Henri Queuille
Henri Queuille est un homme d'État français, né le à Neuvic (Corrèze) et mort le à Paris. Membre du Parti radical-socialiste, plusieurs fois ministre sous la IIIe République, notamment à l'Agriculture, il fut trois fois président du Conseil sous la IVe République. BiographieAnnées de jeunesseHenri Queuille naît à Neuvic où son père est pharmacien et maire adjoint. Orphelin de père à l'âge de 11 ans, il est élève boursier au lycée de Tulle et décroche son baccalauréat à 18 ans. Il fait ensuite ses études de médecine à Paris, où il se lie d'amitié avec Georges Duhamel, également médecin. À 20 ans, il fonde le syndicat des gorges de la Dordogne QEB qui édite des cartes postales et des brochures pour le tourisme. À 24 ans, après la mort de sa mère en 1908, il s'installe comme médecin généraliste à Neuvic. Il devient un acteur politique local très engagé dans le parti radical-socialiste et fait figure de « rouge » pour ses détracteurs. Il est élu maire de Neuvic en 1912, conseiller général du canton de Neuvic en 1913 et député de la circonscription d'Ussel en 1914. Engagé volontaire pendant la Première Guerre mondialeVolontaire, dès le début de la Première Guerre mondiale, il est affecté comme médecin aide-major à l'hôpital de Baccarat. En lui est décernée la croix de guerre avec citation, seule décoration qu'il porte. Il participe à la bataille de Verdun et à la bataille de la Somme. Un ministre de l'entre-deux-guerresÉlu député de la Corrèze dès 1914, il va être réélu à quatre reprises sous l'étiquette radical-socialiste, jusqu'aux élections de 1936 auxquelles il ne se participera pas et qui verront le communiste Marius Vazeilles lui succéder temporairement. Il redeviendra parlementaire après guerre en 1946. En 1935, il devient sénateur de la Corrèze en succédant à ce poste à Henry de Jouvenel, décédé cette année-là. Sur le plan local, outre son mandat de maire de Neuvic, il accède, à partir de 1921, à la présidence du conseil général de la Corrèze, poste qu'il occupera jusqu'en 1940. Queuille est sous-secrétaire d’État à l'Agriculture en 1920, puis nommé secrétaire d'État ou ministre à plusieurs reprises : Agriculture en 1924-1925, 1926-1928, 1930, 1932-1933, 1933 (1), 1933 (2), 1933-1934, 1934 (1), 1934 (2), 1938-1940, Santé publique en 1930-1931, 1934-1935, PTT en 1932, Travaux publics en 1937-1938. Au titre de cette dernière fonction, il met en œuvre et applique la nationalisation des chemins de fer amorcée antérieurement. La création sans heurt de la SNCF, dans des délais très courts, à l'issue de négociations délicates avec les compagnies, vaut à Queuille l'hommage public du président du Conseil, Camille Chautemps, et les félicitations de Léon Blum. Il est président de la Confédération nationale de la mutualité, de la coopération et du crédit agricole de 1935 à 1959. L'inamovible ministre de l'Agriculture durant l'entre-deux-guerres n'en est pas moins pris dans la tourmente, en 1933, de l’un des plus gros scandales politico-financiers de l’époque : « l’affaire Stavisky »[1]. Seconde Guerre mondiale : ralliement au général de GaulleMinistre du Ravitaillement en 1940 dans le gouvernement Paul Reynaud, il participe comme sénateur au congrès de Vichy le . Il s'abstient lors de l'octroi des pleins pouvoirs constituants à Philippe Pétain et se retire à Neuvic, où il fonde une entreprise de charbon de bois, destinée à alimenter les gazogènes. Le , il est révoqué de sa fonction de maire de Neuvic par le régime de Vichy. Pendant son séjour clandestin à Neuvic en décembre 1942, Claude Hettier de Boislambert l'informe que le général Charles de Gaulle attache une grande importance à son ralliement. Après l'échec d'une première tentative d'exfiltration, il réussit, en , à gagner Londres à bord d'un avion Lysander de la RAF. Quelques jours après son arrivée, il lance à la BBC un appel à la Résistance destiné aux paysans de France. En , Queuille est nommé commissaire d'État du Comité français de libération nationale. Il en assume également la vice-présidence. En , il devient ministre d'État du premier gouvernement provisoire de la République et, à ce titre, assure l'intérim de la présidence pendant les absences du général de Gaulle. Après la Libération, il se retire en Corrèze et refuse de continuer aux côtés de Charles de Gaulle, signe d'une faille entre les deux hommes. Il est battu aux élections législatives de 1945 pour la première et seule fois de sa carrière, mais il redevient maire de Neuvic. Favorable au rétablissement des institutions républicaines, Queuille se consacre, dans les mois qui suivent la Libération, au relèvement et à la réorganisation du parti radical, durement éprouvé par la guerre et l'occupation. La Seconde Guerre mondiale confronte Queuille et Edmond Michelet aux mêmes défis, chacun à sa mesure. Les deux Corréziens ne retrouvent leur pays qu’à la fin de la guerre, à près d’un an d’intervalle. La reconstruction de la vie politique locale va mettre face à face Queuille et Michelet au fur et à mesure des scrutins qui jalonnent l’immédiat après-guerre[2]. Henri Queuille est fidèle à la mémoire des martyrs du massacre de Tulle par la 2e division SS « Das Reich » le 9 juin 1944[3]. Président du Conseil sous la IVe RépubliqueIl retrouve son siège au palais Bourbon de 1946 à 1958. Il fait partie des gouvernements successifs de 1948 à 1954 en tant que Président du conseil[4] ou bien ministre d'État en 1948 (cabinet Marie) et en 1951-1952 (cabinet Pleven), ministre des Travaux publics en 1948 (cabinet Schuman), ministre de l'Intérieur en 1950-1951 (cabinet Pleven puis dans son propre gouvernement), vice-président du Conseil en 1949-1950 (cabinet Bidault) et en 1952-1954 (cabinets Pinay, Mayer, Laniel). Il exerce les fonctions de président du Conseil des ministres à trois reprises, dirigeant les coalitions de la Troisième Force, entre les communistes et les gaullistes :
Alors qu'il est chef du gouvernement, la France signe le traité de l'Atlantique nord et engage avec Robert Schuman, le processus de la construction Européenne. Comme ministre de l'Intérieur, il fait voter la loi des apparentements destinée à freiner l'essor du Rassemblement du peuple français et à réduire l'influence des communistes. Il est aussi ministre du Tourisme. Ses problèmes de santé ont pratiquement mis fin à sa carrière ministérielle à la fin des années 1950. Mieux portant, il aurait facilement succédé à Vincent Auriol à la présidence de la République[réf. nécessaire]. En , alors qu'à Versailles l'élection du nouveau chef de l'État s'éternisait, beaucoup espéraient qu'il finirait par se présenter pour sortir l'Assemblée de l'impasse. Il préfère s'abstenir et vit encore plus de 16 ans. En 1956, en désaccord avec Pierre Mendès France, il quitte le parti radical-socialiste et fonde, avec l'aile droite de ce dernier, le Centre républicain, dirigé par le maire de Nantes, André Morice. En , il s'oppose au retour de De Gaulle et appelle à voter contre le projet de constitution de la Ve République en . Il ne se représente pas aux élections législatives qui suivent et soutient le candidat socialiste SFIO, François Var, qui est élu à son siège. Queuille, qui avait distribué tellement de médailles, refuse la Légion d'honneur pour lui-même, et à part la Croix de guerre, il n'accepte que celle de la Société nationale d'horticulture de France. Bilan d'une longue carrière politiqueEn raison de sa longue carrière politique, l'homme ayant été vingt et une fois ministre sous la IIIe et la IVe Républiques, et des formules lapidaires qu'il a pu avoir sur l'exercice du pouvoir, Queuille, « le petit père Queuille », comme on le surnommait, a fini par devenir le symbole de l'inefficacité et du discrédit de la IVe République, empêtrée dans le régime des partis et, plus généralement, d'une certaine conception de la politique placée sous le sceau de l'impuissance fataliste et cynique. On lui prête la célèbre phrase : "Il n'est aucun problème assez urgent en politique qu'une absence de décision ne puisse résoudre." [5] Il est également le symbole de l'amabilité, de la simplicité, d'une honnêteté scrupuleuse, de la proximité avec ses concitoyens et d'une fidélité permanente à l'humanisme radical socialiste et à la République, ce qui l'amena à prendre des positions tranchées pas toujours dans l'air du temps. Malgré les jugements politiques qui deviennent des vérités, il reste de Queuille :
Il faut ajouter qu'il n'était nullement impopulaire : quand, avant l'élection présidentielle de 1953, l‘Almanach du Combattant organisa un sondage auprès de ses lecteurs pour savoir quel homme politique ils souhaitaient voir à l'Élysée, Queuille arriva très largement en tête. Évidemment, beaucoup d'anciens combattants et résistants souhaitaient que fût élu un des leurs. Les présidents de la République Jacques Chirac et François Hollande ont été dépeints comme des héritiers, chacun dans son style, du « père Queuille »[6]. Hommage et distinctionsDécorations
Reconnaissances
Fonctions gouvernementales
Publications
GénéalogieAscendance d’Henri Queuille[11]
Son fils Pierre-François Queuille (1911-1995), fut diplomate, ambassadeur en Malaisie et auteur d'ouvrages d'histoire de la diplomatie française. Notes et références
Voir aussiBibliographieOuvrages
Colloques scientifiques
Mémoire de maîtrise
Articles de revues
Liens externes
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