de la Peur », qui donnent au lecteur la sensation de pénétrer dans un clair-obscur à la fois fantasmatique et étrangement familier. Ces thèmes du songe, de la magie, du hasard, de l'inconnu, se retrouvent dans chacun de ses romans ou nouvelles.
Nombre de ces textes sont aujourd'hui disponibles, réédités chez leur éditeur d'origine ou publiés en édition de poche.
Bernard Vigneron, Henri Bosco et Marcel Brion, approches, les Editions du Panthéon, Paris, 2023.
Histoire
Les Mondes antiques, Arthème Fayard, 1954 ; Tallandier, 1977. 9 volumes : L'Égypte (1 et 2), L'Orient (3), Les Hébreux (4), La Grèce (5 et 6), Rome (7 à 9)
Romans et nouvelles
Le Caprice espagnol (Gallimard nrf, 1929)
La Folie Céladon (Éditions Correa, 1935, Albin Michel 1963, et livre de Poche, 1989)
Les Escales de la haute nuit, nouvelles, (Laffont, 1942 et 1966, réédition bibliothèque Marabout, 1971, puis Albin Michel, 1986)[6]
Un enfant de la terre et du ciel (Albin Michel, 1943)
Château d'ombre (Luf, 1943, puis Albin Michel, 1960)[7]
L’Enchanteur (Luf, 1947)
La Chanson de l'Oiseau étranger (Albin Michel, 1958)
La Ville de sable, (Albin Michel, 1959)
La Rose de cire (Albin MIchel, 1964)
De l'autre côté de la forêt (Albin Michel, 1966)
Les Miroirs et les gouffres (Albin Michel, 1968)
L’Ombre d’un arbre mort (Albin Michel, 1970)
Nous avons traversé la montagne (Albin Michel, 1972)
La Fête de la tour des âmes (Albin Michel, 1974)
Algues - fragment d'un journal intime (Albin Michel, 1976)
Les Vaines Montagnes (Albin Michel, 1985)
Le Journal d’un visiteur (Albin Michel, 1980)
Villa des hasards (Albin Michel, 1984)
Ivre d’un rêve héroïque et brutal (de Fallois, 2014)
Nathalie Raoux, « Marcel Brion et Walter Benjamin, le Passeur et le Passant », in Marcel Brion humaniste et « passeur », dans Actes du colloque international Marcel Brion organisé par la Bibliothèque nationale de France, Albin Michel, 1996.
Cahiers Marcel Brion, Klincksieck.
Élisabeth Cautru, « Marcel Brion ou le fantastique réel », Otrante. Art et littérature fantastiques, Fontenay-aux-Roses, Groupe d'Étude des Esthétiques de l'Étrange et du Fantastique de Fontenay (GEEEFF), no 2 « Le Diable », , p. 119-129.