Ꝃ (minusculeꝃ), appelé couramment k barré et, de façon non ambiguë, k barré diagonalement[n. 1], est une lettre latine supplémentaire utilisée en latin médiéval et en breton. Elle est formée d'un K diacrité par une barre inscrite au travers en diagonale.
Linguistique
Latin médiéval
Cette lettre est utilisée dans les textes médiévaux comme abréviation pour kalendas, les calendriers, ainsi que pour karta ou kartam, une charte ou un document[1],[2].
Breton
En breton (et en français pour les noms bretons au XIXe siècle) cette lettre abrège le mot ou le préfixe breton ker :
« Le K barré du breton est un cas particulier, apparemment. Il s’agit d’une ligature représentant le préfixe « Ker ». Il existe, évidemment, des milliers d’abréviations manuscrites ou d’origine manuscrite pour l’ensemble de toutes les écritures du monde, y compris des centaines, au bas mot, pour l’écriture latine et cela rien qu’en Europe. La manière de traiter les abréviations manuscrites dans les textes informatisés est de les écrire en toutes lettres – c’est une pratique courante dans les systèmes bibliographiques, pour les signes d’abréviation latins, car il permet d’obtenir des résultats nettement plus fiables lors d’une recherche documentaire.
Quand il est possible de représenter une abréviation à l’aide de caractères ordinaires, comme dans le cas du Ꝃ, cette méthode ne présente pas vraiment de problème. Quand la forme ligaturée de l’abréviation s’avère nécessaire à l’affichage, la meilleure manière de l’obtenir est d’utiliser des polices conçues pour ce faire, et non d’essayer de coder toutes les ligatures au sein du jeu de caractères[3]. »
Il a été utilisé dans les actes d’état civil pour les toponymes ou les patronymes : Ꝃjézéquel pour Kerjézéquel, Ꝃmoisan pour Kermoisan. Depuis 1955, l’instruction générale relative à l'état civil l'interdit et le considère comme une « altération manifeste de l’orthographe »[4],[5].
« War a lavaras, e oa deuet an urzh eus Pariz hag a rae difenn da verraat skritur an anvioù tiegezh. Ne c'helled mui, hiviziken, er skridoù savet el lezioù-barn hag en tiez-kêr, lakaat Ꝃ evit Kêr, da skouer Knalegenn evit Kernalegenn. « Ur vezh, » emezañ, « n'o devo ken ar Vretoned ar gwir da skrivañ anvioù 'zo eus o bro evel ma plij ganto ! » »
« Comme on me l’a dit, un ordre était venu de Paris d'interdire l'abréviation des noms de famille. On ne peut plus, dorénavant, dans les actes établis par les tribunaux et les mairies, mettre Ꝃ pour Kêr, par exemple Ꝃnalegenn à la place de Kernalegenn. « Une honte, » dit-il « les Bretons n'auront plus le droit d'écrire les noms de leur pays comme ils le veulent ! » »
Cette particularité orthographique a cependant survécu à La Réunion ou à l'île Maurice et se perpétue toujours au XXIe siècle, comme dans le patronyme K/Ourio du musicien Olivier K/Ourio ; la variante ꝂVern du réalisateur mauricien Gustave Kervern ou la députée réunionnaise Emeline K/Bidi.
En , l'auteur-compositeur-interprète breton Dom DufF sort l'album Ꝃkwll (Kercool)[7].
Représentation informatique
Le k barré diagonalement peut être représenté avec les caractères Unicode suivants (table latin étendu D « additions médiévalistes » depuis Unicode 5.1.0 de 2008[8]) :
↑Le nom « k barré » peut désigner plusieurs autres lettres : k diacrité d’une barre dans la hampe ‹ Ꝁ ꝁ ›, k diacrité d’une barre oblique sur toute la lettre ‹ Ꞣ ꞣ ›, ou k diacrité d’une barre dans la hampe et d’une barre diagonale sur la jambe droite ‹ Ꝅ ꝅ ›.