Engagé volontaire de 1940 à 1942 (152e Régiment d'infanterie) et démobilisé à Lyon en , il devient en zone sud secrétaire de rédaction à L'Action française auprès de Charles Maurras. Dans le même temps, il collabore à Marie Claire[5]. Il devient également par la suite journaliste à Paris Match[4].
En 1950, il adhère à l'Association des amis de Robert Brasillach[6]. Il commence au même moment une vie de voyages qu'il n'arrêtera plus et qui nourrira constamment son œuvre romanesque. D'une manière plus ou moins prolongée, il séjourne notamment en Suisse, en Italie, aux États-Unis, qu'il parcourt en train et en bus Greyhound grâce à une bourse de la fondation Rockefeller, au Canada, au Portugal et en Grèce (à partir de 1959), d'abord à Skyros, puis à Spetsai. Mais c'est encore en Irlande, pays dont il se sent proche culturellement, qu'il séjourne le plus longtemps en famille, avec Chantal (née Renaudeau d'Arc, épousée en 1963[5]), et ses enfants Alice et Alexandre. Ses voyages et séjours en Irlande furent de grandes inspirations pour ses romans[7].
Parallèlement à la composition de ses livres, il poursuit une carrière d'éditeur pour la maison Plon et de critique aux Nouvelles Littéraires ou au Journal du dimanche. Lié aussi à la revue et aux éditions de La Table Ronde, il est associé aux Hussards[4], bien qu'il ait lui-même contesté l'existence de ce mouvement comme il le confie à son ami journaliste Jean-Luc Delblat dans Le Métier d'écrire publié au Cherche Midi en 1994 : "Nimier et Laurent ne s'aimaient guère, de même que Blondin et Laurent. Nous étions très différents. D'ailleurs les écrits de chacun témoignent de cette profonde divergence, bien que nous ayons été rassemblés un jour, par hasard, à l'occasion des préfaces à un livre d'André Fraigneau... Nous avons aussi été réunis par Jacques Laurent, dans la revue La Parisienne. Mais les "Hussards" n'ont jamais existé..."[10]
Après la liberté de ton de La Corrida ou de La Carotte et le Bâton, Michel Déon donne une nouvelle orientation à son œuvre en recourant au genre plus classique mais aussi plus ambitieux de la fresque contemporaine (Les Poneys sauvages) ou du roman de formation (Le Jeune Homme vert)[11]. Publié en 1981, Un déjeuner de soleil est le roman que Déon confiera être son préféré à Jean-Luc Delblat avec Les Poneys sauvages en répondant à la question : "Lequel de vos romans voudriez-vous qu'un jeune écrivain lise en premier ?" : "Je crois qu'il trouvera son profit dans Un déjeuner de soleil qui est un roman sur la création littéraire. Et puis Les poneys sauvages. Je pense que ce dernier n'est pas trop mal réussi. Je m'en aperçois maintenant parce que ce sont des gens très jeunes qui le lisent aujourd'hui, alors qu'il a été publié il y a vingt ans. Il fait l'objet de nombreuses thèses... Et j'ai de la chance : si mes romans n'étaient lus que par des gens de mon âge, d'abord il y en aurait moins, et puis ce ne serait pas rassurant ! "[10].
En 1999, il signe pour s'opposer à la guerre en Serbie la pétition « Les Européens veulent la paix »[12], lancée par le collectif Non à la guerre[13].
En , l'Université française lui rend hommage : un colloque est organisé à la Sorbonne sur son œuvre à l'initiative d'Alain Lanavère et Thierry Laurent[14].
Vivant en Grèce, sur l'île de Spetsaï, puis en Irlande, à Tynagh[19], il est élu le à l'Académie française en même temps qu'Edgar Faure. Il y est reçu le par Félicien Marceau et fait l'éloge de son prédécesseur au 8e fauteuil, Jean Rostand. Sa carrière d’académicien permet de révéler au grand jour Vincent Delecroix (Tombeau d’Achille) et Jean Rolin (Chrétiens)[pas clair]. Il est au moment de sa mort vice-doyen d'âge et vice-doyen d'élection de l'Académie.
Famille
Marié en mars 1963 avec Chantal Renaudeau d'Arc (1932-2018), Michel Déon a deux enfants : Alice et Alexandre[20].
L'année suivante, la famille de Michel Déon cherche un cimetière parisien pour l'accueillir mais se heurte au refus d'Anne Hidalgo, bien qu’il ait été un romancier ayant beaucoup traité de la capitale française dans ses ouvrages et y ayant longtemps vécu : né rue de la Roquette, il a vécu après guerre rue Férou puis rue de Beaune jusqu'à la fin des années 1990. Étienne de Montety dans Le Figaro lance une campagne, obtenant de nombreux soutiens dont celui d'Hélène Carrère d'Encausse, pour qu'il soit accueilli dans un cimetière de la capitale[4]. En , la mairie de Paris maintient sa position, en s'appuyant sur le Code général des collectivités territoriales[24].
Mais face au tollé, exprimé notamment par une pétition d'une centaine d'écrivains sollicités par Montety, parmi lesquels Michel Houellebecq, Jean Rolin, Yasmina Reza, Anne Hidalgo fait marche arrière[25]. Il est finalement inhumé au cimetière du Montparnasse (division 8), où sa veuve le rejoint en 2018.
Œuvres
Ouvrages
Auteur de nombreux ouvrages illustrés (notamment par Jean Cortot, Olivier Debré, George Ball) sa bibliographie comporte plus de 40 volumes. Ses œuvres majeures ont été réunies en un seul volume paru dans la collection « Quarto » chez Gallimard en 2006.
Adieux à Sheila, roman, Robert Laffont, 1944
Amours perdues, roman, Bordas, 1946
Je ne veux jamais l’oublier, roman, Plon, 1950
La Corrida, roman, Plon, 1952
Le Dieu pâle, roman, Plon, 1954 (Prix des Sept)
Tout l'amour du monde, I, récits, Plon, 1955
Plaisirs, roman érotique sous le pseudonyme de Michel Férou. 6e de la Série Blonde des Éditions de Paris, 1955,
Lettre à un jeune Rastignac, libelle, Fasquelle, 1956
Les Trompeuses Espérances, roman, Plon, 1956
Les Gens de la nuit, roman, Plon, 1958
L'Armée d'Algérie et la pacification, Plon, 1959
La Carotte et le Bâton, roman, Plon, 1960
Tout l'amour du monde, II, récits, Plon, 1960
Le Balcon de Spetsai, récits, Gallimard, 1961 (Prix Kauffmann)
Louis XIV par lui-même, Librairie Académique Perrin, 1964
Bagages pour Vancouver, récits, La Table Ronde, 1985
Ma vie n'est plus un roman, théâtre, Gallimard, 1987
La Montée du soir, roman, Gallimard, 1987
Un souvenir, roman, Gallimard, 1990
Le Prix de l'amour, nouvelles, Gallimard, 1992
Ariane ou l'oubli, théâtre, Gallimard, 1993
Parlons-en..., conversations avec Alice Déon, Gallimard, 1993
Pages grecques, récits, Gallimard, 1993 (Le Balcon de Spetsai, Le Rendez-vous de Patmos, Spetsai revisité)
Je me suis beaucoup promené, miscellanées, La Table Ronde, 1995
Une longue amitié, lettres échangées avec André Fraigneau, La Table Ronde, 1995
Le Flâneur de Londres, Robert Laffont, 1995
Orphée aimait-il Eurydice?, Séguier, 1996
La Cour des grands, roman, Gallimard, 1996
L'Enfant et la sorcière, roman pour la jeunesse, Gallimard, 1998
Madame Rose, roman, Albin Michel, 1998
Pages françaises, récits, Gallimard, 1999 (Mes arches de Noë, Bagages pour Vancouver, Post-scriptum)
Taisez-vous, j'entends venir un ange, sotie, Gallimard, 2001
Mentir est tout un art, nouvelle, Éditions du Rocher, 2002
Le poète, Éditions Sigalla, 2003
Sarah, Éditions Sigalla, 2003
Larbaud, heureux Larbaud, Éditions Sigalla, 2003
La Chambre de ton père, souvenirs, Gallimard, 2004
Guerres et roman, dialogues avec Lakis Proguidis, Flammarion, 2005
Cavalier, passe ton chemin !, récits, Gallimard, 2005
Œuvres, Gallimard, coll. « Quarto », 2006 (Thomas et l'infini, La Chambre de ton père, Les Trompeuses Espérances, Les Poneys sauvages, Un taxi mauve, Un déjeuner de soleil, La Montée du soir, Cavalier, Passe ton chemin !, Une île au loin illustrée de 8 gravures de George Ball...)
Lettres de château, Gallimard, 2009 (Prix Coup de Cœur de l'Essai du Point, 2009)
↑Il a adopté Michel Déon comme nom de plume avant d'en faire son patronyme légal (autorisation accordée par le Conseil d'État le 19 octobre 1965). Déon était le nom de jeune fille de sa grand-mère maternelle comme l'indique son arbre généalogique.
↑Jean-Yves Camus et René Monzat, Les Droites nationales et radicales en France : répertoire critique, Lyon, Presses universitaires de Lyon, , 526 p. (ISBN2-7297-0416-7), p. 397.
↑« Michel DÉON », sur academie-francaise.fr (consulté le ).
↑Jean-François Homassel, « Bardèche (Maurice) », dans Jacques Julliard et Michel Winock (dir.), Dictionnaire des intellectuels français : les personnes, les lieux, les moments, Paris, Le Seuil, (ISBN978-2-02-099205-3), p. 131-132.
↑Olivier Dard, Michel Leymarie, Jacques Prévotat et Neil McWilliam (dir.), Le Maurrassisme et la Culture : l'Action française : culture, société, politique, t. III, Villeneuve-d'Ascq, Presses universitaires du Septentrion, 2010, p. 247.
Pol Vandromme, « Le Prince du bonheur », dans La Droite buissonnière, Paris, Les Sept Couleurs, 1960 ; « Michel Déon », dans Littérature de notre temps, Paris, Casterman, 1970.
André Thérive, « Michel Déon », dans Livres de France, Paris, 1962.
Kléber Haedens, Une histoire de la littérature française, Paris, Grasset, 1970.
Pol Vandromme, Michel Déon : le nomade sédentaire, Paris, La Table Ronde, 1990.
Marie-Hélène Ferrandini et Pierre Brunel (dir.), L'Univers romanesque de Michel Déon (thèse de doctorat en littérature française), Paris, université Paris-IV, , 383 p. (SUDOC01302034X).
Thierry Laurent, Michel Déon : écrivain engagé ou désengagé ? Postface de Michel Déon. Paris, Éditions de la Société des écrivains, 1999.
Thierry Laurent, Alain Lanavère et Jean-Pierre Poussou (dir.), Michel Déon aujourd'hui, Presses de l'université Paris-Sorbonne, 2005.
Déon, Cahiers de l'Herne, 2009.
Michel Mourlet, Écrivains de France XXe siècle, réédition augmentée : « Le Calender Michel Déon », Paris, France Univers, 2011. 3e édition augmentée, France Univers, 2020.
Dossier Michel Déon : "La Fin d'une époque", Livr'Arbitres n° 22, Hiver 2017.
Bernard Alavoine, "Michel Déon, un regard désenchanté", Editions Universitaires de Dijon, 2018, 114 p.