Agnès Pannier-Runacher est née à Paris, d'une famille originaire de Marseille[2]. Elle est la fille de Renée-Christine Lassave et Jean-Michel Runacher[3], ingénieur diplômé de l'École nationale des ponts et chaussées et ancien cadre dirigeant de la société pétrolière Perenco[4].
Elle partage la vie de Nicolas Bays (son ex-collaborateur de cabinet et ex-conjoint d'Aurore Bergé) depuis mai 2021. Le couple est domicilié à Lens[10].
En 2006, elle devient directrice adjointe de la Caisse des dépôts et consignations, chargée de la stratégie et des finances. Elle est notamment chargée des acquisitions stratégiques, ainsi que du suivi actionnarial des filiales et participations stratégiques de la CDC (Accor, Veolia, Eiffage, Dexia, CNP Assurances, Icade, Transdev…). Elle est ainsi amenée à travailler à la préfiguration du Fonds stratégique d'investissement (FSI). En 2009, elle est nommée directrice exécutive du FSI dès sa création[16].
Secteur privé
Agnès Pannier-Runacher rejoint le secteur privé, en , comme directrice de la division « clients recherche et développement » de l'équipementier d'automobiles Faurecia Interior Systems[17] des clients comme Tata-Jaguar Land Rover, General Motors Europe et Volvo.
En [18], elle retourne à la Caisse des Dépôts et devient numéro deux[19] de sa filiale la Compagnie des Alpes comme directrice générale déléguée[20],[21].
Elle est également administratrice indépendante et présidente du comité d’audit du groupe de services maritimes, Bourbon, de 2010 à 2018, notamment lors du placement en redressement judiciaire du groupe[22] et de sa mise en examen en tant que personne morale pour « corruption d’agents publics étrangers »[23]. Elle occupe ces mêmes fonctions au sein du groupe en nettoyage et hygiène, Elis, et est membre du conseil consultatif de l'association d'entrepreneuriat socialAshoka France (2017), de la fondation multi-métier Grameen- Crédit Agricole (2017) et du think tank Observatoire de l'immatériel (2018).
Elle met fin à ces mandats lors de sa nomination comme secrétaire d’État, sa rémunération annuelle passe alors de plus de 500 000 euros à 115 000 euros bruts[24].
Certains analystes considèrent qu'Agnès Pannier-Runacher possède le profil typique d'un ministre macroniste. Le sociologue Sébastien Michon (CNRS), spécialiste du personnel politique français, souligne qu'il n'y avait pas avant la présidence Macron autant de ministres haut-fonctionnaires pantoufleurs, issus de la bourgeoisie ou grande bourgeoisie, propulsés sur le devant de la scène politique sans avoir été élus auparavant[27],[28].
En tant que ministre, Agnès Pannier-Runacher est régulièrement décrite comme une technocrate macroniste pur jus et comme une femme de dossiers, mais coutumière également des maladresses médiatiques[49],[50],[51],[52],[32].
2018-2020 : Secrétaire d'État auprès du ministre de l'Economie et des Finances
Par un décret de janvier 2019[58] relatif à la prévention des conflits d'intérêts, elle se déporte de certaines attributions essentiellement non industrielles[59] en raison de son passé de dirigeante d'entreprises privées, de sa présence dans plusieurs conseils d'administration et du poste de son époux chez Engie[60].
Lors de la crise sanitaire due à la pandémie de Covid-19, Agnès Pannier-Runacher est notamment en charge d'organiser et de renforcer la production et l'approvisionnement en matériels à destination du personnel et des établissements de santé (masques sanitaires, respirateurs, sur-blouses, écouvillons, etc.)[61],[32].
2020-2022 : Ministre déléguée chargée de l'Industrie
Dans le cadre du plan de relance économique post-Covid, elle présente un plan de soutien à la filière de production d'hydrogène[63],[64] et des mesures de soutien à la relocalisation[65]. Elle est chargée par Emmanuel Macron de la stratégie française d'achat et de négociation des vaccins contre le Covid-19 au niveau européen[66],[67]. En février 2020, elle présente en conseil des ministres le projet de loi d'accélération et de simplification de l'action publique (« loi ASAP »), qui comporte des mesures de simplification de facilitation pour l'implantation industrielle des entreprises[68],[69].
Fin 2021, la ministre présente un bilan positif de sa politique industrielle[70],[71],[72]. Cependant, les économistes s'accordent à dire qu'il est encore prématuré d'évaluer les effets du plan de relance sur l'industrie[73].
Agnès Pannier-Runacher assume un positionnement pro-nucléaire qui constitue un fil rouge de son action de ministre[51],[82]. En , elle est à l'origine de « l'Alliance du nucléaire en Europe » qui réunit 16 pays européens favorables à la relance de la production d'énergie nucléaire au sein de l’Union européenne[83],[84]. Elle est chargée de la réforme contestée de la sûreté nucléaire avec la fusion de l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN) et de l’Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN)[85]. Elle soutient la relocalisation au Creusot de la fabrication des cuves nucléaires par Framatome[86]. En avril 2023, elle fait adopter la loi d’accélération du nucléaire et critique la décision de l’Allemagne de fermer ses trois dernières centrales nucléaires pointant une responsabilité européenne collective dans les trajectoires d’émissions de CO2[87],[88]. En octobre 2023, elle annonce un accord des 27 États membre de l’Union européenne sur la réforme du marché européen de l’électricité, autorisant l’usage des crédits de financement européen pour le nucléaire au même titre que pour les énergies renouvelables. L’accord permettra à EDF de développer les 6 nouveaux réacteurs nucléaires EPR voulus par la France[89]. En janvier 2024, Agnès Pannier-Runacher présente son projet de loi de souveraineté énergétique qui consacre « le choix durable du recours à l’énergie nucléaire »[90].
Son gouvernement fait l'objet de critiques liées aux tergiversations et au retard pris pour l'élaboration de la Loi de programmation énergie climat[91],[92],[93]. Le projet de loi est abandonné et le gouvernement annonce, après son départ du ministère, qu'il passera finalement par décret[94].
En décembre 2023, elle mène la délégation française à la COP 28 de Dubaï[95].
2024 : Ministre déléguée auprès du ministre de l'Agriculture
Depuis le 8 février 2024, dans le nouveau gouvernement de Gabriel Attal, elle est nommée ministre déléguée auprès du ministre de l'Agriculture et de la Souveraineté alimentaire Marc Fesneau. Elle est chargée d'épauler le ministre sur des thématiques forestières, mais ne reçoit aucune attribution propre[96].
2024 : Ministre de la Transition écologique, de l'Énergie, du Climat et de la Prévention des risques
Le , elle est nommée ministre de la Transition écologique, de l'Énergie, du Climat et de la Prévention des risques dans le gouvernement Barnier[97].
Sa nomination est jugée paradoxale : elle hérite d'un ministère de l'Écologie étendu à l'Énergie mais perd en contrepartie le Logement, au profit de Valérie Létard, les Transports, au profit de François Durovray, et les Collectivités territoriales, au profit de Catherine Vautrin. Le média Contexte la qualifie de "grande perdante de l'architecture gouvernementale"[98]. De plus, comme en 2022, sa nomination est critiquée pour ses liens avec l'entreprise Perenco[99],[100].
Le , dans le contexte de crise sanitaire, elle estime qu'il « faudra probablement travailler plus qu'on ne l'a fait avant » pour « rattraper ce mois perdu », se faisant ainsi l'écho de déclarations de Geoffroy Roux de Bézieux, président du Medef[103]. Ces déclarations sont vivement critiquées par les syndicats (CFDT, CGT, FO) et les oppositions[104], Laurent Berger jugeant par exemple « grossier de dire aux gens qu'ils devront travailler plus alors qu'on ne sait même pas s'ils auront un boulot demain »[105].
Accusations de pressions sur des parlementaires
En octobre 2020, elle est accusée par plusieurs présidents de groupes parlementaires de gauche (Valérie Rabault du PS, Jean-Luc Mélenchon de LFI et André Chassaigne du PCF) de « pressions graves et inacceptables » sur des députés, dans le but de les dissuader de déposer un recours au Conseil constitutionnel sur le projet de loi ASAP[106], un texte discuté en procédure accélérée et accusé de contenir des cavaliers législatifs[107],[108]. Dans sa décision no 2020-807 DC du 3 décembre 2020, le Conseil constitutionnel valide la loi ASAP[109] et les mesures qui avaient fait l'objet du recours. La loi entre en vigueur le 7 décembre 2020.
Accusations contre Jean-Michel Runacher
En novembre 2022, une enquête du site d'information Disclose et Investigate Europe[75],[8] révèle que le père de la ministre, Jean-Michel Runacher, ancien dirigeant de Perenco, a créé en 2016 la société Arjunem[110] pour transmettre une partie de son patrimoine à ses petits-enfants, alors âgés de 13 ans, 10 ans et 5 ans.
La Haute Autorité pour la transparence de la vie publique (HATVP) réagit et précise que « l'absence d'obligation déclarative ne dispense pas le responsable public de veiller à prévenir et faire cesser les situations de conflits d'intérêts qui naîtraient d'autres intérêts indirects détenus, tels que l'activité des enfants ou d'autres membres de la famille ».
Pour prévenir tout conflit d’intérêts, Agnès Pannier-Runacher se déporte de tout dossier lié au groupe Perenco et les attributions correspondantes sont exercées par la Première ministre Élisabeth Borne (décret publié le 15 novembre 2022 au Journal officiel)[111],[112],[110].
Distinctions
Le , Agnès Pannier-Runacher est nommée au grade de chevalier dans l'ordre national du Mérite au titre de « directrice générale déléguée d'une entreprise spécialisée dans les domaines skiables et les parcs de loisirs ; 14 ans de services »[113].
Publications
En janvier 2022, elle publie avec Élisabeth Moreno, ministre déléguée chargée de l'Égalité entre les femmes et les hommes, un livre qui contient vingt propositions[114]Femmes, Ministres et Féministes. Notre combat pour l’égalité réelle, aux éditions Point d'Orgue[115]. Elles militent pour que le secteur du nettoyage cesse d’imposer aux femmes des horaires décalés pour le nettoyage des bureaux, une prime à l’embauche des femmes de plus de 45 ans ou l’émancipation par l’éducation[116].
« Pannier-Runacher Agnès Charlotte Jeanne », dans Fabien Cardoni, Nathalie Carré de Malberg et Michel Margairaz (dir.), Dictionnaire historique des inspecteurs des finances (1801-2009) : dictionnaire biographique et thématique, Paris, Comité pour l'histoire économique et financière de la France, coll. « Histoire économique et financière de la France », (ISBN978-2-11-097521-8), p. 855-856.
↑« Pacquier à Puissant du Lédo », dans Dictionnaire historique des inspecteurs des Finances 1801-2009 : Dictionnaire thématique et biographique, Institut de la gestion publique et du développement économique, coll. « Histoire économique et financière - XIXe-XXe », , 852–882 p. (ISBN978-2-8218-3703-4, lire en ligne).
↑Valentin Behr et Sébastien Michon, « Le gouvernement Macron et les nouveaux technos », Revue française d'administration publique, vol. N° 175, no 3, , p. 735–753 (ISSN0152-7401, DOI10.3917/rfap.175.0735, lire en ligne, consulté le ).
↑« Les profanes, les technos et les professionnels de la politique : Sociologie des ministres d’Emmanuel Macron »., Presses Universitaires de Grenoble, (ISBN978-2-37747-334-2 et 978-2-7061-5161-3, shs.cairn.info/l-entreprise-macron-a-l-epreuve-du-pouvoir--9782706151613-page-131?lang=fr.).
↑« L’aile gauche du macronisme peine à décoller au sein du gouvernement », Le Monde, (lire en ligne, consulté le ).
↑Anne-Sophié Bellaiche, « Les défis d'Agnès Pannier-Runacher, capitaine de la reconquête industrielle », L'Usine nouvelle, (lire en ligne, consulté le ).
↑« À quoi va servir « l’alliance inclusive pour le vaccin » de la France et trois pays européens contre le Covid-19 ? », L'Usine nouvelle, (lire en ligne, consulté le )
↑« « Une entreprise industrielle sur trois a eu un projet financé par l’État » », Le Monde, (lire en ligne, consulté le ).
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↑Pierre Jérémie, « Une nouvelle dynamique autour du nucléaire au sein de l’Union européenne: », Annales des Mines - Responsabilité et environnement, vol. 2024/1, no 113, , p. 83–86 (ISSN1268-4783, DOI10.3917/re1.113.0083, lire en ligne, consulté le ).
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