Le fleuve était connu, à l'époque gallo-romaine, sous le nom grec de Κανεντελος (Kanentelos). Cet hydronyme est mentionné par le célèbre géographe grec Claude Ptolémée en 140 après Jésus-Christ[3].
La plus ancienne mention en langue latine de la Charente se trouve dans un texte d'Ausone, poète gallo-romain du IVe siècle, lequel l'appelle Carantonus[4]. Ensuite, on trouve les mentions médiévales Karente en 799, Karantona en 874, Carentum en 891[5]. Certaines formes anciennes sont semblables à celle de la Charentonne (Eure, Carentona 1050, Karentone 1339) et la Carantona, rivière d'Espagne.
La chute du suffixe -on- est attestée dès le haut Moyen Âge dans la forme Karente de 799.
Il existe un terme onno dans le glossaire de Vienne signifiant flumen « cours d'eau », dont la celticité est douteuse et qui serait issu du thème indo-européen*ud-r/n- (grec húdōr > hydro-, gotique wato « eau »), d'où *udnā « eau » > unna > onno[6]. Certains rapprochent l'ancien suffixe -on- de « Charente » de ce terme attesté et identifié avec davantage de certitude dans d'autres noms de rivières. Cependant, le non redoublement de -n- pose un problème. Aussi, Ernest Nègre[6] considère qu'il s'agit simplement du suffixe gaulois -ona.
Tout comme pour la terminaison, la nature du premier élément ne fait pas l'unanimité parmi les spécialistes :
Pierre-Yves Lambert reconstruit *Carantonā, dérivé de Carantō basé sur le thème gaulois*karant « ami, qui aime » cf. breton kar, kerant « parents »[7]. Charente signifierait alors « cours d'eau ami » à cause de son cours lent et paisible[8].
Ernest Nègre[8] propose un préceltique*caranto « sable ». La Charente serait donc « la sablonneuse ».
La longueur totale du fleuve est de 381,4 km[1], dont 224 km concernent le seul département de la Charente. Prise en ligne droite de sa source à son embouchure, sa longueur est seulement de 160 km, elle est plus que doublée par les nombreux méandres. La Charente se divise en plusieurs bras en divers endroits, formant des îlots dont la plupart sont inondables et inhabités.
Comme l'a décrit le géographe Daniel Faucher : « la vallée de la Charente est à bien des égards le lien entre toutes les régions charentaises" et " c'est en grande partie à son tracé qu'elle le doit »[10].
La haute vallée de la Charente
La Charente naît dans la partie ouest du Massif central, correspondant au Limousin caractérisé par son socle de roches cristallines imperméables. Sa source se trouve à Chéronnac dans la Haute-Vienne à 295 mètres d'altitude, et elle coule vers le nord-ouest sur douze kilomètres avant d'entrer dans le département de la Charente au lac de Lavaud. Ce dernier est un lac artificiel formé par un barrage construit en 1990. Un affluent, la Trèze, alimente aussi le lac de Lavaud.
Peu après, le fleuve reçoit sur sa rive gauche la Moulde, sur laquelle le barrage de Mas Chaban a été construit en 1989. La Moulde est une petite rivière grossie du Cluzeau, du Mas de Lépi, du Turlut et directement sur la rive gauche du lac du Petit Pont[pas clair].
Cette partie de la vallée qui correspond à la haute vallée de la Charente constitue également un point de contact géologique entre le massif granitique de la Charente limousine et les terrains secondaires du calcaire jurassique inférieur des pays charentais dont la limite est Chantrezac[10].
Le cours du fleuve prend ensuite une direction nord-ouest et ses eaux entrent dans le département de la Vienne qu'elles traversent sur 47 kilomètres. Dans sa brève incursion en terre poitevine, la Charente reçoit sur sa rive droite le Transon, atteint Charroux, bourg situé sur son affluent de rive droite, le Merdançon, et vire à l'ouest vers Civray.
La vallée de la Charente entre Ruffec et Angoulême
En quittant la petite cité de Civray, le fleuve revient dans le département de la Charente où son cours se dirige alors plein sud. Il se caractérise dès lors par une vallée plus large et par de nombreux et profonds méandres, traversant un grand nombre de villages et bourgs pittoresques dont Condac, aux portes de Ruffec, Verteuil-sur-Charente et son magnifique château, Lichères et sa belle église romane, Bayers puis Mansle.
Sa vallée, en aval de Mansle, est alors dénommée par certaines sources le Val d'Angoumois[11],[12],[13],[14] et, ce, jusqu'aux portes d'Angoulême, où les méandres prennent une ampleur maximale et ont calibré une large vallée. Cette appellation géographique relativement récente n'est toutefois pas utilisée localement.
En amont de Mansle, le fleuve reçoit sur sa rive gauche le Son-Sonnette, petit affluent formé du Son qui passe par Saint-Claud et de la Sonnette, puis la Charente reçoit la Bonnieure qui arrose Chasseneuil. Ces deux rivières s'écoulent plein ouest depuis Roumazières-Loubert. Il en est de même pour la Tardoire, cette dernière étant grossie des eaux du Bandiat et se jetant dans la Bonnieure. La Tardoire et le Bandiat ont également leurs lieux de source dans la Haute-Vienne et leurs cours remontent selon une direction nord-ouest en passant notamment pour la Tardoire par Montbron et La Rochefoucauld, et pour le Bandiat par Nontron en Dordogne.
De la source jusqu'à Mansle (alt. 55 m), la pente est forte avec un dénivelé de 185 m sur 127 km, ce qui rend impossible la navigation fluviale[15].
Depuis Mansle jusqu'au Port-du-Lys, en aval de Cognac (alt. 5 m), soit 130 km, la pente devient particulièrement faible. C'est alors que le fleuve paresse dans de larges méandres mais est accessible à la navigation fluviale à partir d'Angoulême.
En Angoumois, la Charente et ses affluents traversent des plateaux calcaires fissurés favorisant la présence de gouffres et de résurgences. Les sources de la Touvre, alimentées par des rivières souterraines provenant du karst de La Rochefoucauld, sont par leur débit la deuxième résurgence de France, après celles du Vaucluse. L'eau provient essentiellement des pertes du Bandiat et de la Tardoire[16]. Dans une moindre mesure, des eaux de la Bonnieure et de l'Échelle y contribuent. La cause de la résurgence est la faille de l'Échelle, où une épaisseur de 500 m de marnes du Kimméridgien inférieur imperméable barre la route à l'écoulement souterrain des eaux et les oblige à remonter à la surface[15].
La Charente passe ensuite au pied de l'ancienne cité d'Angoulême, chef-lieu du département, en faisant une large boucle.
La vallée de la Charente entre Angoulême et Cognac
Après Angoulême, le cours du fleuve se dirige résolument vers l'ouest. Le reste de son bassin versant est formé de terrains imperméables et de calcaires qui, une fois gorgés d'eau, se comportent comme des terrains imperméables[réf. nécessaire]. Il reçoit notamment sur sa rive droite les eaux de la Nouère, de la Soloire et de l'Antenne et sur sa rive gauche celles de l'Anguienne, des Eaux Claires, de la Charreau, de la Boëme et du Né, ce dernier étant canalisé dans sa partie aval jusqu'à son lieu de confluence au Port-du-Lys, à la limite administrative des deux départements charentais.
C'est à partir d'Angoulême que la navigation fluviale devient possible et, ce, jusqu'à Rochefort, c'est-à-dire sur 170 km. Du temps de la prospérité du trafic des marchandises sur le fleuve au XIXe siècle, toutes les villes et nombre de villages étaient alors équipés d'un quai d'embarquement et d'expédition, la Charente était équipée ponctuellement d'écluses, et la voie de halage qui longe la Charente est l'illustration la plus parlante de cette activité révolue.
En Charente-Maritime, les affluents notables sont sur la rive droite, la Boutonne qui est le plus long affluent de la Charente, et sur sa rive gauche, la Seugne et l'Arnoult.
Si la navigation pour le transport de marchandises a totalement disparu au tournant du XXe siècle, la navigation de plaisance a pris le relais et connaît un bel essor assurant des liaisons touristiques depuis Saint-Savinien, Taillebourg, Saintes et Chaniers en Charente-Maritime et se prolongeant vers Cognac et Jarnac dans le département voisin.
Sur les 93 km de parcours en Charente-Maritime, la pente du fleuve est quasi nulle et l'effet de la marée qui se fait sentir jusqu'à Saintes ralentit l'écoulement jusqu'à Cognac et Jarnac, ce qui contribue à augmenter les inondations lors des crues, quelquefois spectaculaires[15]. Les zones inondables en aval de Cognac jusqu'à l'estuaire s'appellent localement « les prées ».
La basse vallée de la Charente
La basse vallée de la Charente commence au site fluvial de Saint-Savinien qui était encore au XIXe siècle un important centre de batellerie sur le fleuve, car la marée s'y faisait assez sentir pour permettre la navigation maritime. Elle y est cependant insuffisante pour permettre l'accès aux navires modernes dont le tirant d'eau est supérieur à celui des navires d'autrefois. C'est donc désormais à Tonnay-Charente que les conditions du trafic maritime sont les plus favorables à la navigation moderne, le site portuaire pouvant recevoir des navires jaugeant plus de 5 000 tonnes[note 2]. Avec Rochefort, ces deux villes fluviales, qui sont situées toutes deux sur la rive droite du fleuve, sont des ports maritimes encore actifs aujourd'hui, permettant un trafic fluvial annuel d'environ un million de tonnes.
Estuaire de la Charente
En aval de Rochefort commence l'estuaire de la Charente où le fleuve s'élargit rapidement et dessine deux profonds méandres avant de se jeter dans le Pertuis d'Antioche face à l'Île d'Oléron, et de rejoindre ainsi l'océan Atlantique. Sur la rive droite sont situés d'amont en aval Vergeroux, Saint-Laurent-de-la-Prée et Fouras tandis que sur la rive gauche se trouvent Soubise, Saint-Nazaire-sur-Charente et Port-des-Barques. Cet estuaire est marqué par des hauts fonds. Il était autrefois défendu par un fort situé sur l'Île Madame au sud, et par le fort Vauban à Fouras, au nord.
L'embouchure du fleuve s'élargit considérablement entre Fouras sur sa rive droite et Port-des-Barques sur sa rive gauche s'évasant sur environ quatre kilomètres.
Avec une longueur de 381 km[1], le fleuve est classé navigable sur 196 km (dont 103 classés en maritime[note 3]) depuis Montignac situé à la cote 40 m, mais surtout depuis Angoulême à la cote 29 m jusqu'à l'océan Atlantique. En pratique, seuls 179 km sont réellement navigables grâce à 21 écluses dont deux sont classées maritimes[15].
D'Angoulême au Port-du-Lys — commune de Merpins —, le gabarit des écluses est de 28 m sur 6,35 m, la hauteur libre 3,60 m. Ensuite, dans la portion du fleuve classée en « maritime » qui va du Port-du-Lys jusqu'à l'océan, le gabarit des écluses est de 34,80 m sur 6,30 m pour l'écluse de la Baine, située dans la commune de Chaniers, en amont de Saintes, et de 50 m sur 8 m pour l'écluse de Saint-Savinien, avec une hauteur libre de 5,65 m[19].
La longueur totale des cours d'eau du bassin versant de la Charente (10 549 km2) est de 6 000 km.
Il existe à l'heure actuelle, dans le bassin versant, vingt-neuf stations de mesures du débit des cours d'eau, qui équipent tant la Charente que ses affluents. Sept d'entre elles équipent le fleuve lui-même[20].
Le débit du fleuve à Angoulême
La station de mesure située à Vindelle (Angoulême) commande un bassin versant de 3 750 km2. Le débit d'étiage quinquennal y est de 3,7 m3/s. Le débit maximal enregistré y est de 595 m3/s le .
Une crue quinquennale par exemple, n'est pas une crue se produisant tous les cinq ans, mais une crue ayant chaque année une chance sur cinq de se produire. On voit ici que la crue de décembre 1982 était comprise entre une cinquantennale et une centennale ; il s'agit donc d'un événement rare (une à deux chances sur cent de se produire chaque année).
Retenues de soutien d'étiage
Un plan pour l'écrêtement des crues est à l'étude depuis de nombreuses années sur le cours de la Charente. Fleuve lent et méandreux, la Charente connaît un fonctionnement très particulier puisque 60 % de son tracé se situe en dessous du niveau de la mer[réf. nécessaire]. Son bassin hydrographique compte plus de 10 000 km et touche six départements : Haute-Vienne, Dordogne, Vienne, Deux-Sèvres, Charente et Charente-Maritime. Deux barrages soutiennent le débit de la Charente lorsque les niveaux atteignent leur niveau d'étiage : les lac de Lavaud et lac du Mas-Chaban qui ont pour but de garantir un débit minimum afin de préserver l'écosystème fluvial et satisfaire aux besoins en eau, eau potable mais aussi eau pour l'irrigation. L'institution interdépartementale pour l'aménagement du fleuve Charente et de ses affluents en est le maître d'ouvrage et un « protocole de gestion des eaux de la Charente 175 a été signé en 1992 puis a été intégré dans le SDAGE Adour-Garonne (Schéma directeur d'aménagement et de gestion des eaux).
Le débit de la Charente est mesuré notamment à la station de Vindelle et l'objectif est d'y maintenir un D.E.O. (débit d'objectif d'étiage) de 3 m3/s. Celui-ci qui a connu des baisses jusqu'à 1 m3/s ne devrait plus descendre au-dessous de 2,5 m3/s.
Crues et inondations
La Charente déborde tous les ans. Les crues de grande ampleur sont fréquentes provoquant des inondations. La région garde le souvenir de celles de 1882, 1904, 1910, 1937, 1952, 1966, 1982crue centennale, 1994 presque centennale, puis 2000 et 2021. Les inondations durent longtemps : un mois en 1982, cinq mois en 2000-2001.
Si les inondations sont étendues, c'est parce que le lit mineur du fleuve conserve un caractère naturel malgré les aménagements liés à la navigation ; comme tout cours d'eau naturel, non incisé ni élargi, il déborde rapidement ; et le lit majeur étant plat et imperméable, l'eau s'étend sur sa largeur. Les inondations mettent longtemps à régresser en raison de la pente très faible et de la marée qui ralentit l'écoulement. Les zones inondables sont pour 82 % des surfaces cultivées, 16 % des zones naturelles ou des zones humides et 2 % des zones urbaines ou d'activités (860 ha dont 95 ha à Angoulême, 53 ha à Cognac, 135 ha à Saintes, Rochefort étant surtout exposé à un risque maritime). Lors de la crue de décembre 1982, il passait 630 m3/s sous les ponts d'Angoulême et 815 m3/s sous les ponts de Saintes. Alors que l'alerte est à Angoulême à +3,60 m, la crue a atteint la cote de +6,82 m (et à Saintes + 6,99 m)[21].
Il a été mis en place un PAPI (programme d'actions et de prévention des inondations) copiloté par l'État et l'Institution du fleuve Charente qui est un EPTB (établissement public territorial de bassin). Des études ont été menées et des projets sont en cours ou déjà en activité. Le service de prévision des crues pour le bassin de la Charente annonce les crues et leur arrivée depuis l'amont. En effet, l'onde de crue met 24 h pour aller de Mansle à Angoulême puis 48 h pour atteindre Saintes. Cela permet d'anticiper et d'agir sur les affluents en ouvrant tous les ouvrages pour les vider avant la crue puis les fermer partiellement afin qu'un apport des affluents ne vienne pas aggraver la crue du fleuve. Cela permet aussi une alerte et d'évacuer les zones inondables (en particulier les véhicules et les chantiers). L'envasement de la Charente en amont de Saint-Savinien est un facteur aggravant les inondations et le curage devrait réduire leur niveau de 5 à 10 cm à Saintes. Il est aussi envisagé des chenaux, mis en eau uniquement lors des crues, pour couper trois des méandres en aval de Saintes, entre le pont Palissy et Bussac. Divers ouvrages qui entravaient l'écoulement du fleuve ont été modifiés, comme l'avancée de quai au pont de Saintes. Enfin la restauration de marais, sites naturels de rétention, est à l'étude sur les affluents. La restauration de zones humides sur la Soloire, sur l'Antenne et sur la Seugne amont est déjà programmée. L'Agence de Bassin Adour-Garonne intervient financièrement dans la restauration des zones humides.
Marées
L'amplitude des Marées qui est de 6,50 m à l'embouchure n'est plus que de 5,40 m à Rochefort puis le pont-barrage de Saint-Savinien atténue son effet. Un relevé du montre une diminution d'amplitude de la marée à partir des 4,14 m de Rochefort et 3,98 m à Tonnay-Charente, pour encore 1,80 m à Saint-Savinien, 0,80 m à Taillebourg et 0,18 m à Saintes.
Le jusant dure plus longtemps que le flot.
Les eaux douces apportées par la Charente se mélangent à l’eau de mer dans l'estuaire plus ou moins aval en fonction des débits de la Charente et de la hauteur des marées, ce qui provoque des variations de salinité. Cette variation est caractéristique de la zone des pertuis et favorise ainsi l’ostréiculture du bassin de Marennes-Oléron, de Fouras et l'île d'Aix.
La Charente était facilement navigable à l'âge du fer grâce au petit gabarit des embarcations de l'époque, et servait au transport du sel. La découverte de pirogues monoxyles en donne la preuve. Le port maritime des CeltesSantons se trouvait à son embouchure qui était alors un estuaire très profond et très découpé. Saintes, Cognac et Jarnac étaient des ports gallo-romains importants. Ausone célèbre la Charente et des chroniqueurs romains témoignent d'un important trafic fluvial. Ptolémée au IIe siècle trace les coordonnées du portus Santonum, le port maritime des Santones à l'embouchure du fleuve[15].
Les Vikings remontent la Charente vers 850, et détruisent Saintes et Angoulême. Dans la période qui va suivre, les hauteurs sur le fleuve vont se couronner de castrums qui seront ensuite rebâtis en pierre formant une suite de châteaux forts, pour la plupart détruits durant la guerre de Cent Ans, le fleuve servant de frontière durant certains épisodes.
Durant le Moyen Âge, la Charente et ses affluents se couvrent de constructions, moulins, canaux, écluses. Ces divers travaux et les aménagements de chemins de halage, de quais, de dépôts, permirent la navigation jusqu'à Cognac au Xe siècle puis jusqu'à Angoulême au XVe siècle. Cognac et Basseau à Angoulême sont attestés comme ports saulniers à la fin du XIe siècle. Les gabares franchissaient les barrages des moulins par des pertuis. C'est François Ier qui a ordonné la construction de ces pas ou pertuis, écluses primitives sous forme de portes mobiles nommées aiguilles.
Citation : « La Charente est le plus joli ruisseau de mon royaume ». Cette phrase est attribuée selon les sources, tant à Henri IV qu'à François Ier, et plus probablement au second, né à Cognac, sur les rives du fleuve.
La canalisation de la Charente avec construction d'écluses débute vers 1780; elle est confiée à Trésaguet. On ne sait pas exactement combien d'écluses ont été construites.
La navigation s'intensifie au XVIIIe siècle, décline rapidement à la fin du XIXe siècle alors que la partie comprise entre Montignac et Angoulême a été abandonnée dès le début du XIXe siècle.
Villes et villages existent tout au long du fleuve depuis l'Antiquité. Il est donc possible de retrouver tous les types de patrimoine bâti traditionnels, ponts, puits, pigeonniers, maisons, fermes dont certains datent du Moyen Âge. Les églises romanes font la fierté de la vallée de la Charente ; chaque commune a la sienne.
Angoulême est construit sur un éperon rocheux stratégique dominant un coude de la Charente. Le site fut occupé dès la préhistoire et le plateau est entouré de remparts dès l'époque romaine formant un balcon sur les vallées qui l'entourent[23].
La Corderie royale vue du milieu du fleuve à Rochefort.
Ponts
Tout au long du fleuve chaque ville s'est construite près d'un gué, d'un passage par bac ou d'un pont. Au cours du temps, ces ponts ont été souvent détruits et reconstruits. Ainsi à Cognac, le pont de bois en face de la porte de la ville a été remplacé par un pont de pierre puis reconstruit un peu en amont à son emplacement actuel. À Saintes, le pont a été rebâti au XIIe puis fin XIXe avec déplacement de l'arc-de-triomphe situé en son milieu. À Rochefort, un pont transbordeur remplace les bacs en 1900 ; le pont à travée levante détruit en 1991 est remplacé par le viaduc de Martrou, tout comme le pont suspendu de Tonnay-Charente qui a été fermé à la circulation automobile en 1964 et remplacé par le pont de Saint-Clément[15]. Mais, au-delà des ponts et viaducs actuels, il reste nombre de ponts extrêmement anciens, tout spécialement des ponts relativement petits que l'on découvre sur des affluents ou au passage de bras de faible largeur.
Avant l'édification des ponts, les bacs permettaient de franchir la Charente et certains sont encore en service, entre Chaniers et Courcoury, entre Dompierre-sur-Charente et Rouffiac bac nommé le "Châ p'tit va loin" (en service pendant la saison estivale) et enfin entre Rochefort et Soubise, le Rohan mis en service (aussi pour la période estivale) depuis 2013.
Environnement
La presque totalité du cours du fleuve et de ses affluents est classée en Natura 2000 : les territoires qui font partie de ce réseau européen sont les espaces essentiels à la survie des espèces (animales ou végétales) et des habitats naturels, désormais rares et menacés à l'échelle du territoire européen[25],[26].
La vallée de la Charente compte de nombreuses espèces remarquables parmi les oiseaux, les chiroptères, les amphibiens, les poissons, les invertébrés et les mammifères, en particulier la Loutre d'Europe et le Vison d'Europe[27],[28], sont dénombrés 35 espèces animales, une espèce végétale et 12 habitats naturels, d'intérêt européen. Ces habitats et ces espèces sont rares ou menacés de disparition à l'échelle européenne : ils sont donc à l'origine du classement en site Natura 2000.
Il faut y ajouter les espèces d'intérêt national, et d'autres moins menacées : la moyenne vallée héberge par exemple plus de 35 espèces de mammifères (soit 65 % des mammifères terrestres du département de la Charente-Maritime), 122 espèces d'oiseaux, 17 espèces d'amphibiens et de reptiles, 38 espèces de libellules (soit 80 % des espèces du département de la Charente-Maritime)[29]...
Oiseaux
Trois zones Natura 2000 constituent des habitats exceptionnels pour les oiseaux, soit, d'amont en aval :
la Vallée de la Charente en amont d'Angoulême pour 64 espèces d'oiseaux ;
la Moyenne vallée de la Charente et Seugne et Coran pour 46 espèces d'oiseaux ;
la Basse vallée de la Charente et estuaire pour 66 espèces d'oiseaux[30].
On trouve notamment des espèces de marais et zones humides :
L'espèce « phare » de la vallée de la Charente est le Râle des genêts (Crex crex*)[32]. Cet oiseau, mondialement menacé de disparition, était autrefois très répandu. Il construit son nid au sol, dans l'herbe des prairies de fauche des vallées inondables. La mise en culture des fonds de vallée, puis la modification des pratiques de fauche (les foins sont désormais précoces), ont conduit à sa lente disparition : de plusieurs centaines, les populations sont tombées en 2006 à une trentaine de couples dans la vallée de la Charente.
Loutre et vison d'Europe se retrouvent sur une grande partie du fleuve et de ses affluents ce qui représente sept zones Natura 2000 avec d'amont en aval la vallée de la Charente entre Angoulême et Cognac et ses principaux affluents (Soloire, Boëme, Échelle), la Moyenne vallée de la Charente et Seugne et Coran, à partir de l'aval de Cognac, puis la Basse vallée de la Charente et estuaire. Les zones Natura 2000 spécifiques d'affluents sont la vallée de l'Antenne, la vallée du Né et ses principaux affluents, la Haute vallée de la Seugne en amont de Pons et ses affluents, et la Vallée de la Boutonne[30].
C'est la présence de la loutre (Lutra lutra) et du vison d'Europe (Mustela lutreola) qui a été déterminante pour le classement.
Le maintien de leur nombre et de leur diversité a nécessité des interventions : le maintien de la qualité de l'eau pour réduire les pollutions, les bouchons vaseux, les enrichissements en nutriments, l'eutrophisation, et favoriser le maintien des habitats et des frayères par reconstitution des fonds de gravier et plantation de rypisylve adaptée. Pour les espèces migratrices des « passes à poissons » ont été réalisées sur de nombreux ouvrages, afin de rendre franchissables les obstacles physiques à leur libre circulation.
Les salmonidés, saumon atlantique (Salmo salar) et truite de mer ou truite commune (Salmo trutta) qui historiquement remontaient jusqu'à Civray, Chef-Boutonne, Matha, ne sont plus aussi présents. On retrouve les truites de mer sur la Boutonne, l'Antenne, la Tardoire et la Charente ne serait plus qu'un passage pour atteindre des frayères en amont.
La lamproie remonte jusqu'à Voulême dans le département de la Vienne et même Civray et sur les portions aval de la Boutonne, du Né et de l'Antenne où l'on trouve Lamproie de Planer (Lampetra planeri) et Lamproie de rivière (Lampetra fluviatilis). Les frayères sont autour de Saintes et de Cognac. La lamproie marine reste dans la basse du fleuve, près de l'estuaire[33].
L'anguille (Anguilla anguilla) est présente sur l’ensemble de la Charente mais les populations sont en régression ce qui peut être dû à la pollution des eaux mais aussi à une pêche trop intense dans l'estuaire.
Des moules perlières d'eau douce ont été pêchées vers Saint-Savinien, mais cette activité a été abandonnée.
Tortues, grenouilles et autres amphibiens
Les amphibiens sont nombreux et très divers, grenouilles : rainettes (Hylidae) et crapauds, salamandre (Salamandra salamandra), lézards, mais seules deux espèces sont déclarées remarquables, une tortue — le Cistude d'Europe (Emys orbicularis) — et le Triton crêté (Triturus cristatus) trouvé sur le Né[34].
L'angélique à fruits variables (Angelica heterocarpa), espèce prioritaire de l'annexe I de la directive européenne CEE92/63 « Habitats-Faune-Flore », est présente sur les rives de la Charente, dans la basse vallée et l'estuaire[35]. Les coteaux calcaires qui bordent le lit majeur accueillent également nombre d'espèces remarquables, comme les orchidées (Ophrys). La fritillaire pintade (Fritillaria meleagris) est encore localement présente au sein des prairies du lit majeur (zones inondables)[30],[36], quoique la modification des pratiques agricoles ait engendré — et continue d'engendrer — sa raréfaction : cette espèce ne tolère pas les apports d'engrais.
La présence de nénuphars signe une bonne qualité de l'eau.
Pollution
Une étude réalisée en 2024 par la Communauté d'agglomération de La Rochelle sur la qualité de l'eau du fleuve, a fait ressortir un taux de fosétyl (un fongicide utilisé dans les vignes contre le mildiou) plus de 4 fois supérieur à la norme de qualité de l'eau potable. Le seuil de potabilité fixé par l'ANSES pour ce produit phytosanitaire étant supérieur aux quantités retrouvées lors de l'analyse, l'eau prélevée en partie dans le fleuve continue d'être distribuée[37].
Activités
Industrie
Historiquement la pêche, le transport et les moulins à farine ont été les premières activités liées au fleuve. De très nombreux moulins sont attestés dès le Xe siècle. Ainsi sur l'Antenne et ses affluents, les moulins, les ruines et les archives attestent de l'existence de 56 moulins.
Sur certaines zones se pratiquait le rouissage du chanvre. En plus de la pêche, il existait des systèmes de bassins et d'étangs pour piéger et garder les poissons.
Au XVIIIe siècle certains de ces moulins sont transformés en moulins à papier, par exemple le moulin de Boussac sur l'Antenne en 1786. Il en reste le moulin de Fleurac à Nersac en aval d'Angoulême, qui après avoir été moulin à blé, à huile, à papier est devenu moulin conservatoire.
Puis s'installe une industrie papetière surtout dans la zone d'Angoulême.
Le port de commerce Rochefort / Tonnay-Charente est constitué d'un grand bassin à flot à Rochefort pouvant accueillir des petits cargos de 15 m de large et du port de Tonnay-Charente situé sur le fleuve: premier port départemental français, propriété du Conseil Général de la Charente-Maritime[38]. Il est géré par la CCI de Rochefort et de Saintonge depuis 1927. Deuxième port de commerce de Charente-Maritime quant au trafic après le Grand port maritime de La Rochelle, c'est le cinquième port français pour l'importation des sciages résineux, le sixième port français pour l'importation d'engrais et le neuvième port céréalier français. Sa croissance est de 6 % par an.
Le port de plaisance à flots de Rochefort fermé par une écluse est constitué de deux bassins pour un total de 300 places sur ponton et 40 places visiteurs, formé par les bassins Lapérouse et Bougainville, situé au cœur de la ville sur la rive droite du fleuve. Celui de Port-des-Barques est sur mouillages, et celui de Soubise comporte 35 corps morts.
L'ostréiculture du bassin de Marennes-Oléron, c'est la culture de Crassostrea gigas dans des eaux dessalées. L'eau de la Charente contient des sels nutritifs (azote sous forme de nitrates) qui, à concentration moyenne et sous certaines conditions de température et d'ensoleillement, augmentent le développement de cellules phytoplanctoniques, principale source de nourriture des huîtres élevées dans le bassin de Marennes-Oléron. Le seul effet de l'eau dessalée augmente la survie larvaire entre la ponte et la fixation sur collecteurs qui est de 20 jours environ, en juillet et août. Les huîtres se développent, au sud de l'île d'Aix, dans la zone de dessalure, et utilisent les sels nutritifs apportés par les précipitations d'hiver et du printemps sur le bassin versant de la Charente.
Même si la majorité des 1 184 producteurs d'huîtres creuses de la région ne sont pas dans l'estuaire de la Charente, c'est son apport d'eau douce qui permet de réunir les conditions favorables à l'ostréiculture et à la production de 47 000 tonnes d'huîtres.
La pêche est un loisir très pratiqué tout au long du fleuve et des plans d'eau. En Charente, on compte 600 km de cours d'eau, 900 km en 2e catégorie et 265 ha de plan d'eau et en Charente-Maritime, 310 km de cours d'eau et 2 240 km de rivières et de canaux de 2e catégorie, 50 ha de plan d'eau et de lacs de barrage, 30 km de berges pour la pêche, auxquels s'ajoutent la pêche sur l'estuaire[39].
Tourisme
Le tourisme fluvial est formé de l'ensemble des activités de loisirs, de visites et de découvertes effectués sur et autour du fleuve et de ses affluents ; le développement de ce tourisme fluvial doit préserver le milieu naturel.
Les lacs de Haute Charente représentent près de 400 hectares de plans d'eau douce dans des vallées naturelles des contreforts limousins du Massif central.
La partie amont du fleuve et ses affluents permettent la pêche, le canotage, l'observation de la nature et la découverte de sites et d'ouvrages liés au fleuve, en particulier les moulins.
Large, sinueux et navigable dans sa partie aval, la Charente permet, en plus des activités de navigation (gabarres, bateaux de location), de nombreux sports nautiques (aviron, canoë-kayak, ski nautique, voile sur les plans d'eau comme à Saint-Yrieix, sur les lacs et dans l'estuaire).
Chemins de halage et chemins de randonnées, dont le GR4, situés en bordure des cours d'eau permettent des randonnées à pied, à vélo ou à cheval d'Angoulême à Rochefort.
↑c'est-à-dire à la limite départementale des deux départements charentais sur la rive gauche du fleuve
↑C'est-à-dire 10 fois plus qu'à Saint-Savinien qui ne peut recevoir des navires dont le tirant d'eau ne peut excéder 500 tonneaux. La navigation à vapeur, plus que l'impact de la voie ferrée, a en fait ruiné l'activité de ce port fluvial dès le milieu du XIXe siècle. [Source : Jean-Luc Flohic, Le Patrimoine des communes de la Charente-Maritime (ouvrage collectif sous la direction de), collection Le patrimoine des communes, Flohic éditions, 2002,("Monographie" sur Saint-Savinien), tome 2)].
↑du fait notamment de l'impact de la marée qui se fait ressentir jusqu'au Port-du-Lys à la limite des deux départements charentais
↑ a et bXavier Delamarre, Dictionnaire de la langue gauloise. Une approche linguistique du vieux-celtique continental, Paris, éditions Errance, , 440 p. (ISBN2-87772-237-6), p. 48
↑Pierre-Yves Lambert, La langue gauloise, éditions errance 1994.
↑Le fleuve Charente et ses affluents, carte de l'environnement, EPTB Charente, la Charente.
↑ a et bin Daniel Faucher (ouvrage collectif sous la direction de), La France - Géographie - Tourisme, Librairie Larousse, Paris, 1951, Le Bassin d'Aquitaine par Daniel Faucher, Tome 1, p. 439
↑ a et bRoger Brunet (Ouvrage collectif sous la direction de), Poitou, Vendée, Charentes, collection Découvrir la France, Libraire Larousse, Paris, 1972, p. 46-47
↑Néandertal en Poitou-Charentes, A. Debénath et J.F. Tournepiche, Association régionale des musées en Poitou-Charentes.
↑José Gomez de Soto, inJean Combes (dir.) et Michel Luc (dir.), La Charente de la Préhistoire à nos jours (ouvrage collectif), St-Jean-d'Y, Imprimerie Bordessoules, coll. « L'histoire par les documents », , 429 p. (ISBN2-903504-21-0, BNF34901024, présentation en ligne)
↑Frédéric Chassebœuf, Châteaux en Poitou-Charentes, Prahecq, Patrimoines et Médias, coll. « Belles visites », , 173 p. (ISBN2-910137-91-0, OCLC71887670)
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