Prix du Gouverneur général : poésie ou théâtre de langue anglaise () Prix du Gouverneur général : romans et nouvelles de langue anglaise () Prix Princesse des Asturies de littérature ()
Née le à Ottawa, Ontario[2], Margaret Atwood est la fille de Carl Edmund Atwood, un zoologue, et de Margaret Dorothy Killiam, une nutritionniste. En raison du métier de son père, Margaret Atwood passe la majeure partie de son enfance entre les forêts du Nord du Québec, Sault-Sainte-Marie, Ottawa et Toronto[3],[4].
Elle commence à écrire à l’âge de seize ans et décide alors qu’elle sera écrivaine[5]. En 1957, elle entreprend des études au collège Victoria à l'Université de Toronto. Elle suit notamment les cours de la poète Jay Macpherson et du critique littéraire Northrop Frye. Elle obtient un baccalauréat en arts en littérature anglaise (avec des mineures en philosophie et en français) en 1961[6].
En 1968, Atwood épouse Jim Polk, mais divorce quelques années plus tard, en 1973[9]. Elle se marie ensuite avec le romancier Graeme Gibson(en). Elle donne naissance à sa fille Eleanor Jess Atwood Gibson en 1976[10].
Gibson meurt le . Atwood écrit un essai sur le deuil paru dans The Guardian en 2020 à la mémoire de son époux[11].
Carrière
Elle autopublie son premier recueil de poésie, Double Persephone, chez Hawkshead Press en 1961, pour lequel elle reçoit la médaille E. J. Pratt[12]. Son second recueil de poésie, The Circle Game, paru en 1964 chez Contact Press, lui vaut un prix littéraire du Gouverneur Général en 1966[13]. Dans les décennies qui suivent, elle fait paraître près d'une vingtaine de recueils de poésie.
Atwood fait paraître son premier roman, The Edible Woman (La Femme comestible) chez McCelland and Stewart en 1969. Dans les années 1970, les romans qu'elle publie explorent l'identité et les stéréotypes genrés en lien avec la politique et l'identité nationale: Surfacing (Faire surface) en 1972; Lady Oracle en 1976 et Life Before Man (La Vie avant l'homme) en 1979[14]. Ce dernier est finaliste pour les prix littéraires du Gouverneur général[13].
C'est en 1985 qu'elle publie son œuvre la plus connue, La Servante écarlate (The Handmaid's Tale). Résolument féministe et politique, son œuvre est notamment définie par le fait que les femmes en occupent l’avant-scène[5]. Elle a reçu plusieurs prix pour La Servante écarlate, dont le prix Arthur-C.-Clarke et un Prix littéraire du gouverneur général[15]. La Servante écarlate est adapté au cinéma par Volker Schlöndorff en 1990 et en série télévisée en 2017 sous le titre The Handmaid's Tale : La Servante écarlate.
En 2015, elle remet le manuscrit de son livre Scribbler Moon au projet de la « bibliothèque du futur » de l'artiste écossaise Katie Paterson, afin qu'il soit publié en 2114. Elle est la première des cent auteurs à participer à ce projet[16].
Dans une entrevue au quotidien Le Devoir accordée en 2007, elle se dit généralement optimiste et affirme qu’elle n’écrirait pas si elle croyait que le monde était sans espoir. Elle ajoute que ses romans dystopiques sont le reflet de ses lectures de jeunesse alors qu’elle a grandi au faîte de la popularité d’auteurs de science-fiction tels que H. G. Wells, George Orwell et Aldous Huxley[17].
Atwood a reçu de nombreux honneurs dont une vingtaine de doctorats honorifiques, en plus d'être reçue comme Compagnon de l'Ordre du Canada le et membre de l'Ordre de l'Ontario en 1990. Elle est reçue comme membre de la Société royale du Canada en 1987[18]. En 1981, elle a reçu une des bourses Guggenheim[19]. Elle a remporté le Booker Prize en 2000 pour son roman Le Tueur aveugle (The Blind Assassin)[20]. En 2017, elle a fait partie des favoris pour le prix Nobel de littérature[21]. C'est l'auteur britannique d'origine japonaise Kazuo Ishiguro, qui l'a remporté ; surpris de cette décision, Ishiguro s'est excusé auprès d'Atwood d'avoir obtenu le prix à sa place[22],.
Margaret Atwood a également fait une incursion au cinéma en tant qu'actrice. Dans le film Hochelaga, terre des âmes (2017), de François Girard, qui relate l'histoire de la fondation de Montréal, l'écrivaine incarne une baronne anglaise qui cache chez elle des Canadiens-français résistant contre le régime britannique[23].
Le , au quatrième jour de l'invasion de l'Ukraine par la Russie, Atwood fait partie des plus de 1 000 auteurs qui signent la lettre ouverte l'association d'écrivains PEN International, qui exprime sa solidarité envers l'Ukraine et demande la fin de l'invasion russe[25].
Controverses
En , une polémique éclate à Toronto : son livre La Servante écarlate est accusé par un parent d'élève d'être violent, dépravé et tout à la fois anti-chrétien et anti-islamiste[26]. L'affaire n'aura pas de suite.
En , elle publie une lettre ouverte dans le journal The Globe and Mail intitulée « Am I a bad feminist? » (« Suis-je une mauvaise féministe ? ») où elle fait une critique du mouvement #Metoo en même temps qu'elle diagnostique le système judiciaire inefficace et dépassé[27]. Elle met en garde les féministes d'aujourd'hui face à un possible dérapage menant à l'instauration d'une « justice populaire » qui peut se transformer en « lynchage solidifié culturellement dans lequel le type de justice accessible est jeté par la fenêtre et des pouvoirs extrajudiciaires sont mis en place et maintenus. » Elle prend position en affirmant que « ma position fondamentale est que les femmes sont des êtres humains, avec (…) des comportements saints et démoniaques (…) y compris le crime. » Dans une entrevue en 2022 avec Nathalie Collard, elle précise : « Je préfère de loin vivre dans un contexte où c’est la règle de droit qui prime, mais encore faut-il que les lois soient justes. L’organisation avec laquelle je travaille étroitement, Equality Now, œuvre justement pour changer les lois discriminatoires à l’endroit des femmes et des filles. C’est dans ce contexte que je réfléchis à ces questions[28]. »
À la suite des critiques de la part de certains observateurs qui considèrent son écrit comme une trahison des valeurs féministes, elle répond sur Twitter, et partage deux autres textes, dont celui d'Andrew Sullivan « It’s Time to Resist the Excesses of #Metoo »[29], où l'auteur compare leur façon d'agir aux méthodes du maccarthysme. Une autre collaboratrice du Globe and Mail, Margaret Wente, publie, quelques jours plus tard, une analyse du texte de Atwood, portant également sur la place de l’écrivaine dans l'histoire du féminisme[30]. Wente ne se dit pas étonnée de sa position car selon elle, Atwood « aime brasser la cage », et classe ainsi Atwood comme une modérée face au nouveau mouvement #metoo[30]. Wente affirme tout de même être « la dernière alliée d'Atwood » parce qu'elle aussi croit que la procédure est régulière, aussi frustrante et imparfaite soit-elle, « et ne pense pas que des listes publiques d'accusations anonymes contre des journalistes médiatiques […] devraient être autorisées à détruire des carrières »[30].
Œuvres
Romans
The Edible Woman, Toronto, McClelland & Stewart, , 281 p.
La Femme comestible (trad. Michèle Albaret-Maatsch), Robert Laffont, , 544 p. (ISBN9782221254585)
Dearly: New Poems, [ « Poèmes tardifs » ],Toronto, McClelland & Stewart, 2020, 136 p.
Livres d'artiste
Speeches for Doctor Frankenstein, avec des illustrations de Charles Pachter, 1966,
Essais
Survival: A Thematic Guide to Canadian Literature, [ « Essai sur la littérature canadienne » ], Toronto, House of Anansi, 1972.
Days of the Rebels, 1815-1840, Toronto, Natural Science of Canada, 1977, 128 p.
Second Words: Selected Critical Prose, Toronto, House of Anansi, 1982.
Through the One-Way Mirror, 1986.
Strange Things: The Malevolent North in Canadian Literature, Oxford, Oxford University Press,1995, 126 p.
Negotiating with the Dead: a Writer on Writing, Toronto, Anchor Canada, 2002, 256 p.
Moving Targets: Writing with Intent, 1982-2004, [ « Cibles mouvantes » ], Toronto, House of Anansi, 2004, 440 p.
Writing with Intent: Essays, Reviews, personal prose 1983-2005, New York, Basic Books, 2005.
Payback: Debt and the Shadow Side of Wealth, [ « Comptes et légendes : La dette et la face cachée de la richesse » ], Toronto, House of Anansi, 2008, 240 p.
Questions brûlantes. Essais et textes de circonstances 2004-2021 (trad. Michèle Albaret-Maatsch, Odile Demange, Valentine Leÿs, Renaud Morin et Isabelle D. Philippe), Paris, Robert Laffont, , 473 p.
Albums jeunesse
Up in the Tree, [ « Tout là-haut dans l'arbre » ], Toronto, Groundwood Books, 1978, 32 p.
Trio of Tolerable Tales, [ « Trois Contes très racontables » ], Toronto, Groundwood Books, 2017, 52 p.
Réception critique
La Servante écarlate
Pour ce livre écrit entre 1985 et 1987, elle reçoit trois prix : le Prix du gouverneur général dans le domaine des romans et nouvelles en langue anglaise, celui du Los Angeles Times Book Prize dans la catégorie fiction et le prix Arthur-C-Clarke. La Servante écarlate est paru en 1985 et s'est vendu à plusieurs millions d'exemplaires à travers le monde. Il est devenu un classique de la littérature anglophone, apportant la célébrité à Margaret Atwood ; il est encore récompensé aujourd'hui. Ce roman se déroule en Amérique du Nord où le pays est dominé par une théocratie, fondée sur des castes sociales dans lesquelles les femmes sont soumises aux hommes. Dans cette œuvre, Margaret Atwood remet en cause la domination masculine, plus précisément le régime patriarcal totalitaire. Elle met en avant les nombreuses épreuves traversées par les femmes, leur volonté de ne pas renoncer à lutter et leur mécontentement contre le sexisme. À travers la lecture de ce livre, on constate que ce problème patriarcal déjà présent dans les années 1980 est toujours présent à l'heure actuelle[31]. Elle publie ce livre durant la guerre froide, engendrant une prise de conscience de la société et une peur du retour au conservatisme[32]. En 1990, l'œuvre connaît une adaptation cinématographique, La Servante écarlate, réalisée par Volker Schlöndorff[33]. Puis, en 2017, l'œuvre est adaptée en télé-série sur Hulu par Bruce Miller sous le titre The Handmaid's Tale: La Servante écarlate[34].
Meurtre dans la nuit
Ce recueil de nouvelles et de poèmes expérimentaux en prose écrit en 1987 et d'abord publié en anglais sous le titre de Murder In The Dark en 1983 « suscite l’acclamation de la critique par sa façon d’employer la langue et sa manière de briser les frontières traditionnelles entre fiction et poésie »[6]. Ce recueil est composé de 27 poèmes, divisés en 4 parties dans lesquelles sont mis en avant des thèmes variés. Il va exploiter différents genres comme l'autobiographie, la satire, le récit de voyage. Au sein de ce recueil vont apparaître des thèmes comme la marginalisation des femmes et groupes minoritaires entraînant des peurs sociales et l'apparition de mouvements. De ce fait, la cohérence du poème se fait grâce au point commun de ses principaux thèmes. Le titre est extrait d'un jeu pour enfant qui met en avant différents rôles, notamment celui du meurtrier et celui du détective. Dans ce cadre, Margaret Atwood joue le rôle du meurtrier, de la critique et du détective. Le lecteur quant à lui tient le rôle de la victime grâce au ressenti de la lecture. À travers la lecture de l'ouvrage, nous comprenons qu'il regroupe tous les thèmes importants de ses écrits et donc les causes qui lui sont chères comme le féminisme.
↑(en-GB) Margaret Atwood et Margaret Atwood, « Caught in time’s current: Margaret Atwood on grief, poetry and the past four years », The Guardian, (lire en ligne, consulté le )
↑« Margaret Atwood », sur Le Printemps des Poètes (consulté le )