Il s'agit d'un torrent alpin dont le lit est préservé dans les Hautes-Alpes car il s'y situe en majorité dans le parc national des Écrins, mais dont le cours inférieur est relativement artificialisé. En effet, son cours est occupé par plusieurs barrages formant des retenues (comme le lac du Chambon) avant d'être en partie canalisé afin de contourner des zones habitées (plaines du Bourg-d'Oisans et de Vizille) et de servir de moyen de production d'énergie hydraulique pour des usines de Livet-et-Gavet et la centrale hydroélectrique de Romanche Gavet. La Romanche a créé, au fil des millénaires, une vallée très encaissée (entre sa source et la plaine du Bourg-d'Oisans et entre le site de Rochetaillée et son confluent avec le Drac). Au Moyen Âge, la Romanche avait formé un lac naturel autour du Bourg-d'Oisans, qui s'appelait à l'époque Saint-Laurent du Lac.
Le bassin versant de la Romanche s'appelle l'Oisans. La Romanche traverse neuf zones hydrographiques[1],[note 1].
Organisme gestionnaire
C'est le Symbi ou syndicat mixte des bassins hydrauliques de l'Isère qui s'occupe de fédérer les aménagements sur la Romanche[3].
Géologie
Dans les gorges de la Romanche il est possible de lire l'histoire géologique du massif et de voir l'alternance des schistes cristallins et des schistes amphiboliques, micacés, sériciteux, talqueux, ou encore des schistes chloriteux[7].
Affluents
La Romanche a cinquante-huit affluents référencés[1] dont les principaux sont le Vénéon et l'Eau d'Olle :
Le module de la Romanche a été calculé durant une longue période de 59 ans au Bourg-d'Oisans[2] (1951-2009). Il se monte à 37,4 m3/s pour une surface de bassin versant de 1 000 km2[2], soit 80 % de la totalité du bassin.
Débit moyen mensuel (en m3/s) Station hydrologique : W2764010 - La Romanche au Bourg-d'Oisans (Champeau) pour un bassin versant de 1 000 km2 et à 701 m d'altitude[2] (le 08-06-2016 - données calculées sur 61 ans de 1951 à 2016)
La rivière présente des fluctuations saisonnières de débit typiques d'un régime nival, avec des hautes eaux de printemps-été dues à la fonte des neiges et portant le débit mensuel moyen au niveau de 64 à 87,4 m3/s de mai à juillet inclus (avec un maximum en juin encore très sensible en juillet), suivies d'une baisse progressive aboutissant à un long étiage d'automne-hiver, de novembre à fin mars-début avril, entraînant une baisse du débit moyen mensuel jusqu'à un minimum de 12,6 m3/s au mois de janvier.
Étiage ou basses eaux
À l'étiage, le VCN3 peut chuter jusque 8 m3/s, en cas de période quinquennale sèche[2], ce qui reste encore appréciable.
Crues
Les crues peuvent être très importantes. En effet, le QIX 2 et le QIX 5 valent respectivement 190 et 260 m3/s. Le QIX 10 se monte à 300 m3/s. Quant aux QIX 20 et QIX 50, ils valent 340 m3/s et 390 m3/s. le QIX 100 n'a pas encore pu être calculé vu la durée d'observation de 64 ans[2].
Le débit instantané maximal enregistré au Bourg-d'Oisans est de 310 m3/s le [note 3]. Le débit journalier maximal est aussi de 310 m3/s le . La hauteur maximale instantanée n'est pas communiquée[2].
Lame d'eau et débit spécifique
La lame d'eau écoulée dans le bassin versant de la rivière est de 1 218 millimètres annuellement, ce qui est très élevé et résulte des précipitations abondantes sur les hautes montagnes des Alpes, mais est tout à fait normal dans cette région. Le débit spécifique (Qsp) atteint 38,4 litres par seconde et par kilomètre carré de bassin[2].
Hydroélectricité
Plusieurs ouvrages de production d'énergie hydraulique sont aménagés sur son parcours, dont :
La centrale hydroélectrique de Romanche Gavet, mise en service en 2020, d'une puissance de 97 MW pour une production annuelle électrique de 560 GWh/an. Elle remplace six centrales du début du XXe siècle, dont la centrale des Vernes, classée au titre des monuments historiques en 1994, labellisée « Patrimoine du XXe siècle » de l'Isère en 2003.
D'autres ouvrages de moindre ampleur jalonnent le cours d'eau. Certains barrages ont été arasés comme celui de Séchilienne en 2018.
Histoire
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La Romanche et les crues et inondations
Dans le Moyen Âge, de nombreux lacs importants se sont formés successivement dans la plaine du Bourg-d'Oisans à la suite d'éboulements bloquant le cours d'eau à hauteur du torrent de l'Infernet, sur la commune de Livet-et-Gavet. Après quelques années d'existence, un de ces lacs s'est rompu, ce qui a entraîné l'Inondation de Grenoble en 1219[8], une inondation de type torrentiel dans la vallée jusqu'à Grenoble. Aujourd'hui encore, face aux éboulements réguliers de la chaîne de Belledonne dans ce secteur, la menace plane d'un scénario identique. Ce scénario pourrait aussi se reproduire un peu plus en aval du torrent de l'Infernet, cette fois-ci au niveau d'une zone d'éboulement appelée Ruines de Séchilienne.
Sur le secteur aval de la Romanche, sur une période allant du XVIIe siècle au XXe siècle, de nombreuses crues surviennent, dont trois sont particulièrement destructrices : en septembre 1733, août 1852 et mai 1856[8].
Au niveau de la plaine d'Oisans — qui a par périodes accueilli un lac — la Romanche a été endiguée, avec notamment de lourds travaux à partir du XVIIIe siècle, travaux ayant compris également un drainage de la plaine elle-même[9]. Au XXe siècle, en 1928, la plaine et le Bourg-d'Oisans sont inondés du fait de crues de la Romanche[9] et du Vénéon, ayant entraîné la rupture d'une digue au lieu-dit « La Croix du Plan »[10]. En 1955, la Romanche déborde au Bourg-d'Oisans et son canal déborde entre Vizille et Jarrie, tandis que dans la vallée de Rioupéroux, des centrales hydroélectriques rencontrent des problèmes liés à des embâcles ou aux flots de la Romanche ou de ses affluents[11].
Fin du XIXe siècle et XXe siècle : hydroélectricité et industrie
Si divers petits moulins à eau existent pendant plusieurs siècles au bord de la Romanche, la fin du XIXe siècle et le XXe siècle voient des barrages et des usines hydroélectriques être bâtis pour profiter de la force motrice de l'eau. Dans la vallée de Rioupéroux et de Livet-et-Gavet, elles bénéficient en particulier aux usines qui commencent à s'installer dès la fin du XIXe siècle ; certaines utilisent directement la force de l'eau pour actionner les machines, d'autres utiliseront l'électricité produite par des unités de production hydroélectrique. En 1914, par exemple, sept centrales hydroélectriques produisent sur la seule commune de Livet-et-Gavet[12]. Plus largement, la production d'hydroélectricité dans la vallée de la Romanche et les vallées proches bénéficie au développement de l'industrie de la région grenobloise[12]. En 1946, une partie des centrales hydroélectriques de la vallée de Rioupéroux et Livet-et-Gavet est nationalisée[12].
Les années 1920 connaissent la construction du barrage du Chambon, en amont du Bourg-d'Oisans, et la mise en service de son usine de production hydroélectrique[12]. Après la seconde guerre mondiale, certaines centrales de la partie basse de la Romanche disparaissent au profit de la centrale du Péage-de-Vizille[12].
Dans les années 1980, l'accentuation des mouvements d'un versant montagneux de la chaîne de Belledonne nommé ruines de Séchilienne (situé au niveau des communes de Séchilienne et Saint-Barthélémy-de-Séchilienne) fait craindre un effondrement de grande ampleur de cette partie de montagne avec un risque pour le hameau de l'Ile Falcon (commune de Saint-Barthélémy-de-Séchilienne) situé en contrebas, la route (la route nationale 91, devenue plus tard route départementale 1091) mais aussi de barrage se créant sur la Romanche, engendrant alors des risques d’inondation en amont de cet éventuel barrage naturel, mais aussi un risque de rupture inopinée de celui-ci avec des conséquences importantes sur les communes en aval[13]. Cela a entraîné une mise sous surveillance plus forte du versant montagneux à partie de 1985 et des réaménagements des installations humaines en contrebas (expropriation du hameau pour sa déconstruction, déconstruction d'une usine hydroélectrique, déplacement de la route, mais aussi travaux sur la Romanche dans cette zone)[13],[14]. Le risque est considéré moindre depuis le début des années 2010, mais les aménagements et la surveillance se sont poursuivis[13].
Le début du XXIe siècle voit des changements dans le paysage des centrales hydroélectriques dans le cours de la Romanche avec, notamment, le remplacement de six centrales de la vallée de Rioupéroux et Livet-et-Gavet par une unique centrale souterraine, la centrale hydroélectrique de Romanche Gavet, mise en service en 2020[12],[15]. Certaines centrales désaffectées sont alors déconstruites, tandis que celle des Vernes, protégée au titre des Monuments historiques, est convertie en lieu patrimonial[12].
Gestion et aménagement
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Dès le Moyen Age, des aménagements hydrauliques existent pour la Romanche[8]. Dans la partie basse de cette rivière, de premières digues protègent Vizille à partir du XVIIe siècle du fait du connétable Lesdiguières[8]. Dans la seconde moitié du XIXe siècle, la Romanche se trouve endiguée en continu dans sa partie basse, dans le but de mieux contrôler ses crues annuelles et décennales, ce qui n'est pas sans modifier certaines de ses caractéristiques[8].
En 1936, le Conseil d’État crée l'Association départementale Isère Drac Romanche afin que celle-ci veille à l'entretien du système de protection contre le risque d'inondation dans les plaines riveraines de l'Isère, de la Romanche et du Drac ; l'association est dissoute en 2018. Le Syndicat mixte des bassins hydrauliques de l'Isère (Symbhi), créé en 2004, la remplace ; cet établissement public gère et aménage les rivières que sont l'Isère, la Romanche et le Drac dans le sud du département de l'Isère. L'aménagement et la gestion de la Romanche répondent alors à des enjeux que sont notamment sont fonctionnement hydraulique, la gestion du transit et des dépôts de sédiments, des enjeux de qualité écologique et de mise en valeur à ce titre, et des enjeux liés à l'activité et aux installations humaines[10].
Entre 2011 et 2015, la protection des zones urbanisées au niveau de la plaine de Vizille a été renforcée en vue du risque de crue centennale ; ceci a été effectué par le Symbhi pour un budget de 26 millions d'euros hors taxes, selon cet organisme[16]. En 2023, les digues au niveau de la traversée du Bourg-d'Oisans sont renforcées, sur une première étape de travaux[17],[9],[10].
Cette rivière fut peinte à plusieurs reprises par différents artistes de montagne. Ainsi, le peintre Charles Bertier réalisa en 1894 deux huiles sur toiles l'incluant : Vallée de la Romanche au Pied-du-Col et Les Fréaux près de La Grave[20].
Galerie
Vues de la Romanche depuis sa source jusqu'aux environs du Drac
↑ abcd et eDirection Départementale des Territoires - Service Prévention des Risques - Cellule Affichage des Risques n°2, Synthèse des évènements historiques liés aux crues de la Romanche dans son secteur aval, , 56 p. (lire en ligne)
↑ ab et cSymbhi, Prévention des risques d’inondation - Restauration des milieux aquatiques, Plaine de l’Oisans et gorges de Livet-Gavet - Réunion publique Schéma d'Aménagement Intégré Romanche, (lire en ligne [PDF])
Présentation en diaporama pour une réunion publique
: document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.
M. Berthelot, Hartwig Derenbourg, F.-Camille Dreyfus et al., La grande encyclopédie : inventaire raisonné des sciences, des lettres et des arts, t. 20, H. Lamirault (Paris), 1885-1902 (lire en ligne), p. 990