Philippe Manoury, né le à Tulle en Corrèze, est un compositeurfrançais. Il est l'auteur d'un vaste catalogue comprenant musiques solistes, musiques de chambres, pièces pour orchestre, opéras, ainsi que des œuvres électroniques.
Biographie
Né à Tulle en 1952[1], Philippe Manoury commence la musique à neuf ans, et se met rapidement à composer[réf. souhaitée]. Il rencontre Gérard Condé[réf. souhaitée], qui lui fait découvrir les grandes partitions classiques et romantiques et l'École de Vienne, et l'introduit auprès de Max Deutsch[1], élève d'Arnold Schönberg[2]. Il apprend rapidement les techniques de composition[2]. Les œuvres de Karlheinz Stockhausen, de Pierre Boulez et de Iannis Xenakis deviennent à cette époque ses références principales[1],[2]. C'est la création de Cryptophonos par le pianiste Claude Helffer en 1974 qui le fait connaître au public. Il entre ensuite au Conservatoire national supérieur de musique de Paris, où enseigne Michel Philippot[2] qui lui fait découvrir les premiers essais de formalisation musicale. À dix-neuf ans, ses œuvres sont déjà jouées dans les principaux concerts et festivals de musique contemporaine[réf. nécessaire].
De 1978 à 1980, il vit au Brésil et y donne des conférences dans les universités[réf. souhaitée].
En 1980, il rejoint l'IRCAM en tant que chercheur[1], au moment de la révolution informatique dans le domaine musical, où il collabore avec les chercheurs Giuseppe di Giugno et Miller Puckette[2]. Il y travaille notamment le domaine de l'interaction entre l'instrument et la machine[1] et devient l'un des pionniers de la musique électronique en temps réel, domaine dans lequel il continue jusqu'à aujourd'hui de travailler. L'informatique musicale devient un outil fondamental dans son travail de composition, que le compositeur associe à bon nombre de genres musicaux, musiques solistes, musiques de chambre, œuvres pour orchestre et même opéra[2]. En collaborant avec Miller Puckette de l'Ircam, il écrit notamment le cycle Sonus ex-machina (comprenant Jupiter, Pluton, La partition du ciel et de l'enfer et Neptune) pour différents instruments et électronique en temps réel. En 1988, Jupiter lui vaut le prix SACEM de la meilleure création contemporaine[réf. souhaitée]. Pour la composition de Pluton pour piano (1991), le chercheur développe un nouveau logiciel (permettant le suivi de partition) qui deviendra mondialement célèbre sour le nom Max/MSP[2].
Pendant un temps, Philippe Manoury est responsable de la pédagogie au sein de l'Ensemble intercontemporain[2] puis devient professeur de composition et de musique électronique au Conservatoire National Supérieur de Lyon[1]. Pendant cette période, Pierre Boulez dirige plusieurs de ses compositions aux États-Unis (Chicago, New York, Cleveland), dont sa grande œuvre pour orchestre Sound and Fury (1999). Son opéra K..., d'après le procès de Kafka ,est créé à l'opéra Bastille la même année.
De 2004 à 2012, Philippe Manoury est professeur et chercheur à l'Université de Californie à San Diego (UCSD)[2]. Il y enseigne la composition, l'informatique musicale et l'analyse. À cette occasion, il expose dans un entretien accordé à l'hebdomadaire Le Nouvel Observateur les raisons, essentiellement économiques, de son départ pour cette université[3]. Il émet cependant des réserves sur les motivations de ses étudiants qui semblent plus tournées vers la recherche d'un poste d'enseignement que vers le développement d'une carrière artistique. De retour en France en 2013, il s'installe à Strasbourg[2] et devient professeur de composition à la Haute Académie des Arts du Rhin à Strasbourg[2]. En 2015, il fonde sa propre académie de composition à l'intérieur du festival Musica à Strasbourg. Il décide de la clore brutalement en 2018 en réaction au manque de professionnalisme et à l'arrogance de la nouvelle direction de ce festival.[réf. souhaitée]
Il occupe la chaire de Création artistique du Collège de France pour la saison 2016-2017 et tient sa leçon inaugurale, « L’invention de la musique », le [1]. Il expose dans ses cours ce qui sont ses principaux axes de recherches : le renouvellement de l'orchestre symphonique, la musique électronique en temps réel et le développement du genre "opéra" pour lequel il a théorisé un nouveau modèle : le Thinkspiel, mêlant théâtre chanté, parlé, musiques électronique et instrumentale.
Sa collaboration avec le chef d'orchestre François-Xavier Roth, qui l'installe comme "Komponist für Köln", a été à l'origine de nombreuses créations pour grand orchestre, dont La Trilogie Köln (Ring, In situ et Lab.Oratorium).
Daniel Barenboim lui a commandé Das Wohlpräparierte Klavier pour piano et électronique qu'il a créé dans la Pierre Boulez Saal à Berlin en septembre 2021[réf. souhaitée]. À l'occasion de son 70e anniversaire en 2022, Philippe Manoury est l'objet une grande rétrospective de ses œuvres jouées à la Philharmonie de Paris, à Radio France, ainsi que lors de nombreux concerts à Lugano, au Festival Messiaen, à Porto, Amsterdam, Orléans et Strasbourg[réf. souhaitée].
Philippe Manoury travaille sur deux grands projets :
- Présences, une pièce pour grand orchestre dont la création est prévue au Suntory Hall de Tokyo en août 2024.
- un nouveau "thinkspiel" de très grande envergure : Die letzten Tage der Menschheit (Les derniers jours de l'humanité) d'après l'œuvre de Karl Kraus, dont la création est prévue au Festival d'Aix en 2025, dans une mise en scène de Nicolas Stemann sous la direction musicale de François-Xavier Roth.
Ses œuvres sont publiées par les éditions Durand à Paris et ses écrits sont consultables sur son blog philippemanoury.com.
Œuvre
Les œuvres de Philippe Manoury abordent tous les genres, musique vocale, musique de chambre, musique soliste, musique d'ensemble, musique électronique, musique pour grand orchestre et opéra.
La Trilogie Köln : cycle de 3 pièces pour très grand orchestre spatialisé destiné à la salle de la Philharmonie de Cologne (Allemagne) dont la création a couvert la période 2016-2019.
La Note et le Son : écrits et entretiens, 1981-1998, avec un avant-propos de Danielle Cohen-Lévinas, coll. « Musique et musicologie : Les dialogues », éditions L'Harmattan, Paris, 1998 (ISBN273846985X)
Va-et-vient : entretiens avec Daniela Langer, éditions Musica Falsa, coll. « Paroles », Paris, 2001 (ISBN2951238630)
La Musique du temps réel : entretiens avec Omer Corlaix et Jean-Guillaume Lebrun, éditions Musica Falsa, coll. « Paroles », Paris, 2012 (ISBN978-2-915794-56-4)
La Musique en questions : entretiens avec Philippe Manoury, éditions Aedam-Musicae, Paris, 1998 (ISBN978-2-919046-72-0). Depuis la disparition de cette édition, l'intégralité de ce texte est disponible sur le site de Philippe Manoury : philippemanoury.com
Notes et références
↑ abcdefghi et jOlivier Class, « Philippe Manoury », dans Hervé Lacombe, Histoire de l'opéra français. De la Belle Epoque au monde globalisé, Fayard, (ISBN9782213709918), p. 876-877.