Camélia Jordana Aliouane naît le à Toulon. Petite-fille d’immigrés algériens, baignée dans cette culture[2], elle est la fille d'un chef d'entreprise de transport de béton et d'une thérapeute en développement personnel[3]. Sa grand-mère, aînée d'une fratrie pauvre de neuf enfants, vient vivre en France avec son mari, travaillant ensemble pour cultiver des pêches dans le Var dans les années 1950. En Algérie, son grand-père était un référent local du Front de libération nationale (FLN), parti politique indépendantiste[4].
Camélia Jordana grandit à La Londe-les-Maures[5]. Elle suit ses études au lycée Jean-Aicard de Hyères, jusqu'en première littéraire. Elle tient son goût pour le chant de sa mère, chanteuse lyrique amatrice[6]. Celle-ci l'inscrit à des cours de piano, qu'elle suit pendant sept ans, et de théâtre[4].
Elle accède aux primes diffusés en direct et finit troisième de la compétition. Elle est éliminée en demi-finale face à Leila et Soan. Son départ a été beaucoup commenté, puisqu'elle était la favorite de la saison. Dans Télérama, un journaliste écrit : « Toute la France parle de vous ce matin […]. A star is born », promettant de ne pas regarder la finale : « Sans vous, quel intérêt ? »[4].
En juin 2009, après la fin de l'émission, elle signe un contrat avec le label Sony Music lui permettant d'enregistrer son premier album (Camélia Jordana, sorti le )[8].
Premier album (2010 – 2011)
Dès le lendemain de sa diffusion sur l'iTunes Store, le premier single intitulé Non, non, non (Écouter Barbara) se classe à la troisième place des ventes[9]. L'album est à la première place des ventes sur iTunes Store dès le 31 mars[réf. souhaitée]. La première semaine, son album s'est écoulé à 10 169 exemplaires selon le Syndicat national de l'édition phonographique (SNEP) et GFK Music, ce qui le propulse à la 9e place du classement albums[10].
Après Non, non, non (Écouter Barbara), les titres Calamity Jane et Moi c'est ont fait l'objet de singles transmis aux stations de radios et de clips vidéo parus sur YouTube respectivement le et le .
Mi-novembre 2010, soit huit mois après sa sortie, son premier album est certifié disque de platine avec plus de 110 000 exemplaires vendus[11].
Afin de soutenir les droits de l’enfant dans le monde, le 20 novembre 2010, l’UNICEF France s'est associée à Camélia Jordana. La chanson Non, non, non (Écouter Barbara) a été réécrite pour l'occasion et présentée sous forme de flashmobs à travers la France[12][source insuffisante] et d'un clip participatif[13][source insuffisante].
Camélia Jordana a été nommée[14] deux fois aux Victoires de la musique 2011 dans les catégories « Artiste révélation du public » et « Artiste révélation scène ». Elle a également été nommée aux NRJ Music Awards dans la catégorie « Révélation française de l'année » et aux Globes de cristal dans la catégorie « Meilleure interprète féminine ».
Un an après sa parution, son premier album s'est vendu à plus de 160 000 exemplaires, faisant de celui-ci une des meilleures ventes de l'année pour un artiste débutant[15],[16],[17],[4].
Consécration comme actrice et deuxième album (2012 – 2017)
L'année suivante, elle défend trois autres seconds rôles : au cinéma dans les comédies dramatiques Je suis à vous tout de suite et Nous trois ou rien, aux côtés de Leila Bekhti. Elle apparaît également à la télévision, sur Canal+, dans l'unique saison de la série internationale Panthers, où elle joue la petite sœur du personnage de Tahar Rahim.
Parallèlement, la jeune femme sort un deuxième album réalisé par Babx : un premier extrait est dévoilé le 22 mai 2014 et un album, intitulé Dans la peau, sort le 8 septembre 2014.
Au printemps 2016, elle tourne dans le premier long-métrage de Sou Abadi, Cherchez la femme. Elle signe la chanson Ce qui nous lie est là pour le drame familial Ce qui nous lie, de Cédric Klapisch, sorti la même année.
Le magazine américain Variety annonce en janvier 2017 que Camélia Jordana doit jouer dans le film de Caroline FourestSœurs d'armes sur les combattantes kurdes[19],[20].
Troisième album (2018 – 2019)
Lost est le troisième album de Camélia Jordana, paru en novembre 2018 sur le label Arista. Il est conçu avec Laurent Bardainne. Elle choisit d’y présenter ses engagements : « Je ne peux pas faire des chansons pour raconter mes vacances ou mes histoires d’amour, même si j’adore ça »[21].
Avec la chanson Dhaouw, elle évoque le massacre du 17 octobre 1961 : « Dans la Seine, le poids des os. Ils coulent, depuis le grand saut »[21]. Camélia Jordana rend hommage à Freddie Gray dans un clip et dénonce les violences policières. Elle fait aussi référence à l'affaire Adama Traoré[22]. En 2019, elle remporte une Victoire de la musique pour cet album dans la catégorie Musiques du monde.
En 2024, elle chante sur l'album MRA de la chanteuse tunisienne et américaine Emel Mathlouthi, effectuant un featuring sur le titre "Mazel"[28].
Prises de position
Société dans laquelle elle ne se « reconnaît pas »
En , elle affirme que sa génération ne se reconnait pas dans la société française, dirigée par de « vieux blancs riches »[29]. Cette déclaration suscite des réactions contrastées, lui valant notamment des accusations de racisme antiblanc[30]. Pour sa part, Lucas Bretonnier, journaliste à Marianne, écrit que ses différentes déclarations font le « marketing des origines » et dépeint une génération passée « d’un extrême (la honte) à un autre (la revendication criarde) »[31].
L'année suivante, dans un entretien accordé à La Provence, Camélia Jordana déclare à propos du conflit kurde en Turquie que « si c'étaient des blancs catholiques qui se faisaient massacrer, on trouverait des solutions »[32],[33].
Violences policières associées au racisme
Le , interrogée par Philippe Besson dans l'émission On n'est pas couché, elle déclare au sujet des violences policières : « Je parle des hommes et des femmes qui vont travailler tous les matins en banlieue et qui se font massacrer pour nulle autre raison que leur couleur de peau, c’est un fait. » Elle ajoute : « Il y a des milliers de personnes qui ne se sentent pas en sécurité face à un flic, et j’en fais partie. Aujourd’hui j’ai les cheveux défrisés, quand j’ai les cheveux frisés, je ne me sens pas en sécurité face à un flic en France. Vraiment. Vraiment »[34],[35].
Ces propos entraînent de vives réactions. Christophe Castaner, ministère de l'Intérieur, écrit sur Twitter : « Non madame, « les hommes et les femmes qui vont travailler tous les matins en banlieue » ne se font pas « massacrer pour nulle autre raison que leur couleur de peau ». Ces propos mensongers et honteux alimentent la haine et la violence. Ils appellent une condamnation sans réserve. »[36],[35]. Des personnalités de droite et d'extrême droite désapprouvent également ses déclarations, les jugeant haineuses et passibles de poursuites judiciaires[37],[38]. Le syndicat Alliance Police nationale annonce saisir le procureur de la République[39],[40].
Des personnalités de gauche et d'extrême gauche (dont Manon Aubry, Manuel Bompard, Rokhaya Diallo ou Aurélien Taché) approuvent cependant les propos de la chanteuse[41],[42]. L’association SOS Racisme lui apporte son soutien et fait état d'une impossibilité de traiter le sujet et d’un supposé racisme des forces de l’ordre[41],[34]. Assa Traoré — sœur d’Adama Traoré, mort en 2016 après une interpellation — apporte son soutien à la chanteuse et lance le mot dièse (hashtag) « #MoiAussiJaiPeurDevantLaPolice », qui est utilisé plus de 40 000 fois sur le réseau social au 25 mai[43].
Face à la polémique, Camélia Jordana publie un tweet le : affirmant être « épatée par toutes ces réactions » ; elle indique qu’elle n’entend plus s’exprimer dans les médias mais invite Christophe Castaner à débattre avec elle à la télévision[44] et accorde un entretien au journal Le Monde[45].
Responsabilités des hommes blancs
Le , dans le cadre de la présentation de son nouveau double album, elle déclare à L'Obs : « L’ensemble de ces chansons disent que si j’étais un homme, je demanderais pardon, je questionnerais les peurs, et je prendrais le temps de m’interroger. Car les hommes blancs sont, dans l’inconscient collectif, responsables de tous les maux de la terre[46],[47]. » La Ligue internationale contre le racisme et l'antisémitisme dénonce cette déclaration, qu'elle estime « inconsciente »[48],[49].
Pour Claire Pian du HuffPost, ces phrases sont sorties de leur contexte. Elle indique que Camélia Jordana explique à L'Obs qu'elle tente dans cet album de se mettre à la place d’un homme et s'imagine qu'« elle demanderait pardon, questionnerait « les peurs » et prendrait le temps de s’interroger ». Le titre Les Garçons serait en fait selon elle « une déclaration d’amour aux hommes » qui s'inscrirait dans le but de donner tort à ce qu’elle dit être de l’ordre de l’inconscient collectif, à savoir que « les hommes blancs » seraient « responsables de tous les maux sur Terre », ce qu'elle entend également montrer par la suite dans un documentaire féministe où elle donne la parole aux hommes[50].
So in Love, album d'André Manoukian, sorti le , sur lequel elle interprète la chanson qu'elle avait chantée lors de son casting pour la nouvelle star, What a Wonderful World ;
Pourquoi battait mon cœur, album d'Alex Beaupain, paru le , et sur lequel elle interprète en duo avec ce dernier le titre Avant la haine ;
l'album La bande des mots, paru le , sur lequel elle interprète l'un des poèmes Spleen de Charles Baudelaire qu'elle a mis elle-même en musique ;
Elles et Lui d'Alain Chamfort dans lequel elle interprète en 2012 Bambou en duo avec le chanteur ;
Déjà vu, album du Trio SR9, où elle reprend les tubes Malamente et Dance Monkey réarrangés pour chant et percussions.
Le , elle participe discrètement à une réunion du monde culturel organisée au Bataclan par Jean-Luc Mélenchon, candidat à la présidence de la République française, qu'elle reconnaît beaucoup apprécier[63]. Le , elle a chanté pour la victoire de François Hollande lors de l'élection présidentielle.
En 2013, elle interprète Les Boîtes sur le projet Le Soldat rose 2 aux côtés d'artistes comme Nolwenn Leroy, Laurent Voulzy ou encore Élodie Frégé. Elle partage le titre Je ne t'ai jamais aimé sur l'album Drones personnels de Babx.
Elle est présente sur le nouvel album de Franck Monnet, Waimarama, sur une chanson intitulée Plus rien à me mettre.
En 2015, elle chante deux titres de l'album Les Gens dans l'enveloppe, chansons écrites et composées par Alex Beaupain pour accompagner le livre éponyme d'Isabelle Monnin (éd. JC Lattès).
Fin 2015, elle pose en Marianne, un sein dénudé, sur la une de l'hebdomadaire L'Obs pour le dernier numéro (double) de l'année consacré à ceux qui « vont faire 2016 »[4].
À partir de 2015, elle chante régulièrement pour les réfugiés de la crise migratoire[4].
En 2017, elle reprend Septembre sur l'album hommage à Barbara, intitulé Barbara et réalisé par le pianiste Alexandre Tharaud.Toujours en 2017, Camélia Jordana forme le duo Lost avec Laurent Bardainne (du groupe Poni Hoax). Le , le groupe dévoile Fi 3Lemi (Mon drapeau), un premier extrait de leur projet. Le sort FLIP, premier album du rappeur parisien Lomepal dans lequel le duo Lost participe au titre Danse.
En 2020, elle partage le titre Kudia Kuetu[65] avec l'artiste angolais Bonga sur son nouvel album à paraître en 2021.
↑Nabil Wakim, « « Le bon Arabe, c’est celui qui choisit d’être le meilleur en français plutôt qu’en arabe » », Le Monde, (lire en ligne, consulté le ).