Elle possède des ascendances tchèques par son arrière-grand-mère maternelle[1]. Son père et sa mère sont tous deux des professeurs de musique. Elle grandit à Rochester dans l'État de New York entre son frère, Ted, et sa sœur, Rachel qui se consacreront, comme elle, à la musique. Elle écoute sa mère donner des leçons de chant pendant des journées entières[2].
Elle grandit en chantant dans les chœurs d'église[3]. Elle prend des leçons de piano, de chant, de violon et de danse[2] par obligation et non par plaisir[2] et, adolescente, rejoint sa mère, soliste dans une église de Rochester[4].
Elle s'intéresse à la musique pop et au jazz avec Pat Misslin à la Crane School of Music à l'Université de l'État de New York à Potsdam[2]. C'est elle qui, découvrant les qualités vocales de sa jeune élève, la dirigera vers la musique classique[2]. Au cours de ses études, elle fait partie d'un trio de jazz qui se produit au bar « Alger » situé près du campus de l'Université. Le saxophoniste de jazzIllinois Jacquet l'invite à se joindre à la tournée de son groupe mais elle choisit de poursuivre ses études avec Jan DeGaetani, professeur de chant de l'Eastman School of Music à l'Université de Rochester. À la faveur de la bourse Fulbright, elle part étudier en Europe auprès d'Arleen Auger – une spécialiste de l'oratorio qui signa plus de cent enregistrements dans le genre[5] – et d'Elisabeth Schwarzkopf avant de retourner parfaire sa technique à la Juilliard School, Conservatoire de Musique et de Danse de la ville de New York[2]. Au Julliard Opera Center, elle interprète, entre autres, des rôles tels que Musetta (La Bohème, Puccini) et celui de la femme dans l'œuvre Tamu-Tamu de Gian Carlo Menotti[6],[7].
Cantatrice
Renée Fleming est habituellement considérée comme une femme sympathique toujours prête à rendre service et éprouvant des difficultés à dire non[8].
Renée Fleming a deux enfants, Amelia et Sage, issus de son mariage[9] avec l'acteur Rick Ross dont elle a divorcé en 1998[10],[11].
Son intérêt pour les langues[12] la conduit à s'intéresser, à côté des opéras courants du répertoire (en italien, allemand, français), à des œuvres composées dans des langues moins fréquentes à l'opéra comme l'anglais (sa langue maternelle), le russe ou le tchèque. Et elle peut aborder avec le même succès Thaïs[13] de Jules Massenet en français ou Rusalka d'Antonín Dvořák en tchèque.
Carrière
Débuts professionnels
Renée Fleming commence sa carrière professionnelle avec de petites compagnies interprétant des rôles d'opéra ou chantant dans des concerts alors qu'elle est étudiante à la Juilliard School. C'est ainsi que Renée Fleming a souvent été présente dans les séries de concerts Musica Viva patronnées par la New York Unitarian Chuch of All Souls durant les années 1980[14]. En 1984 elle interprète neuf lieder de Hugo Wolf à l'occasion de la première du ballet Adieu d'Eliot Feld et qu'elle chantera de nouveau en 1987 et 1989 au Joyce Theater[15].
En 1986, Renée Fleming interprète son premier grand rôle, Konstanze, de l'Enlèvement au Sérail au Salzburg Landestheater.
Deux ans plus tard, on retrouve Renée Fleming au sein de la troupe du Piccolo Teatro dell Opera[16] où elle est la Thalie, la Clarine et La Folie de l'opéra Platée de Jean-Philippe Rameau[17].
En 1988 la cantatrice remporte le Metropolitan Opera Auditions. Elle rencontre dès lors un succès qui ne s'est jamais démenti.
1988
Âgée de 29 ans, elle gagne le Metropolitan Opera Auditions et, la même année, la Comtesse des Noces de Figaro est son premier succès au Grand Opera de Houston (Texas). Elle reprend le rôle l'année suivante pour ses débuts au Festival des Deux Mondes[18] de Spolète (Italie).
Toujours en 1989, Renée Fleming fait également ses débuts au New York City Opera dans le rôle de Mimi (La Bohème, Puccini)[19] puis à Covent Garden de Londres où elle chante Dirce du Médée de Cherubini.
Elle est récompensée par l'allocation Richard Tucker Career[20] et le George London Competition.
1990
En 1990, Renée Fleming est récompensée par le prix Richard Tucker[21], plus haute distinction attribuée par la Fondation Richard Tucker pour la Musique[22].
Cette même année, elle fait son entrée à l'opéra de Seattle dans le rôle-titre de Rusalka (Antonín Dvořák) qu'elle reprendra dans maints opéras du monde entier et qu'elle enregistrera de façon magistrale[23] sous la direction de Charles Mackerras.
Elle chante aussi pour le ballet Les Noces (Eliot Feld, compositeur), à l'occasion du 50e anniversaire de l'American Ballet Theater[24] puis retourne au New York City Opera pour camper la Comtesse des Noces de Figaro (Mozart)[25] et Micaela de Carmen (Bizet). Enfin, l'Opera Orchestra de New York la pressent pour le rôle-titre de Lucrèce Borgia.
1991
La cantatrice accède au Metropolitan Opera et à l'Opéra de San Francisco où elle incarne la Comtesse des Noces de Figaro. En fait, Renée Fleming n'était pas programmée pour faire son entrée au Met lors de la saison 1991, mais pour la saison suivante. Elle a été demandée par le directeur de l'opéra en remplacement de Dame Felicity Lott souffrante[26].
Elle rejoint l'illustre théâtre un peu plus tard au cours de la même année pour être Rosina de la première mondiale de l'opéra Ghosts of Versailles[27] (John Corigliano, compositeur).
Cette même année, la cantatrice fait ses premiers pas à Carnegie Hall sur une musique de Ravel[28]. Elle est accompagnée par le New York City Opera Orchestra.
Elle chante Rusalka au Grand Opera de Houston et fait ses débuts au Festival d'été de Tanglewood avec le personnage d'Ilia (Idomeneo, re di Creta, Mozart). L' Orchestre symphonique de Boston qui l'accompagne est dirigé par Seiji Ozawa[29].
Renée Fleming est l'Adélaïde du drame lyrique de Vincenzo Bellini : La straniera. Elle est accompagnée par l'Opera Orchestra of New York puis paraît pour la première fois au Rossini Opera Festival où elle interprète le rôle-titre de Armide (Rossini) avant ses débuts sur scène au Lyric Opera of Chicago dans le rôle-titre de la Susannah du compositeur Carlisle Floyd[35]
Cette même année 1993, elle est très applaudie pour son premier récital en tant que soliste à l'Alice Tully Hall[33],[36].
Elle chante encore la Pamina de Mozart dans la Flûte enchantée[37] au Metropolitan Opera puis le rôle-titre de Lulu. À cette occasion, elle est accompagnée par le Metropolitan Opera Orchestra placé sous la direction de James Levine[38].
Elle est enfin la cantatrice du théâtre musicalLetter From Sullivan Ballou de John Harold Kander[42], présenté en première mondiale lors de la céramonie des Richard Tucker Awards[43] de 1993.
Renée Fleming est l' Armida de Rossini et, à nouveau, la Fiordiligi du Cosi fan tutte au Met.
Avec le concours du Metropolitan Opera Orchestra, elle chante les solos pour soprano du Requiem de Verdi à Carnegie Hall[52].
Elle campe pour la première fois de sa carrière le personnage de Marguerite dans le Faust de Gounod à Chicago (Chicago Lyric Opera).
Sous la direction du chef d'orchestre Sir Georg Solti, elle sera la Donna Anna du Don Giovanni (Mozart) pour deux représentations lors de la réouverture de l'Opéra Garnier le [53].
Cette même année, elle est la récipiendaire du Prix Solti attribué à un(e) jeune chanteu(r)se particulièrement talentue(ux)se. Le prix est remis par l'Académie du Disque Lyrique au cours d'une manifestation équivalente aux Grammy Awards.
R. Fleming fait sa première apparition au Festival de Bayreuth dans le rôle de l'Eva des Maîtres Chanteurs de Nuremberg (Richard Wagner)[54].
Elle offre encore des récitals au Festival international d'Édimbourg ainsi qu'à l'Alice Tully Hall[33],[55].
La cantatrice a donné quatre autres représentations de Der Rosenkavalier au mois de janvier au Metropolitan Opera et y est retourné en avril pour interpréter Armida, une première dans cette maison d'opéra. La représentation du 1er mai fera partie de la série Le Metropolitan Opera : en direct et en HD.
2011
Elle chante trois rôles au Met en 2011 : Armida pour cinq représentations en février et , la comtesse dans Capriccio aux mois de mars et avril, et finalement elle reprendra le rôle-titre de Rodelinda pour huit représentations aux mois de novembre et décembre. La représentation de Capriccio le et celle de Rodelinda le feront partie de la série Le Metropolitan Opera : en direct et en HD. Elle apparaît à nouveau dans l‘Otello de Verdi à l'Opéra Bastille.
Renée Fleming sort un album intitulé Poèmes, réunissant quelques morceaux français de Ravel, Messiaen et Dutilleux. Elle obtient pour cet album le Grammy Award de la meilleure performance vocale solo en musique classique, un prix qu'elle avait déjà obtenu pour son album Verismo, paru quelques années auparavant.
2013
Le , au cours d'une cérémonie, Barack Obama remet à Renée Fleming la distinction très prestigieuse aux États-Unis de la National Medal of Arts Award. Il s'agit de la plus haute récompense accordée aux artistes par le gouvernement américain.
Le , Renée Fleming sort un nouvel album intitulé Guilty Pleasures, conçu comme une suite de The Beautiful Voice.
2014
Renée Fleming reprend l'un de ses rôles phares au Metropolitan Opera : Rusalka, de Dvořák, ainsi que le rôle-titre créé pour elle en 1997 par André Previn, dans Un tramway nommé désir, à Los Angeles.
La soprano américaine est également approchée pour interpréter l'hymne national américain en ouverture du Super Bowl 2014. Alors que l'hymne est habituellement interprété par des chanteurs ou chanteuses pop, comme Mariah Carey, Beyonce ou Christina Aguilera, le comité organisateur du Super Bowl a créé la surprise générale en confiant cette tâche à la soprano américaine.
Les possibilités étendues de sa voix permettent à Renée Fleming d'aborder des rôles extrêmement variés qui s'adressent aussi bien aux sopranos lyriques ou dramatiques, qu'aux coloratures et aux spinto[74] (voir la discographie). Elle « tient » les notes les plus aiguës sans jamais faiblir. Son registre étendu, son timbre « crémeux »[75], velouté, enveloppant et suave voire charnel alliés à un travail incessant la font considérer comme une des plus grandes sopranos actuelles[76].
Elle a été particulièrement applaudie pour ses interprétations de la Comtesse Almaviva (Les Noces de Figaro de Mozart), de Desdémone (Otello de Verdi), Violetta (La traviata de Verdi). Elle est l'inoubliable Rusalka de l'opéra homonyme de Dvorak[77], Manon ou Thaïs dans les opéras de Massenet[78]. Elle brille encore dans le rôle de la Maréchale du Chevalier à la Rose de Richard Strauss et campe la très crédible alcoolique d'Un tramway nommé Désir d'André Previn.
Elle est demandée régulièrement sur les plus grandes scènes internationales et remporte partout le même succès. Lorsqu'elle chanta dans Rusalka à l'Opéra Bastille en 2004[79], Renaud Machart, critique au journal Le Monde, qualifia sa voix de « sfumato sonore ».
Son CD Homage : The Age of the Diva a été nommé par deux fois pour les Grammy Awards ; une première fois « Meilleure interprétation vocale » et, une deuxième fois pour le « Meilleur album de musique classique chantée »
Richard Strauss, Quatre derniers Lieder – Lieder ("Befreit", "Muttertändelei", "Wiegenlied", "Waldseligkeit", "Cäcilie") – "Der Rosenkavalier", suite pour orchestre, Op. 145, Orchestre symphonique de Houston, dir. Christoph Eschenbach, RCA, 1995
Elle prête sa voix pour la bande sonore du film Le Seigneur des anneaux : Le Retour du roi dans lequel elle chante en sindarin avec la cantatrice américano-canadienne Isabel Bayrakdarian et la chanteuse anglaise de musique pop Sheila Chandra. Elles sont toutes trois considérées comme représentatives d'Arwen Étoile du Soir et, par extension, des Elfes. On peut l'entendre chanter lorsque Arwen a la vision de son enfant (Twilight and Shadow), lorsque le Gondor affronte le Mordor à Minas Tirith, lorsque Gollum s'empare de l'Anneau (The End of All Things), lorsque les aigles transportent Frodon et Sam au Mont du Destin ('The Eagles', The End of All Things) et lorsque Arwen est révélée lors du couronnement d'Aragorn ('Arwen révélée', Le Retour du Roi).
Renée Fleming enregistre également le duo O soave fanciulla avec Michael Bolton ainsi qu'un CD de Jazz (Haunted heart, Album CD Universal paru le )
↑« J'ai grandi en chantant dans les chœurs d'église. Mon père, chef de chœur, a travaillé pour différentes confessions protestantes tandis que nous quittions la Pennsylvanie pour l'État de New York (Renée Fleming citée par Brian Kellow, inlivret d'accompagnement du DVD Sacred Songs, Decca 074 3129) ».
↑« L'église avait un extraordinaire programme musical. Entre ma mère et certains des meilleurs élèves de l'École de Musique d'Eastman, j'en ai profité pour apprendre une grande partie des fondements du répertoire de l'oratorio (Renée Fleming citée par Brian Kellow, inlivret d'accompagnement du DVD Sacred Songs, Decca 074 3129) ».
↑Brian Kellow, inlivret d'accompagnement du DVD Sacred Songs, Decca 074 3129
↑ a et ble Richard Tucker Award est un prix décerné annuellement par la Fondation Richard Tucker à une cantatrice ou à un chanteur d'opéra né(e) aux États-UnisLa Fondation Richard Tucker
↑Ravinia Park est un parc privé de la ville d'Highland Park, Illinois, États-Unis. Résidence d'été du Chicago Symphony Orchestra depuis 1936, la ville est connue pour son Festival annuel
↑Knoxville: Summer of 1915 est une pièce pour voix et orchestre de Samuel Barber ((9 mars 1910 - 23 janvier 1981)
↑L'Orchestre de l'église Saint-Luc est un orchestre de chambre basé à New York
↑La première d'Un tramway nommé désir, tiré de la pièce de Tennessee Williams est paru en DVD. Fleming y campe magistralement un personnage alcoolique qui sombre peu à peu dans la folie…