En complément de sa carrière d'actrice, Marina Vlady a mené une carrière de chanteuse, avec cinq albums, et a publié treize livres. Dans les années 1970, elle est l'épouse du chanteur russe Vladimir Vyssotski (1938-1980), après la mort duquel elle écrit Vladimir ou le Vol arrêté (1987).
Biographie
Origines familiales et formation
Marina Vlady naît sous le nom d'état-civil de « Catherine Marina de Poliakoff » le à Clichy, dans la proche banlieue nord-ouest de Paris. Ses parents sont des émigrés russes : son père Vladimir de Poliakoff est chanteur d'opéra, il est arrivé en France en 1915 et a participé à la Grande Guerre ; sa mère Militza Envald est danseuse étoile et est arrivée en 1919 après la révolution russe.
De leur mariage, sont nées quatre filles, qui se sont ensuite tournées vers des métiers artistiques, et qui ont été surnommées les « sœurs Poliakoff » :
Olga (1928-2009), dite Olga Varen, comédienne et réalisatrice de télévision ;
Étiennette ou Tatiana (1930-1980), dite Odile Versois, actrice ;
Selon l'édition du de Paris Match, l'initiale V, commune aux quatre pseudonymes choisis avec ses sœurs correspondrait au V de « Victoire ».
Vladimir de Poliakoff et Militza Envald, avec leurs quatre enfants à charge, ont une situation économique difficile en France. Vladimir travaille comme ouvrier à l'usine Frigorifique de Clichy[1].
Marina entre dans l'école de danse de l'Opéra, menant aussi des études secondaires adaptées.
En 1949, elle fait la une de la revue La Vie catholique illustrée[2](numéro 186) pose la question « Ce petit rat deviendra-t-il une étoile ? », en page 17 de la revue).
Carrière cinématographique
Marina Vlady débute au cinéma en 1949 (dans le rôle de « Marie-Tempête ») et perce dès 1954 dans Avant le déluge d'André Cayatte, remarquée notamment pour sa beauté. Elle devient aussitôt une des principales jeunes premières du cinéma français, aussi à l'aise dans la comédie (Sophie et le Crime de Pierre Gaspard-Huit) que dans le drame et le film noir, même si La Sorcière d'André Michel avec Maurice Ronet (l'un des films dont elle demeure très fière[1]) ne rencontre pas un grand succès public.
Elle tourne ensuite plusieurs films diversement accueillis sous la direction de Robert Hossein, avec qui elle forme un des couples très en vue, notamment Toi, le venin (1959, où Marina a pour partenaire sa sœur Odile Versois). Selon le Dictionnaire du cinéma français[3], le premier de ces films, Les salauds vont en enfer, écrit par Frédéric Dard, « a au moins le mérite de la nouveauté » et un « climat étrange, violent, érotique » qui le caractérise. Le couple se retrouve aussi dans Crime et Châtiment de Georges Lampin, La Sentence de Jean Valère et Les Canailles de Maurice Labro d'après James Hadley Chase. Les quatre films de Hossein « permettent [à Marina] de relancer une image de marque qui avait beaucoup de mal à convaincre le public[3]. »
En 1961, La Princesse de Clèves de Jean Delannoy, adaptation luxueuse de l'œuvre de Madame de La Fayette, mais qu'une certaine critique française juge « trop académique », réaffirme son statut de star capable de porter un film sur ses seules épaules. Le film met en évidence la « distinction » de Marina Vlady jusque-là plutôt considérée comme une sorte de « bombe érotique » dotée d'un tempérament dramatique[3].
Parallèlement à sa carrière d'actrice, Marina Vlady chante. Entre 1967 et 1968, avec ses sœurs, sous le nom de scène « Les Sœurs Poliakoff », elle enregistre deux disques de chansons dont Le Poirier, le sorbier, Dounia, Chanson Orange, obtient le grand prix international du disque Charles-Cros. En 1973, Marina Vlady enregistre seule, entre autres titres, Le Voleur de chevaux, qui connaît un succès à la radio.
En 2011, après quatorze années d'absence sur les grands écrans, Marina Vlady revient dans un des rôles principaux de Quelques jours de répit de et avec Amor Hakkar.
Le Dictionnaire du cinéma français évoque « les traits réguliers et lumineux, le visage botticellien, la grâce naturelle » de Marina Vlady, en s'interrogeant sur la responsabilité de sa beauté dans le déroulement d'une carrière en deçà des promesses.
Ensuite, la comédienne se consacre surtout à l'écriture (treize livres à partir de 1979, dont un essai, plusieurs romans et ses mémoires en 2005) et à la scène, où elle avait débuté avec Robert Hossein en 1957 ; à compter de 1992, elle interprète successivement : Éric-Emmanuel Schmitt ; Tchekhov ; une adaptation de son livre Vladimir ou le Vol arrêté, consacré à son ex-compagnon Vladimir Vyssotski ; Jacques Audiberti.
Vie privée
De 1955 à 1959, Marina Vlady est mariée au comédien et metteur en scène Robert Hossein[4], avec qui elle a deux fils, Pierre et Igor.
Elle épouse en 1963 Jean-Claude Brouillet, aviateur, ancien résistant et entrepreneur dans le transport aérien, dont elle a un enfant, Vladimir. Le couple divorce en 1966.
En 1970, après deux ans de vie commune, elle se marie en troisièmes noces avec Vladimir Vyssotski, poète, acteur et chanteur soviétique, avec lequel elle vit en URSS jusqu'à la mort prématurée de celui-ci, à 42 ans, en 1980. En 2006, elle chantera son amour pour Vladimir Vyssotski au théâtre des Bouffes-du-Nord dans un récital intitulé Vladimir ou le vol arrêté, d'après son livre paru en 1987.
Elle vit ensuite pendant vingt-trois ans avec le médecin cancérologue Léon Schwartzenberg, jusqu'à la mort de ce dernier en 2003.
Marina Vlady est décrite dans la biographie que lui consacre Première en ces termes : « Blonde, réservée, sachant jouer de son charme slave, [...]. Ses traits réguliers et lumineux, son visage "botticellien", sa grâce naturelle ont certes été un atout dans sa carrière mais aussi peut-être un handicap. On l'a toujours soupçonnée d'être à la recherche d'un rôle qui lui convienne parfaitement, aussi bien au cinéma qu'au théâtre ou à la télévision. Cette actrice "rare" n'acceptait on le sent bien qu'à contrecœur de se plier comme tant d'autres à des interprétations standardisées. »[4]
1968 : Les Sœurs Poliakoff, Les chemins lointains, Cou Cou, L'accordéon, Le long de la rivière, EP 45 tours, 4 titres, Chantés avec ses sœurs, La Voix de son maître (EGF 1014)
1973 : Il est à moi, Le Voleur de chevaux, 45 tours (S 2 titres) CBS (1356)
1981 : Berceuse cosaque, La jeune fille se promenait dans les bois, Berceuse pour endormir l'orage, Petite berceuse, chantées en russe, Le Chant du monde, réédition sur compilation Éternelle Russie, 3 CD Sélection du Reader's Digest 3058 (1995)
↑(de) Die Bildagentur der Süddeutschen Zeitung (la photothèque du Süddeutsche Zeitung), « Süddeutsche Zeitung Photo », Bild-ID:01920789, sur sz-photo.de (consulté le ) : photo de l’actrice en 1955, posant avec la couverture de 1949.
↑ ab et cJean-Loup Passek (dir.), Dictionnaire du cinéma français, Larousse.
↑ a et b« Marina Vlady », sur Premiere.fr (consulté le )
↑France-URSS magazine, organe mensuel, années 1970-1982 : 12e (1970), 13e (1973), 14e (1977), 15e (1980) congrès.
↑Yvan Foucart, « Marina Vlady - La beauté slave dans tout son éclat… », in Dictionnaire des comédiens français, 2008 (lire en ligne sur le site lesgensducinema.com, page consultée le 23 mai 2013).
↑« Marina Vlady, montagnes russes », Libération, (lire en ligne)
↑Collectif, « L'appel des 58 : "Nous manifesterons pendant l'état d'urgence" », Club de Mediapart, (lire en ligne).
↑AFP, « État d'urgence : 58 personnalités revendiquent la liberté de manifester », Le Point, (lire en ligne).
Propos recueillis par Paule Corday-Marguy, « Marina Vlady vient de fêter ses seize printemps », Mon film-Ciné Pour tous no 414, éditions Mon Film, Paris, , p. 14
Marina Vlady, une star, une femme, film documentaire de Sylvie Carlier (2014).
Marina Vlady, deux ou trois choses qu'on ne savait pas d'elle, entretiens avec Maylis Besserie, cinq épisodes de 29 minutes, émission À voix nue de France-Culture (2021).