Son interprétation d'une star déchue du cinéma muet dans The Artist, film en noir et blanc réalisé par Michel Hazanavicius, lui permet en 2012 de devenir le quatrième acteur français à être nommé pour un Oscar et le premier à remporter l'Oscar du meilleur acteur[1],[2],[3]. Ce rôle lui permet également de remporter de nombreuses autres récompenses internationales.
Après une enfance dans les Yvelines à Plaisir et après avoir obtenu un baccalauréat A3 (Théâtre et Cinéma), Jean Dujardin débute dans la vie active en tant que serrurier dans l'entreprise de son père, Jacques Dujardin (né en 1945)[5]. Il fera aussi un passage dans le scoutisme, ce qui lui permettra de s'affirmer et de commencer à découvrir la comédie.
« J'y ai rencontré des amis pour la vie. C’est là que j'ai fait mes premiers sketches, lors des veillées scouts ! Ces camps m'ont permis de me sociabiliser, de prendre confiance en moi. Je pense que c'est ici que j'ai vraiment commencé à exister »[6].
Carrière
Des débuts sur scène au succès d'Un gars, une fille (années 1990)
C'est à l'armée, lors de son service militaire au 1er régiment de tirailleurs, que ses talents de comique se révèlent. Il se rend alors à Paris où il se produit dans des bars et de petits théâtres.
Quelque temps plus tard, il forme « la Bande du Carré blanc » avec Philippe Urbain, Éric Collado, Luc Antoni, Éric Massot et Bruno Salomone qu'il avait rencontrés dans l'établissement du même nom Le Carré blanc. La troupe deviendra plus tard les Nous Ç Nous, et produira quelques spectacles ainsi qu'une parodie des boys bands très en vogue à l'époque, sous la forme d'une chanson du même nom, avant de participer régulièrement à l'émission Fiesta de Patrick Sébastien, diffusée sur France 2.
Entre 1997 et 1998, ils gagnent à trois reprises l'émission de M6 : Graines de star dans la catégorie « comiques ».
C'est dans ce cadre qu'il présente son personnage Brice de Nice, surfeur niçois mégalomane, dont il tirera ensuite plusieurs vidéos qui rencontreront un grand succès sur internet, avant d'en faire le film Brice de Nice, en 2005.
Par la suite, Jean Dujardin tourne avec Bruno Salomone de petits sketches pour l'émission Farce Attaque, diffusée sur France 2 et produite par Isabelle Camus[7], qui a repéré Jean Dujardin lors de son passage à Graines de star[5].
D' à , il joue avec Alexandra Lamy dans la série télévisée à succès Un gars, une fille sur France 2[5]. Notamment parce qu'il se juge mauvais aux essais, il est d'abord réticent à accepter le rôle que lui propose la productrice Isabelle Camus, quant à elle convaincue de son choix[7]. Les deux acteurs interprètent des personnages portant leurs propres prénoms, Jean et Alexandra, alias Loulou (le gars) et Alex ou Chouchou (la fille) et forment un couple confronté à diverses situations de la vie quotidienne. La série compte 486 épisodes de moins de sept minutes. Les personnages de Loulou et Chouchou sont plébiscités par les téléspectateurs et les deux comédiens deviennent vite populaires, tandis que leur liaison à la ville fait la une des magazines people.
Jean Dujardin met un terme à la série et se sert de cette célébrité nouvelle pour débuter au cinéma, tout d'abord avec une petite apparition dans Ah ! si j'étais riche (2002) puis dans Bienvenue chez les Rozes (2003), dans lequel il joue un cambrioleur un peu stupide.
Premiers succès populaires au cinéma (années 2000)
Le comédien joue l'un de ses premiers rôles au cinéma avec un contre-emploi dans le thriller Le Convoyeur de Nicolas Boukhrief (2004). Il indique que lorsque le réalisateur lui a proposé de jouer dans son film, « personne ne voulait de lui » en dépit du grand succès d'Un gars, une fille. Il estime que ce rôle lui a permis « de gagner du temps et de se poser tout de suite en acteur dramatique »[7].
Si le succès est populaire, les critiques sont plus dures : l'acteur est cité aux Bidets d'Or en tant que pire acteur pour le film L'Amour aux trousses. Ce film sera également cité la même année aux Gérard du cinéma aux côtés de Brice de Nice dans la catégorie Pire film avec Jean Dujardin. Lui-même reconnaît l'échec de ce film qui a immédiatement suivi Brice de Nice dans sa filmographie, et n'a recueilli que 200 000 entrées[8].
La même année, il devient producteur (via sa société de production JD Prod, créée en 2002) et réalisateur avec la série de programmes courts Palizzi proposée sur la chaîne 13e rue avec dans le rôle principal Arsène Mosca. Devant le succès de la série, un projet de film adapté du pilote avait été pensé[10]. Un autre projet de production concerne l'écriture, avec sa femme, d'un film sur les camisards.
Acteur désormais convoité, touchant à tous les registres, il endosse des rôles à contre-emploi dans Contre-enquête et 99 francs dans lesquels il joue respectivement un policier enquêtant sur l'assassinat et le viol de sa jeune fille de 10 ans, puis un publicitaire désabusé et dépressif dans l'adaptation du livre de Frédéric Beigbeder, 99 francs.
Selon Le Figaro[13], Jean Dujardin était l'acteur français le mieux payé en 2009 avec un total de 4,4 millions d'euros (2M € par film, 390 000 € pour coécrire Lucky Luke)[14].
En 2009, Jean Dujardin s'engage aux côtés de Marc Lièvremont[15] pour devenir le parrain de la Fondation Action Enfance, association qui protège en France, dans ses Villages d'Enfants et Foyers, des frères et sœurs séparés de leurs parents et placés sur décision du juge, en raison de maltraitances ou de négligences graves.
En 2009, il retrouve un autre cinéaste, Michel Hazanavicius, cette fois pour une suite de sa première comédie à succès critique, OSS 117 : Rio ne répond plus. La presse est encore plus enthousiaste que pour le premier opus.
La même année, il apparaît dans Les Petits Mouchoirs de Guillaume Canet, dans lequel son rôle, bien que court, ouvre le film et en représente l'intrigue majeure.
Consécration The Artist (2011-2012)
En 2011, il partage avec Bérénice Bejo l'affiche de The Artist, pour une troisième collaboration avec Michel Hazanavicius. Ce film muet en noir et blanc rend hommage au cinéma hollywoodien des années 1920 et 1930. Il y interprète le rôle de George Valentin, une grande vedette du cinéma muet dont la carrière est brisée par l'arrivée du parlant et dont l'amour naissant pour Peppy Miller (Bérénice Bejo), jeune étoile montante, est contrarié.
Dans une interview, l'acteur affirme avoir d'abord refusé le rôle avant de se raviser[16]. C'est le premier jour du tournage qu'il dit avoir réalisé que le personnage de George Valentin était fait pour lui[16].
Le long-métrage concourt ensuite pour la Palme d'or, lors du 64e Festival de Cannes[19]. À l'origine, The Artist devait être projeté en séance spéciale mais il est basculé en compétition sur l'insistance de Thomas Langmann[20].
Pour ce film, Jean Dujardin est récompensé par le Prix d'interprétation masculine, qui lui est remis par Catherine Deneuve[21]. L'accueil enthousiaste des festivaliers offre au long-métrage la chance d'être acheté par de nombreux distributeurs internationaux dont la Weinstein Company qui lance sa carrière américaine et son intense campagne de promotion en vue des Oscars du cinéma 2012[20].
Le film connaît un engouement outre-Atlantique et gagne la sympathie des spectateurs américains pour son hommage à l'âge d'or des productions classiques et muettes d'Hollywood[22],[23].
Le 11 février, il participe à l'émission américaine Saturday Night Live où il joue dans un sketch imaginant une fausse série de France 3 intitulée Les jeunes de Paris, filmé à la manière de The Artist et remporte un succès auprès du public présent. Le , Jean Dujardin obtient le prix du meilleur premier rôle masculin lors de la 65e cérémonie des BAFTAs du cinéma britannique.
Son interprétation de George Valentin a été saluée par quatorze récompenses internationales.
Producteur et acteur de stature internationale (2012-2014)
La société de productions JD Prod qu'il a officiellement fondée le 1ᵉʳ janvier 2003 apparaît au générique de ses deux derniers films : The Artist et Les Infidèles. Pour ce qui est de The Artist, Jean Dujardin possède 20 % des recettes après amortissement du film, 20 % du fonds de soutien et 20 % de la bobine. Pour Les Infidèles, Jean Dujardin a eu l'idée originale du projet, ainsi a-t-il assumé le rôle de producteur délégué. De ce fait, en contrepartie de la prise en charge des risques financiers, l'acteur a eu la maîtrise du financement, des coûts et a pu s'autoriser une liberté artistique plus importante. Il a perçu 400 000 euros en tant qu'auteur et 100 000 euros comme réalisateur. Les coproducteurs délégués de ce film à sketch que sont « JD Prod » et « Black Dynamite Films » ont dû verser les salaires et intéressements de Gilles Lellouche comme auteur (270 000 euros) et réalisateur (90 000 euros). Finalement, Jean Dujardin possède 24 % des recettes après amortissement du film, 25 % du fonds de soutien et 24 % de la bobine. Il souhaiterait produire de nouveaux films en profitant de sa notoriété grandissante depuis le sacre de The Artist[30].
En 2012, il joue entre autres aux côtés de Gilles Lellouche et de sa femme Alexandra Lamy dans Les Infidèles, film à sketches qu'il coproduit, coscénarise et coréalise avec six autres metteurs en scène sur le thème de l'infidélité masculine. À la suite d'une polémique concernant les affiches promotionnelles du film sur lesquelles Jean Dujardin et Gilles Lellouche apparaissent dans des postures suggestives qui « présentent une image dégradante de la femme », l'ARPP qui a reçu quatre plaintes décide de les retirer des lieux publics[31],[32].
Au printemps 2012, il commence le tournage du nouveau film d'Éric Rochant intitulé Möbius avec Cécile de France qui a pour sujet l'espionnage économique[33].
Il tourne au printemps 2013 dans son second film hollywoodien, la comédie dramatique de guerre réalisée par George Clooney : The Monuments Men[38], puis à l'automne dans le polar français La French de Cédric Jimenez, film relatif à l’assassinat en 1981 du juge Michel, que Jean Dujardin incarne[39].
Les deux films sortent en 2014 : si La French est bien reçu, et s'exporte bien, notamment grâce à la présence de l'acteur, The Monuments Men est un échec critique, et parvient à peine à doubler son budget de départ.
Une présence solide au sein du cinéma français (depuis 2015)
L'année suivante, il est pour la première fois dirigé par Claude Lelouch pour Un plus une, une romance tournée en Inde, et pour lequel l'acteur a pour partenaire Elsa Zylberstein. À noter la présence du « Tonton flingueur » Venantino Venantini dans le rôle de son père[40]. En promotion pour le film, il déclare qu'un troisième OSS 117 ne lui paraît pas judicieux pour l'instant, compte tenu du contexte socio-politique actuel[41]. Mais à la fin du mois, il se ravise et déclare être prêt à tourner dans l'année, si le réalisateur Michel Hazanavicius le lui propose[42].
Il entame 2016 avec une comédie romantique plus décalée, sous la direction de Laurent Tirard, et cette fois aux côtés de Virginie Efira. Un temps intitulé Up for Love, le film sort finalement sous le titre Un homme à la hauteur. Celui-ci connaît un succès limité au box-office, inférieur aux scores des comédies romantiques précédentes des deux acteurs principaux[43] ; il s'agit du plus mauvais démarrage pour un film avec Jean Dujardin depuis L'Amour aux trousses (2005)[44]. Son projet le plus attendu de l'année sort en octobre : la suite inattendue Brice 3 lui permet de retrouver James Huth, et fait donc suite au plus gros succès commercial de sa carrière (si l'on exclut Les Petits Mouchoirs).
L'année 2018 est marquée par la sortie de deux longs-métrages : la comédie historique Le Retour du héros, face à Mélanie Laurent et sous la direction de Laurent Tirard. Parallèlement, il joue son propre rôle dans un épisode de troisième saison de la série Dix pour cent mettant en scènes une agence artistique d'acteurs et d'actrices[46]. À la fin de l'année, il s'aventure dans le cinéma d'auteur en portant la satire I Feel Good, huitième long-métrage de Gustave Kervern et Benoît Delépine[47].
Il poursuit dans cette veine en 2019 en tenant le premier rôle masculin de la comédie expérimentale Le Daim de Quentin Dupieux, avec notamment Adèle Haenel dans le premier rôle féminin[48]. Cette année-là, il achève le tournage de son premier projet dramatique depuis 2015, J'accuse, de Roman Polanski[49]. Dans cette adaptation du roman D. portant sur l'affaire Dreyfus, l'acteur prête ses traits au colonel Marie-Georges Picquart face au comédien Louis Garrel dans le rôle du capitaine Alfred Dreyfus[49]. La promotion du film s'avère compliquée pour toute l'équipe, le cinéaste étant une nouvelle fois accusé de viol alors qu'il est visé par un mandat d'arrêt international depuis 1977 à la suite de l'affaire Roman Polanski[50],[51],[52],[53].
En , il est parrain de la cinquième édition du festival international du film de Pauillac Les Vendanges du 7e Art[54].
En 2023, il est à l'affiche d'un film plus intimiste, inspiré de Sur les chemins noirs le récit autobiographique de Sylvain Tesson publié le [61],[62]. Le tournage de cette adaptation cinématographique de Denis Imbert, Sur les chemins noirs a eu lieu en 2021[63] et se voit diffusé sur grand écran le [64]. Dans le cadre de la promotion du film, Dujardin est interrogé sur son choix de ne pas entamer de carrière à l'étranger. L'intéressé déclare alors refuser l'idée par amour pour son pays. Ses propos déclenchent une vive polémique, accusant l'acteur de flirter avec le nationalisme et le chauvinisme, de surcroît par la récupération de l'extrême droite[65].
Il a trois frères, dont l'aîné, Marc Dujardin[69], avocat, est son conseiller juridique et le gérant de sa société de production, JD Prod[70],[71],[72],[73].
Vie sentimentale
En 2003, Jean Dujardin divorce de son épouse Gaëlle Demars, avec qui il a deux fils : Jules (né en 2000) et Simon (né en 2001)[74].
En , il officialise son couple avec la patineuse de danse sur glace Nathalie Péchalat, de onze ans sa cadette[78]. Le , elle donne naissance à leur première fille, Jeanne[79]. Le couple se marie en toute discrétion le à Saint-Cloud[80]. Nathalie Péchalat donne naissance à leur deuxième fille, Alice, le [81],[82]. Ils annoncent leur séparation en septembre 2024.
↑Delphine Chedaleux, « Déclinaisons de la masculinité dans les comédies françaises : le cas Jean Dujardin », Mise au point, (lire en ligne, consulté le )