Né dans une famille aisée à Boulogne-sur-Seine le [2],[3],[4],[5], fils d'un riche meunier de Montfermeil, Jean Baptiste Clément quitte très jeune le foyer familial. Dès l'âge de quatorze ans, il exerce le métier de garnisseur de cuivre, métier qu'il qualifiait lui-même de plus insignifiant de tous les métiers. Il exerce encore plusieurs autres professions, travaillant notamment chez ses grands-parents meuniers au moulin de cage[6], et rejoint Paris où il côtoie des journalistes écrivant dans des journaux socialistes, notamment Le Cri du peuple de Jules Vallès. En 1867, il doit se réfugier en Belgique, où il publie la célèbre chanson Le Temps des cerises[7].
Devenu membre de la Garde nationale, il participe aux différentes journées de contestation du Gouvernement de la Défense nationale le et le . Le , il est élu au Conseil de la Commune par le XVIIIe arrondissement, celui de la Butte-Montmartre, avec Auguste Blanqui (mais celui-ci est détenu en dehors de Paris), Auguste-Jean-Marie Vermorel, ou encore Théophile Ferré[2],[3]. Il est membre de la commission des Services publics et des Subsistances. Le , il est nommé délégué à la fabrication des munitions, puis, le , à la commission de l'Enseignement[2],[3]. Dans Le Cri du peuple, il proteste contre la fermeture de certains journaux d'opposition à la Commune. Combattant sur les barricades pendant la Semaine sanglante[2], il écrit peu après la chanson La Semaine sanglante qui dénonce la violente répression contre les communards.
Emplacement de la « dernière » barricade de la Commune
Plaque commémorative rendant hommage à Jean Baptiste Clément
Il réussit à fuir Paris, gagne la Belgique et se réfugie à Londres, où il poursuit son combat[2],[3]. Il est condamné à mort par contumace en 1874. Pendant cette période de à , il se réfugie clandestinement chez ses parents à Montfermeil. En attendant l'amnistie, prononcée en 1879, il se promène dans les bois et pêche dans les étangs de Montfermeil. Il rentre à Paris après l'amnistie générale de 1880.
En 1885, il est envoyé en mission par la Fédération des travailleurs socialistes de France pour observer et soutenir une grève dans une entreprise métallurgique ardennaise, la Grosse Boutique, déclenchée par des licenciements à la suite de la création d'un syndicat. Il reste sur place un mois et demi, écoute, organise des assemblées de travailleurs et des collectes de soutien financier aux grévistes, revient sur Paris informer la Fédération de la situation, puis retourne en Ardennes en 1887. Il y diffuse l'idée de syndicalisation, fonde le cercle d'études socialiste, l'Étincelle de Charleville et la Fédération socialiste des Ardennes qui participe en 1890 à la création du Parti ouvrier socialiste révolutionnaire, ainsi que des coopératives. Fatigué après plusieurs années de lutte, il quitte les Ardennes en décembre 1894, où il est remplacé par Gaétan Albert-Poulain, pour revenir en région parisienne[2],[3].
Le , Jean Baptiste Clément est initié à la logeLes Rénovateurs du Grand Orient de France à Clichy. Il s'affilie, le , à la loge L'Évolution Sociale à Paris, où il passe compagnon et maître le même jour, le [8],[9].
Selon l'un de ses amis : « Le souvenir d'un tel homme ne s'effacera jamais, la distance et le temps le rendent plus cher encore à ceux qui purent apprécier toutes les qualités foncièrement bonnes de son cœur de beau poète et de prolétaire révolté contre toutes les injustices sociales... Et pourtant, jamais propagandiste ne fut autant vilipendé que Jean Baptiste Clément. Mais rien ne l'arrêtait : ni les condamnations, ni les méchancetés capitalistes, ni l'indifférence ouvrière. Ce fut vraiment une grande figure de l'époque héroïque du socialisme. »
Toute sa vie il est surveillé par la Sûreté nationale, son dossier aux archives de la préfecture de police[11] fait environ trente centimètres d'épaisseur. La surveillance de sa mémoire s'est continuée après sa mort, le dernier document du dossier est un programme de cabaret de 1963 organisant une soirée pour les soixante ans de sa mort.
Plaque de rue de la place Jean-Baptiste-Clément à Paris.
Buste de Jean Baptiste Clément dans la cité ardennaise de Nouzonville.
Chansons
Jean Baptiste Clément a écrit un grand nombre de chansons, dont certaines sont passées dans le répertoire enfantin :
« Il y a cent ans commun commune Comme un espoir mis en chantier Ils se levèrent pour la Commune En écoutant chanter Pottier Il y a cent ans commun commune Comme une étoile au firmament Ils faisaient vivre la Commune En écoutant chanter Clément. »
↑[1] Le nom exact du chansonnier est Jean Baptiste Clément (sans trait d'union entre Jean et Baptiste, à la différence de son père qui avait le même prénom mais avec un trait d'union).
↑Le poète est ainsi qualifié dans les premières lignes de sa biographie écrite par Tristan Rémy : Le temps des cerises (Jean Baptiste Clément), Les Éditeurs Français Réunis, Paris, 1968.
Références
↑Eugène Baillet faisant en 1880 la biographie de Jean Baptiste Clément écrit : « C'est un lutteur infatigable ; en plein empire il chantait et publiait Oh le joli temps, Dansons la capucine, et bien d'autres. » Article Galerie de chansonniers : J. B. Clément, La Chanson, 5 septembre 1880, page 130, 1re colonne.
↑ abcdefg et hHenri Manceau, Des luttes ardennaises, Trois siècles d'histoire, Paris, Éditions sociales,