Fille d'un cheminotsicilien et d'une mère anglaise, Silvana est élevée dans un climat de pauvreté et de privation, avec son frère aîné Roy et ses deux sœurs cadettes, Patrizia et Natascia. Elle découvre la danse à l'Opéra et, pendant sept ans, sa mère fera l'effort de lui payer des cours de danse chez Jia Ruskaja, à Milan. Silvana devient ensuite mannequin à l'atelier Mascetti. Elle participe à plusieurs concours de beauté, elle est élue Miss Rome en 1946[1]. Elle concourt au titre de Miss Italie, aux côtés de Lucia Bosé (élue Reine), Gina Lollobrigida, Eleonora Rossi Drago et Gianna Maria Canale, qui toutes feront carrière dans le cinéma.
La Mangano
Elle prend ensuite des cours de comédie et rencontre à cette occasion son premier grand amour, Marcello Mastroianni. Leur union dure peu de temps, mais ils se reverront régulièrement sur les plateaux de tournage. Sa première apparition au cinéma sera dans une figuration en 1945 dans un film français, Le Jugement dernier de René Chanas. Le metteur en scène Mario Costa la remarque à cette époque et lui fait tourner un petit rôle dans L'Elixir d'amour.
Silvana Mangano laisse le souvenir d'une très grande actrice, estimée du public et de la profession, et d'une star de premier plan, d'une beauté singulière et impressionnante, capable de la plus grande distinction dans Mort à Venise comme de la plus grande vulgarité dans L'Argent de la vieille ou Violence et Passion ; elle a été sorcière, mère d'Œdipe, amante d'un ange (Terence Stamp), et, dans Le Décaméron, la Madone, reine du Ciel.
Le peintre Axel Sanson l'a notamment représentée dans l'un de ses tableaux[3].
Vie privée
Dans sa jeunesse, elle a une relation de quelques mois avec l'acteur Marcello Mastroianni[1].
Mariée au producteur Dino De Laurentiis en 1949, elle a quatre enfants : Veronica (née en 1950), Raffaella (née en 1952), Federico (1955-1981) et Francesca (née en 1961).
Elle s'était lancée dans le cinéma « seulement pour l'argent ». Au fil des années, elle développe une dépression (accentuée par la mort de ses amis Pier Paolo Pasolini et Luchino Visconti, puis de son fils Federico), ce qui la conduira à s'isoler. Elle est catholique pratiquante. Avec son mari, elle vit dans la banlieue chic de Rome, près de la Via Appia Antica ; ils possèdent également une résidence secondaire en France, au bord de la plage de Roquebrune-Cap-Martin, où ils organisent des soirées mondaines[1].
La disparition de Federico, le , à l'âge de 26 ans, dans un accident d'avion en Alaska, la plonge dans le désespoir et déchire son couple, elle divorce en 1983. Elle meurt six ans plus tard dans une clinique madrilène, victime d'un cancer du poumon[4].
↑ ab et cJean-Baptiste Roques, « Les soleils noirs de la Mangano », Vanity Fair no 24, juin 2015, pages 150-159.
↑Antonio Mancinelli (dir.) et Silvana Mangano (trad. de l'italien), Fashion Box : les icônes de la mode, Paris, Éditions du Chêne, , 480 p. (ISBN978-2-8123-0426-2), « Hot Pants », p. 182 à 211.
↑Catherine Malaval, Axel Sanson. Una persistente fortuna, Paris, La nouvelle école française, , 85 p. (ISBN979-10-97320-00-3), p. 25
↑« Mort de Silvana Mangano La magicienne », Le Monde, , p. 10.