Fils d’un bâtonnier de Varsovie et d'ascendance maternelle juive[1], Georges Lipietz vit la majeure partie de son enfance avec son beau-père. La famille émigra en France dans les années 1920 pour fuir l’antisémitisme du régime polonais de l’époque. Il obtient son baccalauréat à la session de 1940. Les lois antisémites du régime de Vichy lui interdisant de se présenter au concours de l'École polytechnique, il entre à l’École des mines.
Dénoncé et arrêté pour ses origines juives en mai 1944 à Pau avec son demi-frère, son beau-père et sa mère, il est remis à la SNCF à Toulouse, transporté pendant une trentaine d’heures dans des wagons à bestiaux puis interné au camp de Drancy. Il échappe de peu à la déportation, du fait de la libération du camp le . En effet, il doit partir par le dernier train pour l’Allemagne, mais un cheminot conseille aux nazis d’emporter plutôt les œuvres d’art[2].
Georges Lipietz est naturalisé français en 1944.
Il a lui-même rédigé un texte destiné à son faire-part de décès :
« Miraculeusement rescapé des griffes des gangsters SS, il n’a jamais oublié les centaines de petits enfants qu’il a vu[s] partir vers une mort atroce. Il n’a jamais pardonné à leurs bourreaux nazis, ni surtout à leurs ignobles complices de Vichy, dont le zèle a permis l’accomplissement de tels forfaits[3]. »
Famille
Georges Lipietz a trois enfants avec son épouse Colette, née Geuinlé :
Georges Lipietz est l’initiateur, en , du procès intenté avec son frère Guy S. contre la SNCF et l’État français pour leur rôle dans leur internement et transfert à Drancy. Le Conseil d’État, renversant sa jurisprudence antérieure, venait en effet de reconnaître (arrêts Pelletier et Papon) la responsabilité quasi-délictuelle de l’État pour les fautes commises par l’État vichyste de 1940 à 1944.
En , le tribunal administratif de Toulouse condamne l’État et la SNCF, en raison de leur responsabilité respective dans les faits incriminés, à verser respectivement 10 000 et 5 000 € à chacune des victimes (Georges, Guy et leurs parents) au titre des dommages, avec intérêts.
En , plusieurs centaines de familles décident d’attaquer la SNCF sur la base de cette jurisprudence[6],[7].