L'Ubaye prend sa source dans le département des Alpes-de-Haute-Provence, à la frontière italienne, au sud-est du col de Longet à 3 076 m d'altitude sous le col du Loup ; elle est tout d'abord un ruisselet qui alimente un petit lac situé à l'amont du Vallon du Loup, puis elle alimente le lac de Longet, situé sous le col éponyme. À l'aval immédiat de ce lac, elle disparaît dans une perte située à 2635 m d'altitude et réapparaît dans une résurgence cinquante mètres plus bas[5]. Après un parcours de 82,7 km[1] elle rejoint la Durance, cette confluence étant aujourd’hui noyée dans le lac de Serre-Ponçon. Elle donne son nom à la vallée de l'Ubaye. Son principal affluent est l'Ubayette, laquelle prend sa source au lac du Lauzanier.
L'Ubaye traverse les six zones hydrographiques X040, X041, X042, X043, X044, X045 pour une superficie totale de 1 011 km2[1]. Ce bassin versant est constitué à 91,85 % de « forêts et milieux semi-naturels », à 6,87 % de « territoires agricoles », à 0,70 % de « territoires artificialisés », à 0,52 % de « surfaces en eau »[1],[note 1].
Organisme gestionnaire
L'organisme gestionnaire est la Communauté de Communes Vallée de l'Ubaye Serre-Ponçon[3].
Affluents
L'Ubaye a soixante-douze tronçons affluents référencés[1] dont :
la Baragne (rg[note 2]) 6,7 km sur la seule commune de Saint-Paul-sur-Ubaye avec un affluent et de rang de Strahler trois.
le torrent des Galamonds ou torrent du Sauze (rg), 6,2 km sur la seule commune d'Enchastrayes avec un affluent et de rang de Strahler quatre :
le torrent de Boure (rd), 5,5 km sur la seule commune d'Enchastrayes avec un affluent :
le torrent d'Enchastrayes ou riou Pitchoun (rg), 4,4 km sur la seule commune d'Enchastrayes avec un affluent :
le Riou de l'Ubac (rg), 1,7 km sur la seule commune d'Enchastrayes.
le Bachelard (rg), 27 km sur deux communes avec quatorze affluents et de rang de Strahler trois.
le Riou Bourdoux (rd), 7,8 km sur les deux communes de Saint-Pons, Uvernet-Fours avec six affluents et de rang de Strahler deux mais avec un vaste bassin de réception de 2200 hectares qualifié de "monstre" alpin sous haute surveillance[6]
Le module de l'Ubaye a été calculé durant une période de 48 ans au Lauzet-Ubaye (1960-2007)[2]. Il monte à 20,5 m3/s pour une surface de bassin de 946 km2, soit l'entièreté du bassin.
Débit moyen mensuel (en m3/s) Station hydrologique : X0454010 - l'Ubaye au Lauzet-Ubaye (Roche-Rousse)[2] (données calculées sur 48 ans)
La rivière présente des fluctuations saisonnières de débit typiques d'un régime nivo-pluvial, avec des hautes eaux de printemps-été dues surtout à la fonte des neiges et portant le débit mensuel moyen au niveau de 48,9 à 53,7 m3/s de mai à juin inclus (avec un maximum en juin) et se terminant en juillet (26,1 m3/s), suivies d'une baisse rapide aboutissant à un court étiage de fin d'été (12,8 et 12,7 m3/s en août et septembre). En automne les débits remontent sous l'effet de précipitations automnales sous forme de pluie (18,1 m3/s et 16,1 m3/s respectivement en octobre et novembre). Ce deuxième sommet est suivi d'une longue période de basses eaux d'hiver, de décembre à mars inclus, entraînant une baisse du débit moyen mensuel jusqu'à un minimum de 7,2 m3/s au mois de février.
Aux étiages, le VCN3 peut chuter jusque 3,6 m3/s, en cas de période quinquennale sèche, ce qui reste consistant.
Crues
Les crues peuvent être très importantes à l'instar de presque tous les cours d'eau alpins. En effet, le QIX 2 et le QIX 5 valent respectivement 150 et 210 m3/s. Le QIX 10 vaut 250 m/s, le QIX 20 vaut 290 m3/s, tandis que le QIX 50 se monte à 340 m3/s.
Le débit instantané maximal enregistré au Lauzet-Ubaye a été de 380 m3/s le , tandis que le débit journalier maximal se montait à 274 m3/s le de la même année.
Lame d'eau et débit spécifique
La lame d'eau écoulée dans le bassin versant de la rivière est de 684 millimètres annuellement, ce qui est élevé et résulte des précipitations abondantes sur l'ensemble de la surface de son bassin. Le débit spécifique (Qsp) se monte ainsi à 21,7 litres par seconde et par kilomètre carré de bassin.
Crues historiques
En addition aux événements importants cités dans les chapitres suivants, nous pouvons mentionner les crues de 1977, 2000 et de , ayant notamment provoqué la destruction de protection sur le torrent du Bachelard, la destruction du plan d’eau de l’Abécée à Méolans-Revel et la coupure partielle de la RD 900 à Longe Feysolle, commune du Lauzet[7].
Crue de mai 2008
La dernière crue importante de l’Ubaye date de ; sans atteindre les conséquences de la dramatique crue de 1957. Une forte douceur d'une masse d'air saharienne transportant des particules de sable altère l'albédo et initie une fonte brutale importante et soudaine, suivie de pluies conséquentes[8]. Des ouvrages manquent de disparaître :
il fallut beaucoup de chance et de travail pour que le pont de l'Ubayette au Gleizolles ne disparaisse ;
au pont de la grave du chef-lieu de Saint-Paul, les gabions de la rive gauche (unique défense de ce léger virage sans enrochement) étant partis très rapidement, plus rien ne retenait l'érosion de la culée. Les très solides traverses d'aciers gisantes, tordues comme des allumettes, témoignent toujours de la force immense de l'eau. Un gué provisoire le remplace et dure depuis ;
Le pont du Pinet de Petite-Serenne a été reconstruit en 2013.
Crue de 1957
Elle est la plus violente de mémoire d'Ubayens. Elle aurait atteint 480 m3/s à Barcelonnette ; sa digue de rive droite a rompu, conduisant à l’inondation du centre-ville. Tout au long de son cours des dégâts importants ont eu lieu. La crue de l'Ubaye a lieu dans un contexte d'inondations généralisées dans les vallées voisines, particulièrement en Queyras.
Crue de 1856
Elle est également citée dans les archives, mais peu de données existent sur ce phénomène.
Aménagements et écologie
Les activités de sports d'eau vive
Ne comportant aucun barrage jusqu'à son embouchure, c'est une rivière idéale pour la pratique des sports d'eau vive comme le rafting ou le kayak. Avec 50 rapides et 9 parcours, il est tout à fait possible de découvrir cette rivière d'une manière originale en toute sécurité, si l'on est expérimenté. Dans le cas contraire, la présence d'une personne ou d'un moniteur expérimenté est souvent nécessaire.
de 10h00 à 18h00 du 1er mars au sauf les samedi, dimanche et lundi de l'ouverture de la pêche et les vendredi, samedi et dimanche de la fermeture de la pêche ;
du lever au coucher de soleil le reste de l'année[note 3],[9],[10].
Centrale électrique
Une petite centrale hydroélectrique est implantée à Champanastais sur la commune du Lauzet-Ubaye ; sa puissance installée est de 1 240 kW[11].
Dans son fascicule Vocabulaires et toponymie des pays de montagne, Robert Luft, 2006, dit que la racine ab ou ub est celtique et signifie « cours d'eau ». Il donne pour exemples : Ubaye Ubayette et aussi L'Abéou (Saint-Paul-lès-Durance), L'Abéous (Méolans-Revel et La Grave) et L'Abeùs (Eycheil).
Bénédicte et Jean-Jacques Fénié, ainsi que Guy Barruol, affirment qu'il vient d'ubac[12],[13]qui, lui, vient du latinopaca.
En 1867 le professeur Alexandre-Édouard Baudrimont[14] écrit qu'il pense que l'hydronyme vient du basque. Il dit aussi qu'Ubay (rivière du Pérou) peut se traduire du basque par « bonne eau ».
En 1983 Robert Novaretti[15] écrit : « Ne prétend-on pas d'ailleurs que le nom d'Ubaye tire son origine du basque ibarra qui désigne « rivière ». »
En 2009 Jean-Baptiste Orpustan[16] dit que Bai signifie « cours d’eau, rivière » en ibère, exactement comme dans l’ancienne toponymie basque (Baialde, Baïgorry, Bayonne, Hendaye …), avant de s’être transformé en ibai en basque moderne, sans doute par analogie avec ibi (« gué ») ou ibarr (« vallée »).
Notes et références
Notes
↑Le SANDRE 2020 n'affiche plus les superficies des zones hydrographiques, ni les répartitions par type de territoire.
↑Abréviations : rd pour rive droite et rg pour rive gauche.
↑Mathieu Ruillet, Éric Ruchet, Étude du potentiel régional pour le développement de la petite hydroélectricite, Groupe énergies renouvelables, environnement et solidarité (GERES), 5 décembre 2005, p. 60.